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Douglas Siler (17/3/2004)
Courriel adressé à Jacques de Caso et à Claude Lapaire: Comme vous le savez, la grande Sapho debout de la reine Victoria se trouve toujours à Osborne House, dans l'île de Wight.
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Elle est signée et datée « J. PRADIΣR / 1848 » sur le devant de la colonne et porte à l'arrière, sur la base carrée de la colonne, l'inscription « Lebeau f deur » en cursive. Or, je viens de découvrir une autre œuvre fondue par ce même Lebeau. Il s'agit du grand Lion assis de Barye qui veille, avec sa réplique inversée, devant la Porte des Lions du Louvre, quai des Tuileries:
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Le lion original, à droite, est inscrit « BARYE / 1847 » sur le devant de la base et « LEBEAU, / fondeur » à l'arrière. Sur la réplique inversée, à gauche, il n'y a pas de nom de fondeur et le nom du sculpteur est écrit à l'envers. Geneviève Bresc-Bautier et Anne Pingeot retrace l'histoire de cette œuvre dans leur ouvrage sur les Sculptures des jardins du Louvre, du Carrousel et des Tuileries (Éditions de la Réunion des musées nationaux, t. II, pp. 30-32). Commandée par Louis-Philippe pour faire pendant au Lion au serpent de Barye, elle a d'abord rejoint celui-ci au jardin des Tuilleries à la terrasse au bord de l'eau avant d'être installée en 1867, avec la réplique, à son emplacement actuel. Le modèle en plâtre est au Musée d'Orsay (pour ouvrir la fiche technique du musée, cliquer ici).
Avez-vous jamais rencontré le fondeur Lebeau ailleurs? Il n'est pas cité dans le répertoire Metman (Jacques de Caso, « Documents sur la sculpture française et Répertoires des fondeurs du XIXe siècle », in Archives de l'Art français, Nouvelle période, t. XXX, 1989, pp. 157-228).
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Jacques de Caso (San Francisco, 22/3/2004)
J'ai regardé ce que j'avais sur Lebeau: peu. Un C. Lebeau a fondu « un tirage limité de L'Enfant prodigue » de Rodin, j'imagine vers 1885-1895. Le même? Père ou fils? J'ai noté l'existence du document aux Archives du Musée Rodin mais je ne l'ai pas consulté. Une autre chose: mon exemplaire de l'Annuaire de la Réunion des Fabricants de bronzes de la Ville de Paris, 1867 (rarissime et le seul que je possède) fait mention dans la rubrique « Sculpteurs, statuaires et ornemanistes » d'un « Lebeau, 7 rue de la Chopinette ». Voilà tout ce que j'ai trouvé.
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Claude Lapaire (Fillinges, 13/4/2004)
Merci de m'avoir signalé l'existence du fondeur Lebeau, par ailleurs inconnu, même des catalogues de Barye. Je vais essayer d'en savoir plus, car le Lion assis est une fonte superbe.
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Claude Lapaire (30/5/2006)
Figurez-vous que le buste en bronze de Jules Canonge que j'ai vu au Musée des beaux-arts de Nîmes porte l'inscription « Lebeau fondeur Paris »! Ainsi s'explique le passage de la lettre de Pradier à Canonge datée du 4 juin 1848 où il lui propose de faire fondre son buste par « celui qui m'a fondu ma Sapho ». La fonte, au sable, est particulière, avec des parois très minces.
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Elisabeth Lebon (Elancourt, 30/8/2006)
Je n'ai pas de questions précises à vous poser (pour l'instant!) sur Pradier, je voulais juste vous dire que votre site m'a intéressée, et vous demander si vous avez pensé au sujet particulier des rapports de Pradier avec les fondeurs, car dans mon Dictionnaire des fondeurs de bronze d'art. France 1890-1950 (Marjon Editions, 2003), j'ai assez souvent cité son cas et il me semble emblématique sur cette question des rapports sculpteurs/fondeurs-éditeurs au XIXe. Vous pouvez avoir un aperçu de mon bouquin sur le site www.fonderiesdart.com. Et je suis à votre disposition si, de votre côté, vous avez un jour des questions à me poser.
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Douglas Siler (11/11/2006)
N’ayant pas encore pu consulter votre livre, je profite de votre aimable offre de répondre à mes questions pour vous en poser une sur le fondeur Lebeau, actif à Paris aux alentours de 1850, qui a fondu le buste en bronze de l’écrivain nîmois Jules Canonge par Pradier (1848) ainsi qu'un grand exemplaire (89 cm) de la Sapho debout de Pradier (Salon de 1848) conservé à Osborne House, dans l’île de Wight. Il a également fondu le Lion assis de Barye à la Porte des Lions du Louvre. Auriez-vous rencontré son nom au cours de vos recherches et, si oui, dans quel contexte et par rapport à quel(s) sculpteur(s)? Tout renseignement que vous pourriez me fournir sur lui serait le bienvenu.
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Elisabeth Lebon (28/11/2006)
Ce nom n'apparaît dans le bottin qu'en 1849: « Lebeau, fonderie de cuivre, objets d'art, bronze mécanique, 7 rue des Amandiers-Popincourt ». Il s'agit du fondeur François Lebeau, qui a eu des démêlés judiciaires, sans doute à cause d'endettements, la même année (cf. le Dictionnaire en tableaux synoptiques d’après les journaux judiciaires (...), 1856: « Lebeau François, fondeur en cuivre, 7 rue des Amandiers-Popincourt, insuffisance et unions du 23 avril 1849 »).
Je n'ai rien d'autre à son sujet mais on peut penser qu'il s'agit d'une entreprise très éphémère, ce qui aurait l'avantage de dater précisément les fontes que vous évoquez (et je vois d'ailleurs que cela correspond très bien).
Une dernière remarque: Quesnel s'était installé au 22 rue des Amandiers-Popincourt sans doute vers 1836 ou un peu après. Il y est en tout cas en 1849, année où il a aussi des déboires financiers tels que son fonds est vendu pour faillite. On peut donc de façon plausible imaginer que les clients de Quesnel ont pu se retourner vers ce proche voisin, qui aurait pu collaborer déjà (mais anonymement?) avec le fondeur plus connu? Ou Lebeau est un prête-nom temporaire pour Quesnel? (simples hypothèses...) Son activité en tout cas semble avoir cessé dès 1850. Peut-être est-il retourné travailler anonymement comme ouvrier fondeur pour d'autres. Ou a-t-il repris une profession antérieure de ciseleur-ornemaniste, qu'il aurait pu transmettre à sa descendance comme cela se faisait couramment? Car le nom « Lebeau » se retrouve dans la seconde moitié du siècle chez un ciseleur-figuriste récompensé par le prix Crozatier. Voir à ce propos mes notes « Archives Alfred de Champeaux », p. 31: lettre de Victor Paillard à Champeaux, qui lui retrace tout l'historique du prix Crozatier, et le détail de l'organisation de ce prix, y compris une liste des lauréats avec les dates. Noms de ces lauréats ciseleurs-figuristes (de 1860 à 1885): Ruiton, Dorsin, Victor Lebeau.
Encore un petit complément: je viens de trouver un Jacques Louis Lebeau, monteur en cuivre en activité en 1803. Bien que ce nom ne soit pas rare, nous pouvons penser qu'il s'agit d'une même famille d'ouvriers du bronze.
Voilà tout ce que je peux vous dire! Je vous remercie en tout cas de votre question qui m'a fait découvrir l'activité de Lebeau pour Pradier et Barye (ce que j'ignorais), et m'a incitée à creuser un peu. J'essaierai lors d'une de mes prochaines visites aux archives de Paris, d'en apprendre un peu plus.
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Douglas Siler (16/12/2006)
Un très grand merci pour votre réponse si détaillée. Aux différents Lebeau que vous citez, je peux en ajouter deux autres qui m'ont été signalés par Jacques de Caso: un C. Lebeau qui aurait fondu un tirage limité de L'Enfant prodigue de Rodin vers 1885-1895, et un « Lebeau, 7 rue de la Chopinette » mentionné dans la rubrique « Sculpteurs statuaires et ornemanistes » de l'Annuaire de la Réunion des Fabricants de bronzes de la Ville de Paris, 1867.
Par ailleurs, le Dictionnaire historique des rues de Paris de Jacques Hillairet signale que le fondeur Carboneaux a construit ses ateliers en 1814 au n° 76 de la rue du Chemin-Vert où a été coulée la statue équestre de Louis XIV pour la place des Victoires. Cette adresse correspond à peu près au n° 10 de l'ancienne rue des Amandiers-Popincourt et se situait donc non loin des numéros 7 et 22 où vous avez localisé François Lebeau et Quesnel.
A propos de la Sapho debout de Pradier fondue par Lebeau, un ancien catalogue dactylographié des collections d’Osborne House (rédigé sur la base d’un ancien inventaire manuscrit) précise qu’elle est « a reduced copy by Lassi of the statue executed by Pradier ». On trouve la même remarque dans la notice consacrée à la Médée de Pradier fondue par E. Gonon qui fait pendant à la Sapho debout. Cette information me laisse perplexe car, outre le fait que les deux bronzes d’Osborne House sont les plus grands exemplaires connus (89 cm et 83,5 cm respectivement), et compte tenu du fait qu’aucune de ces deux œuvres n’a été exécutée en marbre, le nom de Lassi nous est complètement inconnu. Serait-il cité par hasard dans votre Dictionnaire ou dans votre documentation?
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Elisabeth Lebon (16/12/2006)
Merci des informations complémentaires que vous me donnez. Bien qu'ayant dépouillé (peut-être pas assez scrupuleusement?) les archives du Musée Rodin, je n'ai jamais noté l'existence d'un C. Lebeau fondeur de Rodin. Je vois dans la publication de la correspondance de Rodin la mention d'un « Carl Lebeau », marchand d'estampes à Heidelberg. Il s'agit d'un échange de courrier daté de 1908, ce Lebeau cherchant à servir d'intermédiaire pour l'acquisition de dessins destinés à un musée: peut-être s'agit-il alors d'un dessin de L'Enfant prodigue dont a gardé trace M. de Caso? Je viens également d'avoir pour tout autre chose Antoinette Romain au téléphone, mais j'en ai profité pour lui poser la question: selon elle il doit s'agir d'une confusion de M. de Caso avec une épreuve de L'Enfant prodigue offerte au Musée de Boulogne-sur-Mer par un certain « Charles Lebeau », qui, Antoinette est catégorique, n'est pas identifié comme fondeur (vous savez qu'Antoinette met en ce moment la dernière main au catalogue raisonné des sculptures du musée). Finalement les informations d'Antoinette et les miennes se rapprochent, Carl et Charles n'étant sans doute qu'une seule et même personne, intermédiaire du marché de l'art, en tout cas pas un fondeur. Enfin j'ai dépouillé tout le bottin entre 1885 et 1895 et il n'y a aucun Lebeau répertorié (à Paris) ni dans les fondeurs, ni dans les fabricants de bronze d'art. Donc cette hypothèse d'un Lebeau fondeur de Rodin vers la fin du XIXe paraît peu probable.
J'ai pour l'instant peu de renseignements sur Carbonneaux. Je dois me rendre aux archives de Paris pendant les congés de fin d'année, je ferai des recherches complémentaires et ne manquerai pas de vous faire part d'éventuelles trouvailles. Je chercherai aussi sur ce « Lassi » dont vous me parlez et que je ne connais pas. Était-il praticien, réducteur? Je n'ai à ce jour jamais noté son nom, je chercherai dans le bottin.
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David Lebeau (8/1/2013)
A ce sujet, Charles Lebeau, collectionneur et négociant d'art à Boulogne-sur-Mer, n'était pas fondeur.
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Douglas Siler (8/1/2013)
Merci pour ce complément d’information. Je vois effectivement dans l’article Wikipedia sur le Château-Musée de Boulogne-sur-Mer que Charles Lebeau (1842-1916) a légué une riche collection de céramiques, de tableaux et de sculptures (dont « deux petits bronzes » de Rodin) à ce musée. Il y a même une rue Charles Lebeau dans cette ville. Êtes-vous son descendant? Serait-il apparenté au fondeur qu’on cherche à identifier?
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David Lebeau (8/1/2013)
Alors à ma connaissance il n'y a jamais eu de fondeur Lebeau, en tout cas pas dans le Boulonnais. Il existe une famille Lebeau dans le Nord de la France, mais qui n'est pas, ou alors ça remonte à.. loin, rattachée à la nôtre. Je suis descendant de Charles Lebeau, oui, mais il n'avait pas d'enfants donc c'est un arrière-arrière-grand-oncle. Et il n'est pas apparenté au fondeur que vous cherchez sur Paris. Il y a des Lebeau sur Paris en tout cas, et au plus près dans l'Ain (Oyonnax), en Belgique et en Allemagne. J'ai mis un peu de temps à répondre car j'ai fait quelques recherches dans mes documents généalogiques pour être sûr. Si jamais je collecte d'autres informations je ne manquerai pas de vous tenir au courant. Il y a des zones d'ombres dans la généalogie que je vais essayer de trouver.
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Douglas Siler (26/4/2017)
Au hasard de mes recherches je suis tombé sur une nouvelle information concernant Lebeau que je m'empresse d'enregistrer ici avant qu'elle ne se perde. Dans son intervention du 28/11/2006 ci-dessus, Élisabeth Lebon précisait que ce nom n'apparaissait dans le Bottin qu'en 1849 où l'on trouve « Lebeau, fonderie de cuivre, objets d'art, bronze mécanique [sic], Amandiers-Popincourt, 7 ». Or il figure avec cette même adresse, mais associé à un autre fondeur, dans l'Annuaire général du commerce de 1848, rubrique « Fondeurs en cuivre et en fer », p. 472: « Guichard et Lebeau, fonderie de cuivre, objets d'art, bronze, mécaniques [sic], Amandiers-Popincourt, 7 ». Cette association a dû être éphémère car, sauf erreur de ma part, on ne trouve ni l'un ni l'autre, comme fondeurs, dans l'annuaire de 1847 et Lebeau figure seul, sans Guichard, dans l'annuaire de 1849.
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