Madame Bovary, c'est moi, aurait déclaré Flaubert. Il s'est plu aussi à affirmé le contraire. Nul doute en tout
cas que sa malheureuse héroïne n'est pas une invention
pure et simple. Ainsi, à l'occasion de la sortie prochaine de
deux nouveaux films enfantés par le roman, Julie Kavanagh
revisite dans Intelligent Life ses trois principaux modèles,
dont Louise « Ludovica » Pradier n'est pas le moindre.
Après avoir évoqué l'apport de Louise Colet et de Delphine Delamare, Julie Kavanagh passe en revue les amours et les affaires d'argent de Louise Pradier à propos desquels Flaubert fut mis au courant non seulement par Louise elle-même mais aussi par les « Mémoires de Mme Ludovica », récit de ses années de mariage avec Pradier. Si mes recherches d'autrefois, comme le rappelle Mme Kavanagh, ont permis d'identifier l'auteure de ce texte et de découvrir un scénario égaré de Madame Bovary esquissé par Flaubert au fur et à mesure qu'il le parcourait, on ignore toujours pour qui il a été rédigé et dans quelles circonstances il est arrivé entre les mains du romancier.
On attend avec impatience la nouvelle adaptation de Madame Bovary tournée l'an dernier par Sophie Barthes, avec Mia Wasikowska dans le rôle d'Emma (pour d'autres infos et des photos du tournage, cliquez ici; pour la bande-annonce, cliquez ici). Entre-temps on pourra découvrir dès le 10 septembre l'adaptation par Anne Fontaine du roman graphique de Posy Simmonds, Gemma Bovery (sic), avec Gemma Arterton et Jason Flemyng évoluant en expats anglais sur le sol normand sous l'œil curieux du boulanger local incarné par Fabrice Luchini (pour d'autres infos et des photos du tournage, cliquez ici; pour la bande-annonce, cliquez ici).
Dans notre collage ci-dessus la célèbre caricature d'Achille Lemot représentant Flaubert occupé à disséquer Emma Bovary est entourée de quelques-unes de celles qui, selon le mot perspicace de Julie Kavanagh, composent pour nous aujourd'hui, lecteurs et spectateurs, le « palimpseste » complexe de son personnage. En haut, à gauche, la « Rigolette » du tableau du peintre rouennais Joseph Court, Rigolette cherchant à se distraire pendant l’absence de Germain (1844), parfois identifiée à Delphine Delamare. En haut, à droite, un portrait présumé de Louise Pradier tenant son fils John, signé et daté « J. Pradier 1836 » (Musée de Besançon). Sous elle, Louise Colet en « Penserosa », statuette de Pradier signée et datée de 1837 (Musée du Louvre). Et puis, de gauche à droite, Mia Wasikowska, Gemma Arterton et « Gemma Bovery » dessinée par Posy Simmonds.
Julie Kavanagh est l'auteure de The Girl who loved Camellias. The Life and Legend of Marie Duplessis (Alfred A. Knopf, New York, 2013) et contribue régulièrement au magazine Intelligent Life (supplément culturel du journal The Economist). Son article sur Madame Bovary paru dans le numéro de septembre-octobre 2014 peut être lu dans son intégralité sur le site du magazine à http://moreintelligentlife.com.
A lire aussi :
→ Brève:
Les Mémoires de Mme Ludovica en ligne
→ Document:
Happy Birthday Lise, Happy Birthday Louise
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