Les richesses artistiques de nos grands
cimetières excitent depuis longtemps, on le sait, les
appétits malsains des vandales et des chasseurs de trésors.
Le tombeau de Pradier n'en fait plus, hélas, exception, et
nous apprenons avec beaucoup de tristesse le vol de trois
des huit bas-reliefs décorant la stèle du monument. Si deux
des reliefs ont été retrouvés assez rapidement, le troisième,
dérobé peu après, fait toujours cruellement défaut sur la
façade de la stèle (ill. 1).
cliquez pour agrandir
1. Eugène Guillaume, Psyché. Bas-relief en marbre d'après la statue de Pradier. Tombeau Pradier. Paris, cimetière du Père-Lachaise |
Exécuté par Eugène Guillaume, le bas-relief manquant
représente, comme chacun des autres reliefs encastrés dans
la stèle, l'une des grandes sculptures en marbre de Pradier,
en l'occurence sa statue de Psyché exposée au
Salon de 1824 (ill. 2).
Toute personne pouvant fournir des informations qui permettraient de retracer l'uvre disparue est instamment priée de prendre contact avec nous. Seront également bienvenues toutes suggestions ou propositions
relatives à la possibilité de créer une réplique
de cette uvre, dont malheureusement on ne possède ni
moule ni modèle. Nous transmettrons ces informations à la
famille Pradier, qui est toujours propriétaire du tombeau.
Les deux bas-reliefs récupérés représentent, sur la face
latérale gauche de la stèle, la statue d'Un fils de
Niobé exposée par Pradier au Salon de 1822, et, sur la
face latérale droite, son groupe de Cyparisse et son
cerf exposé au Salon de 1833. Ils sont dus
respectivement à Jacques-Léonard Maillet et à Hippolyte
Ferrat (ill. 3 et 4).
cliquez pour agrandir
3. Jacques-Léonard Maillet, Un fils de Niobé. Bas-relief en marbre d'après la statue de Pradier. Tombeau Pradier. Paris, cimetière du Père-Lachaise. |
|
cliquez pour agrandir
4. Hippolyte Ferrat, Cyparisse et son cerf . Bas-relief en marbre d'après la statue de Pradier. Tombeau Pradier. Paris, cimetière du Père-Lachaise. |
Les fissures affectant les deux uvres se
sont peut-être produites lors du vol car elles ne sont pas
visibles sur des photos plus anciennes et aucun des autres
reliefs restés en place ne présente de tels dégâts.
Le vol et la récupération de ces deux reliefs remontent à l'automne 2003. La disparition du relief de Psyché, vraisemblablement imputable au(x) même(s) malfaiteur(s), date de
quelques semaines ou de quelques mois plus tard. Sur la
découverte des vols et sur l'attitude peu amène dont les
administrateurs du cimetière ont fait preuve,
M. Jean-Louis Pradier, descendant direct du sculpteur, a
bien voulu nous fournir le résumé suivant:
Nous nous sommes retrouvés au pied du monument
funéraire à l'occasion de l'inhumation de ma mère le 25
octobre 2003 en fin d'après-midi
1.
C'est moi qui ai découvert la
disparition des deux sculptures latérales. J'ai
immédiatement signalé la disparition de ces uvres
à des gardiens qui se trouvaient dans le secteur. Le vol
ne devait pas être très ancien dans la mesure où les
parements sous les plaques disparues étaient bien clairs
et tranchaient avec la grisaille du tombeau.
Je demande un rendez-vous avec le conservateur du Père-Lachaise et ne l'obtiens pas. Je suis reçu toutefois par un « troisième couteau » dont je n'ai pas retenu le nom. Au cours de cette entrevue, je suis littéralement agressé par M.
... dont la fonction est responsable des travaux. Celui-ci
avec une violence verbale extrême m'explique froidement
que les « ayants droit » sont quasiment
responsables des vols car ils auraient laissé le
monument dans un état de délabrement pouvant inciter
les vandales à commettre l'outrage que l'on sait. C'est
une charge très exagérée qui n'avait pour intention
que de masquer les responsabilités de l'Administration.
A la sortie de cette entrevue, M. ... , représentant du
marbrier, qui m'accompagnait, n'a pu me cacher sa
surprise...
Lors d'une visite au Père-Lachaise avec cette même
personne, le 14 janvier 2004, on nous annonce que les
deux sculptures ont été retrouvées. Renseignements
pris elles étaient camouflées sous des tas de feuilles.
Elles auraient été trouvées très peu de temps après
l'enterrement de ma mère. Personne n'a pris la peine de
nous prévenir! Il s'est écoulé deux mois et demi.
Fin mars 2004 je reçois un courrier dans la même veine
que la diatribe de M. ... et m'annonçant le vol d'une
des figures de la façade. Il s'agit donc d'un nouveau
vol pour lequel nous n'avons pu récupérer l'uvre
disparue. Les travaux de ravalement, entièrement pris en
charge par moi-même, sont lancés pour un montant d'environ
8.500 .
Dépôt de plainte a été fait le 1er juin
2004, sans aucune suite.
Grâce à la diligence de M. Jean-Louis Pradier, le monument
est aujourd'hui magnifiquement restauré et ses deux reliefs
latéraux ont réintégré leur place. Les photos ci-dessous
montrent, à gauche (ill. 5), son état avant les
travaux et, à droite (ill. 6), son état actuel.
cliquez pour agrandir
5. Tombeau Pradier. Paris, cimetière du Père-Lachaise. État avant les vols de 2003-2004. |
|
cliquez pour agrandir
6. Tombeau Pradier. Paris, cimetière du Père-Lachaise. État en avril 2006, après restauration. |
Outre le buste en marbre de Pradier, uvre d'Eugène Lequesne, posé au sommet de la stèle 2 et la couronne funéraire encerclant une feuille de palmier sur le couvercle du sarcophage, la décoration sculpturale
complète du tombeau se compose de huit bas-reliefs en marbre
exécutés par huit anciens élèves du sculpteur cinq
sur le devant de la stèle, deux sur la face latérale gauche
et un huitième, isolé, sur la face latérale droite.
Regardons de plus près les reliefs rectangulaires alignés
sur le devant de la stèle. Sur la photo de gauche ci-dessous
(ill. 7), prise peu après le vol des reliefs
latéraux, tous les quatre sont encore intacts mais le
renfoncement qu'occupait sur le face latérale droite Cyparisse et son cerf est vide. Sur la photo de droite (ill. 8), prise après la restauration du monument, le relief de Psyché a été remplacé par une simple plaque de marbre.
cliquez pour agrandir
7. Tombeau Pradier (détail). Paris, cimetière du Père-Lachaise. État fin 2004 (après le vol des reliefs latéraux). |
|
cliquez pour agrandir
8. Tombeau Pradier (détail). Paris, cimetière du Père-Lachaise. État avril 2006 (après la restauration). |
Le tableau ci-dessous résume les principaux renseignements dont nous disposons sur l'ensemble des reliefs. Les inscriptions et les dimensions ont été relevées sur place en 2006. Pour les trois reliefs dépourvus d'inscriptions (dont Psyché), l'identification des auteurs provient de la description du tombeau donnée en 1897 par Henry Jouin, qui a pu lire à l'époque des signatures aujourd'hui effacées ou se référer à des documents dont nous n'avons pas connaissance 3.
Tableau 1
SAPHO
cliquez pour agrandir
|
SAPHO
(Salon 1852; Orsay)
cliquez pour agrandir
|
Charles Simart
(Troyes 1806Paris 1857)
François-Clément Moreau
(1831-1865) |
Face antérieure, en haut |
H. env. 58 cm
L. env. 76 cm |
A gauche du
tabouret:
SIMART
F. C. MOREAU |
PSYCHÉ
cliquez pour agrandir
|
PSYCHÉ
(Salon 1824; Louvre)
cliquez pour agrandir
|
Eugène Guillaume
(Montbard 1822Rome 1905) |
Face antérieure, en bas,
1er à partir de la gauche |
H. env. 47 cm
L. env. 22 cm |
uvre volée,
aucune inscription
visible sur les
photos prises avant
sa disparition. |
NYSSIA
cliquez pour agrandir
|
NYSSIA
(Salon 1848; Montpellier)
cliquez pour agrandir
|
Augustin Courtet
(18211891) |
Face antérieure, en bas,
2e à partir de la gauche |
H. env. 47 cm
L. env. 22 cm |
Sur le bas de
la colonne:
NYSSIA
PRADIER
Sur le devant
de la terrasse:
COURTET
PRADIER
|
PHRYNÉ
cliquez pour agrandir
|
PHRYNÉ
(Salon 1845; Genoble)
cliquez pour agrandir |
Antoine Étex
(Paris 1808Chaville 1888) |
Face antérieure, en bas,
3e à partir de la gauche |
H. env. 47 cm
L. env. 22 cm |
Aucune inscription
visible |
LA POÉSIE LÉGÈRE
cliquez pour agrandir
|
LA POÉSIE LÉGÈRE
(Salon 1846; Nîmes)
cliquez pour agrandir
|
François-Félix Roubaud
(Cerdon 1825Lyon 1876) |
Face antérieure, en bas,
4e à partir de la gauche |
H. env. 47 cm
L. env. 22 cm |
En bas à gauche:
J. PRADIER
?
?
F. F. (?) ROUBAUD |
PHIDIAS
cliquez pour agrandir
|
PHIDIAS
(Salon 1827; Louvre)
cliquez pour agrandir
|
François-Clément Moreau
(18311865) |
Face latérale gauche, en haut |
H. env. 47 cm
L. env. 22 cm |
Aucune inscription
visible |
UN FILS DE NIOBÉ
cliquez pour agrandir
|
UN FILS DE NIOBÉ
(Salon 1822; Louvre)
cliquez pour agrandir
|
Jacques-Léonard Maillet
(Paris 18231894) |
Face latérale gauche, en bas |
H. env. 50 cm
L. env. 60 cm |
En bas à gauche:
J. L. MAILLET
d'après J. Pradier |
CYPARISSE ET SON CERF
cliquez pour agrandir
|
CYPARISSE ET SON CERF
(Salon 1833)
Groupe détruit en 1871
dans l'incendie du
palais de Saint-Cloud |
Hippolyte Ferrat
(Aix-en-Provence 18221882) |
Face latérale droite, en bas |
H. 50 cm
L. 60 cm |
En bas à droite:
1854
D'APRÈS PRADIER
Hte FERRAT
SON ELÈVE |
En haut de la stèle le relief de Sapho,
modelé par Charles Simart, aurait été achevé par
François-Clément Moreau, autre élève de Pradier, suite au
décès de Simart, d'où la présence des deux signatures
4. Son tabouret bas aux pieds en forme de pattes de biche l'apparente davantage à la statuette en bronze mise
en circulation par Susse qu'à la statue en marbre
présentée au Salon. Choix curieux quand on sait que lors
des premières discussions sur la composition du tombeau c'est
bien une réplique en bronze de la statue du Salon qui devait
couronner le monument (voir plus loin). On retrouve d'ailleurs
le relief de celle-ci sur une gravure parue tardivement (1871)
mais exécutée, semble-t-il, d'après un avant-projet
sensiblement différent du monument définitif (ill.
11 et 12).
On remarquera l'absence en haut de la face latérale droite
de la stèle d'un relief situé au même niveau que le Phidias
sur la face latérale opposée. Cette lacune
n'est pourtant pas le fait d'un autre pillage car aucune
uvre ne semble avoir occupé cet emplacement et, soit
qu'il n'a pas été fait, soit qu'on l'a supprimé ultérieurement, aucun
renfoncement n'y existe pour en recevoir une 5. Il est difficile
d'imaginer, par ailleurs, quelle sculpture de Pradier aurait pu
servir de modèle à ce neuvième relief. Pour l'équilibre du
monument
on s'attendrait à y trouver comme c'est le cas des
trois autres reliefs latéraux un personnage masculin,
tout comme les cinq reliefs ornant le devant de la stèle ne
représentent que des personnages féminins. Mais force est
de constater que Pradier n'a achevé aucune autre grande
sculpture en marbre à personnage masculin qui, reprise sous
forme de bas-relief, aurait pu faire pendant au Phidias 6. Serait-ce pour cette raison qu'on s'est résigné à laisser vide l'emplacement situé au-dessus de Cyparisse et son cerf ? Il est néanmoins étonnant que ce problème n'ait pas été pris en ligne de compte dès la conception de la décoration sculpturale.
* * *
En fait, l'histoire circonstanciée de la genèse
et de la construction du tombeau reste à faire et
il est regrettable que M. Bruno Chenique, grand
connaisseur des monuments funéraires, n'ait pu mener à
terme ses recherches à ce sujet amorcées en 1985. Joints
cependant aux informations que j'ai rassemblées moi-même,
les documents et les suggestions qu'il m'a généreusement
communiqués permettent d'en esquisser les principales
étapes.
Pradier décède, on le sait, le 4 juin 1852 à soixante-deux
ans, au cours d'une partie de campagne. Son inhumation au
Père-Lachaise a lieu le 9 juin suivant, dans un caveau
provisoire 7. La veille, John Pradier avait
acquis à l'emplacement du futur monument un terrain de deux
mètres « pour y fonder la sépulture particulière » de son père. Le 5 juillet 1853 il y adjoindra une
parcelle supplémentaire de 75 cm 8. Eugène Lequesne, exécuteur
testamentaire du sculpteur et tuteur de ses trois enfants,
prélèvera par la suite, sur les crédits de la succession,
une somme de 2.567 francs 50 centimes pour couvrir ces achats
ainsi qu'une « partie du prix des travaux de
construction du monument funéraire » 9.
Dès le jour de l'inhumation plusieurs anciens élèves du
sculpteur manifestent leur volonté de lui élever un
monument auquel chacun contribuerait sa part. Antoine Étex, le
plus ancien d'entre eux, racontera plus tard l'histoire de ce projet
et des intrigues qui, selon lui, l'auraient fait avorter. Voici le
début de son récit:
Le plus ancien des élèves de Pradier [donc Étex lui-même]
fut chargé de
prononcer un discours sur sa tombe, au nom de ses
élèves anciens et nouveaux. [...] Plusieurs d'entre eux,
et au cimetière même, lui demandèrent de s'occuper
ensemble d'un hommage à rendre à leur maître. Il fut
convenu que l'on se réunirait chez celui qui avait
prononcé le discours, afin de s'entendre pour lui
ériger un tombeau exécuté par ses élèves entre eux.
Huit jours n'étaient pas écoulés, que déjà plusieurs
réunions avaient eu lieu, réunions sérieuses
composées des vrais élèves de Pradier. Un seul
manquait toujours à l'appel, c'était le dernier venu,
celui qui, par de savantes manuvres, avait su s'immiscer
dans ses affaires particulières, malgré l'antipathie de
Pradier très prononcée contre lui 10.
Il ne nous convient pas d'entrer dans des détails qui
répugnent à nos habitudes; qu'il nous suffise de dire,
que cette personne nous a écrit plusieurs fois, pour s'excuser
de manquer à la réunion des élèves, et pour nous dire
qu'elle s'associait de tout son cur à notre
uvre qui était un juste hommage rendu par nous à
la mémoire sacrée de notre maître.
Il y avait donc unanimité parmi les élèves anciens et
nouveaux. Unanimes dans nos sentiments, nous allâmes en
avant. Il fut décidé par un vote à l'unanimité encore
des présents qui étaient Simart, Bovy, Godde, Étex,
Guillaume, Vilain, Calmels, Robinet, Ferat [sic],
Moreau, etc., que pour rendre plus digne ce témoignage
de notre reconnaissance vis-à-vis de celui qui en était
l'objet, il n'y avait qu'une manière de le faire, c'était
de mettre sa dernière uvre comme sujet principal
sur son tombeau.
Justement, son dernier ouvrage exposé en 1852, sa Sapho,
se disposait on ne peut mieux pour couronner le monument,
dont les proportions, selon nous, devaient rester
modestes. La Sapho devait être exécutée en bronze et
être dorée; et, en outre, sur le piédestal, devaient
être sculptées en bas-relief, par chacun des élèves
de Pradier, ses uvres capitales, statues et groupes.
Tel fut le programme arrêté à l'unanimité. C'était
donc tout simplement une uvre à exécuter de bon
accord, entre tous les élèves, et dans ces conditions-là
c'était chose facile; car il n'y avait pas, il ne
pouvait pas avoir de différence entre les élèves.
Chacun y apportait sa part de sentiment et de
reconnaissance, et à ce titre-là, il y avait, il devait
y avoir égalité complète. Une commission fut choisie
parmi les anciens et les nouveaux élèves pour aller
chez le directeur des Beaux-Arts, qui promit le marbre
pour exécuter le tombeau.
[Étex cite ici un court billet daté du 30 juin 1852
par laquelle Godde, gravement malade, l'informe qu'il ne
pourra pas assister à la prochaine réunion des élèves.
Trois jours après, se désole Étex, Godde était mort.]
Mercier, l'un des anciens élèves de Pradier, absent de
Paris, m'écrivait qu'il était tout prêt à exécuter
sa part de l'uvre, et M. Bovy également.
Vilain, occupé d'un travail important à Rouen, prenait
le chemin de fer et arrivait au milieu de nous. Simart
était au nombre des trois élèves reçus par le
directeur des Beaux-Arts avec Robinet. Guillaume n'avait
pas manqué à une seule réunion, non plus que Calmels,
Simart, Robinet, etc. Ceux qui étaient encore à Rome
avaient écrit qu'ils se joignaient à nous. [Note d'Étex:
M. Garnaud, l'architecte, l'ami de Pradier, avait
assisté à presque toutes nos séances.] Salvator [Marchi],
le mouleur de Pradier depuis plus de quinze ans,
proposait de mouler gratuitement le marbre de la Sapho et
d'en fournir un plâtre pour la fonte, ainsi que de
mouler pour rien tout ce qui aurait rapport au tombeau de
son patron 11.
Ralliés ainsi autour d'Étex,
huit des anciens élèves se joindront à lui pour adresser
au ministre des Beaux-Arts une description sommaire de leur
projet :
Paris, le 25 Juin 1852
Monsieur le Ministre
La France vient de faire une perte irréparable pour l'art
en la personne de Monsieur Pradier. Ses élèves réunis
spontanément ont désiré lui témoigner leur
reconnaissance en érigeant un monumnet au cimetière du
Père-Lachaise où il est enterré.
Ils ont pensé lui rendre un digne hommage en plaçant
son dernier ouvrage sur la terre où il repose. Sa statue
de Sapho coulée en bronze couronnerait le monument. Dans
leur projet, un piédestal serait ornée de figures
allégoriques sculptées par chacun d'eux: ces figures
rappelleraient les qualités de l'artiste éminent
regretté par tous les amis des arts; sur un second socle
de la statue de Sapho régnerait une frise où seraient
représentés ses principaux ouvrages, complétant ainsi
l'uvre pieuse et reconnaissante.
Nous venons, Monsieur le Ministre, vous demander au nom
de ses élèves, au nom de tous les artistes, votre appui,
le concours de l'administration des Beaux-Arts.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'assurance de
notre profond respect 12.
Simart
1er Gd Prix de Rome
chevalier de la légion d'honneur |
|
Ante Bovy
chevalier de la légion d'honneur |
|
A. ETEX
second grand prix
chevalier de la légion d'honneur |
C.Godde
1er Grand prix de Rome |
|
Robinet
1er second grand prix de Rome |
|
P [our] V. Vilain, le délégué A. Étex
grand prix de Rome
et chevalier de la légion d'honneur |
An. Calmels
1er second grand prix de Rome |
|
Hippolyte Ferrat
second grand prix de Rome |
|
et Pour Mercier |
Parmi ces signataires,
seuls Étex, Ferrat et Simart contribueront à la décoration
du monument définitif, lequel, à part les bas-reliefs, n'aura
rien en commun avec ce premier projet. Charles-Joseph Godde (1821-1852),
deuxième et non premier prix de Rome en 1841
disparaîtra, on l'a vu, quelques jours après avoir signé
la pétition. Antoine Bovy (1795-1877), qui n'avait fait qu'un
court passage à l'atelier de Pradier dans les années 1820,
avait tôt abandonné la sculpture pour se consacrer
principalement à la gravure en médailles. Restent Pierre-Alfred
Robinet (1814-1878), deuxième prix de Rome en 1840; Victor
Vilain (1818-1899), premier prix en 1838; Célestin-Anatole
Calmels (1822-1906), deuxième prix en 1839; et Michel-Louis-Victor
Mercier (1810-1894). L'un ou l'autre aurait pu se charger du
neuvième relief. Mais on songe aussi à d'autres élèves,
à Eugène-Émile Thomas (1817-1882), par exemple, qui fera
la statuette de Pradier en 1846 et exposera son buste au
Salon de 1867. Ou bien à Gustave Crauk (1827-1905), premier
prix en 1851, qui, pensionnaire à Rome, enverra au Salon de
1853 le bas-relief d'un Projet de monument à Pradier
dont on n'entendra plus parler 13.
Mais bien avant l'envoi de Crauk le projet proposé en juin
1852 sera brutalement repoussé, non pas, à en croire Étex,
par le ministère des Beaux-Arts, mais bien par les
héritiers mêmes du sculpteur, sous l'impulsion intéressée
de Lequesne. Continuons notre lecture d'Étex, qui redouble d'indignation
contre celui qu'il considère comme responsable de cet échec:
L'uvre allait
donc s'accomplir, simplement, au nom de tous et par tous.
Il n'y avait pas là une personnalité primant l'autre,
et cela ne faisait pas l'affaire de celui qui, plus tard,
à tout pris de Pradier, son atelier, sa clientèle, son
nom même, puisqu'il a osé signer le sien à côté de
celui du maître 14. [...] Aussi ce fut une grande tristesse parmi les élèves, le jour où réunis
pour recevoir communication des encouragements de l'administration
à notre uvre pieuse, et recevoir la bonne novuelle
du marbre accordé pour l'exécution de l'uvre
commencée, du tombeau de Pradier, on apporta à cette
réunion la lettre, lettre fatale, qui, au nom de la
famille, nous intimait l'ordre formel de tout suspendre
jusqu'à nouvel avis. Le moment n'étant pas jugé
opportun par la famille, disait-on, pour s'occuper du
tombeau de Pradier!... [Note d'Étex: Nous avons
conservé cette lettre et celles relatives au tombeau,
ainsi que les procès-verbaux des séances tenues par les
élèves, et nous sommes prêt à les montrer à qui de
droit.] Ceci était déjà assez fort, n'est-ce pas? Car,
qui donc aurait le pouvoir d'empêcher de manifester un
témoignage éclatant de reconnaissance par des élèves
pour leur maître? Qui donc?... Cela ne s'est jamais vu,
et cela ne se peut pas? Mais il y a eu quelque chose de
plus grave, de plus fort et de plus extraordinaire encore,
tant il paraîtrait que cet homme est convaincu de son
impuissance et de sa faiblesse, tant il a en haine, et
tant il a peur de la vérité, et de tout ce qui veut
tenter de s'élèver et de s'exprimer noblement. [...] 15.
Ne se laissant pas décourager pour autant, Étex se fera
fort d'envoyer au prochain Salon une esquisse en plâtre du
projet. Peine perdue car l'implacable empêcheur de tourner
en rond était toujours de faction...
Au Salon de 1853, sous
le n° 1331, j'ai envoyé, me rappelant et mon devoir et
mon titre incontestable du plus ancien élève de Pradier,
un petit modèle en plâtre de son tombeau, exécuté par
moi, sur le programme arrêté par les élèves réunis
en juin 1852. Il était d'usage alors d'admettre trois
ouvrages de chaque artiste exposant, ce petit modèle
comptait pour l'un des trois ouvrages que j'avais envoyé
à l'expositon. J'étais décoré depuis le tombeau de
Géricault, depuis 1841, et placé dans la catégorie des
admis à l'exposition sans examen de jury. J'entre le
livret à la main, je vois page 226, n° 1331, projet
de tombeau de Pradier, esquisse. Je cherche dans les
salles de l'exposition, pas de modèle de tombeau de
Pradier. Je viens m'informer auprès de l'administration
pourquoi mon modèle n'était pas exposé. Il m'est
répondu que ce même homme, toujours lui, si fort dans
la chicane, a eu, je ne saurais comment qualifier sa
conduite, l'audace de demander, au nom de la famille
Pradier, d'enlever mon modèle de l'exposition. [...] Et
c'était toujours lui, le sculpteur amateur, dont le nom
serait complètement resté dans l'oubli sans la mort de
Pradier. [...] 16.
Étex placera en tête de son étude sur Pradier cette eau-forte de son projet 17.
cliquez pour agrandir
9. Antoine Étex, Tombeau de Pradier (projet). Dessin du modèle qui fut retiré du Salon de 1853. |
On constate d'emblée
que la statue de Sapho n'est pas celle du Salon de
1852, qui pourtant était prévue à l'origine, mais la
variante commercialisée en bronze par Susse, assise sur un
tabouret bas, sa lyre posée derrière elle. Un portrait du
sculpteur en médaillon entouré de deux putti orne
le devant du socle sous le nom « PRADIER » (inscrit de droite à gauche). Sur le côté gauche, au-dessus du nom
« ETEX » et la date 1852 (régulièrement inscrits de
gauche à droite), trois cariatides séparées par des
colonnes soutiennent une frise composée de sept petits bas-reliefs représentant des uvres de Pradier.
Celles-ci, à peine suggérées, sont difficilement
identifiables. Sur l'eau-forte imprimée on peut deviner avec
plus ou moins de certitude Psyché, Satyre et Bacchante,
Vénus, Un fils de Niobé et La toilette d'Atalante. Impossible, évidemment, de savoir quels reliefs auraient décoré le côté opposé du socle et le côté arrière.
En cette même année 1853, au moment où Étex déplore avec
amertume la mise en quarantaine de sa petite esquisse, on
procède à la translation des restes du sculpteur vers l'emplacement
du futur monument. Nous avons la chance de posséder sur
cette opération un compte rendu détaillé adressé par
Guillaume à Louise Pradier qui nous renseigne en même temps
sur l'état d'avancment du tombeau 18.
Madame,
C'est le vendredi 26
août à 8 heures du matin qu'a eu lieu la triste
cérémonie de la translation des restes de Monsieur
Pradier. Les choses ont été trouvées dans leur état
primitif: le cercueil tout-à-fait intact, reconnaissable
aussi bien à la plaque qui y était attachée qu'à une
inscription au crayon que nous avions mise dans un
endroit hors de la vue; les couronnes cueillies à
Bougival et celles faites à Paris et déposées ensemble
dans le tombeau. Leur conservation montrait clairement
que si l'eau avait pénétré dans le caveau, elle ne s'était
point élevée, comme on pouvait le craindre, jusqu'à la
place qu'occupait Monsieur Pradier. Le transport et le
dépôt ont été opérés avec les égards convenables;
les couronnes trouvées sur la bierre [sic] n'en
ont point été séparées; et la fosse a été en notre
présence close et hermétiquement scellée. Enfin des
ordres ont été donnés pour qu'en attendant l'élévation
du monument, la pierre et les couronnes déposées par
vous et vos enfants viennent distinguer le massif d'attente.
Mr Garnaud avait
apporté un nouveau projet qui nous a paru préférable aux
précédens et surtout plus propre à fixer les regards.
On devait en faire une esquisse dans mon atelier et j'attendais
qu'elle fut arrêtée pour vous écrire et vous en donner
une idée. Mais je ne vois rien paraître et je me
reprocherais de vous laisser ignorer plus longtemps le
fait si essentiel et si longtemps désiré de la prise de
possession du terrain. L'esquisse viendra quand il plaira
à Mr Garnaud. Ce que
j'en puis dire jusqu'à présent, c'est que le dessein est d'un bon
style et surtout d'un bon effet. D'ailleurs le tombeau
sera beaucoup plus en vue que vous n'en avez pu juger
d'après la première excavation: ce qu'on voit maintenant des
fondations indique qu'il sera placé obliquement à l'allée
qu'il borde et par conséquent en face de l'avenue du
tombeau Demidoff, ainsi que vous l'aviez d'abord pensé.
Enfin, Madame, sans revenir à la contestation qui s'est
élevée entre les entrepreneurs, puisqu'elle est
terminée et que le monument reste à Ramon, je crois
pouvoir vous affirmer que vous n'aurez point perdu au
change. Nous avons vu un tombeau exécuté sous la
direction de Ramon qui est vraiment supérieurement
traité.
Tels sont les détails que j'étais bien désireux de
vous transmettre. Pendant les derniers temps de votre
séjour à Paris vous vous étiez reposée sur moi du
soin de suivre attentivement ces détails et vous m'aviez
prié de vous en rendre compte. Je le fais aujourd'hui en
ayant toujours à me plaindre de retards sans fin, mais
cependant avec la satisfaction de vous faire part de l'espoir
que j'ai que tout se terminera mieux qu'on ne pouvait
croire.
J'ai bien regretté, Madame, que ma mauvaise santé m'ait
empêché de prendre congé de vous et, qu'étant allé
au chemin de fer le dimanche matin, j'aie manqué votre
départ. J'ai eu aussi la peine que votre voyage vous
ôtant de Paris, la Saint-Louis votre fête se soit
passée sans que j'aie eu le plaisir de vous la souhaiter.
N'en croyez pas moins, Madame, aux vux respectueux
et sincères que j'ai faits pour vous à cette occasion,
et après m'avoir bien affectueusement rappelé au
souvenir de vos enfants, veuillez, je vous prie, recevoir
l'assurance de tout mon dévouement.
Eugène Guillaume
4 septembre
Lettre émouvante où nous
apprenons entre autres choses que si, lors de la cérémonie
de translation le 26 août 1853, les fondations du tombeau
étaient déjà posées et une fosse pouvant être
« hermétiquement scellée » était déjà aménagée,
la construction du monument lui-même, remportée de haute lutte
par l'entrepreneur Ramon, n'avait pas encore démarré. Par
ailleurs, la mention de l'orientation et de la localisation des
fondations confirme qu'il s'agit bien de l'emplacment du
monument actuel,
qui est effectivement orienté obliquement par rapport à l'allée
qu'il borde (le Chemin Molière-La Fontaine), faisant face au
Chemin du Dragon qui se dirige vers le tombeau Demidoff.
Enfin, nous apprenons surtout que le monument est désormais
confié à Garnaud, lequel, ayant déjà dessiné plusieurs
projets, met quelque lenteur à fournir un modèle du dernier.
L'architecte Antoine-Martin Garnaud (Paris 1796-1861), élève de Vaudoyer et prix de Rome en 1817, avait rejoint Pradier à la Villa Médicis en 1818 et les liens d'amitié
entre les deux hommes furent durables. Pradier le cite en
1844, ainsi que son épouse, sur une liste des « personnes
qui fréquentaient le plus souvent [s]a maison » 19. John Pradier écrira en 1877:
« Mme Garnaud est la veuve d'un vieil ami de mon père
qui avait été en même temps que lui pensionnaire de la
Villa Médicis à Rome comme grand prix d'Architecture. Ils
étaient fort liés ensemble et mon père lui disait toujours:
"Garnaud, c'est toi qui fera mon tombeau". Ce qu'il a
fait en effet. » 20. Il
composera auparavant, avec Horace Vernet, le piédestal du
monument du duc Ferdinand d'Orléans commandé à Pradier
pour Versailles en 1842. On cite surtout parmi ses autres
travaux, également au Père-Lachaise, la chapelle Bibesco-Brancovan 21.
Après la lettre adressée en 1853 par Guillaume à Louise
Pradier il nous faut attendre plus de quatre ans pour avoir d'autres
nouvelles du tombeau. On apprend alors, par un court article
publié en 1857 dans L'Illustration et accompagné d'une
gravure (ill. 10), que le monument est maintenant
construit mais que les bas-reliefs destinés à le décorer
ne sont toujours pas installés 22.
Cette gravure montre effectivement qu'à part le buste posé
au sommet de la stèle (au-dessus d'une plaque inscrite « PRADIER STATUAIRE »
sur l'emplacement futur de Sapho), et la couronne
funéraire sur le couvercle du sarcophage avec sa feuille de
palmier (dont la tige, curieusement, est à droite et non à
gauche comme sur le tombeau actuel), le monument est encore
absolument nu.
L'article de L'Illustration évoque en même temps
que le tombeau de Pradier le nouveau tombeau de David d'Angers (1788-1856) et en donne également une gravure (copyright: L'Illustration www.lillustration.com).
Lisons maintenant cet article:
Le jour des Morts.
Les nombreux visiteurs
que la solennité du jour des trépassés conduisait
lundi dernier au cimetière du Père-Lachaise s'arrêtaient
avec intérêt devant les deux monuments que le culte de
la famille, de la reconnaissance et de l'amitié viennent
de consacrer à la mémoire des deux grandes
illustrations de la statuaire moderne si récemment
enlevées à l'art: Pradier et David d'Angers.
Le monument qui recouvre la tombe de Pradier est
l'uvre de M. Garnot [sic], architecte.
Dans une niche qui termine sa forme pyramidale, on a
placé le buste du célèbre sculpteur, exécuté par M.
Lequesne; c'est ce buste colossal dont le modèle doré a
été si remarqué à l'exposition des beaux-arts, faite
en 1852 dans les salons du Palais-Royal. Divers bas-reliefs,
destinés à représenter les uvres les plus
remarquables de Pradier, prendront place autour de la
pyramide; le sort, chargé de repartir entre ses
principaux élèves l'exécution de ces bas-reliefs,
avait désigné pour la Sapho M. Simart, qui a
pu heureusement parfaire, avant que la mort l'eût si
inopinément réuni à son maître, le bas-relief qui
décorera la partie antérieure de sa dernière demeure.
Le monument funéraire de David d'Angers,
élevé par les soins de sa veuve sur les dessins de M.
Isabelle, présente un caractère de force et de gravité
en harmonie avec le talent sévère du statuaire dont le
ciseau désintéressé a si vigoureusement taillé l'effigie
de presque tous les hommes illustres de son temps. Une
large couronne de bronze, puissamment modelée par M.
Toussait, a été suspendue au granit du monument de
David d'Angers, comme un hommage collectif de ses
nombreux élèves, parmi lesquels on compte déjà des
maîtres. [signé:] G.F. 23
Il est piquant de trouver
réunis ici les monuments funéraires de ces deux camarades d'études qui, assez liés au début de leur carrière mais
diamétralement opposés par leur caractère et leurs
conceptions de l'art, n'ont pas tardé à se vouer
mutuellement aux gémonies!
Ainsi donc, si aucun des relief n'était encore en place en
1857, Simart, qui venait de disparaître, avait au moins
modelé le sien. Est-ce ce monument nu qu'Étex, toujours
acharné contre Lequesne, a vu peu de temps avant de rédiger
les lignes qui clôturent son étude sur Pradier?
Maintenant, avec tous ceux qui passent devant le tombeau
de Pradier, nous avons le droit de vous demander, à vous,
qui nous avez
empêchés de remplir notre tâche, de vous demander
compte de ce qui est placé là-haut sur le pauvre corps
de notre maître Pradier, au cimetière du Père-Lachaise,
là où il repose dans le sein de l'éternité!... Qu'avez-vous
fait, Monsieur, de cette bonne volonté, de cet élan des
élèves en 1852, si pleins de reconnaissance pour la
mémoire de leur maître adoré? Les uns vous ont refusé
de prendre part à votre action, d'autres, plus timides,
ou plus engagés peut-être par leur position personnelle,
ont apporté, en gémissant de vos intrigues, leur part
de dévouement, quelque minime qu'elle paraisse?... Qu'en
avez-vous fait, Monsieur? Qu'en avez-vous fait depuis
plus de six ans 24?
Il n'empêche que le malheureux Étex, lui aussi, acceptera
déjà avant 1859? d'apporter sa « part
de dévouement » à la décoration du tombeau. Il
exécutera en bonne et due forme, on l'a vu, le relief de Phryné ancré bien en vue (mais pas signé?) sur la façade de la stèle, sous le buste en marbre de son maître
exécuté par... Lequesne.
* * *
Reste à savoir
quand, exactement, les bas-reliefs ont finalement intégré
leur place. On croit avoir trouvé au moins un terminus post
quem non en découvrant la gravure du
monument publiée en 1871 par César Daly dans son Architecture funéraire contemporaine 25 :
cliquez pour agrandir
11. Tombeau de Pradier, sculpteur-statuaire
(Cimetière de l'Est, à Paris) par Mr Garnaud, archte. Gravure de Jean-Joseph Sulpis publiée dans: César Daly, Architecture funéraire
contemporaine, 1871. |
Mais un doute agaçant s'installe aussitôt qu'on s'amuse à "chercher les sept erreurs". Car à regarder de près, plusieurs divergences entre cette gravure (ill. 12) et le tombeau actuel (ill. 13) sautent immédiatement aux yeux.
cliquez pour agrandir
12. Tombeau de Pradier, sculpteur-statuaire
(Cimetière de l'Est, à Paris) par Mr Garnaud, archte. Gravure de Jean-Joseph Sulpis publiée dans: César Daly, Architecture funéraire
contemporaine, 1871. |
|
cliquez pour agrandir
13. Tombeau Pradier. Paris, cimetière du Père-Lachaise. État avant les vols de 2003-2004 (détail) |
On s'aperçoit de prime
abord, comme nous l'avons signalé plus haut, que sur la
gravure le bas-relief de Sapho représente, non la
statuette en bronze avec son tabouret qui a servi de modèle
au relief existant, mais bien l'uvre en marbre exposée
au Salon de 1852. De surcroît, les parois du monument
représenté sur la gravure sont richement ornées de
rinceaux et de motifs géométriques alors que, sauf autour
de la niche abritant le buste du sculpteur (cf. ill.
6), le monument actuel ne comporte aucune décoration de ce
genre. On remarquera aussi que sur la gravure comme
sur celle de L'Illustration, mais plus haut et sans
le qualificatif « STATUAIRE » le nom « PRADIER » figure sur la stèle et non sur le
sarcophage comme c'est le cas aujourd'hui. D'autres différences
ressortent d'un examen attentif des cinq autres reliefs visibles
sur la gravure (Tableau 2).
Tableau 2
PSYCHÉ
|
PSYCHÉ
|
La Psyché gravée n'a pas de papillon sur l'épaule, sa draperie ne descend pas jusqu'à ses pieds et son pied gauche n'est pas posé sur un tabouret. |
NYSSIA
|
NYSSIA
|
Les cheveux de la Nyssia gravée ne recouvrent pas son sein droit, son pied gauche ne s'appuie pas sur un coussin et le support à sa droite diffère sensiblement du support du relief. |
???
|
PHRYNÉ
|
La figure gravée ne ressemble guère à la Phryné du relief: habillée différemment, elle ne remonte pas de sa main droite la draperie derrière son dos et semble tenir dans sa main gauche, comme la statuette La Lecture, un objet qui pourrait être un style. |
PHRYNÉ (?)
|
LA POÉSIE LÉGÈRE
|
La figure gravée est privée de cithare et ne ressemble guère à la Poésie légère. Elle se rapproche davantage de la statue de Phryné ou de la statuette de L'Étoile du berger (Le Jour). |
CYPARISSE ET SON CERF
|
CYPARISSE ET SON CERF
|
Le Cyparisse gravé n'appuie pas son genoux gauche contre l'arbre et ne passe pas derrière sa jambe droite le feuillage plié vers son cerf. A remarquer aussi qu'il paraît être moitié moins haut que les reliefs rectangulaires décorant le devant de la stèle (cf. ill. 12) tandis que les reliefs en marbre sont de la même hauteur. |
On ne peut que
spéculer sur l'origine de ces divergences. Il est possible,
comme nous l'avons déjà suggéré, que la décoration du
monument en 1871 fût celle que nous connaissons aujourd'hui
et que l'auteur de la gravure Daly se soit contenté de
reproduire les détails d'un projet de Garnaud que le
monument définitif n'a pas entièrement suivi. Mais il est
aussi possible qu'à l'époque où la gravure fut publiée la
stèle du tombeau attendît encore ses bas-reliefs, ou du
moins certains d'entre eux. Il paraît certain en tout cas qu'ils
étaient tous bien en place au moment où Henry Jouin les a
étudiés en 1897. Le dépouillement des journaux de l'époque
ou la découverte d'autres documents pourra éventuellement
apporter des réponses à ces questions et nous renseigner
mieux sur l'histoire particulière de chacun des reliefs.
Espérons seulement et c'est là un vu bien plus
urgent que la pauvre Psyché envolée
retrouvera un jour sa place au milieu de ses frères et
surs.
Pour conclure, rappelons à ceux qui souhaiteraient visiter
ou revisiter le tombeau de Pradier, qu'il se trouve dans la 24e
Division du Père-Lachaise, au début du Chemin Molière-La
Fontaine. On y accède facilement par la Porte Principale du
cimetière, bd de Ménilmontant, en remontant l'Avenue Principale
et l'Avenue Latérale du Sud jusqu'au Monument aux
Morts d'Albert Bartholomé et en continuant ensuite sur la
droite par le Chemin Talma et le Chemin du Bassin. Pour voir un
plan du cimetière en format PDF, cliquez ici. Bonne promenade et bonne visite!
Remerciements
à M. Claude Lapaire, qui m'a signalé les vols des bas-reliefs;
à M. et Mme Jean-Louis Pradier pour leurs photos du monument et leurs communications au sujet des vols;
à M. Eric Olbrechts, pour ses magnifiques photos du monument
restauré;
à M. Bruno Chenique, pour les nombreux renseignements et
documents qu'il m'a communiqués à partir de 1986.
Notes
1 Anne Rapp,
épouse de Jean-Jacques Pradier, née à Besançon le 16
novembre 1917, décédée à Paris le 21 octobre 2003. Sur
les autres personnes inhumées au caveau Pradier, voir ci-dessus
l'Appendice I.
2 Ce buste est
sans doute une réduction en marbre avec l'ajout d'une
couronne de lauriers de l'autoportrait « colossal »
en plâtre doré exécuté par Pradier en collaboration avec
Lequesne (et, selon certaines sources, avec Guillaume), dont Théophile Gautier fit l'éloge dans son « Salon
de 1852 » (La Presse, jeudi 10 juin 1852). Quelques semaines plus tard on
pouvait lire dans le Journal de Genève: « Nous
apprenons que Genève va posséder un buste de notre illustre
concitoyen Pradier, uvre du célèbre sculpteur lui-même.
Il paraît que Pradier avait conçu la pensée d'offrir à sa
ville natale cet ouvrage doublement précieux pour elle, car
le buste dont il s'agit avait été exposé au dernier salon
avec cette note: Destiné à la ville de Genève. L'administration
vient de recevoir de M. Lequesne, tuteur des enfants de
Pradier, l'avis que Genève pouvait dès à présent
considérer le buste du grand artiste comme lui appartenant. » (Journal de Genève, 30 juillet 1852, « Faits
divers », p. 3) Cinq ans plus tard un article de L'Illustration signalait: « Le monument qui
recouvre la tombe de Pradier est l'uvre de M. Garnot [sic pour Garnaud]. Dans
une niche qui termine sa forme pyramidale, on a placé le
buste du célèbre sculpteur, exécuté par M. Lequesne; c'est
ce buste colossal dont le modèle doré a été si remarqué
à l'exposition des beaux-arts, faite en 1852 dans les salons
du Palais-Royal » (G.F., « Le jour des Morts »,
L'Illustration, 7 novembre 1857, p. 320). Entre-temps
une délibération du conseil de famille avait autorisé
Lequesne à faire exécuter par Barbedienne une réduction du
buste, dont l'opération de moulage fut payée 452 francs à
Salvator Marchi (A.N., étude Guénin, XCI-2012, « État
liquidatif de la succession de M. Pradier », 20 mai
1854.) Le Musée d'Art et d'Histoire de Genève possède bien
un buste colossal de Pradier haut de 100 cm, signé à droite
« J. Pradier » et à gauche « E. Lequesne »,
« coulé d'après un buste donné par la famille
Pradier » (L. Gielly, « Les Pradier du
Musée de Genève », Genava. Bulletin du
Musée d'Art et d'Histoire de Genve, III, 1925, p. 352,
n° XXCII, inv. 1852-13). Ce buste, qui est en bronze et
n'est pas doré, fut commandé à Lequesne en 1869 par la
Ville de Genève et a figuré d'abord au Jardin anglais de
Genève avant d'être transféré au musée (voir Statues
de chair, p. 237). Le musée de Genève possède
également un buste en plâtre inscrit « J. Pradier »
sur le piedouche et haut de 62 cm, donné en 1910 par la
veuve du sculpteur Gustave Crauk (inv. 1910-82). Il ne
paraît pas avoir été doré. Enfin, la famille Pradier
possède un buste en bronze du sculpteur, fonte Susse Frères,
H. 28 cm.
3 Henry Jouin,
« La sculpture dans les cimetières de Paris », Les
Nouvelles Archives de l'Art français, Paris, Charavay Frères,
Troisième série, Tome XIII, 1897, p. 174.
Signalons que Jouin, et plus tard Lami (Dictionnaire
des sculpteurs de l'École française du dix-neuvième
siècle, Paris, Champion, 1914-1921, article « Pradier »),
appellent tous deux le relief de Phidias « Pelion »,
le confondant avec l'un des Titans ou Géants, que Pradier ne
semble jamais avoir représentés en sculpture. Mais peut-être
s'agit-il d'une simple faute typographique dans l'ouvrage de
Jouin, reprise par Lami.
4 Cf. L'Illustration
du 7 novembre 1857, p. 320: « le sort, chargé de
repartir entre ses principaux élèves, l'exécution de ces
bas-reliefs, avait désigné pour la Sapho M. Simart,
qui a pu heureusement parfaire, avant que la mort ne l'eût
si inopinément réuni à son maître, le bas-relief qui
décorera la partie antérieure de sa dernière demeure. »
On connaît de François Moreau une statuette en bronze dite La
Musicienne, dérivée de la Sapho (vente Galerie Koller, Zurich, 17 mars 2008, et Konrad Antiquitäten, Ellhofen, Allemagne).
5 Henry Jouin
signalera en 1897 (op. cit., p. 174) qu'une « place
réservée sur l'une des faces latérales pour recevoir un
bas-relief est restée vide ». Il est possible mais peu
probable qu'un renfoncement ait été supprimé à cet
emplacement lors d'une première restauration effectuée par
la famille Pradier en 1967 restauration sur laquelle
je n'ai malheureusement aucune information précise.
6 Le fait que
ce devait être non seulement un personnage masculin mais
aussi, comme Phidias, un personnage masculin debout,
a pu exclure la statue de Prométhée, qui est
allongée, ainsi que les statues assises du Rhöne
et du Gardon à la fontaine de Nîmes. Étaient
exclus d'office, bien entendu, les statues de contemporains
et de personnages historiques.
7 Comme l'atteste
l'acte de décès dressé le 5 juin 1852 à la mairie de
Rueil, et contrairement à ce qu'on a souvent écrit, Pradier
est mort non le 5 juin mais le 4 juin 1852, à
dix heures et demi du soir, et non à Bougival mais au
150 rue des Mesmes à Rueil. Cette adresse était sans
doute celle de la maison de campagne d'Eugène Forcade,
financier, publiciste et collaborateur de la Revue des
Deux-Mondes, chez qui Pradier et ses amis étaient
invités ce jour-là à dîner. Voir à ce sujet notre échange de courrier avec M. Pierre
Lary. A propos de l'inhumation provisoire, Bruno Chenique a trouvé aux archives du Père-Lachaise
la mention d'un caveau Brizard-Case. Certains
articles nécrologiques mentionnent que la dépouille du
sculpteur fut déposée dans un caveau où était aussi
déposée provisoirement la dépouille du général Boyer,
ancien président du Haïti. Jean-Pierre Boyer, né en 1776
à Port-au-Prince, avait vécu pendant plusieurs années en
exil à Paris où il est mort le 9 juillet 1850. Son tombeau
au Père-Lachaise est voisin du tombeau d'Alfred de Musset.
8 Informations
relevées par Bruno Chenique aux archives du Père-Lachaise.
9 A.N., étude
Guénin, XCI-2012, « État liquidatif de la succession
de M. Pradier », 20 mai 1854. Ce même document, qui
comptabilise les dépenses prélevées ou à prélever sur la
succession ainsi que les montants encore dus par les
créditeurs, mentionne parmi les dépenses prévues celles du
« tombeau à élever à M. Pradier » auxquelles l'État
s'était chargé de contribuer 6.000 francs. Cette
contribution s'est probablement concrétisée sous forme de
marbres. Voir la note 12 ci-dessous ainsi que plus loin les
remarques d'Antoine Étex à propos du premier projet du
tombeau: « Une commission fut choisie parmi les
anciens et les nouveaux élèves pour aller chez le directeur
des Beaux-Arts, qui promit le marbre pour exécuter le
tombeau. »
10 Étex s'en
prend ici et plus loin, sans jamais le nommer, à Eugène
Lequesne qui, certes, n'était pas « le dernier venu »
parmi les élèves de Pradier il avait remporté le
premier Prix de Rome dès 1844 et pour qui Pradier,
loin de lui avoir manifesté de l'antipathie, semble avoir eu
un grand estime, l'ayant désigné lui-même, dans son
testament, son exécuteur testamentaire et tuteur de ses
enfants. Rappelons d'autre part qu'en compagnie de Guillaume,
Lequesne avait séjourné avec Pradier à Rome pendant
plusieurs mois en 1841-1842 (voir la Correspondance
de Pradier, éd. D. Siler, Genève, Librairie Droz, 1984, t.
II, p. 225 et suiv.).
11 Antoine Étex, J. Pradier. Étude sur sa vie et ses ouvrages par
le plus ancien de ses élèves, Paris, chez lauteur,
rue de l'Ouest, 80, (rue Carnot, 2), 1859, pp. 42-45.
12 A.N., F21
482, Marbres, dossier Lequesne. Apostille en haut, à gauche:
« Ces Messieurs doivent envoyer un devis et un projet. »
Apostille à droite, sous la date: « C'est M. Lequesne
qui dirige cette affaire. Chales [?]. [Autre
écriture:] Mr Chales [?], au Dossier des marbres accordés
récemment pour le tombeau de Pradier. »
13 Le Musée d'Art
et d'Histoire de Genève possède un croquis de Crauk
représentant Achille consolé par sa mère Thétis, avec la
mention manuscrite suivante: « Croquis d'un envoi de
Rome, par Gustave Crauk, adressé à son maître Pradier, qui
le lui retourna avec quelques retouches, peu avant sa mort;
et qui fut abandonné par G. Crauk pour un bas-relief à la
mémoire de Pradier. » (M.A.H., Département des
dessins, « Album provenant des souvenirs de Gustave
Crauk, élève de Pradier, offert à la Bibliothèque des
Beaux-Arts de Genève par Mme Gustave Crauk. Novembre 1910. »)
14 S'il est vrai
que Lequesne a hérité d'un des ateliers de Pradier
celui de la seconde cour de l'Institut dans lequel il
travaillait déjà avant la mort de son maître, et qu'il a
été chargé d'achever, d'après les modèles en plâtre,
plusieurs de ses uvres ébauchées en marbre, de là à
l'accuser d'avoir volé sa « clientèle » et d'avoir
signé à côté de lui, il n'y a qu'un pas à franchir qu'Étex,
dont le caractère très droit frise parfois la paranoïa, ne
s'interdit pas de... franchir.
15 Antoine Étex,
op. cit., pp. 45-56.
16 Antoine Étex,
op. cit., p. 46.
17 Antoine Étex,
op. cit., p. 3. Mentions imprimées sur l'eau-forte,
en bas, à droite: « scupt [?] A. Delatre Rue St Jacques 171. »
18 Archives
famille Pradier. Cette lettre ne porte pas de millésime mais
compte tenu du fait que la translation des restes du
sculpteur a eu lieu, comme le précise Guillaume, « le
vendredi 26 août », elle ne peut dater que de 1853,
seule année où, entre le décès de Pradier en 1852 et le
décès en 1855 de sa fille Charlotte (qui était encore en
vie au moment où Guillaume écrit, comme l'atteste le
contenu d'une lettre rédigée au dos par Mme d'Arcet, la
mère de Louise Pradier), le 26 août tombe un vendredi.
19 Correspondance
de Pradier, t. III, p. 113.
20 John Pradier,
« Cahiers des enfants », Archives famille Pradier.
21 Une
importante étude sur cette chapelle par Gabriel Badea-Päum n'est malheureusement plus accessible sur le site de
La Tribune de l'Art. On y trouvait des indications
bibliographiques précieuses sur Garnaud ainsi qu'un résumé de
sa carrière. L'architecture religieuse fut son
thème central détude pendant toute sa vie. Il
publia en 1856 un Essai sur le caractère à donner aux
édifices religieux du 19ème siècle, suivi lannée
d'après par un ambitieux volume d'Etudes
darchitecture chrétienne. Il participa
assidûment à plusieurs grands concours tombeau de
Napoléon, théâtre de Lyon, réunion du Louvre aux
Tuileries, Opéra de Paris mais peu de ses projets
furent construits et ses participations au Salon (1850, 1852,
1855 et 1857) furent souvent mal accueillies. Outre la
chapelle Bibesco-Brancovan et le tombeau Pradier, on cite de
lui: les quatre piédestaux en fonte du pont du Carrousel; la
chapelle de la famille Cabrol à Decazeville (Aveyron); le
tombeau de la famille Héricart de Thury à Thury (Seine-et-Marne);
et la partie architecturale d'un monument élevé en 1860-1861
à la mémoire de Louis-Napoléon Bonaparte dans
léglise Saint-Gilles à Saint-Leu-la-Forêt (Val
dOise).
22 G.F., « Le
jour des Morts», L'Illustration, Journal Universel,
n° 767, vol. XXX [7 novembre 1857], p. 320.
Copyright: L'Illustration (www.lillustration.com).
23 Ibidem.
24 Antoine Étex,
op. cit., pp. 45-48. Une vingtaine d'années plus
tard, dans Les souvenirs d'un artiste (Paris, E.
Dentu, s.d., p. 265), Étex ne consacrera que quelques lignes
à l'affaire du tombeau: « Dans l'année qui suivit le coup
d'État, j'eus une nouvelle douleur: je perdis M. Pradier,
qui, en résumé, m'avait le plus souvent témoigné de l'intérêt.
[...] Les élèves de Pradier se réunirent chez moi, leur
doyen. Celui qui a su le mieux exploiter le nom de Pradier
après sa mort, comme il l'a déjà fait pendant sa vie, nous
trahit, au point qu'après avoir empêché l'uvre
commune, il se donna le droit, comme exécuteur testamentaire,
de faire retirer mon petit modèle de tombeau, de l'exposition
de 1853. »
25 César Daly, Architecture
funéraire contemporaine. Spécimens de tombeaux. Chapelles
funéraires, mausolées, sarcophages, stèles, pierres
tombales, croix, etc. choisis principalement dans les
cimetières de Paris et exprimant les trois idées radicales
de l'architecture funéraire. La mort - L'hommage rendu aux
morts - L'Invocation religieuse à propos du mort, Paris,
Ducher et Cie, Éditeurs, Librairie générale de l'architecture
et des travaux publics, 1871, 2 me Section, C, Pl. 5. Une gravure reproduite à la page suivante
présente les coupes architecturales du tombeau avec leurs
mesures. Pour le tombeau vu de profil, les mesures sont les
suivantes:
- Hauteur : 5,61 m,
(y compris deux marches à la base et la niche du
buste au sommet de la stèle);
- Longueur : 2,80 m;
- Largeur du sarcophage : 1,80 cm;
- Largeur de la stèle : 1,90 cm
Je n"ai pas encore eu la possibilité de prendre les mesures du monument pour les comparer avec ces données.
Annexe 1.
Plaques funéraires sur le tombeau Pradier, cimetière du Père-Lachaise, 24e division, concession perpétuelle n°404:
Côté gauche du tombeau, de l'arrière vers le devant:
|
AU BAS DE LA STÈLE
|
SUR LE SOCLE DU SARCOPHAGE
|
|
Vve JOHN PRADIER
NEE LINA
ACKERMANN
METZ 22 MAI 1847
PARIS 3 JANVIER 1930
|
|
JEAN JACQUES
DIT
JOHN PRADIER
ARTISTE PEINTRE
21 MAI 1836
26 JUIN 1912
|
|
|
|
|
|
|
Côté droite du tombeau, du devant vers l'arrière:
|
SUR LE SOCLE DU SARCOPHAGE
|
AU BAS DE LA STÈLE
|
JAMES LUDOVIC CARLE
PRADIER
6 JUIN 1877
2 JUILLET 1936
|
|
AMÉLIE-ADELAÏDE ANDRÉE
PRADIER
NÉE DE ROGUIER
+
2 NOVEMBRE 1906
|
|
JAMES LOUIS FRANCIS
PRADIER
INGÉNIEUR CHIMISTE
11 FÉVRIER 1869
29 DÉCEMBRE 1901
|
|
|
FRÉDÉRIC
PRADIER
1954-1999
____
|
|
JEAN-JACQUES PRADIER
1916-1992
_________
ANNE PRADIER
NÉE RAPP
1917-2003
|
|
|
Annexe 2.
Identification des personnes inscrites sur les plaques funéraires du tombeau Pradier:
-
-
Vve John Pradier, née Lina Ackermann, est l'épouse de Jean-Jacques, dit John Pradier;
-
Jean-Jacques, dit John Pradier est le fils unique de Jean-Jacques, dit James Pradier (le sculpteur), et de Louise d'Arcet;
-
James-Ludovica-Carle Pradier, dit Carlo, est le troisième et dernier fils de John Pradier et de Lina Ackermann;
-
Amélie-Adelaïde-Andrée Pradier, née De Roguier, est la première épouse de James Ludovica Carle Pradier qui épousa en secondes noces Marguerite Cartaud , enterrée au caveau Dupont (voir plus loin);
-
James-Louis-Francis Pradier est le premier fils de John Pradier et de Lina Ackermann (sans descendance);
-
Frédéric Pradier est le fils de Jean-Jacques Pradier et d'Anne Rapp (sans descendance);
-
Jean-Jacques Pradier est le fils de James-Ludovica-Carle Pradier, dit Carlo, et de Marguerite Cartaud;
-
Anne Pradier, née Rapp, est la femme du précédent.
Annexe 3.
Membres et alliés de la famille Pradier inhumés au caveau Dupont, cimetière du Père-Lachaise, 14e division, concession perpétuelle n°403:
-
-
Marie-Catherine Ruaux, mère d'Antoine-Florent Dupont, décédée en 1831;
-
Antoine-Florent Dupont, architecte, décédé en 1832 à l'âge de 27 ans, fils de Marie-Catherine Ruaux et premier époux de Louise Pradier, née d'Arcet;
-
Maurice David (1867-1897), fils de Thérèse Pradier et de Jules
David;
-
Thérèse Pradier (1839-1915), épouse de Jules David, fille de James Pradier et de Louise d'Arcet;
-
Andrée Pradier (1910-1942), fille de James Ludovica Carle Pradier et de Marguerite Cartaud;
-
Marguerite Cartaud (1878-1975), deuxième épouse de James Ludovica Carle Pradier.
Annexe 4.
Membres et alliés de la famille inhumés au caveau d'Arcet, cimetière du Père-Lachaise, 34e division, concession perpétuelle n° 466 :
-
-
Clémence d'Arcet (1810-1820),
première fille de Jean-Pierre-Joseph
d'Arcet et de Claire Choron (sans
descendance);
-
Jean-Pierre-Joseph
d'Arcet (1777-1844);
-
Claire Choron (1787-1871),
épouse de Jean-Pierre-Joseph d'Arcet;
-
B. Emmanuel Sano
(1822-1878), époux de Marie Le
Coëntre;
-
Joseph-Modeste-Ulysse
Le Coëntre (1805-1879), époux
de Pauline d'Arcet;
-
Louise d'Arcet (1814-1885),
deuxième
fille de Jean-Pierre-Joseph d'Arcet
et de Claire Choron, épouse
du sculpteur;
-
Jules
Pradier (1871-1886), deuxième
fils de John Pradier et de Lina
Ackermann (sans descendance);
-
Pauline d'Arcet (1821-1905),
troisième et dernière fille de
Jean-Pierre-Joseph d'Arcet et de
Claire Choron, épouse de Joseph-Modeste-Ulysse
Le Coëntre;
-
Marie Le Coëntre
(1847-1926), fille de Joseph-Modeste-Ulysse
Le Coëntre et de Pauline d'Arcet,
épouse de B. Emmanuel Sano;
-
Jeanne-Marie Sano
(1876-1932), fille de B. Emmanuel
Sano et de Marie Le Coëntre.
Annexe 5.
Quelques autres membres et alliés de la famille, inhumés ailleurs:
-
-
Félix d'Arcet
(1807-1846), fils unique de
Jean-Pierre-Joseph
d'Arcet et de Claire Choron, mort
et enterré à Rio de Janeiro (sans
descendance);
-
Charlotte
Pradier (1834-1855), première
fille du sculpteur et de Louise d'Arcet,
enterrée à Huismes, aux
environs de Chinon (Loire),
près de la propriété de son
époux, Léopold Delagarde (1824-1890)
(sans descendance);
-
Claire
Pradier (1826-1846), fille du
sculpteur et de Juliette
Joséphine Gauvain, dite Juliette
Drouet, enterrée au cimetière
de Saint-Mandé (sans descendance);
-
Juliette
Joséphine Gauvain, dite Juliette
Drouet (1806-1883), enterrée au
cimetière de Saint-Mandé;
-
Odette
Pradier (1909-1995), première
fille de James-Ludovic-Carle
Pradier, dit Carlo, et de
Marguerite Cartaud, enterrée au
cimetière du Père-Lachaise
auprès de son époux, Roger
Émile Liétart, dit Jacques
Liétart (1912-1940) (sans
descendance).
A lire aussi :
→
Forum: Le tombeau de Pradier au cimetière du Père-Lachaise
→
Forum: Un étonnant lien entre Louise Pradier et... Johan Barthold Jongkind
|