Ces dernières années
ont vu resurgir un nombre surprenant d'uvres
« perdues » de Pradier, telle sa Jeune
chasseresse entrée au musée de Quimper en 2002. Voici qu'une
autre, et non des moindres, vient de refaire surface en
Italie le temps d'une vente aux enchères. La somptueuse Bacchante
chryséléphantine exécutée en collaboration avec
Froment-Meurice n'était guère connue que par une
photographie publiée en 1910 par Henri Bouilhet dans son
ouvrage sur L'Orfèvrerie française aux XVIIIe et XIXe siècles (Paris,
H. Laurens, 1908-1912, 3 vols). Le 15 novembre
dernier cette uvre a figuré parmi 260 lots de la
collection Giacomo Bizzini mis en vente à Bologne suite à
la faillite du groupe Nadini SpA. Adjugée 282.000 euro, elle
avait pour pendant une autre uvre chryséléphantine
semblable qui fut emportée pour 6.000 euro de plus: La
toilette de Vénus sculptée par Jean-François Soitoux
sur les dessins de Froment-Meurice et du sculpteur
Jean-Jacques Feuchère. Voici les photos des deux uvres
publiées dans l'ouvrage de Bouilhet (t. 2, p. 277 et 279):
F.-D. Froment-Meurice, J.-F. Soitoux et J.-J. Feuchère, La toilette de Vénus. |
|
F.-D. Froment-Meurice et James Pradier,
La Bacchante. |
De dimensions identiques (100 x 39,5 cm) et datées chacune de
1851, les deux uvres proviendraient des anciennes
collections d'Anatole Demidoff. Les descriptions données par
le catalogue de vente (traduites ici de l'italien) permettent
de se faire une meilleure idée de leur composition:
169. La Bacchante.
Groupe en ivoire, argent doré et patiné,
et bronze, orné de pierres précieuses, base en
marbre rouge brûlé, 100x39,5 cm. Signé et daté
sur la base: Froment-Meurice, 1851.
Sur les dessins de Jean-Jacques Pradier et
Désiré-François [sic] Froment-Meurice.
Sculpté par Jean-Jacques Pradier.
Provenance: Collection Prince Anatole Demidoff.
La bacchante en ivoire est représentée en train de
danser sur un lit argenté de grappes de raisins et
de feuilles de vigne, vêtue d'une tunique d'argent
avec une ceinture de turquoise et d'argent dorée.
Son bras gauche est soulevé et sa main droite est
posée sur l'épaule d'un satyre accroupi au torse
d'ivoire et aux cornes et aux jambes d'argent. A
gauche de la bacchante se tient un Pan en ivoire,
également aux jambes en argent, portant une zampogna
[syrnx?] d'argent et ceinturé de grappes de
raisins entrelacées de feuilles de vigne dorées. Le
groupe s'élève sur un socle oval de marbre rouge
brûlé.
Prix de départ: 200.000.
uvre en importation artistique temporaire.
170. La Toilette de Vénus.
Groupe en ivoire, argent patiné, bronze, orné de
pierres précieuses, base en marbre rouge brûlé,
100x39,5 cm. Signé et daté sur la base: Froment-Meurice, 1851.
Sur les dessins de Jean-Jacques Feuchère et
Désiré-François [sic] Froment-Meurice.
Ivoire sculpté par Jean-François Soitoux.
Provenance: Collection Prince Anatole Demidoff.
La Vénus en ivoire est debout en contrapposto sur
une coquille argentée émergeant des ondes d'argent
sur une base de bronze. Sa main gauche appuyée sur
la hanche, elle soulève de sa main droite ses
tresses derrrière sa tête. Elle porte un collier
d'argent, de grenats et de turquoises, et deux
bracelets - l'un avec un serpent d'émail, l'autre
d'argent et de grenats. L'observe d'en-bas un triton
d'ivoire qui émerge de l'onde en tenant un rameau de
corail. Le torse du triton est en partie recouvert
d'une cape d'argent en guise de peau de monstre
marin, tandis que la partie inférieure de son corps
est constituée d'écailles d'argent. Le groupe
s'élève sur un socle oval de marbre rouge brûlé.
Prix de départ: 200.000.
uvre en importation artistique temporaire.
La date de 1851 inscrite sur la base des deux groupes est
intéressante. On sait que la Léda chryséléphantine
exécutée par Pradier et Froment-Meurice (Musée d'Art et
d'Histoire de Genève) figura cette même année à la
« Loterie des Artistes » et à l'Exposition
universelle de Londres (voir Statues de chair, n°
84).
Signalons que dans le catalogue de l'exposition Statues
de chair, la Bacchante chryséléphantine, non
localisée à l'époque, semble avoir été identifiée à
tort avec une Bacchante debout (n° R279) dont le
MAH de Genève possède un exemplaire en plâtre (H. 64 cm).
A moins que celle-ci n'ait aussi fait l'objet d'une édition
Froment-Meurice...
Pour d'autres informations sur la vente Giacomo Bizzini,
« la plus importante vente d'art de
l'année 2003 en Italie » selon la presse
italienne, cliquez ici.
A lire aussi :
→
Brève du 12/2/2005 :
Collaboration Froment-Meurice, Pradier et Feuchère
|