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Louis Le Pennec (Toulon, 8/8/2004)
Sur votre site, vous mentionnez plusieurs
articles en préparation sur James Pradier, mais je ne suis
pas parvenu à les trouver. Ces articles sont-ils parus et
dans l'affirmative, où puis-je les lire? Je m'intéresse
plus particulièrement à la période toulonnaise de Pradier,
passée chez le chirurgien Jules Cloquet, dont il a décoré
la villa de Lamalgue (quartier à l'Est de Toulon que
j'habite, à proximité immédiate de la rue Cloquet). Que
sont devenues les uvres de Cloquet signées Pradier?
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Douglas Siler (9/8/2004)
Merci de votre message, que j'ai lu avec beaucoup
d'intérêt. Je connais votre quartier, l'ayant exploré il y
a quelques années sur les traces de Jules Cloquet et de
James Pradier. J'ai constitué par la suite tout un dossier
concernant l'uvre « toulonnaise » de
Pradier et entretenu à ce sujet une correspondance
fructueuse avec M. Paul Lanza, conservateur du musée du
Vieux Toulon. Je peux donc vous renseigner si cela vous
intéresse. Comme vous le savez, la villa Cloquet n'existe
plus. Pradier y avait laissé trois fresques, dont une est
passée en vente il y a deux ou trois ans et se trouve
à présent, je crois, chez un marchand parisien. Lors
de la démolition de la villa, M. Lanza m'en avait procuré
une photo. J'ignore ce que sont devenues les deux autres
ainsi qu'un bas-relief représentant La maison de
Socrates qui ornait la façade de la villa. Il y
avait aussi de Pradier un grand mascaron-fontaine en fonte
représentant Neptune ou le dieu Océan qui
se trouve encore sur le site de la villa et dont le modèle
en plâtre appartient au Musée d'Art et d'Histoire de
Genève. Ce mascaron en avait remplacé un autre semblable,
en marbre ou en pierre, dû également au ciseau de Pradier.
Jules Cloquet l'avait placé au haut du mur clôturant son
jardin, face à la mer. Ce premier mascaron fut brisé en
1851 1.
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James Pradier, Neptune (Océan).
Fonte de zinc, H. 132 cm. Toulon, Lamalgue.
Photo D. Siler. |
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James Pradier, Neptune (Océan).
Fonte de zinc, H. 132 cm. Toulon, Lamalgue.
Photo D. Siler. |
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Vous connaissez sans doute la belle Pièta en marbre
de Pradier qui se trouve dans une chapelle néo-gothique à
La Pauline, entre Toulon et Hyères. Quand je l'ai vue il y a
une vingtaine d'années, la chapelle venait d'être acquise
par la municipalité de La Garde et devait être restaurée.
Je n'ai pas eu l'occasion d'y retourner. Sauriez-vous me dire
si la chapelle est maintenant accessible au public et si la Pièta
est toujours en place?
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Chapelle Saint-Charles-Borromée.
La Garde (près de Toulon), quartier La Pauline.
Photo D. Siler.
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Chapelle Saint-Charles-Borromée.
La Garde (près Toulon), quartier La Pauline.
Photo D. Siler. |
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En ce qui concerne les « articles en
préparation » annoncés sur mon site, ils seront
éventuellement diffusés sur le site même. L'un d'entre eux
(« Pradier peintre ») traitera de l'uvre
peinte du sculpteur, y compris les fresques de la villa
Cloquet. En attendant vous trouverez plusieurs indications
sur Cloquet et sur les uvres
« toulonnaises » de Pradier dans le catalogue de
l'exposition Statues de chair (Genève et Paris,
1985-1986) ainsi que dans mon édition de la Correspondance de Pradier (Genève, Librairie
Droz, 3 vols. parus et 2 en préparation).
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Louis Le Pennec (9/8/2004)
Je vous remercie vivement de
votre aimable et rapide réponse. S'agissant de la chapelle
de La Pauline, celle-ci, devant laquelle je passe
fréquemment, semble avoir été effectivement restaurée. Je
vais m'assurer de cela et voir si elle est accessible au
public, et dans le cas contraire obtenir les renseignements
pour les éventuelles ouvertures aux visites privées. Je
vous en informerai dès que possible.
La tête de Neptune dont vous parlez se trouve effectivement
dans la copropriété « le Prieuré de Lamalgue »
(située très certainement sur l'ancien emplacement de la
propriété Cloquet), dans laquelle je suis propriétaire
d'un appartement, et donc je suis sans doute aussi
« copropriétaire » de l'uvre de Pradier
qui s'y trouve. Cette tête est fixée sur un fronton. Nous
avons isolé le circuit d'eau de la fontaine,
celle-ci se dégradant peu à peu (bassin fissuré). Ce
fronton aurait besoin d'une remise en état (peinture
essentiellement et bassin comblé remplacé par un massif
floral) et c'est à cette fin que je me suis penché sur
cette uvre, donnée comme étant la dernière de
Pradier réalisée en 1852 comme mentionné sur le fronton 2.
Je pense en effet que tous les travaux qui
pourraient être faits sur ce fronton doivent répondre à
des règles bien précises que j'ignore totalement mais que
je vais essayer d'obtenir auprès des Bâtiments de France.
Je vous fais parvenir par mail séparé une photo numérique
de ce fronton que vous avez peut-être déjà.
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Douglas Siler (15/8/2004)
A propos des fresques exécutées par Pradier à la villa
Cloquet, j'ai oublié de préciser qu'elles reprenaient
chacune une de ses uvres sculptées: La Sagesse
repoussant les traits de l'Amour, Ancréon et l'Amour,
et Vénus à la Coquille. Tout cela est
documenté dans mon édition de la Correspondance,
surtout dans les notes du tome III, lettre 485.
Je suis ravi d'apprendre que vous êtes
« copropriétaire » du mascaron de Pradier
et que vous vous en occupez. Quand je l'ai vu il a une
vingtaine d'années, le bas était très noirci. Il était
déjà difficile, je crois, de lire la signature et la date
sous la barbe. Cependant, comme l'uvre est en fonte et
non en pierre la surface n'est peut-être pas attaquée et il
serait peut-être possible de faire procéder, par des
spécialistes compétents, à un nettoyage complet. Je ne suis pas moi-même au
courant des démarches à suivre. M. Didier Rykner,
animateur du site
La Tribune de l'Art, pourrait
peut-être vous orienter. Plus près de chez vous, le musée
du Vieux Toulon serait peut-être en mesure d'intervenir.
Merci de votre offre de prendre des renseignements au sujet
de la chapelle. Je serais heureux de connaître son
état de conservation et son statut actuels. J'aurais sutout
besoin d'images très nettes du bas-relief signé
« Pradier » au-dessus de la porte d'entrée,
ainsi que des deux statues de saints posées sur la gauche et
la droite de la façade. Celles-ci seraient aussi de Pradier
mais personne, à ma connaissance, ne les a vues d'assez
près pour y relever une signature.
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Louis Le Pennec (15/8/2004)
Merci pour votre réponse
très argumentée. Je n'oublie pas ma promesse de vous faire
parvenir des photos numériques de la tête de Neptune. Je
suis passé devant la chapelle Saint Charles Borromée (La
Pauline à la Garde), le portail est fermé et cadenassé par
une chaîne, et seul figure sur la grille un panneau
indiquant le nom de la chapelle ainsi que son style
(néogothique) et la période de sa construction (XIXème siècle). Je vais donc prendre contact avec la mairie de la
Garde pour essayer de vous renseigner et vous faire parvenir
des photos numériques de la chapelle et des bas-reliefs et
des statues qui s'y trouvent.
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Douglas Siler (16/8/2004)
Merci mille fois pour ces renseignements sur la
chapelle. Je serais très heureux d'avoir les photos numériques
quand vous aurez le temps de les faire. En plus du bas-relief
et des deux saints qui sont à l'extérieur de la chapelle,
pourriez-vous prendre également quelques clichés de la Pièta qui est à l'intérieur, si vous y avez accès?
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Louis Le Pennec (16/8/2004)
Vous trouverez en PJ quelques photos de la
tête de Neptune. Ne l'ayant vue que d'en bas et jamais
observée de près, je pensais qu'elle était en pierre, ..
ou en ciment. Vous m'avez appris qu'elle est en fonte.
N'étant pas oxydée, elle ne contient donc pas de métaux
ferreux. En revanche, son aspect brillant et ses reflets
« argentés » font tout naturellement penser à
de la fonte d'aluminium. Vérification faite (internet),
l'aluminium sous forme de métal n'a été découvert qu'en
1854 par Henri Sainte Claire Deville qui l'exposa sous cette
forme pour la première fois lors de l'exposition universelle
de 1855. Avez-vous en conséquence des informations sur la
nature exacte de cette fonte? [...] L'office du tourisme de
La Garde ne m'ayant pas été d'un grand secours, je dois
téléphoner demain au presbytère de La Garde pour convenir
d'une viste de la Chapelle. Je ferai les photos que vous
souhaitez recevoir.
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Douglas Siler (17/8/2004)
Je vous remercie infiniment pour les photos - elles sont
parfaites à tous égards et font ressortir des
détails que je n'ai jamais vus avant. Le nom de Pradier, la
date de son décès, et le nom du fondeur peuvent être
partiellement déchiffrés sur l'une d'entre elles, ce qui
n'était pas le cas sur mes propres tirages.
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Emplacements de la
signature « J. PRADIER »
et du nom du fondeur « PAILLARD »
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Zoom sur la signature et la
date
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Lecture de la signature et
de la date
[J. P]RA[D]IER
[4] J[UI]N [1852]
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Zoom sur le nom du fondeur
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Lecture du nom du fondeur
[V.] PA[I]LLARD
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La présence du nom du fondeur Victor Paillard, qui
a réalisé plusieurs autres fontes pour Pradier, en bronze
et en argent, confirme que le masque est en métal. A ce
propos M. Paul Lanza, conservateur au musée du Vieux
Toulon, m'a écrit ce qui suit en 1985:
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Je peux vous confirmer
que le masque de Neptune n'est pas en pierre mais bien en
métal. L'arrière du mur sur lequel il est appliqué
comporte une ouverture qui nous a permis d'examiner
l'intérieur du masacaron. C'est sans conteste un
moulage. Lorqu'on la heurte, la matière rend un son
métallique; au grattage est apparu l'éclat brillant
caractéristique. Nous étions quatre et avons été
unanimes à faire cette constatation... et pourtant nous
étions loin d'être convaincus au début de notre
examen. Nous n'avons pas pu relever l'inscription
« J. PRADIER, 4 JUIN 1852 ». L'eau
qui s'écoule de la bouche a déposé mousse et
concrétions sur presque toute la partie basse du
masacaron qui a pu être restaurée et nous a fait penser
un moment que cette uvre était de terre cuite. Par
contre, sur le côté droit lorsqu'on regarde le masque
de face, nous est apparu, en lumière frissante, gravé
en creux, le nom « PAILLARD » qui pourrait
être précédé d'une autre lettre mais nous ne pouvons
l'affirmer.
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Nous n'avons pas pu savoir par la
suite de quel métal il s'agit. Ce serait probablement facile
de l'identifier en faisant analyser un échantillon prélevé
par l'ouverture à l'arrière mentionnée par M. Lanza. Sur
vos photos, la coloration et l'usure apparente de la surface
donnent néanmoins l'impression que l'uvre est en
pierre ou en marbre. Je me demande si elle n'a pas été
recouverte d'une couche de peinture. En tout cas, il serait
très souhaitable de la faire examiner par un restaurateur
compétent. [...] Dans le cas où cela peut vous intéresser,
je joins la notice et les photos relatives au Neptune
publiées en 1985 dans le catalogue de la rétrospective
Pradier, Statues de Chair. Sur le cliché du
modèle, comme vous le voyez, le nom de Pradier et la
date de son décès sont bien visibles en relief, sous la
barbe, au même emplacement qu'ils occupent sur l'uvre
en métal.
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Je retrouve une autre lettre de M. Lanza, celle-là datée de
1987, dans laquelle il me disait avoir relevé dans un ancien
catalogue du Musée Municipal de Toulon une mention
manuscrite selon laquelle le premier mascaron, ou un fragment
de ce mascaron, aurait été offert à ce musée par un
collectionneur, M. Malcor. Il ajoutait qu'il avait
demandé qu'on le recherche au musée et qu'il attendait
encore une réponse. J'ignore si cette recherche a abouti.
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Louis Le Pennec (19/8/2004)
Je vous remercie infiniment
pour tous les renseignements et points de contact que vous
m'avez transmis au sujet de la tête de Neptune et qui vont
maintenant me permettre de les compléter localement (musée
du vieux Toulon et bibliothèque). Tous ces renseignements
seront transmis au conseil syndical de la copropriété (dont
je suis membre) en vue d'une action de rénovation du
fronton et de la statue. Je vous fais parvenir les photos de
la chapelle Saint Charles Borromée qui a effectivement comme
vous le verrez été remise en état par la ville de La
Garde. La nouvelle cloche a été inaugurée en novembre 1993
par le Maire de la ville et elle sonne ... depuis une semaine
très exactement. Si vous souhaitez d'autres photos ou
recherches locales, n'hésitez pas à me contacter.
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Douglas Siler (22/8/2004)
Ces nouvelles photos, comme les précédentes,
sont parfaites sur toute la ligne. Une
comparaison avec les miennes prises il y a
vingt ans ou plus montre bien les améliorations qui ont
été faites à la chapelle. Concernant d'autres photos ou
recherches locales, si vous avez l'occasion de contacter le
Musée Municipal de Toulon au sujet de l'ancien masque
endommagé de Neptune qui se trouve peut-être dans
les réserves du musée, il faudrait y faire rechercher en
même temps deux modèles de Pradier représentant La
Guerre et La Paix qui auraient été
détruits au musée pendant la dernière guerre mondiale. Les
deux statues en marbre font toujours partie de la décoration
exécutée par Pradier sur le fronton du Sénat à Paris. Une
autre recherche à faire éventuellement serait de demander
à la muncipalité de La Garde si, au moment de la
rénovation de la chapelle, on n'a pas trouvé la signature
de Pradier sur les statues de Saint Charles Borromée
et Sainte Thérèse car leur attribution à Pradier
n'a jamais été documentée. Merci de me tenir au courant
des décisions de votre conseil syndical concernant la
rénovation du Neptune.
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Louis Le Pennec (13/12/2004)
Le curé de La Garde m'ayant
recommandé d'aller sur place, où il a y en principe toutes
les informations recherchées, je suis passé cet après-midi
à la chapelle (qui est ouverte en permanence de jour car il
y a maintenant des jeunes (étudiants?) qui habitent
l'ex-presbytère). L'historique de la chapelle est assez
pauvre, mais j'y ai trouvé la photocopie d'un article (non
daté et origine non mentionnée: livre, revue, journal?)
écrit par Antonin Bonnet qui s'intitule: « La Chapelle
Saint Charles Borromée de La Pauline: l'uvre du
statuaire Pradier » 3. Cet article mentionne: la Pièta
le tympan, la statue de Sainte Thérèse,
la statue de Saint Charles Borromée, l'ange de
la Résurection. J'avais pris soin de me munir de ma bonne
paire de jumelles « marine » et j'ai pu observer les
trois statues dans leur ensemble avec un peu de recul, sans
qu'il me soit nécessaire de monter sur une échelle.
S'agissant de l'ange de la Résurection, qui se trouve sur la
façade au dessus du tympan (il doit être visible sur les
photos que je vous ai transmises), il est bien signé de
Pradier (J.PRADIER sur la face avant du socle). En revanche,
aucune signature n'est visible sur les statues des deux
saints, ce qui semble confirmer ce que vous saviez déjà.
L'article mentionné ci-dessus les inclue toutefois dans
« l'inventaire Pradier ». Il serait donc
intéressant de connaitre les sources de l'auteur (que vous
connaissez peut-être?), et qui n'est pas
« tendre » pour Pradier qu'il décrit comme
protestant genevois pas le mieux placé pour exprimer le
côté sacré de statues, et qui en outre a commis beaucoup
d'erreurs sur le plan anatomique en sculptant la Pièta
(position des jambes du cadavre du Christ en
particulier) . Si vous ne connaissez pas cet article, je
veux bien essayer de vous en faire parvenir un exemplaire
numérisé (avec l'accord du curé bien évidemment).
Prochaine étape: le musée de Toulon.
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Douglas Siler (15/4/2005)
Veuillez excuser ce long retard, dû, entre autres ennuis, à une méchante grippe. Je connais depuis longemps l'article d'Antonin Bonnet sur la chapelle Saint Charles Borromée, publié en 1926 dans le Bulletin de la Société des Amis du Vieux Toulon, n° 10. Merci néanmoins d'avoir proposé de me l'envoyer. J'ai été très content de savoir que la statue de l'Ange au-dessus du tympan de la chapelle est signée Pradier et j'ai signalé cette information à M. Cl. Lapaire, ancien directeur du musée de Genève, qui prépare un catalogue raisonné de l'œuvre de Pradier. Dommage que vous n'ayez pas pu voir de signature sur les deux statues de saints. Pour être 100% certain qu'il n'y en a pas, il faudrait pouvoir les examiner de très près.
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Douglas Siler (19/10/2005)
Je m'empresse de vous signaler que j'ai acquis récemment un ensemble de neuf cartes postales anciennes montrant différents aspects du Prieuré de Lamalgue, dont le Neptune de Pradier placé sur le fronton d'une fontaine. Je les posterai éventuellement sur ce site mais si elles vous intéressent je peux vous envoyer un scan.
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Louis Le Pennec (20/10/2005)
J'avais bien reçu votre dernier mail auquel je n'ai malheureusement pas donné suite comme je vous l'avais pourtant promis, et je vous prie de bien vouloir m'en excuser. Après une carrière de 36 ans comme officier de marine (dont 25 ans embarqués sur différents types de batiments qui m'ont permis de découvrir le monde entier), et quelques mois sabatiques, j'ai repris une activité professionnelle comme ingénieur cadre à la Direction des constructions navales de Toulon dans un poste très intéressant au sein d'une équipe de projet qui suit l'entretien de 10 batiments de premier rang de la marine, et donc très prenant [...].
Je suis bien entendu très intéressé par votre proposition de me faire parvenir quelques photos du Prieuré de Lamalgue que je diffuserai, si vous m'y autorisez bien sûr, aux résidents de l'actuelle copropriété.
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Douglas Siler (22/10/2005)
Merci de vos nouvelles. Je ne savais pas que vous étiez dans la marine. Lorsque nous avons visité votre quartier il y a une vingtaine d'années, nous avons été reçus par un amiral retraité et son épouse qui habitaient près de chez vous la villa dans laquelle l'écrivain Jules Michelet avait écrit La Sorcière. L'avez-vous connu? J'oublie son nom mais je peux le retrouver dans mes dossiers.
Je vous envoie en PJ des photos de mes dix cartes postales du Prieuré. Elles ont fait partie d'une série qui comportait au moins dix autres vues. L'une d'entre elles montre le Neptune sur un fronton qui semble être identique au fronton actuel.
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A supposer que l'emplacement soit le même, cette vue permet de situer certaines des bâtisses anciennes par rapport aux constructions modernes.
Concernant les œuvres ou fragments d'œuvres de Pradier qui ont pu être conservés au musée de Toulon, c'est au Musée municipal et non au Musée du vieux Toulon qu'il faudrait s'adresser car c'est là peut-être que se trouvent le premier Neptune de Pradier (brisé) ainsi que les modèles en plâtre de ses statues de La Paix et de La Guerre qui décorent le fronton du palais du Luxembourg à Paris.
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Louis Le Pennec (24/10/2005)
Un grand merci pour vos photos que je garderai précieusement. Je les ai retransmises au Président du conseil syndical de la copropriété. Le fronton sur lequel le Neptune actuel est fixé est sans aucun doute d'origine. Pour le reste, bien évidemment, tout a changé, mais la villa « Cadet Roussel » est encore là.
L'amiral qui vous a reçus il y a une vingtaine d'années ne me dit rien, mais vous savez, le quartier de Lamalgue est un repaire d'officiers de marine, dont de nombreux officiers généraux en retraite.
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Douglas Siler (17/12/2005)
J'ai retrouvé dans mes mes notes qu'il s'agissait de l'amiral Baudoin et qu'il habitait la Villa Algeras au 41 de l'avenue Jules Michelet. C'est là que Michelet aurait commencé en 1862 son livre La Sorcière. Mme Baudoin, née à Toulon, se souvenait, nous disait-elle, d'avoir joué avec des enfants Cloquet. Mais je ne vois pas comment ceux-ci auraient pu être apparentés à Jules Cloquet, qui avait vendu sa propriété du Prieuré en 1873 à l'un de ses collègues de la Faculté de Médecine de Paris, le docteur Gubler (marié depuis 1856 avec la fille du sculpteur David d'Angers).
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Louis Le Pennec (18/12/2005)
De mon côté j'ai longuement parlé il y a quelques jours avec une dame habitant au Prieuré dont le papa connait bien M. Lanza. Ils vont prendre contact avec lui et essayer d'avoir les réponses aux questions que vous vous posez sur les œuvres de Pradier détruites durant la seconde guerre mondiale.
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Douglas Siler (15/1/2009)
Pour une belle série de photos de la chapelle Saint-Charles-Borromée, suivez ce lien.
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Michel Guillemain (12/2/2012)
A propos de la ville Cloquet de Toulon où a résidé James Pradier, deux peintures de François Nardi représentant cette villa depuis le rivage sont actuellement exposées au Musée des beaux-arts de Toulon. Je connais aussi une peinture d'Octave Gallian (1855-1918) assez similaire.
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Douglas Siler (12/2/2012)
Merci infiniment pour ces informations. Vous n'auriez pas par hasard des photos des trois peintures? Il y en a peut-être sur internet? Sinon j'ai des amis à Toulon qui pourront les photographier. La peinture d'Octave Gallian se trouve-t-elle aussi au musée?
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Michel Guillemain (15/2/2012)
Voici une image de la Villa Cloquet par Octave Gallian:
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C'est une huile sur toile de 24 x 41 cm, signée en bas à droite. Les peintures de François Nardi sont assez similaires et visibles actuellement au Musée des beaux-arts de Toulon.
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Douglas Siler (16/2/2012)
Il est intéressant de comparer le tableau de Gallian avec cette autre vue de la Villa Cloquet peinte par Vincent Courdouan (Toulon 1810 - 1893):
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Un dessin de Pierre Letuaire (Toulon 1798 - 1885), Vue sur la rade de Toulon, publié dans L'Illustration du 30 août 1845 (copyright: L'Illustration, www.lillustration.com), montre le même site vu dans le sens opposé, vers Toulon.
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Mais le Neptune de Pradier que l'on aperçoit sur ce dessin de Letuaire n'est pas visible sur les tableaux de Gallian et de Courdouan. Brisé vers 1851, il fut remplacé par un autre dans le jardin de la Villa Cloquet (voir supra nos échanges avec Louis Le Pennec). -
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Françoise Monet (21/4/2012)
Vous connaissez parfaitement le mascaron de Pradier, toujours présent dans un lieu privé, à la Résidence du Prieuré de Lamalgue, boulevard Frédéric Mistral. De 1920 à 1956 la propriété appartenait à la famille de mon mari; le « vieux prieuré » figurant sur le dessin de Pradier (Musée de Genève) est sa maison natale; il a vécu là sa jeunesse, avant son départ pour la Faculté de médecine de Lyon. Mon intérêt pour cette œuvre est donc double: familial et artistique. A cet égard, j’ai publié dans le Bulletin de la société des Amis de Toulon, en 1995, une étude sur les fastes Cloquet et les frasques des années folles, vécues par mon mari 4. Conduite par le biais du « livre d’or » 1920-1940 comment cette contribution ne m’aurait-elle pas fait rencontrer Pradier? et constater aussi les erreurs ou incertitudes du Bulletin de 1926-1927, intitulé « Les romantiques à Toulon » 5.
Or, que l’on se réfère au catalogue de l'exposition Statues de chair, 1985-1986, ou à la somme de l’ancien Directeur du Musée de Genève, Claude Lapaire, force est de constater que le Neptune de Pradier est peu documenté. Jacques de Caso a avancé la recherche sur la partie obscure du dossier: sculpture brisée en 1851 et mort de Pradier le 4 juin 1852, après qu'il eut envisagé de remettre en place un « colosse ». Depuis, on ne peut que distinguer la date de la mort de Pradier, rajoutée, et le petit motif funéraire à la fleur brisée, figurant in situ, à Lamalgue, comme sur le plâtre de Genève, déposé, au demeurant, plus tard qu’à la vente après décès. Le plâtre était-il chez un élève, et comment l’élève a-t-il repris l’œuvre, à nouveau chez Pradier? Et quel élève? Vous donnez nombre de pistes sur ses élèves à l’un de vos correspondants de ce Forum Lequesne? Et certains (Jacques de Caso), avancent qu’il y a eu peut-être modification par rapport à la forme première, en hommage à l’ auteur, demandée par l’ami, le baron Cloquet.
Un aspect du problème qui me paraît le plus important. C’est dans cette direction que je travaille, évidemment au-delà de la fleur brisée. Une amorce de portrait, d’expression, de souvenir? Il est vrai que ce Neptune ne ressemble pas à l’iconographie mythologique habituelle. Il n’est qu’à se rendre au Musée de la Marine pour le constater. Rien à voir avec les représentations du Dieu irrité. Mais où trouver le masque initial?
Le dessin de Letuaire, adressé à L’Illustration de 1845, à la date plus que présumée de l’érection, n’apporte que déception: confié au procédé de la gravure sur bois, il en est trahi et donne un aperçu très laid. Le Musée du Vieux Toulon n’en possède pas, malheureusement, l’original; mais seulement une vue du mur et de ses abords, « avant » l’initiative Cloquet. J’interroge les collectionneurs de Letuaire… J’ai également fouillé par le menu les tableaux de l’époque, nombreux sur ce lieu favori. Élaborés sur le motif, et bien sûr de loin, depuis la mer, aucun ne donne une vue précise de la sculpture, et tous ou presque sont postérieurs à la brisure, à ma connaissance; sauf peut-être l’un de Courdouan, présenté au salon de 1852 et peint vers 1850. Il faudrait toutefois une étude radiographique pour déceler une différence entre cette représentation et ce que nous voyons! Et il s’agit d’une collection particulière de surcroît. Quant à Pradier lui-même, il ne nous donne qu’un très beau dessin du mur, à quelques mètres de lui, mais vide encore de son œuvre et seulement proche des croquis du rivage déposés également à l’École des Beaux-Arts (ENSBA) de Paris.
C’est en tous cas à la publication de la Correspondance de Pradier que je vous dois cette curiosité, ainsi qu‘au très précieux site que vous animez. Soyez-en remercié!
Je rends hommage en tous cas à M. Fontan, auteur des « Romantiques à Toulon », pour ce qu’il est le seul à avoir vu, sur place, vers 1927, les « fresques » peintes également par Pradier dans une chambre du vieux Prieuré. Depuis, après avoir échappé à trois « Occupations », puis aux pioches des démolisseurs, elles auraient fait l’objet l’une du moins d’une photo d’un ancien collaborateur du Musée du Vieux Toulon, M. Paul Lanza, en 1956. Mon mari n’en a conservé que des souvenirs d’enfant, tout en sachant qu’elles étaient au nombre de trois et qu’elles existent quelque part.
Il est navrant que la description des figures mythologiques relevée par Fontan soit différente de celles citées dans l'étude publiée par Mme Bourguet-Vic sur le site de l’Académie du Var 6, mise à part la Vénus sortant de l’onde, à la Botticelli. L’une d’elles aurait été sur le marché parisien vers 2004 (?) 7.
La seule chose certaine, c’est qu’elles ont été « victimes » d’appropriations et de… séquestrations de la part d’un héritier ou d'une héritière en 1957, lors du démembrement de la propriété. M. Lanza, cité plus haut, a conduit une enquête au moment de l’exposition Statues de chair. Il paraissait proche du but, mais s’est fait éconduire. En ce qui nous concerne, beaucoup de ponts rompus, nous étions à cent lieues de ce problème. Puis, mon article de 1995 nous a « interpellés », comme l’on dit. A quatre-vingt-quatre ans, mon mari est le seul héritier direct encore vivant des « reliquats », hélas, du Prieuré de Lamalgue. Votre Forum vient de m’apprendre qu’une étude est à paraître sur les peintures de Pradier, fresques comprises. Il serait dommage que l’auteur fasse l’impasse sur celles-là.
Quoiqu’il en soit, il va de soi que ces œuvres doivent figurer dans un Musée, le plus approprié étant celui de Genève, comme don de la « Famille Monet ».
Voici, deux sujets différents, ma requête intellectuelle visant évidemment le Mascaron. J’aimerais faire le tour de son histoire mouvementée, et de la date et des conditions dans lesquelles il a été déplacé à la fin du XIXème siècle; et pourquoi les hôtes de mes beaux-parents, artistes, peintres, écrivains pour la plupart, n’y prêtaient pas attention entre les deux guerres. Déjà influencés par Baudelaire et le naissant surréalisme? Un point fondamental encore que je n’ai pas élucidé: marbre ou pierre initialement? L’environnement, pierreux, reproduit par Letuaire fait pencher pour la pierre; le mur lisse du dessin de Pradier pouvait-il au contraire infléchir vers le marbre? Quant à la preuve du « moulage », point n’était besoin de quatre experts pour la détecter, les enfants de la maison l’avaient découverte dans leurs jeux. Je souhaite, en tous cas, que votre correspondant, M. Pennec, « copropriétaire du Mascaron », ait suivi les avertissements que j’avais adressés, avec mon étude, en 1995, sur les dégradations visibles, au Président du conseil syndical d’alors. Mille fois merci, si vous pouvez m’orienter. Je tente de faire fructifier ma retraite!
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Notes
1 Au retour d'un séjour
à Bordeaux en juin 1851, Pradier écrivait à Jules Cloquet:
« Dites-moi ce que vous voudriez pour mettre à La
Malgue à la place de notre pauvre Neptune brisé. Nous
pourrions faire une sculpture en terre cuite ou en plomb ou
zinc. Venez un moment en passant et nous élèverons un colosse. »
(Lettre inédite, coll. particulière.) Rappelons
d'autre part que le premier mascaron et son emplacement sont
connus grâce à deux bois signés Letuaire illustrant un
article de Ch. Poncy (« Les baignades ») dans L'Illustration
du 30 août 1845, p. 421.
2 En fait, la datation de
cette uvre pose problème. L'exemplaire en fonte ainsi
que le modèle conservé à Genève sont signés, sous la
barbe du dieu, du nom de Pradier suivi de la date du 4
juin 1852 qui fut celle de son décès. De plus, sous
ces inscriptions se trouve un petit motif funéraire
représentant une fleur brisée. On est donc amené à
penser, comme le suggère Jacques de Caso dans Statues de
chair, p. 208, que l'uvre est devenue, à
la demande de Cloquet ou sur la suggestion d'un élève de
Pradier qui l'aurait achevé, un hommage, une sorte de
mini-monument au sculpteur.
3 Bulletin de la
Société des Amis du Vieux Toulon, n° 10,
avril-mai-juin 1926, pp. 151-161.
4 Françoise Monet, « Le prieuré de Lamalgue: Histoire et mémoire à travers un livre d'or » in Bulletin de la
Société des Amis du Vieux Toulon, n° 117,
année 1995, pp. 203-238.
5 Jules Fontan, « Les Romantiques à Toulon. La Malgue et la Villa Cloquet » in Bulletin de la
Société des Amis du Vieux Toulon, n° 12, octobre-décembre 1926, pp. 275-290, et n° 13, janvier-mars 1927, pp. 14-25.
6 Monique Bourguet-Vic, « James Pradier, un sculpteur néoclassique? », à lire ici sur le site de l'Académie du Var ou ici même, sur le Forum Pradier, dans une version plus complète. Au fait, Mme Bourguet-Vic cite les sujets des trois fresques une Pallas, La Poésie, une Amphitrite d'après l'étude de Jules Fontan, sans les décrire. Voir à leur sujet la Correspondance de Pradier, t. III, p. 84.
7 La fresque représentant une « Pallas » a été vendue après 2004 par la Gallerie Bellanger, à Paris. Elle représente très exactement La Sagesse repoussant les traits de l'Amour, bronze exposé par Pradier dans son atelier de l'Institut en juillet 1844 et au Salon de 1845 (cat. Claude Lapaire, n° 262).
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