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Élisabeth Lebon (Élancourt, 24/1/2013)
Pourrez-vous m'éclairer? Je reprends ma notice consacrée au fondeur Colin, dans la perspective d'une édition corrigée et complétée (en anglais) du Dictionnaire des fondeurs.
Je suis perplexe devant l'affirmation faite à Bernard Metman par le gérant de Colin et Cie en 1930, selon laquelle la maison Colin aurait édité en 1846 des centaines de modèles de statuettes. Metman reprend cette information en la situant non plus en 1846, mais en 1855 (je ne sais pas pourquoi) et donne la liste suivante:
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COLIN Éditait vers 1855: CARRIER-BELLEUSE, le Zouave, l'Highlander FEUCHÈRE, Léda, Hébé, Moissonneur FERRAT, l'Aurore FRATIN, Taureau et vache MAINDRON, Velleda Michel PASCAL, Vendredi saint, Enfants aux pampres POLLET, L'Etoile PRADIER, Les Trois Grâces, la Fortune, Vénus consolant l'amour, la Femme à la chèvre, Pandore SCHOENEWERKE [sic], Printemps, Automne Thomas VINOT, La Moissonneuse Napolitaine, la Vendangeuse.
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Or j'ai le plus grand mal à identifier un éditeur Colin qui aurait pu avoir une telle activité au milieu du XIXe siècle. Ma question est donc: connaissez-vous des éditions de titres de Pradier de la liste ci-dessus, qui porteraient le cachet Colin? Si oui, avez-vous pu dater les épreuves? Et avez-vous une photo des cachets d'éditeur? Ou quoi que ce soit d'autre qui puisse m'éclairer?
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Douglas Siler (26/1/2013)
En me reportant à l'index de la récente publication de Claude Lapaire, James Pradier et la sculpture française de la génération romantique. Catalogue raisonné, je constate que le fondeur Colin y est cité une dizaine de fois. Il y d’abord ceci, p. 91:
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Un inventaire des moules de la maison Colin, connue comme fabricant de bronze à partir de 1855 et pratiquant auparvant le moulage en plâtre, dressé le 31 janvier 1846, recense onze titres d’après des statues et des statuettes de Pradier, dont Les trois Grâces ou Vénus et l’Amour254.
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La note 254 signale que l’inventaire en question se trouve dans les papiers Metman, boîte 1 (papiers conservés à la Bibliothèque des Arts décoratifs).
Ensuite, p. 125:
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Le catalogue de la vente après décès [de Pradier, juin 1852] énumère de nombreux modèles « vendus en toute propriété, avec droit de reproduction de toute nature et de toute grandeur ». Y figurent aussi des statuettes, ou seulement le moule de celles-ci, dont les droits de reproduction sont à vendre tantôt pour les tirages en plâtre, tantôt pour les tirages en bronze, mais parfois aussi pour les deux matières. Dans certains cas, les droits s'appliquent à une seule dimension. Lors de la seconde vente, organisée à l'atelier, en 1855, sans catalogue imprimé, d'autres statuettes sont vendues « avec droit de reproduction en bronze seulement » ou « avec droit de toute propriété ».
La plupart des lots pouvant être exploités sont, semble-t-il, adjugés à des fabricants de bronze. Ceux qui n’avaient pas encore accès aux œuvres du maître peuvent ainsi produire à leur tour, en toute légalité, une marchandise qui se vend bien. C’est en effet peu après 1852 qu’apparaissent une vingtaine de statuettes jusqu’alors inédites, exploitées par Duplan et Salles, Labrouë, Colin ou Weygand, tandis que d’autres fabricants (Delafontaine, Thiébaut, Fumière, Boyer aîné et Rolland, Broquin et Laine) inscrivent à leur catalogue des statuettes de Pradier déjà éditées par d’autres. Elles portent généralement l’inscription « J. Pradier » ou « J. PRADIER », le nom du fondeur et, parfois, le titre de l’œuvre. Quatre ouvrages réalisés à titre posthume, sans nom de fondeur, portent « J. Pradier 1852 » (Homère, Danaïde, Le moineau de Lesbie, Bacchante levant sa coupe).
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Ces deux extraits figurent dans la longue étude qui constitue la première partie du livre. Toutes les autres mentions de Colin se trouvent dans la partie « catalogue raisonné ». Tout d’abord celle-ci, dans la notice consacrée aux Trois Grâces, p. 256:
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32. Les Trois Grâces, 1825-1831. […] Figure dans l’inventaire estimatif des modèles de la Maison Colin, au 31 janvier 1846: « […] de Pradier. Les Grâces n° 1 (300), n° 2 (150) ».
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Ensuite, dans la notice consacrée à La Fortune publique, p. 258:
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34. La Fortune publique, 1825-1827. Statue. Modèle en plâtre. Non retrouvé. […] L’inventaire estimatif des modèles de la Maison Colin répertorie, au 31 janvier 1846, « de Pradier. La Fortune 1200 » (Papiers Metman, boîte 1. Colin), qui devait être, d’après son estimation, un ouvrage de grande taille.
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Cette œuvre se confond peut-être avec une statue ou stautette non retrouvée intitulée La Fortune qui fait l’objet d’une notice p. 438:
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531. La Fortune. Statue ou statuette. Non reterouvé. […] Répertorié dans l’inventaire estimatif des modèles de la Maison Colin, au 31 janvier 1846, « de Pradier. La Fortune 1200 » (Papiers Metman, boîte 1. Colin). Pourrait-il s’agir de La Fortune publique, modèle pour le perron de la Bourse, commandé en 1825 (cat. n° 34), puisque le prix implique un moulage de grande taille?
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Les autres mentions de Colin ne diffèrent guère de celles-là que par le titre et le prix de l’œuvre cités dans l'inventaire:
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102. Vénus et l’Amour, 1836, p. 280 […] Figure dans l’inventaire estimatif des modèles de la Maison Colin, au 31 janvier 1846: « de Pradier. Vénus consolant l’Amour n° 1 (2500), n° 2 (750), n° 3 (400) ».
263. Pandore, 1845-1850, p. 345: […] Figure dans l’inventaire estimatif des modèles de la Maison Colin, au 31 janvier 1846: « de Pradier. Pandore (1500) ».
292. Étoile du berger, Le Jour, 1846, p. 358: […] Figure dans l’inventaire estimatif des modèles de la Maison Colin, au 31 janvier 1846: « de Pradier, Étoile jour (1000) ».
293. Étoile du berger, La Nuit, 1846, p. 358: […] Figure dans l’inventaire estimatif des modèles de la Maison Colin, au 31 janvier 1846: « de Pradier, Étoile nuit (1000) ».
294. Femme à la chèvre, 1846, p. 359: […] Figure dans l’inventaire estimatif des modèles de la Maison Colin, au 31 janvier 1846: « de Pradier, Femme à la chèvre (250) ».
532. La Gitane, p. 440: […] Répertorié dans l’inventaire estimatif des modèles de la Maison Colin, au 31 janvier 1846: « de Pradier, La Gitane (600) » (Papiers Metman, boîte 1, Colin). La statuette doit être connue aujourd’hui sous un autre nom. D’après l’estimation, elle n’est pas le pendant de la précédente [cat. 531. La Fortune].
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Voilà pour le livre de Claude Lapaire. Quoiqu’il fasse allusion (p. 125 voir extrait ci-dessus) à des statuettes en bronze qui auraient été exploitées par Colin après 1852 (en se référant probablement au dictionnaire Metman qui en énumère cinq), l’inventaire dressé en 1846 ne semble concerner que des moulages en plâtre. C’est peut-être à ceux-ci que le gérant de la fonderie pensait lorsqu'il a été interrogé par Metman en 1930. Quant à ma propre documentation, je ne trouve, sauf erreur, aucune mention de ce fondeur ni aucune œuvre de Pradier portant son cachet. Par ailleurs, une recherche sur « Colin » dans le moteur de recherche de mon site ne donne aucun résultat pertinent. Il n’est donc pas mentionné dans les ventes des œuvres de Pradier que j’ai suivies depuis 2003.
Je viens de faire une recherche dans Google sur « Colin Pradier bronze » qui affiche, entre autres choses, une statuette d’Henri IV enfant par Bosio avec un cachet « E. COLIN & Cie PARIS » (site Desarnaud antiquaire). La description de la statuette précise: « Émile Colin travailla dans la deuxième moitié du 19ème siècle pour un grand nombre d'artistes parmi les plus célèbres de son temps en particulier Carrier-Belleuse, Feuchère, Fratin, Pradier, Théodore Rivière, Mathurin Moreau, Mindron [sic], et Charpentier...
». Vous trouverez peut-être d’autres résultats utiles en cherchant avec ces mêmes termes ou avec d’autres, tels « Colin bronze », « Colin fondeur » ou « Émile Colin ».
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Élisabeth Lebon (27/1/2013)
Je ne suis pas convaincue par cette affaire de liste de 1846, seule référence de M. Lapaire pour évoquer des épreuves Colin (plâtre ou bronze) au milieu du XIXe. J'avais moi aussi relevé dans les archives de Metman l'inventaire de 1846 qui lui avait été communiqué par Paignant, le gérant de la maison Colin en 1930 (sans la relever intégralement).
J'avais aussi pris cette information pour argent comptant, d'autant que je ne m'intéressais pas encore aux fonderies actives avant 1890. Mais, en reprenant aujourd'hui mes notices pour les fouiller davantage, avec le travail que j'ai fait entre-temps sur le XIXe siècle, j'ai cherché à retrouver de quelle maison Colin il pouvait bien s'agir. Or je n'en ai trouvé aucune susceptible d'avoir un tel catalogue, aussi riche, au milieu du XIXe.
Par ailleurs, lorsque B. Metman publie son article fouillé que vous connaissez, il ne donne qu'un extrait de cette liste et la date 1855. Mais, dans cette liste, certaines œuvres n'ont été créées que dans les années 1870! Il y a donc quelque chose qui ne va pas.
J'en suis venue à penser que le correspondant de Metman a peut-être fait une faute de copie, et que la date de 1886, par exemple, serait beaucoup plus plausible, puisqu'elle peut se rattacher à la maison « E. Colin et Cie », effectivement très prolifique dans le bronze d'art, et qui correspond d'ailleurs à la seule épreuve Colin que vous avez trouvée.
M. Paignant, l'informateur de Metman, n'avait pris les rênes de cette maison qu'après la première guerre mondiale, il a donné un inventaire ancien, d'une époque éloignée où il n'était pas concerné (?), et il a pu se tromper de date???
Je vais donc retourner aux Arts décoratifs revoir cette source de près. Je vais aussi aller voir dans les bottins du commerce si ( et quand) on trouve un Colin mouleur d'art. Je dispose chez moi des almanachs de 1842 et de 1832, et il n'y a rien de tel.
En attendant, je vous envoie la notice Colin telle que je l'ai provisoirement rédigée pour l'instant, vous y trouverez la présentation des Colin du milieu du XIXe et vous constaterez qu'aucun ne peut avoir eu un catalogue aussi riche en statuaire alors qu'ils étaient spécialisés dans les pendules, sans grande surface commerciale, et surtout sans qu'on ne trouve aucune épreuve d'époque de quiconque aujourd'hui sur le marché.
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Douglas Siler (29/1/2013)
J’ai parcouru votre nouvelle notice Colin rapidement hier soir, quitte à la relire plus attentivement quand j’aurai un peu plus de temps. Cette histoire de l’inventaire Colin daté du 31 janvier 1846 me laisse perplexe. Claude Lapaire le cite avec cette date à propos de 9 œuvres de Pradier, dont seules les 4 premières Les trois Grâces, La Fortune publique, Vénus consolant l’Amour (Vénus et l’Amour) et Pandore peuvent être datées avec certitude d’avant 1846. Il date les 5 autres de 1846, en se basant presque uniquement sur l’inventaire. Quant à la liste donnée par Metman dans sa notice sur Colin, elle est introduite à tort pour certaines œuvres, comme vous me l’avez signalé par la mention « Éditait vers 1855 ». Or Claude Lapaire précise que la maison Colin était « connue comme fabriquant de bronze à partir de 1855 ». Cependant il précise ailleurs que « C’est en effet peu après 1852 [c'est-à-dire peu après la vente des droits de reproduction des œuvres de Pradier en juin 1852] qu’apparaissent une vingtaine de statuettes jusqu’alors inédites, exploitées par Duplan et Salles, Labrouë, Colin ou Weygand […] ». Cela semble impliquer quoiqu’il n’en cite aucune qu’il connaît une ou plusieurs œuvres de Pradier exploitées en bronze par Colin. Je peux éventuellement lui demander laquelle ou lesquelles. Mais peut-être ne fait-il que remplacer le « vers 1855 » de Metman par « peu après 1852 », en présumant que Metman avait vu, lui, des épreuves en bronze par Colin des cinq œuvres de Pradier énumérées dans sa notice ainsi que dans l’inventaire de 1846 ?
A remarquer que Claude Lapaire précise, p. 91, « qu’un inventaire des moules de la maison Colin […] recense onze titres d’après les statues et les statuettes de Pradier » alors que dans l’index de son livre le nom « Colin » ne renvoie qu’à 9 notices du catalogue raisonné. Soit donc il a oublié de citer Colin dans deux autres notices, soit l’inventaire ne recense que 9 œuvres, soit l’index est erroné.
Vous m’avez écrit que Paignant avait déclaré à Metman que la maison Colin aurait édité en 1846 « des centaines de modèles de statuettes ». Avez-vous trouvé cela dans une lettre de Paignant ? Si oui, cette lettre fait-t-elle cas seulement des cinq œuvres énumérées par Metman dans sa notice sur Colin ou en mentionne-t-elle d’autres? Quid de l’« inventaire des moules de la maison Colin » dont parle Claude Lapaire. Cet inventaire se trouve-t-il effectivement dans les archives Metman ou est-il seulement mentionné par Paignant dans une de ses communications à Metman?
Il faut décidément retourner aux Arts déco pour essayer de mettre tout cela au clair.
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Élisabeth Lebon (30/1/2013)
Je reviens des Arts décoratifs à l'instant. J'ai commencé à me replonger dans les archives Metman, il y en a plusieurs dossiers, c'est assez énorme. Quand je les avais dépouillés, j'étais restée dans mon cadre thématique et chronologique ou à peu près (fondeurs uniquement, pas les fabricants, et dans la période 1890-1950) donc j'avais beaucoup élagué. Aujourd'hui je reprends tout scrupuleusement avec mes connaissances accumulées sur le XIXe siècle depuis plusieurs années. Je veux le faire à fond, donc ça va être un peu long.
Je n'ai pas encore retrouvé le document Colin/Paignant (j'ai à peine entamé le premier dossier), mais dès que je l'ai je vous l'envoie, avec mes conclusions, si j'y arrive! A priori, l'impression que j'ai, c'est que Paignant a indiqué une date erronée à Metman, puis que pour coller à cette information il y a eu un peu de broderie? C'est Metman (d'après mes notes prises il y a quelques années) qui change la date 1846 donnée par Paignant en 1855, mais je n'ai pas relevé pourquoi. A-t-il remarqué une œuvre dans la liste dont la date ne collait pas, et opéré lui-même un redressement approximatif?
Ce que je veux revoir, c'est cette liste dont j'avais noté qu'elle comprenait « des centaines » de noms, sans noter qu'il s'agissait d'un catalogue de mouleur. La précision de la date d'inventaire est tout de même intrigante. Bref, inutile de gloser, mieux vaut que j'arrive à retrouver le document.
Effectivement, ce serait bien de savoir si Claude Lapaire a d'autres sources, en particulier s'il a vu des épreuves Colin indubitablement datées avant 1882.
Je retourne aux Arts déco dès demain, je vous tiens au courant.
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Douglas Siler (31/1/2013)
Bonne chance aux Arts déco. J’y suis allé à deux reprises il y a 8 ans avec un ami collectionneur pour photographier l’album du mouleur Salvatore Marchi qui contient un grand nombre de photos et quelques dessins des œuvres de Pradier (et de quelques autres sculpteurs) commercialisées par Marchi, en plâtre, « imitation terre » et terre cuite. J’ai regardé aussi une partie des archives Metman mais beaucoup trop sommairement. Claude Lapaire a dû les étudier de près pour son Pradier et la sculpture française… Et comme il mentionne, comme vous dans votre Dictionnaire, l’inventaire Colin, cet inventaire doit bien s’y trouver. En tout cas je lui demanderai s’il connaît des épreuves Colin qui peuvent être antérieures à 1882. J’en doute au moins pour Pradier puisqu’il n’en cite aucune dans son livre.
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Élisabeth Lebon (31/1/2013)
Trouvé!
Sur la première page de l'inventaire en question, vous voyez que l'auteur lui-même donne la date avec un point d'interrogation!!! Et Metman a entouré en rouge cette bizarrerie.
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Il montre qu'il doute aussi en mentionnant des dates ultérieures dans la marge à deux reprises: une fois il mentionne un plâtre soclé daté 1848, et une autre fois la date de 1852 (à propos d'œuvres de Michel Pascal).
Par ailleurs, « Carrier » (j'imagine Carrier-Belleuse) et Schoenewerk, qui sont plusieurs fois cités, avaient 20 ans pour l'un, 24 ans pour l'autre en 1846. Cela paraît impossible qu'ils aient déjà été édités comme ça.
Ce que je crois, c'est que d'abord c'est bien l'inventaire d'un bronzier et pas d'un mouleur (il y a des candélabres, des lustres etc...). Ensuite la date est fausse et je pencherai plutôt pour un inventaire fait au moment, soit de la cession de la maison Gustave-Isaac Lévy à Émile Vié en 1881, soit de Vié à Émile Colin en 1882. Donc en réalité un catalogue de Lévy puisque Vié a été éphémère.
Ça pourrait très bien coller avec l'activité de la maison Lévy dans les années 1870 et il y a eu d'ailleurs un catalogue établi pour la vente de la maison Lévy frères du 8 au 11 mai 1876.
A l'instinct, comme ça, pour moi, cette liste vient de ce catalogue, avec une erreur de transcription « 1846 » au lieu de « 1876 ».
Un seul bémol: je n'ai pas trouvé l'origine de la liste finale restreinte que Metman donne dans sa fiche de renseignements sur Colin, ni d'où vient la date de 1855. Est-ce qu'il a donné ça un peu au hasard pour faire rencontrer la chèvre (la date de 1846) et le chou (sa conviction que c'était forcément au moins un peu plus tard)?
Je vous envoie séparément mes notes au cas où cela vous intéresse à propos des mentions de Pradier (nombreuses).
Du coup j'oubliais la question subsidiaire: connaissez-vous des épreuves Pradier par Lévy frères?
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Douglas Siler (31/1/2013)
Je suis heureux de savoir que l’inventaire Colin existe et que vous l'avez retrouvé! Quant à Lévy frères, y figurent-ils? Leur nom n'est pas mentionné dans les ventes annoncées sur mon site depuis 2003 ni dans l’index du livre de Claude Lapaire.
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Élisabeth Lebon (2/2/2013)
Je pense à une façon de rapprocher l'inventaire « 1846? » des archives Metman avec éventuellement le fonds Lévy, c'est de consulter la description du commissaire-priseur lors de la vente de 1876. C'est aux archives de Paris, je vais essayer de trouver cela la prochaine fois que j'y vais, au moins nous serons fixés à propos du fonds Lévy.
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Douglas Siler (2/2/2013)
En parcourant vos notes j’ai remarqué parmi bien d’autres détails intéressants un « Amour captif » par « Frequin » qui a tout de suite… capté mon attention à cause d’un Amour captif signé Pradier (mais qui n’est probablement pas de lui) conservé au MAH de Genève. Me demandant qui pouvait bien être ce « Frequin », j’ai vite découvert qu’il s’agissait du sculpteur belge Charles-Auguste Fraikin, né en 1817, et que l’œuvre en question, exposée au Salon de Bruxelles en 1845, avait été son premier grand succès. Vous pouvez lire sur internet une amusante biographie qui en raconte l’histoire, p. 391 et suiv. On y apprend qu’elle fit l’objet de nombreuses contrefaçons en marbre et en bronze dont une, repérée un jour à Paris par Fraikin lui-même dans la vitrine du fondeur Quesnel (voir pp. 393-394), était « signée »… Quesnel ! Dommage qu’il n’ait pas jeté un œil aussi chez Colin…
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Élisabeth Lebon (2/2/2013)
J'avais reconnu Fraikin sur l'inventaire, d'ailleurs cette liste comporte plusieurs noms orthographiés de façon hasardeuse. Mais je ne connaissais pas cette notice biographique, et encore moins l'anecdote savoureuse avec Quesnel, merci de cette découverte!
C'est quand même embêtant que vous n'ayez jamais découvert de Pradier avec une marque de la fabrique Lévy frères. Ceci dit, peut-être n'en mettaient-ils pas? Je n'ai noté aucun nom d'artiste en rapport avec eux dans ma documentation, donc c'est possible. Connaissez-vous des épreuves des modèles cités dans cette liste SANS marque de fabrique?
J'ai aussi retrouvé une autre piste en retournant à mes dossiers « papier »: en 2000, j'avais été contactée par un arrière petit-fils des frères Lévy, je n'avais pas été plus loin car à l'époque je ne m'intéressais qu'aux fondeurs. Je vais essayer de le re-contacter. Il a peut-être des archives? Et avec les minutes du commissaire-priseur lors de la vente Lévy en 1876, on va bien finir par savoir.
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Douglas Siler (3/2/2013)
J'ai trouvé sur le site de la Galerie Pascal Berro (St-0uen) cette petite Pendulette de bureau avec un cachet « Colin Paris » qui ne figure pas parmi les cachets cités dans votre Dictionnaire:
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Il y a aussi une ancienne carte postale « GUISE Usine, Magasins Bureaux Fonderie Colin & Cie, Sortie du Personnel, Ouvriers, ed BC 25, 1905 » (site www.delcampe.fr):
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Vous connaissez?
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Élisabeth Lebon (3/2/2013)
En ce qui concerne la pendulette avec la marque Colin: tous les Colin que j'ai trouvés dans les années 1850/1880 fabriquaient effectivement principalement des pendules. Je ne sais pas duquel il peut s'agir. Comme je me circonscris aux bronzes statuaires, je ne fouillerai pas davantage, mais merci du renseignement, je garde l'info à titre comparatif si un jour ça ressort sur une statuette.
Pour la carte postale, même s'il peut s'agir de parents étant donné la proximité de l'activité , je ne pense pas qu'il faille le relier à « notre » Colin fondeur de bronzes d'art. Il s'agit de la firme qui a pris la succession de l'entreprise de poêles Godin à Guise (grosse activité ouvrière). Le nom Colin est très répandu et même la parenté n'est pas évidente.
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Douglas Siler (4/2/2013)
Merci pour ces précisions. Voici maintenant une autre trouvaille (site www.antiquehelper.com):
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D'après l'annonce, il s'agit d'un catalogue de 64 pages daté de 1907. Avez-vous eu l'occasion de le consulter?
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Élisabeth Lebon (4/2/2013)
Non, je ne connais pas ce catalogue. Je vais essayer de m'adresser au vendeur pour savoir si je peux en avoir une copie. De toute façon, le problème n'est pas tellement Colin et Cie, ce sont plutôt les autres, les Colin actifs entre 1850 et 1880. C'est la consultation de la prisée pour la vente Lévy qui va nous donner des informations. J'irai la voir aux Archives de Paris et je vous tiens au courant. Si je ne la trouve pas là, il faudra que je retourne aux archives de la Réunion des fabricants de bronzes, où est conservé un catalogue de la vente que j'avais vu sans le dépouiller. Mais maintenant, les Archives nationales (où sont les archives de la RFB) ont déménagé à Saint-Denis, c'est beaucoup plus difficile d'accès pour moi que le centre de Paris. Enfin, il faudra que j'y retourne un jour ou l'autre, mais je ne sais pas quand, sans doute pas avant début mars.
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Douglas Siler (6/2/2013)
Le vendeur du catalogue Colin ne pourra probablement pas nous aider, son annonce date de 2006 et l'exemplaire a été vendu.
J'ai néanmoins une bonne nouvelle, peut-être, car voici un catalogue Lévy frères de 1876 intégralement numérisé sur Gallica:
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Mais vous m’avez parlé d’une vente du 8 au 11 mai 1876. Ce ne serait donc pas la même ?
On y trouve d’abord beaucoup de pendules ornées de statuettes (lots nos 1 à 109) dont seul le titre ou le sujet est indiqué, sans nom d’artiste. Je ne les ai pas encore comparés avec les titres dans l’inventaire Colin mais par-ci par-là ce sont les mêmes, je crois, et certains parmi eux Sapho, Enfance de Bacchus, Pandore, Amour et Zéphir, etc. peuvent être des œuvres de Pradier. Après les pendules il y a des candélabres, des lustres et des « Bras, Suspension », puis, lots nos 163 à 187, des « Groupes et statuettes ». Dans ceux-ci une seule œuvre de Pradier, lot n° 170: « Jeune Fille à la colombe, de Pradier ». Les seuls autres sculpteurs nommés sont Michel-Ange, Jullien, Falconet, Salmson et Devault. Après les groupes et statuettes, les derniers lots, nos 189 à 238 (le n° 188 ayant été sauté) sont des « Vases, Surtout, Jardinières, Lampes, Coffrets, etc. » avec quelques titres seulement, tel « Triomphe de Vénus, d’après Boucher ».
Il y a aussi cet autre catalogue Lévy frères sur Gallica, également de 1876:
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Dans celui-ci il s’agit principalement d’assiettes, de coupes, de vases, etc. (556 lots en tout). Mais il y aussi, lot n° 45 bis: « Un lot de Bustes, Statuettes et Groupes en terre cuite », et lot n° 554: « Un lot de Statuettes et groupes en porcelaine imitation de Saxe ».
Vous me direz si tout cela peut avoir un rapport avec l’inventaire Colin.
Une question subsidiaire à ce propos: Si, comme vous l'indiquez dans votre Dictionnaire, la maison Vié & Cie n’a repris la maison Gustave-Isaac Lévy qu’en 1881, comment celle-ci peut-elle être la même que cette maison Lévy frères qui a vendu tout son stock en 1876?
J’ai aussi cette réponse de Claude Lapaire:
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Je crois me souvenir que les moulages en plâtre appartenant à Colin m'avaient intrigués. J'ai peut-être trouvé chez Rionnet (sur les mouleurs du Louvre, avec un répertoire des mouleurs parisiens) la mention de Colin. Je ne sais plus s'il apparaît dans le registre du dépôt légal. Quant à moi, je n'ai jamais vu de statuette de Pradier en bronze fondue par Colin.
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Je ne connais pas l’ouvrage de Florence Rionnet, L’Atelier de moulage du Musée du Louvre (pour un aperçu, cliquez ici). Il faudrait peut-être voir si Colin y est cité.
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Élisabeth Lebon (6/2/2013)
Bravo!!! Je n'aurai jamais pensé à chercher un catalogue de vente de bronzier numérisé sur Gallica!
J'ai jeté un rapide coup d'oeil. Effectivement, les listes ne se recoupent pas dans les titres, même s'il peut y avoir quelques rapprochements. La vente que j'avais notée précède ces deux-ci, peut-être était-ce la vente des modèles (alors qu'ici nous avons d'abord les bronzes on peut comprendre les épreuves tirées, formant le stock puis les porcelaines)? Je vais quand même aller regarder aux archives.
Vous avez raison, cette vente suit la cessation de fabrication, donc je ne comprends pas comment Lévy frères peut encore être vendu à Vié en 1881. A moins que nous ayons deux maisons Lévy différentes?... C'est une fabrique de bronzes qui a cessé son activité en 1876, et j'avais noté que le Lévy frères repris par Vié faisait surtout de la galvanoplastie. Il faut que je vérifie avec les prénoms et les adresses, peut-être aussi auprès des descendants, enfin que je retourne à mes dossiers papier où j'ai une copie des actes de vente.
Je regarderai aussi dans le livre de Florence Rionnet que je possède.
L'enquête continue!
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Douglas Siler (8/2/2013)
Poursuivant mes recherches sur internet, j'ai trouvé cet ouvrage sur la fonderie en France, publié en 1882:
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A. Guettier, La fonderie en France. Traité général de ses procédés de fabrication et de ses applications à l'industrie. Premier volume. Nouvelle édition. Paris, F. Bernard et Cie, 1882.
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Lévy y est mentionné deux fois. D’abord page XXII:
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Artistes, modeleurs, fondeurs, ciseleurs, monteurs, tout ce qui se relie à l'industrie dont nous nous occupons et est appelé à la conduire à sa perfection, se trouve à Paris [...]. Mais [...] nous ne pouvons que signaler en masse les expositions les plus intéressantes. [...] Il nous suffira donc de nommer:
Parmi les bronzes d'arts, les produits des maisons Victor Thiébault, Barbedienne, Delafontaine, Victor Paillard, Lerolle, etc. Les animaux de MM. Mène, Dietsch, Caïn, Peyrol, Cana.
Entre les fabricants de bronzes d'ameublement, les maisons Denière, Graux-Marly, Raingo, Lévy frères.
Enfin, parmi les fabricants de pendules et d'objets de fantaisie en bronze, en zinc et en alliages divers, les maisons Boy, Lefèvre, Miroy frères, Delfau, Vuilherme, etc.
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Ensuite page LXIX:
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Nous ne reviendrons sur les produits exposés en 1867 par la fonderie française que pour dire qu'ils se sont tenus à la hauteur de ceux de 1855 et qu'ils n'ont pas été dépassés par ceux de 1878. A ce dernier concours, nous voyons reparaître ou se présenter à nouveau: dans la section des bronzes, avec une grande médaille, la
maison Barbedienne; avec des médailles d'or, les maisons Raingo, Boyer frères, Cornu, Dasson, J. Graux, Lemaire, Lemesle, Lerolle, Lévy, Perrot et autres qui tiennent la tête aujourd'hui, pour la bonne exécution et le choix judicieux des modèles, de l'industrie des bronzes d'art et des bronzes d'ameublement.
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Je me demande s’il s’agit chaque fois de la même maison Lévy ou de deux Lévy différents, le premier, « Lévy frères » étant cité parmi les « fabricants de bronzes d’ameublement », tandis que le second, « Lévy » tout court, est cité parmi les maisons de « la section des bronzes » ayant reçu une médaille d’or en 1878.
Tout cet ouvrage est numérisé sur le site www.archive.org. Pour l'ouvrir, cliquez ici.
J’ai eu ensuite l’idée de revoir le journal intime rédigé entre 1872 et 1882 par John Pradier, le fils du sculpteur (j’ai une copie faite par ses descendants). Il y est beaucoup question du procès intenté par John contre la maison Susse. Sous la date du 28 mai 1875 il consigne:
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Procès gagné en cassation contre les éditeurs de mon Père. A midi ½ le jugement est rendu, lequel casse l’arrêt de la cour d’appel et nous renvoie en province; la ville sera désignée ultérieurement.
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L’année suivante, 25 février 1876:
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Procès gagné contre Susse à Rouen. (Pourvoi de Susse à la suite du jugement en Cassation, jugement qui avait été déjà également favorable) … Jugement du tribunal de la Seine confirmé. Nous allons Lina [son épouse] et moi annoncer à Maman, rue Laugier, la nouvelle … Elle est fort émue en effet lorsque nous lui apprenons que la cause est entièrement gagnée à Rouen et elle pleure de joie de toute la satisfaction qu’elle éprouve pour nous.
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Suite à ce jugement, John procède à de nombreuses saisies:
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23 mai 1876: ... avec M. Michel [commissaire] prévenu par Combes [son avocat] nous allons faire la saisie chez M. Hébert. … Nous avons trouvé chez lui ainsi qu’avec les moules, une grande partie des statuettes de mon père.
24 mai 1876: Saisie avec M. Michel chez les éditeurs bronziers. 1° Bouron et Dalbergue Ruffier suc. 12 rue Charlot; 2° Boyer fils et frères, 64 rue de Saintonge; 3° Pinchon, 30 rue Michel le Comte. Chez Ruffier nous trouvons les 3 Grâces et Phidias puis le Moine confessant une italienne. Ces deux sujets également avec les moules.
29 mai 1876: Nous faisons avec M. Michel des saisies chez des photographes. 1° Antonin 47 Bd de Sébastopol chez qui je ne trouve rien mais j’ai tous les clichés des ouvrages chez Bloch 91 Bd de Sébastopol. Saisie également chez Pisani, mouleur en face la Bibliothèque Nationale, rue des Petits-Champs.
30 mai 1876: Courses chez les bronziers du boulevard etc…. 1° Passage des Panoramas: Sapho bronze, Vénus et l’Amour bronze. 2° Kelm, 31 rue de Provence. Sapho bronze ici nous avons eu tort de saisir. – 3° Wallerand, 15 rue de la Paix, Femme à la chèvre bronze et Vénus et l’amour bronze. 4° 35 Bd des Capucines, Bacchante et faune groupe en marbre. 5° 139 Bd Hausmann, Chassang – Sapho bronze.
6 juin 1876: saisies 1° Le Vailland, galerie d’Orléans. 1 bronze de l’Atalante. 3 plâtres, Médée, danseuse au tambour de basque, femme à la coquille. 2° Alexandre Guénot horloger, 8 Bd Voltaire, 1 bronze la Sapho. 3° Boyer et Rolland, 10 et 12 rue de l’asile Popincourt bronzes: Poésie légère, 2 dimensions Berger napolitain, Lesbie assise, danseuse 4 figures de la fontaine de Nïmes Harmonie, Nymphe des eaux, Rêverie, le Gardon. 4° Guérardhi mouleur, 3 rue Fontaine St Georges, 3 plâtres la négresse, la pêcheuse, le chasseur.
13 juin 1876: Nous allons M. Michel et moi faire une saisie chez Normand, marchand de bronzes, place Vendôme. Nous trouvons chez ce marchand 1° 1 grand bronze de la Pandore (très grand modèle) 2° un petit marbre de la Pandore 3° un petit bronze de la chasse 4° un petit bronze de la pêche.
17 juin 1876: saisie avec M. Michel 41 Bd des Capucines chez Paillard: 1 bronze la négresse.
18 janvier 1877: visite à Gianini mouleur au passage du Pt Neuf . Il avait chez lui des surmoulages mais je n’ai pas fait de saisie avec le commissaire, les objets n’avaient pas assez de valeur pour venir faire une avanie à ce brave homme … Je vais voir Me Magnier [?], notre expert nommé pour vérifier les livres de Susse.
20 février 1877: Je vais chez Me Combes pour lui remettre l’évaluation définitive que nous réclamons ma sœur et moi pour les moules en bronze [sic] (modèles fractionnés) soit… 250.372 frs. En offrant une réduction de 60.247 frs pour les objets d’art qui se vendent peu ou pas. Nous réclamons donc quant à l’estimation des moules en bronze (modèles fractionnés) des œuvres de mon père éditées par Susse la somme de 190.125 frs. Nous n’avons pas tenu compte de la déduction et nous avons réclamé 250.242 frs valeur des modèles [...]
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John a peut-être fait d’autres saisies par la suite mais j’ai dû arrêter là ma relecture de son journal, quitte à y revenir plus tard. Je relève néanmoins ceci dans les dernières pages, à la date du 3 juin 1881:
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Aujourd’hui vers 3h ½ a eu lieu notre vente sur licitation chez Me Demonts, notaire, place de la Concorde. Il n’y a pas eu une seule enchère, ce qui a permi à ma sœur Thérèse de racheter la propriété pour rien… 5.160 frs sur une seule enchère, par conséquent de 20 francs par lot, la mise à prix étant de 5.000 frs. Je n’avais pas d’argent et ce nouvel échec a été désastreux pour moi. Je ne m’en consolerai jamais, à cause de mes pauvres enfants.
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Je reverrai plus tard le catalogue de cette vente pour le comparer avec l’inventaire Colin.
Tout cela ne nous avance peut-être pas beaucoup, sauf dans la mesure où nous savons maintenant que John Pradier ne semble pas avoir opéré de saisie chez Lévy.
Une dernière question importante:
Avez-vous trouvé dans les archives Metman une correspondance entre Metman et la maison Colin ou des notes de Metman au sujet de cette maison? Si oui, n’est-il pas question quelque part de la datation de l’inventaire, c’est-à-dire, des raisons pour lesquelles la personne qui l’a dactylographié (Paignant lui-même?) a fait suivre la date « 1846 » d'un point d’interrogation? Quand on y pense, ce point d’interrogation pourrait suggérer non pas que la date inscrite sur la liste originale était difficile à déchiffrer mais plutôt que cette liste n’était pas datée du tout et qu’une date hypothétique lui a été attribuée. Si c’est le cas, reste à savoir pourquoi celle-là précisément et pas une autre, plus tardive. Mais aussi, pourquoi exactement « au 31 janvier » ?
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Élisabeth Lebon (9/2/2013)
J'ai passé tout mon après-midi et ma soirée sur les Lévy et j'approche plus ou moins du but. J'ai eu l'arrière-petit-fils de Lévy frères au téléphone qui a fait tout un bouquin sur l'histoire de sa famille, et j'ai dépouillé tous les bottins, non plus à Colin, comme je l'avais fait précédemment, mais à Lévy, ce que je n'avais pas encore fait. Cela m'a permis de voir d'une part qu'il y a eu pas mal de Lévy dans le bronze d'art, d'autre part que « Lévy frères » (lesquels se prénommaient Théodore et Henri) n'est pas le fabricant qui nous intéresse, enfin que c'est un Gustave Isaac Lévy (mal nommé « G.J. Lévy » au bottin), repreneur de Vittoz, qui est le bon! Les Pradier sont plus logiques à trouver ici, Vittoz était un fabricant très prolifique, et j'ai trouvé son nom dans le catalogue Lapaire (pour un titre seulement).
Mais cela ne nous avance pas sur cet inventaire de « 1846? ». En tout cas on peut oublier l'hypothèse de la vente Levy frères de 1876 (de plus le descendant a un inventaire du fonds « Lévy frères » au 1er janvier 1847, aucune statuette là-dedans).
Je vais maintenant explorer du côté de Vittoz, à mon avis c'est de là que ça vient, mais ça va me prendre du temps. J'ai accumulé beaucoup de choses à son sujet, mais dans un grand désordre (et hélas pas d'inventaire, de cela je suis sûre). Je sais que le nom est savoyard, ils viennent tous de la même famille et j'arriverai peut-être à retrouver, là aussi, des descendants férus d'archives et de généalogie?
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Douglas Siler (10/2/2013)
Ainsi c'est le fonds Vittoz qui a abouti à la maison Colin en passant par les maisons Gustave-Isaac Lévy et Émile Vié:
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Vittoz → Gustave-Isaac Lévy → Émile Vié → Émile Colin → etc.
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Selon le répertoire Metman, Vittoz père, actif dès avant 1818 (entrée à la Réunion des fabricants de bronzes) et au moins jusqu’en 1851 (grande médaille à Londres), a été remplacé par son fils « avant 1862 ». Il ne dit rien sur ce dernier ou sur son éventuel successeur. Quant aux sculptures commercialisées par Vittoz, Metman précise:
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Il fond et cisèle la Chasseresse Indienne, groupe par Ch. Cumberworth, la Poésie, et Enfants, groupes par Feuchère, exposés au Salon de 1841. [...] Il édite la majeure partie des œuvres de J.-J. Feuchère, entre autres: L’Amazone domptant un cheval sauvage [...]. Il exécute une Pieta d’après Michel-Ange. [...]
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Or, dans l’inventaire Colin je trouve:
Indienne n° 1 [sans nom d’auteur]
Indienne n° 2 [sans nom d’auteur]
Poésie Statuette Feuchère
Groupe Quatre Enfants de Feuchère
Pieta n° [en blanc] d’après Michel-Ange
Il y a plusieurs autres oeuvres de Feuchère mais j’ai cherché en vain son Amazone domptant un cheval.
Il n’est pas impossible que l’Odalisque à sa toilette citée dans l’inventaire, p. 5, sans nom d’auteur, soit la Femme se lavant les cheveux, ou Femme tressant ses longs cheveux, seule œuvre de Pradier que nous connaissons avec un cachet Vittoz et dont l’un des titres était Vénus à sa toilette tressant ses cheveux (voir cat. Lapaire n° 146).
Vous m’avez demandé plus haut et j’avais oublié de répondre si je connaissez des épreuves des modèles de Pradier cités dans l’inventaire SANS marque de fabrique. Pour les Trois Grâces, Vénus et l’Amour (Vénus consolant l’Amour), Pandore et Femme à la chèvre, oui, il y en a. Pour les deux Étoile du berger (Le Jour et La Nuit), je ne connais qu’une seule épreuve en bronze (La Nuit) et elle porte la signature d'É. de Labrouë. Pour les autres La Fortune publique, La Fortune et La Gitane des épreuves en bronze n’ont pas été trouvées. Mais en fait, pour les œuvres de Pradier qui ont connu une édition un peu importante il existe presque toujours des exemplaires avec une marque de fondeur et d'autres sans.
En relisant le dépouillement des archives Metman publié dans les Archives de l’art français, je tombe sur ceci:
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28.2.1930. Colin: l.a.s. L. Paignant. Les dirigeants actuels n’ont plus aucun document. Les vieux modèles ont été repassés en 1900 à la maison Dostal qui a complètement disparu. Énumération des différentes signatures portées sur les bronzes édités par la maison de 1882 à 1923 et au-delà.
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Curieux, ce « n’ont plus aucun document ». Avez-vous retrouvée cette lettre aux Arts déco? Paignant y mentionne-t-il l’inventaire?
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Élisabeth Lebon (10/2/2013)
Après un samedi avec les Lévy, voici sous forme de tableau chronologique les résultats d'un dimanche passé avec Vittoz. Vous y trouverez les dates correctes pour les passations de fonds. Bien que n'ayant pas le temps ce soir de reprendre et comparer l'inventaire de « 1846? », je crois qu'il s'agit bien d'une liste à rattacher au fonds Vittoz, lequel était effectivement éditeur d'un (de plusieurs?) modèle(s) de Pradier. Je suis très contente de lire que vous avez répertorié une marque « de Labroue », puisque vous verrez sur ce que je vous ai envoyé que c'est l'éphémère associé puis repreneur de Vittoz. Avec les recoupements que vous avez eu la patience de faire, la piste s'affirme encore davantage. L'inventaire est à rattacher à Vittoz, au moins en grande partie, c'est de plus en plus plausible. Reste à savoir si cette date de 1846 est correcte, puisqu'elle est possible pour la période d'activité de Vittoz. Il faudrait que des spécialistes de chaque artiste nommé contrôlent si c'est compatible, ça dépasse mes capacités!
Le descendant de Lévy frères m'a envoyé son inventaire de 1847, aucune statuette (des pendules, assiettes, vases etc.).
Je croyais vous avoir envoyé une copie de la lettre adressée par Paignant à Metman. Si c'était un acte manqué, la voici:
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Ancienne Maison Colin
Bronzes
Magasins 12, Avenue Victor Emmanuel III
rond-point des champs-élysées téléph élysées 2912
Paris, le 28 février 1930
Monsieur,
Je regrette d'avoir à vous dire que je n'ai plus aucun document concernant les artistes dont vous m'avez communiqué les noms.
Feuchère et Thomas ont été édités ici il y a 80 ans. Mais nos prédécesseurs ont repassé ces vieux modèles en 1900 à une Mon Dostal, avenue Daumesnil, qui depuis a totalement disparu.
A votre disposition à l'occasion, et croyez, Monsieur, à ma considération distinguée,
L. Paignant
poinçons
de 1882 à 1898: Émile Colin et Cie
de 1898 à 1906: M. Colin et Cie
de 1906 à 1923: Anc. Mon Colin, Jollet et Cie
depuis 1923: Ancienne Mon Colin.
Édition des œuvres de J.B. Carpeaux de 1875 à 1906.
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De votre côté, si vous arrivez à récupérer des photographies des marques Vittoz et de Labrouë, je n'en ai pas, cela complèterait heureusement ma documentation.
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Douglas Siler (11/2/2013)
Bien reçu votre tableau et quel tableau! Je vous le renvoie avec quelques remarques ajoutées en rouge. Juste avant de le parcourir j’avais revu de près les 16 pages de l’inventaire Colin par rapport à l’article « LABROUË (E. de) » du répertoire Metman. Eh bien, c’est clair et net: sur la trentaine d’auteurs et de titres cités par Metman, quelque 23-24 se retrouvent dans l’inventaire. Les seuls qui n’y figurent pas, je crois, sont Lequesne (Faune dansant), Chatrousse (La Résignation), Franceschi (Le Bûcheron), un vase de Klagmann et quelques titres de Lévêque. Tout le reste avec quelques variantes dans les titres ou parfois des titres sans nom d'auteur y est. Il faudrait mettre tout cela dans un autre tableau pour y voir plus clair. Mais il ne fait pas de doute que la vaste majorité des épreuves Labrouë citées par Metman figurent dans l’inventaire, et le plus souvent avec exactement le même titre.
Pour la marque Labrouë, voici quelques photos d'œuvres sur lesquelles elle figure (Pandore, Danaïde, Étoile du berger (La Nuit) et Montesquieu):
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Seules les trois premières sont de Pradier. Le buste de Montesquieu, tout en portant sa signature, serait une réduction maladoite d’une œuvre de Clodion (voir cat Lapaire n° 562).
La signature E. de Labroue figure sur plusieurs autres épreuves répertoriées par Claude Lapaire. Elle est habituellement suivie de « f bt », « f b » ou « f t » (pour « fabricant » ?) ou de « f st » (pour ?) à supposer que les petites lettres après le « f » aient été bien déchiffrées. Mais souvent les catalogues de vente mentionnent seulement la présence d'une marque Labrouë, sans la reproduire et sans préciser en quoi elle consiste.
Il est intéressant de constater que pour certaines œuvres de Pradier il existe en même temps que des épreuves signées par Labrouë des épreuves signées par son associé Gautier (voir cat. Lapaire n° 102, n° 264 et n° 456).
Pour la marque Vittoz je demanderai une photo au propriétaire de la seule œuvre connue de Pradier qui en porte une (Femme se lavant les cheveux).
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Élisabeth Lebon (11/2/2013)
Merci pour le dépouillement et le rapprochement des inventaires, vous prenez le relais sur ce qui m'est rébarbatif, c'est super! Moi, je suis dans mon élément avec le bottin... Donc je viens de m'y replonger pour Labrouë et Gautier. En plus, j'avais oublié de regarder ma propre documentation sur ces deux noms et j'ai trouvé encore quelques bricoles.
Mais d'abord une question (pour tenter de répondre aux remarques que vous avez ajoutées à mon tableau concernant l'apparition des premières signatures Labrouë):
C'est sur votre site que j'avais relevé, à propos d'une question qui vous était posée sur la Pandore impudique, ces informations sur Gautier:
Gautier, Fr. 3, rue des Fossés-Montmartre. Atelier fondé en 1850;
Gautier & Lenoir, 103bis, quai de Valmy, exposent en 1855 des groupes et statuettes. (Celui-là je ne le trouve nulle part, ni dans mes dossiers, ni dans le bottin: d'où le sortez-vous?).
Dans le bottin, vous verrez que je ne trouve un Gautier F., à l'adresse: 3 rue des Fossés-Montmartre, qu'à partir de 1857. Mais comme il est cité dans le rapport de l'Exposition de 1855, et qu' il a même fourni le roi des Pays-Bas, donc vous devez avoir raison pour 1850, mais j'aimerais bien connaître votre source.
Il se superpose en 1859 avec le Gautier et Cie qui prend la suite de Labrouë, mais c'est peut-être le même (?).
Labrouë n'apparaît au bottin qu'en 1852 après son association avec E. Vittoz en 1851. Ce qui me fait dire qu'il venait peut-être du commerce de boutons de porcelaine vient des termes de son contrat avec Vittoz, qui dit: M. de Labrouë est autorisé à recevoir comme par le passé la remise qui lui est faite sur les produits au fur et à mesure qu'ils sont écoulés de la fabrique de boutons de porcelaine de MM. de Serrionne et Cie, et à opérer la liquidation au mieux de ses intérêts de sa maison de Londres (délai de 7 mois maxi).
Labrouë apparaît pour la dernière fois au bottin en 1858 (et pas 56), et Gautier en 1860 juste avant la reprise par Lévy.
Donc pour conclure, il est plausible que Labrouë ait signé de son nom soit dès 1851, soit plus vraisemblablement à partir de 1853, jusqu'en 1858. Puis on devrait trouver la signature Gautier à partir de 1859, jusqu'en 1861 date de la reprise par G. I. Lévy. Ce dernier ne semble pas avoir apposé son nom sur ses épreuves.
Il y a encore une chose qui m'intrigue. Sur une de vos photos je lis très clairement Labrouë « fondeur ». Je ne sais pas à partir de quand il y a un atelier de fonderie. Pour moi Vittoz était juste fabricant, c'est surprenant. F t, F bt, c'est en général pour « fabricant », et F r pour « fondeur ». Normalement, le fabricant gère dans ses ateliers la finition (monture, ciselure, patine) mais sous-traite la fonte à un fondeur.
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Douglas Siler (12/2/2013)
Voici une vente intéressante que je viens de trouver sur internet:
http://www.lemoinebouchard.com/268-labroue-metz-femme-miniature-signee-vers-1825.html
Je me demande si ce Labrouë peintre est de la même famille que le nôtre.
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Élisabeth Lebon (12/2/2013)
C'est bien possible, le nom ne me semble pas courant. Mais nous n'en finirons jamais car coïncidence? selon la notice le modèle de cette miniature fréquentait donc la mère du peintre, et avait également des liens de parenté avec la famille Daubrée, lequel était un célèbre fondeur fabricant de bronzes d'art, d'abord à Metz, puis à Paris. C'était un petit monde, évidemment. Il y a peut-être un lien à chercher entre les Labrouë et les Daubrée. Mais là, j'avoue que je jette le gant!
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Douglas Siler (13/2/2013)
Je m’évertue depuis hier soir à identifier dans l’inventaire, titre par titre et sculpteur par sculpteur, des œuvres qui ne peuvent pas avoir été éditées en 1846 ou plus tôt. Cela permettra au moins, en l’absence d’autres indices, de fixer une date ante quem non. Je crois qu'il y en a quelques-unes mais je dois encore vérifier. En ce qui concerne les deux Gautier que vous avez trouvés sur mon site, ils viennent directement du répertoire Metman! Pour la marque Labrouë « fondeur » sur le buste de Montesquieu, je me demande si elle est authentique puisque, contrairement aux autres marques Labrouë que je connais, elle est en lettres d'imprimerie et non en cursive. De toute façon, comme je vous l’ai écrit, la signature Pradier sur ce buste est certainement apocryphe.
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Élisabeth Lebon (16/2/2013)
J'ai retrouvé les références de l'inventaire après décès de Vittoz père, j'irai consulter l'acte aux Archives nationales mercredi en 8. Théoriquement, je devrais y trouver un inventaire du stock.
Je vous envoie séparément, pour le plaisir de l'écarter, l'acte de création daté du 2 septembre 1848 de la société coopérative Colin et Cie « pour l'exploitation d'une fonderie de fer et de cuivre » (Archives de Paris, série D.31U3, vol. 153).
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Douglas Siler (16/2/2013)
Merci pour le document sur Colin & Cie. Si leur capital ne consistait qu’en « un matériel et un outillage valant neuf cent cinquante deux francs soixante dix centimes », leur stock de modèles s’il y en avait devait être bien maigre!
Continuant à scruter l'inventaire sous toutes ses coutures, j'ai commencé un tableau avec les noms et les dates de tous les artistes cités – une cinquantaine – en vue d’identifier les œuvres créées après 1846. Une des pistes les plus intéressantes serait le Zouave et le Hylander (sic) de Carrier-Belleuse, lesquels n’ont sûrement pas été créés avant la bataille d’Alma remportée en septembre 1854 par l'alliance franco-anglo-ottomane. Y participaient, du côté français, le 3e régiment de zouaves et, du côté britannique, la Highland Brigade écossaise. Le fait que Carrier-Belleuse a bien exécuté des statuettes sur ce thème est confirmé par une vente Christie’s de 1985 où figurait: « Albert Carrier-Belleuse (French, 1824-1887). Zouave and Grenadier from Highland regiment ». Il s’agissait d’une paire de bronzes signés, haut. 55,88 cm. Dommage qu’ils ne soient pas illustrés dans le catalogue, on aurait pu voir s’ils s’inspiraient des statues du pont de l'Alma, dont les fameux Zouave et Grenadier de Georges Diébolt.
Je me suis intéressé aussi au sculpteur Antonio-Giovanni Lanzirotti (1839-1911). L’inventaire cite de lui une Colombe chérie que je n’ai pas encore pu idenfier. Mais on y trouve aussi, sans nom d’auteur, deux exemplaires d’une « Pensserosa », vraisemblablement sa statuette La Pensiorosa qui est représentée par un dessin dans l’album Salvatore Marchi (Bibl. des Arts déco). Plusieurs exemplaires sont passés en vente ces dernières années, faisant pendant à sa statuette Souvenir. Or je trouve sur internet, dans un Dossier de propositions de Légion d’honneur, 1852-1870: Lanzirotti (Giovanni, Antonio, Baron de Sinaggia), sculpteur, né le 9 mai 1839 à Palerme, habitant Turin, qui sollicite, dans une lettre datée de 1864, la croix de la LdH en rappelant « qu’il est auteur de la Pensiorosa commandée en 1857, de la statue en bronze de l’Esclave achetée en 1860, toutes deux exécutées pour le ministère d’État ». La Pensiorosa lui fut commandée pour la décoration de la façade du Louvre et reste toujours en place sur l'aile nord du bâtiment. Lanzirotti n'ayant alors que 18 ans, il y a fort à parier que la statuette du même nom citée dans l’inventaire fut créée vers la même date et en tout cas bien après 1846.
A noter enfin que Paignant, dans sa lettre adressée à Metman en 1930, affirme que Carpeaux avait été édité par ses prédécesseurs de 1875 à 1906. Or si cette affirmation est exacte, ce sera la preuve que l’inventaire « 1846 ?» a été dressé avant 1875 puisque Carpeau n’y est pas nommé.
Voilà à peu près où j’en suis. Deux dates butoir: 1857 (la Pensiorosa de Lanzirotti) et 1875. Espérons que l’inventaire après décès de Vittoz père (dressé, selon votre tableau, le 21 avril 1870) apportera des indications utiles.
Avant de fermer boutique, je vous signale une annonce de la Galerie Didier Luttenbacher
qui propose une paire de vases en bronze avec le poinçon malheureusement non illustré de Gustave J. (sic) Lévy. Cette galerie pourrait peut-être fournir une photo du poinçon si vous n’en trouviez pas ailleurs. Ils semblent connaître d'ailleurs votre article « Colin » mais aux informations que vous donnez ils ajoutent que la maison Lévy édita « parmi des centaines de noms, des œuvres de Carrier-Belleuse, Feuchère, Fratin, Pradier, Théodore Rivière, Auguste et Mathurin Moreau ainsi que de Carpeaux (entre 1875 et 1906)... ». Ces dates pour Carpeaux viennent probablement de la lettre de Paignant, qu’ils auraient vue dans les archives Metman.
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Élisabeth Lebon (17/2/2013)
Bravo pour ces vases! Je viens de demander au vendeur une photo et les références de l'article de l'Art Journal auquel il se réfère, qui est étrangement bien documenté.
J'ai trouvé une autre annonce concernant une paire de candélabres avec la marque Lévy sur le site de la Galerie Marc Maison (cliquez ici pour l'ouvrir). Le texte de l'annonce précise: « La renommé de la maison était telle qu'on retrouve une garniture de cheminée avec horloge et candélabres, signée par G.J. Lévy et ayant appartenu au président des États-Unis d'Amérique Grover Cleveland ».
Pour Carpeaux: Je vais me renseigner auprès de la Galerie Univers du bronze, ce sont des spécialistes de Carpeaux. Mais j'attends d'avoir vu l'inventaire après décès de Vittoz, pour ne pas les déranger plusieurs fois.
Dans mes notes, j'ai retrouvé celles que j'avais prises dans les archives Champeaux (l'équivalent des archives Metman, mais 50 ans avant). On y retrouve d'autres titres de l'inventaire "1846?":
Champeaux, dans la notice sur Feuchère:
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Le bronzier Vittoz s'était rendu acquéreur de la presque totalité des oeuvres de Feuchère qu'il a vulgarisées par des réductions de différentes proportions. On y remarquait: une amazone domptant un cheval sauvage, un exemplaire fondu sous les yeux du maître et précieusement ciselé a figuré à la vente du maître. "Saturne", figure montée en pendule. La Vénus aux amours qui devait être [...?] en ivoire, L'Aurore, sujet de pendule, etc.
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Attendons de voir ce qu'il y a dans l'inventaire après décès de Vittoz...
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Élisabeth Lebon (17/2/2013)
Voici la réponse de M. Éric Gasquet de la Galerie Didier Luttenbacher qui proposait les vases G.J. Lévy:
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Merci de l'interêt que vous portez à notre paire de vases (vendue depuis).
Ci-joint un lien vers la fiche dans notre site fantôme, notre nouveau site www.atelier-dl.com remplaçant cet ancien site:
www.atelier-dl.com/version002/fr/objets-art/objets-art/5-ref-2567-8.html.
Vous y trouverez la référence de votre livre, qui nous a été souvent fort utile, ainsi que toutes les références. Notre « redécouverte » des marques monogrammes en creux derrière les bronzes et notre réatribution à G.J. Levy nous à permis de mieux comprendre le travail de ce bronzier.
Pour la marque j'ai la photographie papier devant les yeux et ne retrouve pas, pour l'instant, la photographie numérique. Elle est des plus simple: GJL en majuscule, lettres bâtons, très lisible, dans le maître moule.
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Il semble décidément que ce ne soit pas une erreur de typographie, et que notre Gustave Isaac ait renié son second prénom.
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Douglas Siler (17/2/2013)
Maintenant que nous savons que la marque G.J. Lévy existe, je me demande si sa rareté ne serait pas due au fait que, pour une raison ou une autre, Lévy n’a peut-être jamais exploité une partie des modèles qui lui venaient de l’ancienne collection Vittoz. La maison Colin non plus, sans doute. Le procès Pradier vs Susse y est pour quelque chose, peut-être. Cela expliquerait pourquoi on trouve des œuvres de Pradier signées par Vittoz (une seule), Labrouë et Gautier mais aucune par Lévy ou par Colin.
A toutes fins utiles je vous envoie un premier état de mon tableau des artistes et leurs œuvres dans l’inventaire Colin. Vous y trouverez peut-être des indices qui m’ont échappé pour la datation du document. Pour le moment je n'ai pas cru utile d'inclure les titres sans nom d'auteur que je n'ai pas réussi à identifier.
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Élisabeth Lebon (18/2/2013)
Quel tableau! Vous avez dû y passer... des nuits! Avez-vous réussi à retrouver dans le Art Journal cité dans l'annonce de la Galerie DL le passage qui concerne Lévy?
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Douglas Siler (19/2/2013)
Pour ouvrir la page de titre de l'Art Journal Illustrated Catalogue of the International Exhibition, 1862, cliquez ici, et pour voir la page concernant Lévy, cliquez ici.
Le texte sur Lévy, très court, est imprimé autour des quatre images, en trois colonnes. En lisant du haut vers le bas dans chaque colonne ça donne ceci:
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G.J. Lévy, succsssor to the long famous firm of Vittoz & Co., one of the leading bronze manufacturers of the French capital, exhibits a large collection of works of varied order – clocks, candelabres, vases, lamps, busts, statuettes, &c., among which are the productions of Pradier, Cumberworth, Duret, Schoenwerck (sic), Carrier, &c., the principal designers of works of that class. M. Lévy devotes much attention to the graceful utilities of drawing and dining rooms. Many of his exhibits show the influence of good Art on objects of daily use, as well as on those of costlier and more elaborate character.
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Ainsi, dès 1862 Lévy exposait les œuvres de Pradier, Cumberworth, Duret, Schoenwerk et Carrier, tous nommés dans l’inventaire « 1846? ». Mais les quatre œuvres illustrées ne sont pas identifiées dans l'article et aucune marque de fondeur n'est visible sur les gravures. Dans l'inventaire, le titre « Pendule Louix XVI Enfants studieux », sans nom d'auteur, se rattache peut-être à la pendule ornée de deux enfants, l'un lisant et l'autre écrivant. Sinon je n'en vois guère d'autre qui pourrait correspondre à l'une ou l'autre des autres figures.
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Douglas Siler (20/2/2013)
Voici la pendule G.J. Lévy ayant appartenu au président américain Grover Cleveland qui est mentionnée dans la description des candélabres Lévy proposés par la galerie Marc Maison:
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Elle appartient aujourd'hui au Hoffman Clock Museum, Newark, NY. Source:
http://www.authorstream.com.
L’adresse inscrite sur le cadran qu'il faudrait lire 29 rue [de] Sévigné est celle que vous donnez dans votre tableau chronologique pour les ateliers G.J. Lévy, années 1871-1881.
J'ai trouvé aussi cette autre pendule également issue des fabriques Lévy (source: http://www.marche.fr):
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Ici l'adresse Rue Popincourt 88 est celle que vous indiquez pour les ateliers G.J. Lévy de 1862 à 1868.
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Élisabeth Lebon (21/2/2013)
Vous savez, j'attends de voir une photo de la marque, mais j'ai comme l'impression que notre Isaac a renié son second prénom... Devant le notaire, il a dû décliner son véritable état civil, mais ailleurs, c'est moins sûr...
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Douglas Siler (22/2/2013)
On lit distinctement les initiales « G.J. » sur le cadran de la 2e pendule ci-dessus. Mais il est vrai qu’on n’a pas encore vu une marque Lévy sur un bronze. Selon la réponse que vous avez reçue de M. Éric Gasquet, les deux vases Lévy qu'il proposait portaient la marque « GJL en majuscule, lettres bâtons, très lisible, dans le maître moule. » Il disait par ailleurs qu’il ne trouvait pas la photographie numérique de cette marque mais qu’il avait la photo papier sous les yeux. Vous pourriez peut-être lui demander de vous envoyer un scan de la photo papier?
Toujours est-il que dans toutes les mentions que nous avons trouvées jusqu’ici dans le Art Journal de 1862, par example il s’agit d'un « G.J. Lévy ». Au besoin, avez-vous une copie de l’acte de société de 1881 (passation Lévy à É. Vié) sur laquelle vous pourriez vérifier que cet acte porte bien une signature « G.I. Lévy » ou « Gustave Isaac Lévy » en toutes lettres?
Voici enfin les photos des marques Vittoz et Labrouë qu'un ami collectionneur a eu la gentillesse de m'envoyer:
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La marque Vittoz figure sur une épreuve de la Femme se lavant les cheveux, dite aussi Femme tressant ses longs cheveux, de Pradier, dont le modèle fut enregistré au dépôt légal le 7 juillet 1840 par le mouleur Fontaine (cat. Lapaire n° 146). La marque Labrouë figure sur une épreuve de sa Danseuse au tambourin dont on ignore la date de création (cat. Lapaire n° 418).
En dernier lieu aujourd'hui, je ne résiste pas au plaisir de vous raconter une trouvaille amusante que j’ai faite hier soir grâce au nouveau film « Les Misérables ». A un moment donné on apprend que Jean Valjean et Cosette, poursuivis par Javert, se cachent dans un appartement de la rue de l’Homme-Armé, n° 5 (ou 7?). En entendant cette adresse je me suis tout de suite rappelé que Vittoz avait eu un de ses premiers ateliers au n° 2 de cette rue. J'ai appris par la suite, grâce au site Le Paris des Misérables, que Cosette et Marius, une fois mariés, s’installent dans l'hôtel particulier du riche grand-père de Marius, rue des Filles-du-Calvaire n° 6. Et vérification faite dans votre tableau chronologique, je constate que c’était au n° 10 de cette rue que Vittoz s’est définitivement fixé après avoir quitté la rue de l’Homme-Armé. Curieuses coïncidences... Mais Victor Hugo, qui habitait tout près sur la place des Vosges, a dû bien connaître les dédales de ce quartier des Enfants-Rouges.
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Élisabeth Lebon (27/2/2013)
Ça y est, j'ai l'inventaire après décès Vittoz. En le parcourant rapidement, j'ai juste repéré dans sa collection personnelle, dans son grand salon:
« Un grand bronze de Pradier représentant Vénus et l'Amour (1000 frs) ». Il peut y avoir autre chose à identifier dans la description de sa décoration intérieure par les titres (j'ai cru voir une Pandore). Il va falloir dépouiller, la lecture n'est pas facile, mais j'ai l'impression qu'à part une liste d'œuvres que la famille déclare être déposées chez d'autres (voir les deux pages ci-jointes), je ne vois pas d'inventaire d'un fonds. Par contre, j'ai vu aujourd'hui l'inventaire après décès de la femme d'un autre fabricant, et là il y a un inventaire de fonds. Donc comme j'ai trouvé dans l'acte Vittoz la référence de l'inventaire après décès de sa femme, je vais aller le chercher la semaine prochaine. Je vais aussi retrouver leur acte de mariage.
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Douglas Siler (28/2/2013)
Au fait, s’agit-il de Vittoz père ou de Vittoz fils? S'il s'agit du père, il ne devait plus posséder beaucoup de modèles au moment de son décès en 1870, vingt ans après la reprise de l’affaire par son fils et dix ans après la reprise par Lévy. Il me semble en tout cas que les quelques œuvres inventoriées sur les deux pages que vous m'avez envoyées n’ont pas grand-chose à faire avec l’inventaire Colin.
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Élisabeth Lebon (1/3/2013)
Vous avez raison, c'est normal qu'il n'y ait pas d'inventaire de fonds aussi longtemps après la cession à son fils et la faillite de celui-ci. Mais trouver un acte notarié, et en particulier un inventaire après décès, peut quand même être intéressant pour nous car on y trouve la référence d'autres actes, et je ne désespère pas de trouver le lien vers un véritable inventaire. Mais c'est de toute façon pour le plaisir car l'affaire est « pliée », n'est-ce pas! Merci pour votre gros travail de dépouillement, et votre ardeur à la recherche.
De toute façon j'adore les inventaires après décès, on entre dans l'intimité des maisons. J'ai commencé à dépouiller celui-ci ce soir, je sais tout de la cuisine, de la chambre à coucher, du grand et du petit salon, jusqu'au contenu des placards. En ajoutant à cela les nombreuses interventions de Vittoz relatées dans les PV de la Réunion des fabricants, j'ai l'impression d'avoir personnellement fréquenté le monsieur! On voit aussi que la fabrication de bronzes l'avait considérablement enrichi. Ce qui est amusant en revanche, c'est que, chez lui, il n'y a quasiment pas de sculptures (le Pradier excepté); ça devait trop lui rappeler le travail?!?
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Douglas Siler (1/3/2013)
De mon côté j'ai trouvé sur le site du Louvre une pendule ornée d'une statuette de Michel-Ange par Feuchère avec une marque E. de Labrouë. Selon la notice, le modèle de cette statuette fut refusé au Salon de 1843 et vendu par Feuchère à Vittoz. Labrouë l'aurait ensuite intégré à la pendule, qui fut présentée à l'Exposition universelle de Londres en 1851. C'est un peu tôt pour Labrouë et je n'ai pas pu repérer son nom dans les catalogues en ligne de l'expo. J'ai trouvé par contre, dans Le Palais de cristal: journal illustré de l’exposition de 1851, la liste suivante des œuvres exposées par Vittoz:
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M. Vittoz expose: L'Amour tourmentant l'Ame, par Chaudet.
Benvenuto Cellini et Bernard de Palissy; Satan vaincu; la Poésie; la Musique; la réduction de Spartacus de Foyatier; Michel-Ange, etc., par Jean Feuchère.
Trois Enfants portant des raisins; la Pendule des Trois heures du jour, grand modèle, avec candélabres assortis, composés d'enfants portant des gerbes de lumières, par Pascal.
La Fortune éveillant un enfant endormi sur le bord d'un puits, par Pradier.
Centauresse et Faune, d'après le plâtre de Courtet, exposé en 1849 dans l'orangerie des Tuileries.
L'Amour préludant sur la lyre; l'Amour préludant sur la flûte; l'Amour réparant son arc; l'Amour préparant ses traits; le Chant divin, par Lemire.
Daphnis et Chloé, par Gayrard.
Chasseresse indienne, par Cumberworth.
Scène du Déluge, par Jacquet [sic], de Bruxelles.
L'Amour captif, de Fraikin, également de Bruxelles.
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Le Michel-Ange de Feuchère y figure en bonne place,
mais sans qu'il soit fait mention de Labrouë ou d'une pendule. Cette énumération est d'autant plus intéressante pour notre enquête que toutes les œuvres citées se retrouvent dans l'inventaire Colin (cf. mon tableau). Elle confirme donc que celui-ci ne peut guère concerner un fond exploité en 1846 par un Colin non identifié puisque en 1851 et vraisemblablement depuis plusieurs années déjà un nombre important des modèles inventoriés appartenaient à Vittoz (père). Mais il reste toujours à savoir en quelle année exactement, et par quel successeur de Vittoz son fils? Labrouë? un autre, plus tardivement? l'inventaire a été dressé.
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Douglas Siler (11/3/2013)
Je viens de faire un pas en avant pour la datation de notre inventaire. Ayant relu dans votre tableau chronologique les extraits du texte sur Labrouë publié en 1856, j'ai eu l'idée de retourner à la source pour lire ce texte dans son intégralité. Bien m'en a pris car cela m'a permis de confirmer une de mes hypothèses. Le texte en question figure dans la dernière partie de l'article « Bronzes modernes et bronziers contemporains » d'Alfred Busquet publié en trois parties dans les 15e, 17e et 19e livraisons de L'Artiste, VIe série, tome 2 (cliquez sur ces liens pour ouvrir chaque partie de l'article dans Gallica). Or, à propos des œuvres de Carrier-Belleuse fondues par Labrouë, on y relève ceci:
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Le Highlander et le Zouave, du même artiste, sont pleins de mouvement et d'originalité. Ces deux figures nous consolent de toutes les statuettes enfantées par la guerre d'Orient.
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Ainsi donc ces deux figures auront été créées après la Bataille de l'Alma, qui marqua le début de la Guerre de Crimée (20 sept. 1854), et avant la parution du texte de Busquet (9 nov. 1856). Par conséquent l'inventaire Colin, qui les cite parmi plusieurs autres œuvres de Carrier-Belleuse (de date incertaine), n'a pas pu exister avant 1855. Voilà donc qui infirme définitivement la date de « 1846? ». Pour ma part, à supposer que le point d'interrogation porte sur le « 4 » et non sur le « 6 » ou sur le « 46 », je penche pour une date 1856, l'année de la faillite de Vittoz fils et de la reprise par Labrouë. On pourrait songer aussi, sans tenir compte de l'hypothétique « 1846? », à la reprise du fonds par Lévy en 1860-1861. Mais pour vraiment clore cette enquête, il faudrait être certain qu'aucune des œuvres citées dans l'inventaire n'a été créée après ces reprises. Et là il y a encore du pain sur la planche car beaucoup d'entre elles sont difficilement datables (cf. mon tableau).
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Élisabeth Lebon (16/3/2013)
A mon retour des vacances hier, j'ai relu nos échanges sur ce forum, c'est vraiment très confortable de pouvoir ainsi en retrouver l'intégralité présentée à la suite, ça facilite énormément les choses.
Les dates butoir vont donc de 1857 (commande de la Pensiorosa à Lanzirotti (lequel a beau être précoce mais n'a que 7 ans en 1846!), ou encore de l'Automne de Schoenewerk: décor sculpté du Louvre, daté 1857, à... je ne sais pas trop quand car cette date de 1875 fournie par le gérant de la Maison Colin pour une édition Carpeaux ne va pas non plus, vous ne croyez pas? C'est la date de la mort de Carpeaux, mais Colin ne démarre qu'en 1882, et avant lui pas de trace de Carpeaux chez Lévy. Je vais interroger MM. Richarme et Poletti, qui sont LES connaisseurs de Carpeaux, en leur demandant s'ils savent à partir de quand Colin a pu éditer du Carpeaux. Alain Richarme avait déjà répondu il y a quelque temps à une de mes questions sur les éditeurs de Carpeaux et n'avait mentionné ni Vittoz, ni Labrouë, ni Lévy. Il n'avait relevé qu'à peine 1% des œuvres éditées marquées Colin.
Je pense que ma prochaine étape pourrait être d'aller à la documentation d'Orsay avec votre tableau et d'essayer d'approfondir à partir des dossiers d'artistes. Mais on dirait tout de même que les dates les plus récentes tournent autour de 1855/1857, donc cela pencherait en faveur d'un inventaire au moment de la passation Labrouë → Labrouë et Gautier??? Si je pouvais trouver un acte notarié avec un inventaire, ce serait super. Je vais essayer en cherchant d'abord l'inventaire après décès de Labrouë, où je devrais trouver au moins le nom de son notaire attitré.
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Élisabeth Lebon (16/3/2013)
Je ne résiste pas au plaisir de vous faire part de mes découvertes de ce soir:
J'ai trouvé un « Alexandre-Charles de Labroue », fils d'« Eugène de Labroue », qui fut directeur de l'agence des théâtres (je ne sais pas ce que c'est...) et qui figurait dans l'annuaire de la noblesse de France au début du XXe.
Du coup j'ai cherché dans les pages blanches de l'annuaire et j'ai trouvé à Paris une « Mme de Labroue de Vareilles » à laquelle j'écris dès ce soir... Peut-être allons-nous tomber sur LA source?
J'ai trouvé des entrées à « Eugène de Labroue » sur des sites de généalogie, surtout à propos de ses voyages en Angleterre en 1848/1849, mais il faut être abonné pour avoir le détail. Connaissez-vous un généalogiste dévoué qui aurait ses accès sur ce genre de site (toujours payant)? Sur sa fiche d'embarquement par exemple, nous aurions peut-être sa date de naissance, d'où nous pourrions trouver sur l'extrait de naissance la date de son décès, grâce à quoi je pourrai essayer de localiser un inventaire après décès, donc des références d'actes notariés dans l'inventaire des papiers du défunt?...
Je vois sur Googlebooks une référence dans La revue du Louvre à une cire perdue de Pradier par Labrouë, mais je n'arrive pas à voir de quelle œuvre il s'agit (la revue n'est pas numérisée) et je ne retrouve rien de tel sur le catalogue Lapaire. Pouvez-vous confirmer que Labrouë a sorti des cires perdues?...
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Douglas Siler (17/3/2013)
Malheureusement je ne connais personne qui est abonné à un site de généalogie. Mais il y aura peut-être moyen de trouver les dates de Labrouë sur un site gratuit. Je chercherai.
A propos de la référence que vous avez trouvée sur Googlebooks, La Revue du Louvre est tout de même numérisée par fragments et j’ai un « truc » pour y repêcher des textes plus ou moins courts. Voici donc celui qui concerne la cire perdue de Pradier par Labrouë (et une autre de David d’Angers):
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ACQUISITIONS MONTPELLIER. MUSÉE FABRE
Pierre-Jean David d'Angers (Angers 1788-Paris 1856). 31 Jeune Grecque au tombeau de Marco Botzaris (réduction). Sur la tranche de la terrasse: P.J. David. Sur la terrasse: F. Barbedienne fondeur. Bronze (fonte à cire perdue). H. 0,22; L. 0,34; P. 0,16. Inv. 97.3.3. Don de M. el Mme Bousquet. Cette fonte de Barbedienne est rare. Elle est une réduction du monument en marbre dédié à
Marco Botzaris conservé
au musée historique d'Athènes et offert par David, dont le plâtre est conservé au
musée David d'Angers (1823-1827). (…)
James Pradier (Genève 1790- Rueil 1852). 32 Pandore. Sur la
terrasse: Pradier Scpt / E. De Labroue Fbt. Bronze argenté (fonte à la cire
perdue). H. 0,41; L. 0,14; P. 0,11. Inv. 97.3.2. Don de M. et Mme Bousquet. Pradier avait exposé au Salon de 1850 l’original en bronze – à présent non localisé – de sa Pandore. E. de Labroue qui y avait acquis un modèle réduit et son moule en fit faire dès 1856 des fontes à présent rares, dont celle acquise par le Musée Fabre. La Maison Normand commercialisait en 1876 une Pandore en bronze et une en marbre. Pradier s'inspire d'Hésiode pour décrire celle qui, créée par Hêphaïstos,
était d'une grande beauté et dispensa les calamités sur les hommes. Pradier la représente comme la considérait l'imaginaire romantique, fascinante et fatale,
pudique et séductrice, le corps à demi découvert (voir cat. exp. 1986,
Genève-Paris, Statues de Chair. Sculpture[s] de James Pradier (1790-1852) n° 18, bronze du musée d'art et d'histoire de Genève). Cette
petite sculpture en matériau d'effet précieux rejoint par sa grâce néo-
grecque l'admirable Nyssia de Pradier, en marbre pentélique, déjà conservée à
Montpellier. Le don de M. et Mme Bousquet est complété d'un chapiteau de pierre calcaire
très lacunaire représentant L’Adoration des Mages (XIIe siècle) et un biscuit d'
après Thorwaldsen Théocrile inspiré par l'Amour (inv. 97.3.6). (…)
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Je me souviens très bien de cette Pandore que j’ai vue il y a 3-4 ans au musée Fabre car au moment où je rédigeais avec Jacques de Caso, en 2004, notre étude Une Pandore « impudique » retrouvée nous avons adressé un mail au musée pour demander s’il s’agissait d’une Pandore « pudique » ou « impudique ». Le conservateur adjoint, Olivier Zeder, nous a répondu qu’elle était « pudique » ce qui se voit d’ailleurs sur la photo qu’il nous a envoyée:
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Il n’a rien dit toutefois au sujet de la fonte. C’est néanmoins lui, je crois, qui a rédigé l’article de la Revue du Louvre où il est question d’une cire perdue, tant pour la Pandore que pour le bronze de David d’Angers. Sur quelle base, je ne sais pas. On pourrait éventuellement récrire au musée!
Enfin, dans notre étude sur la Pandore « impudique » (aujourd’hui au musée de Nîmes), nous avons écrit ceci:
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26, 27 et 28 juillet 1852: Vente après décès. Dans le Catalogue figurent « Ouvrages terminés. 3. Pandore. Statue en bronze d’un mètre de proportion. Pandore, parée d’un riche diadème, tient le vase qui renferme tous les maux qui doivent se répandre sur la terre » et son « modèle en petit »: « Statuettes. 11. Pandore. Modèle en petit du bronze numéro 3, à vendre en toute-propriété avec le moule servant à sa reproduction en plâtre.[...] ». Il est possible, dans ce genre de catalogue, que les rédacteurs n’aient pas prêté attention à la configuration de la draperie qui permet de distinguer la Pandore en bronze de type « impudique » de celle représentée par le petit exemplaire de type « pudique », ou qu’ils n’aient pas jugé bon de consigner cette différence si les deux œuvres en montraient une.
La Pandore en bronze (n° 3) aurait été acquise par Denière, un important fabricant de bronzes, pour 1 000 francs, « quoique cette acquisition n'emportât aucun droit de reproduction » (« Tablettes », dans Le Mercure de France, 1er août 1852). Le n° 11, modèle en petit de la Pandore, a peut-être été acquis par le fondeur E. de Labrouë qui en assura la diffusion. Plusieurs exemplaires en sont connus qui portent la marque de ce fondeur. Un exemplaire figure dans les collections du Musée Fabre de Montpellier (inv. 97.3.2): Pandore, bronze argenté, fonte à la cire perdue, haut. 41 cm, inscrite sur la terrasse: « Pradier Scpt / E. De Labroue Fbt. » Il est du type « pudique » et paraît identique à l’exemplaire du Musée d’Art et d’Histoire, Genève, en bronze doré, haut. 40,5 cm, signé « Pradier scpt », sans marque de fondeur (voir Statues de chair, notice 18).
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Je ne sais plus pourquoi nous avons pensé que c’était une cire perdue. Communication ultérieure du musée à Jacques de Caso ? Claude Lapaire la répertorie dans son catalogue (n° 264-2) sans mentionner la fonte. Il ne précise pas non plus je viens de vérifier la fonte des 13 autres œuvres de Pradier pour lequelles il répertorie des épreuves Labrouë.
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Douglas Siler (18/3/2013)
J’ai oublié une chose hier. Dans le texte de la Revue du Louvre on lit ceci:
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Pradier avait exposé au Salon de 1850 l’original en bronze – à présent non localisé – de sa Pandore. E. de Labroue qui y avait acquis un modèle réduit et son moule en fit faire dès 1856 des fontes à présent rares, dont celle acquise par le Musée Fabre.
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Or ce n’est sûrement pas au Salon de 1850 que Labrouë a acquis le modèle et son moule. Mais alors, quand? Dans le catalogue de la vente après décès organisée les 26, 27 et 28 juillet 1852 à l’atelier et au domicile de Pradier il y a ceci:
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Ouvrages terminés. (…) 3. PANDORE. Statue en bronze d’un mètre de proportion (…). Statuettes. 11. PANDORE. Modèle en petit du bronze numéro 3, à vendre en toute-propriété avec le moule servant à sa reproduction en plâtre.
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La grande Pandore (n° 3) aurait été acquise par Denière pour 1.000 francs, « quoique cette acquisition n'emportât aucun droit de reproduction » (« Tablettes », dans Le Mercure de France, 1er août 1852). Quant au petit modèle, je ne comprends pas trop bien le sens de « à vendre en toute-propriété » par rapport à « moule servant à sa reproduction en plâtre ». En l’achetant « en toute-propriété », n’avait-on pas le droit de le reproduire dans toutes les matières? Mais alors, comment le reproduire en bronze si le moule ne pouvait servir qu’à la reproduction en plâtre?
En tout cas ce n’est peut-être pas à cette vente-là que Labrouë l’a acquis. Lors d’une seconde vente organisée le 19 juillet 1855 « un modèle en plâtre de la statue de Pandore, entièrement exécuté par Pradier », sera vendu « sans droit de reproduction » pour 205 francs (Revue des deux Mondes, 15 sept. 1855). Si c’était plutôt celui-là qui était peut-être le même qu’en 1852 , comment a-t-il pu s’en servir pour des bronzes, sans droit de reproduction? D’autre part, comment expliquer que la Pandore de l’inventaire Colin a été prisée 7 fois plus cher, à 1.500 francs?
A remarquer enfin que Claude Lapaire, qui répertorie huit épreuves de la Pandore par Labrouë, dont celle du Musée Fabre en bronze argenté et celle du Musée d’art et d’histoire de Genève en bronze doré, précise dans son commentaire que « les fontes dorées de Labrouë, criblée de petites bulles, semblent être des surmoulages ». Je ne sais pas si le terme « bulles » est vraiment exact. Pour moi, si mes souvenirs sont bons, il s’agit plutôt de petits trous, comme des piqûres d’aiguille. En tout cas j’imagine que des cires perdues ne pourraient pas avoir une surface comme ça.
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Élisabeth Lebon (23/3/2013)
Pour moi, effectivement, l'acquisition d'un modèle « en toute propriété » signifie qu'on peut en faire ce qu'on veut (je parle des tirages: plâtre, bronze, argent, etc.). Le fait d'avoir acquis le moule pour en faire des tirages en plâtre n'empêche pas d'en tirer des épreuves métalliques, au contraire, puisque de toute façon, que ce soit au sable ou à cire perdue, on a besoin d'un plâtre au départ pour pouvoir tirer un bronze dessus (à moins d'une cire directe, ce n'est pas le cas ici).
A propos du texte de La Revue du Louvre, les deux mentions de fonte à cire perdue (Labrouë et Barbedienne) me semblent étranges. Pour Labrouë parce qu'à ma connaissance il n'y a que des fontes au sable. Pour une demande particulière, aurait-il pu essayer de faire, ou sous-traiter, une cire perdue? C'est quand même peu probable car pendant son activité de fondeur, milieu du XIXe, seul Gonon faisait, et savait faire, des cires perdues, et à ma connaissance il ne sous-traitait pas. Mais l'explication pourrait venir du fait que ce sont des fontes d'argent de petites dimensions, qui auraient été alors sous-traitées à un fondeur pour orfèvres, ceux-ci ayant continué à mon avis à pratiquer la cire perdue sans discontinuer pendant tout le XIXe (mais je n'ai pas trouvé beaucoup d'informations à ce sujet, je ne suis pas spécialiste de l'orfèvrerie).
Pour Barbedienne, c'est étrange parce que j'avais noté que seul Leblanc-Barbedienne avait fait des cires perdues, à la fin du siècle, et seulement sous son nom entier: « Leblanc-Barbedienne ». Mais si la demande l'imposait il a pu peut-être reprendre le nom « F. Barbedienne », que par ailleurs, pour ses fontes au sable, il a continué à utiliser? Je ne peux pas trancher. En tout cas je n'ai pas eu connaissance d'autres exemples.
Pour savoir s'il s'agit d'une cire perdue, soit il faut en avoir la preuve par les archives (rare!), soit il faut pouvoir voir l'intérieur. Quelqu'un a-t-il examiné l'intérieur de cette Pandore ou du David d'Angers?
Jean Dubos, ex-fondeur de Coubertin aujourd'hui à la retraite, probablement un des meilleurs fondeurs à cire perdue qu'on puisse interroger, m'a répondu ceci au sujet de ce que peuvent signifier de petites bulles sur un bronze (est-ce la même chose pour l'argent?...):
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Un bronze qui a plein de petites bulles creuses est souvent un métal surchauffé, qui a pris pendant la fusion de l'oxygène et aussi de l'hydrogène. Suivant la forme des bulles ce peux être aussi de l'humidité. Les petites bulles seraient plutôt la preuve d'une mauvaise maîtrise du procédé, et non d'un surmoulage.
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Un surmoulage se voit soit aux dimensions inférieures par rapport à une épreuve originale, soit en y constatant des mollesses, et même les deux. A moins que Claude Lapaire ait un peu vite assimilé une mauvaise qualité de la surface à un surmoulage?
Connaissez-vous cette collection Bousquet?... C'est étrange que ces deux cires perdues bizarres viennent de cette même collection. Peut-on tracer l'ancienneté de ces épreuves?
En tout cas, s'il y avait des fontes à cire perdue Labrouë à la fin des années 1850, ce serait pour moi une découverte. La piste des orfèvres serait à explorer.
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Douglas Siler (29/3/2013)
Une coupure de câble dans notre quartier m'a privé d'internet pendant plusieurs jours. Entre-temps j'ai continué à éplucher l'inventaire Colin et, n'y voyant toujours pas très clair, j'ai eu l'idée de créer un nouveau tableau synoptique en y triant tous les modèles inventoriés par catégories. Je ne sais pas si cela pourra servir à quelque chose mais cela permet au moins de mieux visualiser les différents types de modèles pendules, candélabres, lustres, statuettes, médaillons, etc. et leur sujets. Vous y trouverez peut-être aussi de nouvelles clés pour la datation du document.
Il y a une question que j’ai voulu soulever depuis longtemps concernant l’origine de l’inventaire. Car il n’est pas évident, ce me semble, que ce soit le gérant de la Maison Colin qui l’ait fourni à Metman puisque dans sa lettre datée de 1930 il n’en fait aucune mention et lui affirme qu’il ne possède plus aucun document sur les sculpteurs qui l’intéresse. Je me demande donc si Metman ne l’a pas trouvé ailleurs et s’il n’a pas dactylographié lui-même la copie conservée dans ses archives. Dans ce cas il n’est pas impossible qu’on tombe un jour sur l’original quelque part. Au fait, avez-vous déjà vu d’autres inventaires de ce genre, aussi longs et aussi hétéroclites? On a l’impression qu’il a été dressé étagère par étagère et que les modèles y étaient rangés dans un désordre total. Impossible d’y déceler une quelconque logique!
En ce qui concerne la collection Bousquet, non, je ne sais rien d'autre. Il est effectivement étrange que les deux épreuves provenant de cette collection soient toutes les deux des fontes à cire perdue. Le Musée Fabre pourrait peut-êre fournir des informations plus détaillées à ce sujet.
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Élisabeth Lebon (30/3/2013)
Nous finirons tous deux dans l'enfer (ou le paradis) des obsessionnels pathologiques! Votre nouveau tableau est un petit bijou (je vous signale juste que vous n'avez pas noté Fratin dans la colonne « Artistes » pour son cerf, et une faute de frappe à Cumberworth pour sa Danseuse, en me demandant pourquoi vous n'entrez pas les « Danseuses » dans la catégorie « Femmes »?).
Justement, voici que m'est envoyée une invitation pour une exposition à la galerie Jacques Fischer sur laquelle figure cette Danseuse au tambourin de Cumberworth (ici appelée Italienne au tambourin), cette fois-ci dans une édition signée à la fois de Quesnel et de Susse.
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J'avais noté que Quesnel avait probablement été sous-traitant pour Susse, lorsque Susse ne faisait encore que de l'édition. Il s'agit donc sans doute de l'un des modèles achetés par Vittoz à la vente Quesnel, avec de nombreux Fratin. Il faudrait que je me replonge dans les minutes de cette vente, j'en ai les photos, mais c'est un long travail de déchiffrage de pattes de mouches et je n'ai vraiment pas le temps en ce moment, j'en suis désolée. De toute façon, ça semble évident.
De mon côté, j'ai essayé de poursuivre mes explorations au minutier central, mais hélas on dirait que l'État français a décidé de priver les chercheurs de l'accès aux archives nationales. Après avoir passé la plus grande partie des collections en banlieue, et avoir fermé l'accès du samedi, j'ai découvert cette semaine que les communications étaient désormais restreintes à 3 cartons (rien du tout, surtout quand on vient pour consulter des actes du minutier). En plus, par manque de personnel, une bonne partie des études étaient inaccessibles, dont celle utilisée par Vittoz. C'est un déplacement pour rien qui m'a rendue furieuse au point d'écrire à notre ministre!
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Élisabeth Lebon (31/3/2013)
Je n'ai pas pu résister, je suis retournée aux minutes de la vente Quesnel du 26 novembre 1849, ça n'était pas si long de chercher à repérer le nom « Vittoz », et du coup je me suis laissé entraîner à tout dépouiller. A part le bougeoir diabolique, pas grand-chose pour notre inventaire j'ai l'impression. En revanche, vous allez trouver quelques mentions de Pradier. Voici d'abord le texte de l'affiche annonçant la vente:
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Cette vente se compose de modèles et surmoulés, groupes, statuettes, bénitiers, cassolettes, coupes, buires, coffres, animaux, candélabres, flambeaux, bustes, serre-papiers, encriers etc.
Parmi les modèles de pendules et groupes on remarque Vénus consolant l'Amour par M. Pradier, La Contemporaine, Les Trois grâces, Génie des Arts et la peinture, Les Quatre saisons, Amphitrite, La Newa, la Tamise, la Seine, Le Rhône, Le Premier Pas ( ?…), l'Ange gardien, la Prière de l'enfant, Lion de Canova etc.
Dans les statuettes, Philomène, Danseurs, Ange Gabriel, Musicienne, Chasseur, Pêcheurs, Négressse au Tambour, Gilblas et Rolando, Circassien et Femme tartare, D'Artagnan et Athos, Paul et Virginie, Tu n'auras pas ma rose, Peines et joies d'une mère, Voltaire, Rousseau, Franklin, Cinq-Mars, De Thou, Don Quichotte, Sancho, Vieux soldat, Vivandière, Jehan de Saintré et Dame, Anges Pur et déchu, Baigneuse, etc., etc.
Agencements de magasin, tels que: comptoirs, armoires, étagères, lampes de service, etc. etc.
Au comptant, les acquéreurs paieront 5% en sus des adjudications applicables aux frais.
Le Catalogue se distribue chez M. Bonnefond de Lavialle, commissaire-priseur, rue de Choiseul, n°11.
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Et voici en PJ un Tableau général des œuvres identifiables dans les minutes de la vente (non exhaustif, certains passages sont indéchiffrables).
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Douglas Siler (2/4/2013)
Merci de m’avoir signalé les erreurs que vous avez relevées dans mon tableau synoptique. J'ai corrigé. Mais il y en a sûrement d’autres! Pour ce qui concerne la catégorie « Femmes », je l’avais réservée aux œuvres dont le titre comportaient le mot « femme ». Mais vous avez raison, ce n’est pas évident, je l’ai donc supprimée en intégrant ces titres à la catégorie « Personnages génériques ».
Comme complément à la jolie Danseuse au tambourin de Cumberworth exposée à la galerie Jacques Fischer, j'ai trouvé sur le site www.liveauctioneers.com cette épreuve Vittoz de la Femme au tambourin de Dantan qui figure également dans l’inventaire Colin:
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Comme il n'y a pas d''initiale « E » devant le nom du fondeur, j'imagine qu'Il s'agit d'une épreuve réalisée par Vittoz père et non par son fils Eugène. Une recherche dans Google sur « Vittoz bronzier » donne beaucoup d’autres résultats intéressants. Voici par exemple une pendule inscrite « ANNE MON [?] E VITTOZ & CIE E.DE LABROUE FT DE BRONZES A PARIS », vendue chez Bonhams, à Londres, le 9 déc. 2010:
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C'est peut-être le Faune à la flûte ou le Faune flûteur de Feuchère, cités dans l’inventaire Colin.
J’ai beaucoup apprécié votre dépouillement de la vente Quesnel. Parmi les achats faits par Vittoz, l’inventaire Colin cite non seulement le « bougeoir diabolique » de Feuchère mais aussi Aigle et serpent (pendule), La dame des belles cousines et Jean de Saintré. Peut-être aussi La Leçon (achetée 130 francs), qui pourrait être La leçon de flûte prisée 120 francs dans l’inventaire. Curieusement, plusieurs des œuvres adjugées à d’autres fondeurs s'y retrouvent également: La Seine, La Tamise, Don Quichotte et Sancho, Les Trois Grâces de Pradier, Charles le Téméraire, Rousseau, Voltaire, etc. Il s’agit peut-être, dans certains cas, d’autres œuvres avec le même titre. A moins que Vittoz ne les ait acquises plus tard.
Votre déplacement inutile aux archives m’a rappelé bien des souvenirs… A ce propos, où consulte-t-on aujourd’hui les minutes de notaires et faut-il encore avoir une autorisation écrite du notaire actuel pour avoir accès aux actes de ses prédécesseurs ?
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Élisabeth Lebon (7/4/2013)
Excusez encore une fois mon retard à répondre, je ne sais plus où donner de la tête. Cela n'arrange pas nos affaires pour l'« enquête » Colin qui, effectivement, commence à être de plus en plus embrouillée dans mon esprit. Mais je veux toujours essayer de trouver les actes Vtttoz qui étaient inaccessibles la semaine dernière, je pense que je pourrai le faire mercredi prochain (si cette fois on peut me donner les cartons). Pour répondre à votre question, les archives des minutes notariales restent conservées au CARAN, rue des Quatre-Fils derrière l'hôtel de Rohan. Mais on dirait bien que ce lieu est voué à la fermeture, on verra si le ministère de la culture me répond. Il ne faut aucune autorisation pour les consulter, juste une carte de lecteur, qui est donnée à tout le monde contre monnaie sonnante et trébuchante à l'accueil (mais c'est encore accessible, je crois que c'est de l'ordre de 20 euros pour l'année).
Hier, c'est amusant, j'ai reçu un appel téléphonique d'un collectionneur qui voulait me signaler qu'il trouvait bizarre ma notice sur Colin, avec cette date d'inventaire 1846, il pensait me signaler une coquille. Les coïncidences...
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Élisabeth Lebon (10/4/2013)
J'ai enfin pu consulter aujourd'hui les actes Vittoz que j'avais repérés, et qui ne m'ont rien appris au sujet d'un quelconque inventaire, hélas. Pour compléter le tableau chronologique, j'ai appris que Vittoz est au moment de son mariage en 1813 un ciseleur, employé du fabricant de bronzes MICHEL (32 rue Pastourelle), et il épouse la fille d'un collègue ciseleur, probablement la petite fille du patron. Il me reste la piste de la création de société du fils, il faudra que j'aille aux archives de Paris, je ne sais pas quand.
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Bernard Mallet (10/4/2013)
A Élisabeth Lebon: Effectuant quelques recherches sur une pendule qui m'est arrivée par héritage, j'ai abouti sur le site Pradier. Votre synthèse m'a beaucoup intéressé, de même que le long fil de discussion avec Douglas Siler sur l'inventaire Colin. Ma pendule est agrémentée d'un bronze doré représentant Spartacus se libérant de ses chaînes, modèle rarement présenté en salles de vente. C'est la copie réduite de la sculpture de Foyatier. Le fondeur-assembleur de la pendule est Vittoz, son nom est gravé à l'intérieur du socle (gravure manuelle?). Le mouvement est de J. F. Houdin (pas Oudin!), rue Neuve Vivienne & Palais Royal n° 150. D'après les informations fournies par M. Siler, ce modèle aurait été présenté à l'Exposition de 1851, ce qui constitue pour moi un élément très intéressant (je me demandais lequel de mes ancêtres avait bien pu l'acheter).
Vous sembliez rechercher des signatures de Vittoz. Seriez-vous intéressée par cette signature?
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Élisabeth Lebon (10/5/2013)
A Bernard Mallet: En mettant un peu d'ordre dans ma boite mail, j'ai l'affreuse impression de ne jamais vous avoir répondu (?...). J'en suis tout à fait désolée et vous prie d'accepter mes excuses, d'autant que vous me faisiez une fort aimable proposition que j'accepte volontiers.
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Bernard Mallet (10/5/2013)
Ne soyez pas désolée, il n'y a aucun mal (d'autant que je rentre d'un voyage de 15 jours). Voici donc la photo de la signature Vittoz:
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N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. Il y a aussi sous le socle une marque « DE » dont je ne sais à qui elle correspond. Peut-être aurez-vous une idée ?
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Élisabeth Lebon (10/5/2013)
Merci pour votre photo qui me convient tout à fait. En ce qui concerne les lettres « DE », je ne veux pas trop m'avancer en ce qui concerne l'édition de pendules que je ne connais pas, mais pour les bronzes d'art de telles initiales placées dans un endroit discret correspondent souvent à celles d'un ouvrier afin que son travail puisse être contrôlé. Il peut aussi s'agir de repères de référencement.
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Douglas Siler (23/7/2013)
A Élisabeth Lebon: Avez-vous eu l’occasion de retourner aux archives? Il nous manque toujours entre autres choses les dates de Labrouë. A propos de son association avec le fondeur Gautier (cf. votre tableau chronologique), j’ai relevé dans le répertoire Metman une chose assez curieuse: « GAUTIER Fr. 3, rue des Fossés-Montmartre. Atelier fondé en 1850 […] expose encore en 1862 et vend peu après sa maison à Albinet et Coulomb (voir ce nom) ». Et sous COULON [sic] G. et ALBINET J.: « Successeurs de Gautier en 1860 – Exposent en 1874 des bronzes d’art et d’ameublement, des pendules, candélabres et statuettes de différents style. » Voilà qui complique un peu la succession Labrouë/Gautier → Lévy en 1860. Qu’en pensez-vous? Et à propos de Lévy, il y a toujours le problème de son prénom: « G.J. » gravées sur quelques œuvres mais « Gustave-Isaac » dans l’acte de société Lévy → Émile Vié en 1881. Ne pourrait-il pas s’agir de deux Lévy différents deux frères peut-être? qui se seraient succédé entre 1860 et 1881?
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Élisabeth Lebon (24/7/2013)
Il y a sans doute deux Gautier (c'est un nom assez banal) car au Bottin de 1859 où apparaît celui qui dit reprendre le fonds Vittoz (situé 88 rue Popincourt et 30 rue Vivienne), figure simultanément le Gautier du 3 rue des Fossés-Montmartre. Il faudrait que j'affine la recherche pour identifier celui qui expose en 1855. Je vais aller travailler aux archives de Paris et j'en profiterai pour reprendre le dépouillement des actes de société. Avec un peu de chance je tomberai sur le gros lot! En ce moment j'épluche les minutes du commissaire-priseur Bonnefons de Lavialle qui a fait la plupart des ventes des bronziers du Marais, c'est une mine intéressante.
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Élisabeth Lebon (2/8/2013)
Continuant mon dépouillement des minutes du commissaire-priseur Bonnefons de Lavialle, je trouve un Pradier à la vente du fabricant Serrurot (pour cessation de commerce) en date des 25 et 26 avril 1842. L'affiche de la vente annonce: Les trois grâces de Pradier, mais dans les minutes je ne trouve qu'un lot possible: lot 39 pendule Les grâces adjugée 170 frs à Radel. (Archives de Paris, D48E3/35.)
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Élisabeth Lebon (3/8/2013)
J'ai retrouvé Les trois grâces chez Serrurot! Il y avait une vente de modèles et surmoulés la semaine précédente, les 20 et 21 avril, et c'est là qu'on les trouve dans les minutes du commissaire-priseur: Lot 39 « les Trois Grâces, adjugé comme modèle, 67 frs » à Vittoz (?) je ne suis pas sûre que ce soit ce qu'il faut comprendre. Je vous envoie ma photo de la page. Je viens de regarder dans le catalogue Lapaire, où la réduction des Trois grâces en bronze se trouve dans... le catalogue Colin « 1846 »: donc je vote pour lire « Vittoz » !
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Douglas Siler (3/8/2013)
Encore une bonne trouvaille. Seulement je me demande si c’est bien Vittoz qui a fait cette acquisition. Je vois sur la photo des minutes qu'il est inscrit d’abord comme acquéreur du lot n° 36 « Vénus à la tortue N° 1, 2, 3, Modèles », puis ensuite comme acquéreur du 40, « Coriolan modèle ». Le « id » devant le 37 (un surmoulage du 36) se rapporte aussi à lui. Rien devant le 38 (un autre surmoulage du 36) mais devant le 39, « Les Trois grâces adjugé comme modèle », il y a deux initiales que je proposerais de lire « F.B. » comme plus haut devant le 31, « Un groupe Satyres ». Ne seraient-ce pas les initiales de Ferdinand Barbedienne?
Il est vrai en tout cas que les Trois Grâces sont listées dans l’inventaire Colin et, cela, à cinq reprises:
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« Les Grâces de Pradier n° 1 »
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« Trois Grâces n° 2 en exécution finie [sic] »
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« " " plâtre n° 1 »
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« Les Trois Grâces N° 2 de Pradier »
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« Trois Grâces n° 3 »
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On y trouve également les Vénus à la tortue n° 1, 2 et 3 de la vente Serrurot. Mais pas le Coriolan. Je me demande pourquoi. Aucun rapport, je suppose, avec le bas-relief perdu du Banissement de Coriolan présenté par Pradier au concours du Prix de Rome en 1813 (cat. Lapaire n° 5).
Je vois dans Metman que Serrurot a exposé en 1844 une pendule Quatre Saisons qui est le titre d’une des pendules citées dans l’inventaire Colin (deux grandeurs, n° 1 et n° 2). Je vois aussi dans Metman qu’il avait succédé à Galle qui avait exposé en 1823 un Gladiateur et un Achille, pendants, et en 1827 « une copie en bronze du Gladiateur blessé ». Dans l’inventaire Colin il y a un Gladiateur et un Achille combattant un Troyen. Mais il ne s'agit pas forcément des mêmes statuettes.
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Élisabeth Lebon (3/8/2013)
Vous avez raison sur l'identification douteuse de Vittoz, j'ai bien vu les initiales, mais je ne les comprends pas (les acquéreurs sont, d'après ce que j'ai pu en voir, toujours indiqués par leur nom entier), et il y a un tiret qui pourrait signifier la copie du nom précédent, mais effectivement sans certitude. Je ne crois pas à Ferdinand Barbedienne car je ne le trouve nulle part ailleurs, ni dans cette vente, ni dans aucune des autres ventes similaires de la période. A mon avis il ne fréquentait pas ce genre de ventes (où il y avait essentiellement des flambeaux, candélabres et pendules, pas son rayon).
Pour ce qui est des autres œuvres que vous mentionnez, je m'y perds et je vais vous laisser vous dépatouiller!... Je vous communiquerai les minutes des deux ventes Serrurot que vous pourrez explorer, car j'ai relevé dans ces PV les titres des modèles simples, mais pas ceux donnés dans les descriptions de pendules (il y en a des quantités). Peut-être trouverez-vous d'autres rapports avec Pradier?
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Douglas Siler (9/8/2013)
Je vois ce que vous voulez dire à propos des initiales. Je m'aperçois du reste qu'il faut probablement lire « f. B. », avec un « f » minuscule, devant les lots 31 et 39, et que devant le 30 il y a « f. C. ». Peut-être s'agit-il d'annotations abrégées plutôt que d'initiales. Y en a-t-il d'autres de ce type sur d'autres pages des minutes?
A propos des deux Gautier dont on a parlé plus haut (23/7/2013 et 24/7/2013), j'aurais dû citer la notice complète de Metman sur le Gauteir (Fr.) du 3 rue des Fossés-Montmartre car là où j'ai mis trois points Metman a précisé ceci: « Obtient une médaille de 1re classe en 1855 avec des surtouts de tables, des groupes, des statues, bronzes d'art et d'ameublement. » Mais en tout cas vous aviez déjà mis cela dans votre tableau chronologique sous l'année 1855, avec un extrait du Rapport spécial du Jury d'exposition sur les œuvres exposées par « M. Gautier » (sans indication de prénom ou d'adresse). Cependant sous l'année 1859 vous citez le Bottin où l'on trouve non seulement « Gautier F., rue des Fossées-Montmartre » mais en même temps « Gautier et Cie, (anc. Maison E. Vittoz et Cie), fabricant de bronzes, Méd. 1ère classe 1855, 88 rue Popincourt et 30 rue Vivienne ». Tous les deux auraient donc obtenu une médaille 1ère classe en 1855? Je pense plutot que Metman a pris l'un pour l'autre, d'autant qu'il semble ignorer celui des rues Popincourt et Vivienne. Ce serait donc ce dernier qui est cité dans le rapport du jury de l'expo 1855 et qui, après avoir succédé, avec Labrouë, à Vittoz fils en 1858, aurait vendu l'affaire à G.I. (G.J.?) Lévy vers 1860-1861. Il n'aurait rien à voir avec le Gautier (Fr.) qui Metman dixit a cédé son fonds en 1860 à Albinet et Coulon. Mais, comme vous dites, il s'agit d'un nom très commun et pour être 100% sûr de tout cela il nous reste à trouver ses prénoms.
Pour d'autres informations concernant ces deux Gautier, voir aussi mes échanges avec Robert Bowman sur Une Pandore en bronze inscrite « Gautier & Cie :».
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