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Douglas Siler (15/3/2003)
Courriel adressé à M. André Cariou, directeur du Musée des beaux-arts de Quimper: Dans le cadre de mes travaux sur James Pradier (1790-1852) dont j'édite la Correspondance aux éditions Droz à Genève (3 vols. parus et 2 vols. en préparation), j'ai appris qu'une statue de ce sulpteur représentant une Jeune chasseresse au repos est récemment entrée dans les collections de votre Musée. L'histoire de cette oeuvre est largement documentée dans la Correspondance de Pradier. Pourriez-vous me dire si elle est actuellement exposée et s'il serait possible d'en commander une photo? J'aimerais aussi obtenir des copies des articles de presse relatifs à son acquisition, dont plusieurs ont paru en 2001-2002 dans le Télégramme de Brest.
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André Cariou (Directeur, Musée des beaux-arts de Quimper, 15/4/2003)
Comme vous vous en doutez, il s'agit d'un article dans un journal local, accentuant le caractère important de cette acquisition (« il y a peu d'oeuvres de Pradier en France »), mais sans caractère scientifique.
L'œuvre n'est pas encore exposée au public, car la restauration n'est pas terminée. Mais qu'importe, si vous venez à Quimper, nous pourrons vous la montrer. Il vous suffit simplement de me prévenir un peu à l'avance.
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André Cariou (15/12/2003)
Votre site « Pradier » est remarquable, très efficace et utile.
Je vous informe que notre sculpture est maintenant exposée, bien que le restaurateur des musées de France n'ait pu finir la restauration (l'œuvre se trouvait au milieu d'un parterre de fleurs sur le palier de l'escalier de l'immeuble de Mlle Lavallée, notre donatrice, et l'humidité a imprégné le marbre). Mais le travail est déjà remarquable.
Trois orteils ont été cassés autrefois, et cela est assez disgracieux. Le restaurateur ne veut pas les reconstituer, en prenant exemple sur ceux qui sont encore intacts. La solution serait qu'on trouve une copie ancienne (en bronze, terre cuite, peu importe), qui permette un moulage. Pourriez-vous me renseigner à ce propos. Je vous en remercie par avance.
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Douglas Siler (16/12/2003)
Merci de votre message et de vos bonnes paroles à propos de mon site. Je suis content d'apprendre que la Jeune Chasseresse est enfin exposée. Malheureusement, aucune copie, aucune image de cette oeuvre, à ma connaissance, n'est actuellement localisée, à part les anciennes photos prises chez les Lavallée et sur lesquelles le pied de la figure est déjà endommagé. On sait seulement qu'un modèle en plâtre a figuré à la vente de la collection Salvator Marchi (le mouleur attitré de Pradier) les 18 et 19 décembre 1856, n° 15. Vous pourriez néanmoins poser votre question à M. Claude Lapaire, ancien directeur du Musée d'Art et d'Histoire de Genève, qui prépare le catalogue raisonné de l'oeuvre de Pradier et qui possède peut-être des éléménts nouveaux.
Comme vous le savez, la Jeune chasseresse a été léguée à votre musée en 1999 par Mme Monique Martin-Lavallée en mémoire de son père, l'historien d'art Pierre Lavallée. Son grand-père, Alphonse Lavallée, décédé en 1884, l'avait acquise à la vente d'une propriété située à Jeurre (Essonne). Pourriez-vous me donner des précisions sur cette vente et sur la carrière de Pierre Lavallée? J'aurais surtout besoin d'identifier l'ancien propriétaire de l'œuvre à Jeurre, ainsi que le ou les propriétaire(s) précédent(s), afin de remonter, si possible, à la collection Susse ou à quelque autre collection contemporaine du sculpteur.
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André Cariou (3/1/2004)
Merci de vos informations. En ce qui concerne Pierre Lavallée, je crois qu'il était bibliothécaire de l'École nationale des beaux-arts de Paris. Je vais demander confirmation. Je vais aussi interroger les nièces de notre donatrice, seules membres de la famille à ce jour.
Je ne manquerai pas de vous tenir informé.
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Didier Rykner (Paris, La Tribune de l'art, 12/2/2004)
Je viens de lire votre étude sur la Jeune chasseresse, et je m'interroge. Comment la
sculpture proposée à la vente en 2001 à Drouot
pourrait-elle être la même que celle donnée à Quimper,
pour laquelle un projet de donation existait depuis déjà
1999 (projet accepté par la ville dès cette date)? De plus,
pourquoi les propriétaires auraient-ils accepté une
estimation aussi basse
[4.570 / 7.620
euro, 30.000 / 50.000 FF] alors qu'un tiers
de la sculpture était estimé environ 12 000 euro?
Peut-être, tout simplement, la sculpture proposée à Drouot
et sans doute non vendue comme vous le suggérez, est-elle le
second exemplaire en marbre?
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Douglas Siler (12/2/2004)
Je me suis interrogé
aussi sur cette vente Drouot et j'aurais dû mettre cela
mieux au clair. Mais vous aurez remarqué au début de
mon article une photo noir et blanc de la statue avec le
commentaire suivant:
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Nous connaissons depuis longtemps l'aspect de la Jeune
chasseresse grâce à deux photographies anciennes,
déposées - je ne sais par qui - au Musée d'Art et
d'Histoire de Genève. (...) Des plantes vertes poussent
autour du socle. Le bout du pied droit de la statue paraît
endommagé. La photographie reproduite ci-contre - réalisée
certainement en même temps que celles du MAH, mais sous un
angle un peu différent - n'a pas manqué de susciter
l'intérêt des amateurs du sculpteur lorsqu'elle parut il y
a deux ans dans un catalogue de vente Drouot-Richelieu.
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Or vous trouverez reproduite dans le catalogue de
l'exposition Statues de chair, au n° 19 du
répertoire sommaire, p. 386, une des deux photos de Genève.
Sur cette photo on aperçoit une grande fenêtre derrière la
statue et des plantes poussant devant le socle. Sur la photo
reproduite dans le catalogue de la vente Drouot le fond a
été noirci mais les plantes sont toujours visibles. Il ne
peut donc s'agir que de la même statue et de celle qui,
avant d'entrer au musée de Quimper, était placée dans une
« jardinière ». Il faut remarquer aussi que la
statue sur ces deux photos, comme celle du musée de Quimper,
a l'orteil du pied droit endommagé.
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Didier Rykner (13/2/2004)
N'est-il pas possible que la
photo du catalogue Drouot soit effectivement celle du
catalogue Pradier, parce que les rédacteurs du catalogue
Drouot auraient trouvé plus simple de la reproduire, plutôt
que d'en faire une nouvelle? Étant donné qu'ils
présentaient l'uvre comme "d'après
Pradier", et qu'ils connaissaient manifestement le
catalogue, si les deux sculptures avaient été
rigoureusement identiques, il me semble qu'ils n'auraient pas
douté de son authenticité. Mais il faut, effectivement,
poursuivre l'enquête.
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Douglas Siler (13/2/2004)
Non, les deux photos ne sont pas
pareilles, elles ont été prises sous deux angles
différents. Voici à gauche celle du catalogue Statues
de chair et à droite celle du catalogue de la vente
Drouot, avec, en-dessous, un détail des pieds:
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James Pradier, Jeune
chasseresse.
Marbre, L. 81 x H. 125 cm.
Quimper, Musée des beaux-arts.
Photo anc., Genève, Musée d'art et d'histoire.
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James Pradier,
Jeune chasseresse.
Marbre, L. 81 x H. 125 cm.
Quimper, Musée des beaux-arts.
Photo vente Drouot du 9 avril 2001.
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James Pradier,
Jeune chasseresse (détail).
Marbre, L. 81 x H. 125 cm.
Quimper, Musée des beaux-arts.
Photo anc. (détail), Genève, Musée d'art et
d'histoire.
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James Pradier,
Jeune chasseresse (détail).
Marbre, L. 81 x H. 125 cm.
Quimper, Musée des beaux-arts.
Photo vente Drouot du 9 avril 2001 (détail).
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Sur la photo de Genève, à gauche, on constate que l'orteil
cassé a été grossièrement réparé; sur la photo du
catalogue Drouot, à droite, cette réparation n'a pas encore
été faite ou a été supprimée. Ainsi, contrairement à ce que je pensais, les deux photos n'auront pas été prises à la
même date. Mais les plantes de la
« jardinière » sont visibles sur les deux,
ce qui prouve, à mon avis, qu'il s'agit de la même
pièce. Malheureusement la qualité des deux photos et
l'angle différent de la prise ne permettent pas de
comparer d'autres détails, sauf peut-être une
tache sur le sein gauche et les veines dans
le marbre de la cuisse gauche.
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Didier Rykner (13/2/2004)
Effectivement, le détail du pied et les plantes semblent
prouver qu'il s'agit de la même sculpture. En revanche,
l'énigme demeure sur la donation en 1999 et la vente
prévue en 2001, ainsi que sur la mention
« d'après Pradier ».
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André Cariou (Directeur, Musée des beaux-arts de Quimper,
27/2/2004)
J'ignorais que la Jeune
chasseresse de Pradier avait été inscrite
à une vente aux enchères. L'explication (un peu
compliquée) [de la donation] est la suivante. Dès la
mort de Mlle Martin Lavallée, les héritiers ont appris
que le musée était destinataire de six uvres
diverses (par une donation sous réserve d'usufruit).
Tout le reste de la collection a été inscrit pour une
vente aux enchères. Ils ne se sont pas rendu compte que
le musée était également bénéficiaire par legs
(Monique Martin Lavallée pour un tiers et une de ses
soeurs pour un autre tiers) de deux tiers de
l'uvre. C'est moi qui les ai informés. La
proposition pour ce dernier tiers (80 000 francs) m'a
été faite par le notaire. En tout cas l'uvre
n'est jamais passée en vente et je l'ai fait enlever
directement à l'endroit où elle se trouvait depuis des
dizaines d'années.
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Douglas Siler (28/2/2004)
Je vous remercie pour les informations concernant la Jeune chasseresse. Je suis surpris d'apprendre que vous ne saviez pas que cette oeuvre avait été mise en vente au Drouot. Du moins a-t-elle été annoncée dans le catalogue de la vente du 9 avril 2001, « Succession de Mademoiselle L. », lot 230. J'ai cité cette annonce dans mon étude en ligne. Ce qui étonne, c'est le prix estimatif de 30.000 à 50.000 FF (4.570 / 7.620 euros). Comment est-ce possible quand on sait que votre musée a acquis le dernier tiers du legs pour 80.000 FF? En tout cas la statue n'a apparemment pas été transportée à l'Hôtel Drouot et elle n'est pas mentionnée dans la liste des prix d'adjudication publiée après la vente, soit que l'uvre n'ait pas été mise aux enchères, soit qu'il n'y ait pas eu d'acquéreur. Quant à la mention « d'après Pradier » dans l'annonce, il est possible qu'elle ait été fournie par les héritiers de Mlle Martin Lavallée et que ceux-ci n'aient simplement pas pu trouver la signature du sculpteur sous les feuilles ou le terreau de la jardinière.
Merci de me tenir au courant de la réponse de la nièce de Mme Lavallée.
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