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Élisabeth Lebon (Élancourt, 3/5/2008)
Si vous vous en souvenez nous avons eu un échange de correspondance au sujet du fondeur Lebeau (voir Forum: A la recherche du fondeur Lebeau...). Je travaille actuellement à une intervention pour un colloque sur le bronze, sur la concurrence des deux procédés de fonte (sable et cire perdue) d'après les écrits techniques au début du XIXe. A ce titre je « rencontre » fréquemment les d'Arcet (ou Darcet) père et fils, chimistes et responsables du laboratoire d'essais de la Monnaie de Paris au tournant du siècle. Je vois d'ailleurs que Pradier a présenté le portrait du fils au salon de 1835 (et épousé Louise en 1833). Pourriez-vous me dire si Louise d'Arcet avait un lien de parenté avec eux? Est-ce la fille du modèle du buste du salon de 35? Cela créerait des circuits intéressants, les d'Arcet étant au cœur de toutes les expériences métallurgiques du début du siècle, et Pradier l'un des premiers clients de Gonon (un autre lien étant Lemot, maître de Pradier, qui fait travailler Gonon très tôt dans le siècle et est un des premiers à lui faire confiance).
Autre question par la même occasion: Eugène Gonon dans sa correspondance à Champeaux explique que Pradier fut l'un des premiers et plus fidèle clients de la fonderie, son père (Honoré) faisant « primitivement » pour lui des fontes « avec les moyens ordinaires » (sable). Pouvez-vous m'en dire plus sur les fontes Gonon au sable pour Pradier (titres, dates, circonstances?). J'ai juste souvenir d'un pendant de la Pandore à Osborne House.
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Douglas Siler (18/5/2008)
Vous trouverez beaucoup de choses sur les Gonon et sur les d’Arcet dans les trois premiers volumes de mon édition de la Correspondance de Pradier, années 1790-1846 (deux autres volumes sont en préparation pour les années 1847-1852). Il y a aussi des indications utiles dans le catalogue de la rétrospective Pradier, Statues de chair, présentée en 1985-1986 à Genève et à Paris.
Louise d'Arcet (1814-1885) est bien la fille de Jean-Pierre-Joseph d’Arcet (1777-1844). Celui-ci, succédant à son père Jean d’Arcet (1724-1801), a travaillé pendant toute sa carrière à la Monnaie, où il avait ses appartements. C’est en 1845 seulement, après sa mort, que Pradier a exécuté son buste – buste en marbre commandé pour l’Institut et dont une réplique en bronze, fondue par Eck et Durand, figure sur son tombeau au Père-Lachaise. Mais Pradier a aussi exécuté sa statuette-portrait en bronze. Exposée au Salon de 1835, elle est inscrite « fonte sans ciselure par Honoré GONON et ses deux fils ». Vous la trouverez reproduite et commentée dans Statues de chair.
En fait, Pradier a beaucoup travaillé avec les Gonon. Il commande à Honoré la fonte de sa satue de Rousseau pour Genève – fonte effectuée en 1833 mais non réussie (l'œuvre définitive sera réalisée par Crozatier). Deux ans plus tard, après sa statuette-portrait de J.-P.-J. d'Arcet, il exposera au Salon de 1836 une statuette-portrait du maire du Xe arrondissement (6e actuel), Auguste Bessas de Lamégie, inscrite « Fondu par Honoré Gonon et ses deux fils 1836 ». Il confiera ensuite à Eugène ses bustes de Ferdinand, duc d’Orléans, de Simonde de Sismondi, de Maxime Du Camp, de l'architecte Visconti, etc. Et puis aussi, ses médaillons pour le monument Frédéric César de La Harpe à Rolle (Suisse, canton du Vaud), son monument d'A.-P de Candolle à Genève (buste et bas-reliefs), ses groupes de La Sagesse repoussant les traits de l’Amour et Anacréon et l’Amour, exposés au Salon de 1846, ainsi que le grand exemplaire (94 cm) de Pandore récemment acquis par le Musée des beaux-arts de Nîmes (voir ici même l’étude consacrée à cette statue par Jacques de Caso et moi-même: Une Pandore « impudique » redécouverte). A Osborne House c’est un grand exemplaire de Médée (92,5 cm), faisant pendant à Sapho debout et non à Pandore, qui est inscrit « FONDU PAR E. GONON ». La Sapho debout (89 cm) est inscrite « Lebeau f deur » – le Lebeau au sujet duquel nous avons déjà correspondu. Enfin, on a récemment retrouvé dans une collection particulière un bas-relief inscrit « E. Gonon. Fondeur. 1853 J. PRADIΣR » commandé à Pradier pour le tombeau d’une jeune fille.
Je dois une partie de ces informations au catalogue raisonné de Pradier par Claude Lapaire qui sera publié, on l’espère, dans le courant de cette année. C'est à peu près tout ce que je trouve pour l’instant. Pourriez-vous me dire où et à quelle date aura lieu le colloque sur le bronze auquel vous participez?
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Élisabeth Lebon (Élancourt, 2/6/2008)
Merci de vos informations sur la généalogie de Louise d'Arcet. Je peux donc désormais établir ce lien tout à fait important entre d'Arcet et Gonon, via Pradier. Il est dit dans Statues de chair que Pradier connaissait les d'Arcet avant même la naissance de Louise. Avez-vous une date plus précise? D'Arcet est un personnage tout à fait central de l'histoire du bronze, fonte d'artillerie et fonte d'art. Il était régulièrement consulté pour toutes les entreprises ou expériences de quelque importance, et, par exemple, pour la première fonte d'art monumentale au sable (colonne Vendôme). J'aimerais pouvoir dater la naissance de ce lien d'Arcet/Pradier/Gonon (qui passe aussi probablement par Lemot).
Je vous communiquerai le texte de ma future intervention au colloque sur le bronze où devraient apparaître tous ces personnages... La date n'est pas encore fixée, c'est normalement au cours de l'automne prochain (une partie au musée Rodin, l'autre au Courtauld Institute). je n'ai pas connaissance des sujets traités par les autres intervenants.
Ma question sur les fontes au sable de Pradier par Gonon reste, elle, en suspens. Selon Eugène Gonon, Honoré a fait pendant quelque temps des fontes au sable pour Pradier. « Primitivement », écrit Eugène.... Est-ce que cela veut dire avant ou après 1829, date de l'ouverture de la fonderie à cire perdue? Vous semblez commencer à dater leur coopération en 1830, donc après? Je ne connais, au sable, que la Médée de Osbourne House. En fait, je suis à la recherche des premières fontes de statuettes au sable, car je ne trouve que des indications floues et non documentées à ce sujet. Pradier et Gonon me semblaient une piste possible.
Enfin, à l'occasion, je suis intéressée aussi par des informations sur les rapports entre Pradier et Quesnel. Pour un article dans le livre qui sera remis à Anne Pingeot pour son départ en retraite – des « Mélanges » tournant autour de la sculpture du XIXe –, j'ai choisi comme sujet le fondeur Louis Richard et ses différentes associations, dont celle avec Quesnel bien sûr. Mais mon article était si long (il y avait aussi toute une partie concernant Eck et Durand), que j'ai dû faire des coupes sombres et me limiter uniquement à Louis Richard et son association (brève) avec son frère pour les médailles de David d'Angers. Je compte quand même publier par une autre voie mon travail sur Quesnel et sur Eck et Durand, donc si vous avez quelque chose en rapport avec Pradier, je suis preneuse!
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Élisabeth Lebon (Élancourt, 10/12/2008)
Voici le programme du colloque sur le bronze qui se tiendra au musée Rodin le 17 décembre. Il sera peut-être encore remanié. [Cliquez ici pour ourvrir ce document.]
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Élisabeth Lebon (Élancourt, 21/12/2008)
Je me permets de vous communiquer le texte de mon intervention au colloque sur le bronze qui a eu lieu au musée Rodin mercredi dernier.
Pradier a été partie prenante de l'évolution des procédés, et j'imagine (j'espère!) que vous y trouverez un intérêt.
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Douglas Siler (7/11/2012)
Je me fais un plaisir de signaler le nouvel essai d'Élisabeth Lebon Fonte au sable, fonte à cire, histoire d’une rivalité qui vient de paraître dans la collection « Voir-Faire-Lire » des éditions Ophrys/INHA, Paris. En parallèle de cet essai on peut lire sur le site de l'INHA le texte intégral de son étude Le fondeur et le sculpteur. Technique du bronze et histoire de l’art enrichie de nombreux prolongements proposés en ligne sur le même site.
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Brigitte Di Giusto (3/12/2017)
A la recherche d'informations pour documenter un intérêt personnel, j'ai eu connaissance de votre forum. Connaissez-vous cette peinture au Musée des beaux arts de Lyon du peintre Raffaëlli, Chez le fondeur?
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C'est peut-être intéressant et documente bien la technique d'un four à bois. Avec les préparatifs pour la fonte et le creuset. Et un portrait en pied du fondeur Eugène Gonon (1814-1892), ici en 1886. Je précise que je suis la fille d'un des dernier fondeurs de bronzes d'art au sable de Paris.
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Douglas Siler (5/12/2017)
Je crois bien avoir vu cette peinture il y a deux ou trois ans au musée de Lyon. Voici une autre photo que j'ai trouvée dans l'article Wikipedia sur Jean-François Raffaëlli:
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(à suivre)
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Une Pandore en bronze inscrite « Gautier & Cie »
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