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Pierre Dolé (Paris, 11/12/2011)
Je viens de voir votre forum et aimerais savoir ce qu'il faut faire pour authentifier une réduction du faune et bacchante avec la signature de Pradier, hauteur 15 cm. Existe-t-il un organisme chargé d'authentifier les œuvres de Pradier? Nous sommes entrés en possession de ce faune suite au décès de la mère de mon épouse. Voici quelques photos:
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Douglas Siler (30/12/2011)
Il existe pas mal de réductions de ce groupe de Pradier dans différents matériaux. Plusieurs sont signalées et illustrées sur ce site. Elles ne sont pas de la main de Pradier lui-même car, à une ou deux exceptions près, il n’a jamais fait des copies réduites de ses propres œuvres. L’absence de l’initiale « J » dans la signature sur votre pièce est déjà un indice car ses marbres authentiques sont toujours signés « J. Pradier ». Ceci dit, elle semble être de belle qualité et ne manque certainement pas de valeur. Pour l'historique de cette œuvre et une liste de toutes les reproductions connues, vous devez consulter le catalogue raisonné publié l’an dernier par Claude Lapaire, James Pradier et la sculpture française de la génération romantique, à compléter par le catalogue de la rétrospective Pradier, Statues de chair, présentée à Genève et à Paris en 1985-1986. Des exemplaires de ces deux ouvrages sont actuellement en vente sur ebay.
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Pierre Dolé (30/12/2011)
Merci pour votre réponse. Cette réduction n'est jamais sortie de la famille du père de ma compagne, et l'origine en est un cadeau fait à une femme courtisée de cette époque. C'est donc un exemplaire qui n'a pas été vu en dehors des personnes qui l'hébergeaient. Existe t-il un moyen de la faire authentifier sans intention de s'en séparer?
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Douglas Siler (1/1/2012)
S’il s’agit de faire « authentifier » votre Satyre et Bacchante, je ne sais pas trop ce qu’on pourrait ajouter à ce que je vous ai écrit. C’est une réduction apparemment très fidèle du grand marbre du Louvre mais qui n’a pas été faite par Pradier lui-même. On pourrait songer à un travail de son élève Eugène Lequesne, qui a achevé ou copié plusieurs de ses œuvres après sa mort en 1852. S’il s’agit plutôt de faire estimer la valeur marchande du groupe, vous pourriez le montrer sans obligation, je crois, à l’une des grandes maisons de ventes parisiennes tel Drouot-Richelieu ou Sotheby’s, qui vendent souvent des œuvres de Pradier. Vous pourriez aussi vous adresser de ma part à la galerie Martin du Louvre, qui s’intéresse beaucoup à ce sculpteur. Pour vous faire une idée générale des prix, voyez les résultats des ventes annoncées ici même, ou mieux mais il faut être abonné , sur le site Artprice. Dans son catalogue raisonné, Claude Lapaire signale plusieurs réductions en marbre qui ont figuré dans différentes ventes aux enchères: à Paris en 1855, 1890 et 1907 (exemplaire haut de 37 cm et signé « J. Pradier et Lequesne »); et à Londres en 1982 et en 1983 (exemplaire haut de 47 cm et signé « J. Pradier E. Le Quesne »). Les réductions en bronze, en plâtre et dans d’autres matériaux sont plus nombreuses (au moins une douzaine).
J’attire votre attention sur l’étude publiée ici même par Claude Lapaire, Les Pradier « made-in-China » sont arrivés, qui montre des répliques de Satyre et Bacchante faites en Chine depuis les années 1990. Mais votre réduction ne doit pas venir de là, étant apparemment plus ancienne. Pourriez-vous me dire depuis quand, approximativement, elle appartient à la famille de votre compagne? Puis-je vous demander aussi quelles sont les dimensions du socle?
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Pierre Dolé (1/1/2012)
La destinataire initiale de la statuette est décédée en 1920. Le grand-père de ma compagne l’avait obtenue en héritage avec d'autres objets de valeur dont deux vases de Sèvres vendus. Les dimensions du socle sont 16,8 par 11 cm. Le sabot avant du satyre est bien détaché du sol sous l'avant, preuve d'un certain savoir-faire. Il y a un trou de moulage obturé à la cire sous le socle qui n'est pas plan. Le but n'est pas de vendre mais de faire entrer au catalogue ou tout au moins d'avoir une identification de ce Satyre et Bacchante qui est très agréable à regarder.
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Douglas Siler (15/1/2012)
Merci pour ces détails. J'étais sous l'impression que votre réduction était en marbre mais puisque vous mentionnez qu'il y a un trou de moulage sous le socle, il doit s'agir d'un exmplaire en plâtre. Claude Lapaire en dénombre plusieurs, dont un au moins qui était en circulation du vivant de Pradier, mais ils sont tous à peu près deux fois plus grands que le vôtre. Les réductions en bronze et dans d'autres matériaux terre cuite, faïence, albâtre sont également plus grandes. Par sa taille donc, votre exemplaire semble être unique. Je ne manquerai pas de le signaler dans le catalogue sommaire qui sera bientôt accessible sur ce site. A part la signature sur le socle, porte-t-il d’autres inscriptions ou marques qui ne sont pas visibles sur les photos?
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Pierre Dolé (15/1/212)
La matière n'est pas du plâtre mais ressemble à du marbre. Hors c'est un moulage. Voici une photo de l'envers du socle:
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Douglas Siler (15/1/2012)
Ce sera donc peut-être du « parian ware », une imitation blanche, matte et légère du marbre de Paros inventée en Angleterre aux années 1840 et utilisée au moins jusqu’au milieu du siècle dernier. Beaucoup d'œuvres de Pradier ont été reproduites dans ce matériau (voir les annonces de ventes sur ce site) mais je ne me souviens pas d’avoir rencontré un Satyre et Bacchante.
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Pierre Dolé (15/1/2012)
L'éclat que l'on voit sous le socle a l'aspect du marbre mais il est satiné ou brillant. Je vais essayer de contacter M. Bogart de la galerie Martin du Louvre. Cordialement et merci à vous.
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John-Paul Bogart (Galerie Martin du Louvre, Paris, 29/3/2012)
Where the market value for sculptures by Pradier in parian are concerned, I can simply state that our gallery never acquires such works, since we can not sell them. Sculptures in porcelain, particularly when mass produced, are often « soft » and lacking in fine surface detail. They are considered by collectors to be the poor country cousins of similar examples in bronze, plaster or terracotta. While parian editions may be perfectly legitimate, and while they often have age on their side, they are not sought after. One regularly encounters them on the British market, where they are offered at a mere fraction of the price of identical models in a more noble medium. I am sorry to pen such a negative appreciation yet, since you have no intention of selling your version of Satyre et Bacchante, no harm is done. The work has great sentimental value for you; thus, commercial considerations, such as the medium in which the sculpture is realised, become secondary. We sincerely hope that you find consolation on these grounds.
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Pierre Dolé (29/3/2012)
Ce dont il s'agissait c'est d'identifier la provenance. Il se peut que mon Satyre et Bacchante soit issue d'une production semi-industrielle mais j’aurai aimé en avoir la certitude. Quant à sa valeur, c'était en effet un renseignement que j'attendais tout comme je connais la valeur de mes livres anciens sans envisager de m'en séparer. Cette statuette est effectivement d'un motif agréable, restons-en là.
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John-Paul Bogart (29/3/2012)
I am sorry not to be able to assign a market value to your sculpture, as we do not deal in parian ware. You can best deduce its current market value (for insurance purposes, or whatever) by comparing auction results for the Satyre et Bacchante in other media, with the proviso that parian is less desirable in commercial terms. Many recent auction results are published on the Forum Pradier. The evaluation of any work of art is a speculative venture at best, with the vagaries of the auction market taken into consideration as a barometer, and with common sense serving as a rule of thumb to fill in the blanks.
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Douglas Siler (5/4/2012)
Aux propos de M. Bogart j'ajouterais seulement que si votre pièce est en « parian ware », elle est certainement issue d'une production semi-industrielle, vraisemblablement anglaise (Copeland, Minton, Spode...), et que dans ce cas sa valeur s'aligne sur celle d'autres pièces du même type qui circulent sur le marché de l'art tout au plus quelque 200-300 euros. Voir par exemple la vente ebay du 18 mars 2012. Mais pour être sûr que ce soit effectivement du parian, il faudrait la comparer de visu et au toucher avec quelque autre sculpture coulée dans cette matière. Si vous n'en trouvez pas chez quelque antiquaire ou brocanteur, vous pouvez facilement vous en procurer une à petit prix sur ebay (il suffit d'y effectuer une recherche sur le mot « parian »). La galerie anglaise Peter Wilson Fine Art Auctioneers vend aussi des statuettes dans cette matière. Sinon le Spode Museum en Angleterre, avec qui j'ai déjà correspondu au sujet d'autres œuvres de Pradier en parian, et plus particulièrement leur Service d'identification, pourrait peut-être vous aider.
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Pierre Dolé (5/4/2012)
Merci de suivre ce Pradier. C'est une statuette très belle que je vais garder. Si vous avez besoin d'autres photos je vous les ferai parvenir. Le sujet est amusant et cela me suffit à la conserver, d'autant plus qu'elle n'a pas de valeur marchande.
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