Chacune est née le 12 mai. La première il y a
quelques décennies seulement. La seconde voici tout juste 200 ans. Un joyeux anniversaire à toutes deux!
Si c'est à l'ombre du château de Kronborg, au Danemark, que Lise a coulé ses jeunes années (sans se douter qu'elle en coulerait d'autres avec le signataire de ces lignes), Louise d'Arcet (1814-1885), future épouse du sculpteur, passera les siennes dans l'imposant bâtiment de la Monnaie de Paris, quai de Conti, où son père, « directeur des essais » puis « commissaire général », habitait avec toute sa famille.
Ce n'est pourtant pas à la Monnaie, comme on a tendance à le croire, que Louise aurait vu le jour. Ce serait plutôt, selon son propre témoignage, dans une maison du quartier des Ternes, dans le 17e arrondissement actuel. Bien des années plus tard, en convalescence à la maison de santé Hahnemann, rue Laugier, non loin de là, elle y fera un tour. Son fils John consigne le fait dans son journal intime, sous la date du 27 avril 1876: « Maman [...] est allée ce matin faire une promenade jusqu'à la rue de Villiers aux Thernes [sic], voir la maison où elle est née. Cette maison appartient encore à M. Guersant, c'est l'avant-dernière à droite, avant d'arriver au chemin de fer » (c'est-à-dire, avant d'arriver au chemin de fer d'Auteuil, qui divise l'actuel boulevard Péreire en deux voies). Quelques mois plus tard, lors d'une autre conversation avec John, Louise précisera que la maison en question, vendue aux Guersant par son père, portait le n° 30. En effet, le Dictionnaire des rues de Paris de Jacques Hillairet signale que l'ancienne rue de Villiers, devenue en 1885 la rue Guersant, doit son nom actuel au docteur Guersant (1777-1848), médecin des enfants, qui avait habité au 30.
Jean-Pierre-Joseph d'Arcet possédait dans cette rue une somptueuse villa dont nous connaissons l'aspect grâce à un dessin publié par Auguste Régnier dans son recueil des Habitations des personnages les plus célèbres de France, depuis 1790 jusqu'à nos jours.
Mais les minutes notariales font état d'une propriété sise non au 30 mais au 12 de la rue de Villiers, achetée par d'Arcet en 1818, quatre ans après la naissance de Louise, et vendue au docteur Guersant en 1839 (voir notre édition de la Correspondance de Pradier, t. II, p. 119, note 2). Il n'est donc pas certain que ce soit cette maison-là dans laquelle Louise croyait être née! En tout cas la rue n'a rien de champêtre aujourd'hui et les immeubles portant les numéros 30 et 12 sont de construction plus récente. Mais la numérotation a probablement changé et il s'élève néanmoins au n° 15, à trois portes du boulevard Péreire sud, au fond d'une cour fermée du côté du trottoir par une haute clôture maçonnée, un corps de logis plus ancien dont l'aile gauche a disparu et qui aurait bien pu faire partie de la villa dessinée par Régnier (voir ici une image de ce pavillon dans Google Street Views).
La belle huile sur toile ci-dessous du Musée des beaux-arts de Besançon signée et datée « J. Pradier 1836 » a dû être peinte quelques mois après la naissance de John, que Louise tient dans ses bras.
On retrouve bien, dans ce portrait de Louise à 22 ans, les « cheveux d'ambre rouge, lustrés de reflets verts », évoqués par Maxime Du Camp dans ses « Mémoires d'un vieil homme de lettres ».
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