Le nom FOUQUE est un patronyme assez répandu dans le
passé comme de nos jours. Notamment dans le Midi et à Arles en particulier. Ainsi au début du XIXe
siècle, par exemple, des Fouque d'Arles étaient patron
de barque, avocat, ou artisan et un Honorat Fouque exerçait
son métier de serrurier dans le quartier populaire de la
Roquette, rue des Pénitents Blancs (aujourd'hui rue
Théophile Rives) à deux pas de l'église
Saint-Césaire.
Le 4 juillet 1819,
Honorat et son épouse Marguerite Barbier ne pouvaient
certainement pas imaginer, quand est venu au monde leur
neuvième enfant, que ce Jean-Baptiste-Marie
appartiendrait un jour à l'Ordre de l'Eléphant
Blanc du lointain Siam, ni même qu'il entrerait très
jeune dans la Marine où seraient reconnus ses
talents de portraitiste, selon le critique Parrocel, un
contemporain du peintre 1.
Distingué par son professeur, Pierre Huard 2, protégé par M. et
Mme Grange-Réattu 3,
Jean-Baptiste se verra accorder, pratique courante à
l'époque, une bourse municipale 4 pour
« étudier en peinture » à l'École des
Beaux-Arts de Paris 5,
et suivre les cours de Cogniet et de Granet. Au Salon de
'57, il se présente comme élève de Lestang-Parade
(1810-1887), le neveu du miniaturiste Alexandre
Lestang-Parade d'Aix (les
Lestang-Parade appartiennent à une vieille famille,
arlésienne jusqu'au XVIIIe; voir Annie
Tuloup-Smith, Rues d’Arles, qui êtes-vous?,
Éditions Les Amis du Vieil Arles, 2001, p. 214).
Le jeune arlésien a-t-il vraiment connu la vie
difficile des rapins comme l'affirme
E. Fassin 6 ?
En tout cas, Fouque est très vite entré dans l'intimité du
sculpteur Pradier 7
et dès 1846, les portes du Salon lui étaient ouvertes privilège qui suppose de solides appuis et qui
était très recherché puisqu'à l'époque, pas de salut pour
un artiste hors les Salons.
En 1852, l'administration lui achète 600 francs 8
le Bonheur de famille et jusqu'en 1870 Fouque
travaillera beaucoup pour l'État dont il recevra de
nombreuses commandes (copies d'après
Winterhalter des portraits du roi Louis-Philippe puis
du couple impérial et tableaux d'églises).
Peintre officiel de la Cour de Siam, il expose, au
Salon de 1870, un Portrait du roi Rama V que
Cham distinguera en le caricaturant 9.
Comment Honorat et Marguerite Fouque auraient-ils pu
supposer que leur fils échapperait ainsi à son
destin familial et irait, bien loin de sa ville
natale, épouser (en 1854) une couturière originaire
de Rennes, deviendrait un artiste « fort
répandu dans le monde artistique »
parisien toujours selon E. Fassin ,
voyagerait en
Suisse (chez les Marin, une famille très proche des
Pradier), en Russie et en Angleterre (ce qui reste à
vérifier), en Extrême-Orient (selon les services
culturels de Thaïlande), et qu'il irait finir
ses jours à Lorient où il marierait ses deux fils 10 ?
Pourquoi Lorient ? Et à quelle date a-t-il
définitivement quitté Paris 11 ?
* * *
Si la première
recommandation connue est signée Béchameil (avait-il connu
cet officier de marine à Toulon ou à Marseille ?),
c'est la rencontre avec Pradier qui sera déterminante
pour la carrière de Fouque, plus encore, on peut le
supposer, que l'amitié d'Hippolyte de Kermarec, le député de
Rennes.
Le sculpteur le recommande à Charles Blanc
et à Frédéric de Mercey, les directeurs successifs des
Beaux-Arts, le met en relation avec Auber, Jules Cloquet, Jame de Lyon... Des personnalités bien en cour 12 et c'est
certainement ce réseau qui lui permettra d'obtenir tant de
commandes officielles ou d'entrer en liaison avec la famille
princière des Youssoupoff. Chez James Pradier, le jeune
Fouque croise aussi Charles Blanc, Cavaignac, Hugo, Ingres
et Du Camp (en Juillet '48 par exemple), Gautier et Flaubert.
L'amitié qui lie les deux hommes se manifeste publiquement,
dès 1848, à travers le Portrait de M. J. Pradier
statuaire que Fouque expose au Salon.
Lettre de Pradier à De Mercey, début février 1850 (?). Paris, Arch. Nat., F21 30. |
|
J.-B. Fouque, James Pradier, 1877 (réplique par Fouque de son tableau exposé au Salon de 1848). Genève, MAH.
|
Deux uvres du sculpteur entourent le portrait en pied: à
droite, Nyssia (Salon de 1848) et à gauche au fond,
La Poésie légère (Salon de 1846).
Le portrait est toujours dans la famille Pradier. En 1877 et à
la demande de son ami Marin, Fouque exécutera en dix jours
et dans une chambre d'hôtel de Paris, une réplique de
ce Portrait de J. Pradier de '48
(MAH de Genève, 81 x 65 cm). Une autre copie, réduite et
en ovale, sur fond neutre (noir ?) et coupée au niveau de la
taille a appartenu à la Société des Arts de Genève
(voir le catalogue de l'exposition Statues de chair,
p. 363-364).
Les deux amis pouvaient se retrouver à Arles chez Mme
Grange : « Et il [Pradier] se livrait à une
savante dissertation sur la structure particulière à la
race des femmes méridionales, [...] chez Mme Grange, fille de
Réattu, le célèbre peintre d'Arles, en présence de
Canonge, le poète de Nîmes et de M. Fouque qui me l'a
rapportée. » 13
Pradier, Canonge, Mme Grange. Il est à noter que sur les
cinq toiles que Fouque choisit de présenter en 1848 14, trois rendent
hommage à ces trois personnalités: à côté du portrait de
Pradier, on trouve celui de Mme G
d'Arles et Phylax et Juniola inspirée par un récit de Canonge.
Sans la correspondance du sculpteur (en cours de publication
chez Droz, par Douglas Siler), que connaîtrait-on de la vie
« privée » de Fouque ? (Voir
Annexe A
ci-dessous.) Autres sources très précieuses :
-
-
le
journal (1872-1882) du
fils de Pradier, John, qui note ses rencontres avec
son « vieil ami Fouque » ou avec
Marin lors de leurs passages dans la capitale (voir
Annexe B ci-dessous);
-
la correspondance de la
famille Gallot-Lebreton. Les lettres de la mère et de la
sur de Stéphen Gallot architecte de la ville
de Lorient et ami de Fouque éclairent les relations
bretonnes du peintre 15.
|
Il a aussi été possible de recueillir les
souvenirs de famille auprès des descendants du peintre.
D'autres noms d'amis ou de connaissances laissent
espérer de futures découvertes dans d'éventuelles
archives familiales ou publiques 16 :
-
-
Hippolyte de Kermarec (1812-1872), magistrat et
député d'Ille-et-Vilaine, autre relation privilégiée
du peintre : de Kermarec sera un des témoins
au mariage Fouque-Leray et, avec son collègue
Desmars (1812-1857), député de la Loire Inférieure
bientôt rallié à Napoléon III, il appuie les offres de
services du jeune Fouque auprès de l'Administration. De
Kermarec habite, comme son jeune ami et protégé, rue
Pigalle mais au n° 2.
-
Les architectes Jean-Baptiste Martenot, de Rennes (St-Seine-l'Abbaye [Côte d'or] 1828 Rennes 1906), et Gallot, de Lorient. Fouque, Gallot, de Kermarec et Martenot devaient se
rencontrer dans la capitale bretonne (quartier de la
Chapelle-Boby). Comment Fouque a-t-il pu nouer ces relations bretonnes? Par son épouse, elle-même rennaise?
-
Les autres témoins de Fouque à son mariage en décembre 1854: Adrien-Joseph-Guillaume Talexy, Simon Corbel et trois noms ou signatures plus difficiles à déchiffrer: Laurent-Jean-Baptiste Colinde (ou Colin de?) Lavaud, 20 rue de Lécluse à Batignolles, Mme Cartellier, Mme Dujardin. (24 ans plus tard, en 1878, lorsqu'il écrit à Guillaume, l’ancien élève de Pradier devenu directeur des Beaux-Arts, Fouque donne alors une adresse à Paris, « chez Mme Dujardin, 38 rue de Boulogne » [rue Ballu depuis 1886]; c'est à deux pas de la dernière adresse parisienne de Fouque de 1872 : 56 rue Blanche.)
-
L'impétueux Béchameil (1795-1867), capitaine de vaisseau, inventeur et représentant des Charentes, qui écrit, en mars 1847, au ministre de l'Intérieur et à M. Cavé, directeur des Beaux-Arts, pour qu'on accorde à Fouque la commande d'une peinture destinée à la Mairie de Chabanais. La proposition sera retenue.(Fouque n'aurait-il pas rencontreé Béchameil à
Toulon? N'est-ce pas la Marine qui a rapproché les deux hommes? Dans ses lettres au ministre de l'Intérieur et au directeur des Beaux-Arts du 25 mars 1847, Béchameil souligne que son protégé est « un parent proche d'un de nos chefs de la Marine » ou « parent d'un de nos chefs de division de la Marine », parent qui reste à identifier!).
-
Le compositeur Daniel-François-Esprit Auber (1782-1871), l'ami de Pradier (et si Fouque avait fait son portrait?). Il appréciait la compagnie du jeune peintre comme le montre un petit mot qu'il adressa à Pradier en 1850 (voir Annexe A ci-dessous).
-
Le baron de Trémont (Philippe Girod de Vienney, 1779-1852), ancien préfet, mélomane, collectionneur d'autographes et grand ami d'Auber. Sa collection d'autographes, dispersée à sa mort, comprenait des lettres, dessins et esquisses de Fouque. En '50 il adresse un courrier à son « collègue » Directeur des Beaux-Arts, Ch. Blanc, pour lui vanter les qualités de dessinateur et de coloriste de Fouque et il ajoute en post-scriptum « Je pense que vous pouvez en toute confiance demander un tableau original à Fouque qui le ferait au même prix qu'une copie ». Petits arrangements entre grands hommes...
-
Jame de Lyon, qui fera l’objet d’une prochaine communication du Forum. Activités multiples: il expose notamment au Salon entre 1839 et 1880. Pour son dernier Salon, Jame présente deux natures mortes : Pot de fraises et Fleurs et fruits (voir Annexe A ci-dessous, lettre du 4 juin 1848).
-
Le docteur Jules Cloquet (1790-1882) et son épouse (Portrait en '48) et le médecin Hubert Lauvergne (1797-1855) de Toulon (?). (Voir la correspondance de
Pradier.)
-
Mme Grange-Réattu (Portrait de 1848, exposé au Salon et conservé au Musée Réattu d'Arles).
-
Des personnalités arlésiennes : Moutet et Fassin maires d'Arles et le beau-frère de Moutet, Bizalion, Véran, son professeur Huard, le couple Lati (double portrait au
Musée Arlaten)
-
Jules Canonge (Nîmes, 1812-1870) qui inspire un des tableaux exposés au Salon de 1848 : Phylax et Juniola. (Est-ce Canonge qui lui a fait rencontrer
Pradier ou Pradier qui l'a mis en rapport avec le poète?)
-
A Lorient:
Le peintre Glaize (Jean-Bienvenu-Édouard), né à Lorient en 1851, et S. Gallot resteront très proches. (Première participation de Glaize au Salon en 1879.)
Les familles Cournet et Souzy dont les filles épouseront les fils Fouque, et les témoins Lorientais lors de ces mariages.
-
Paul Marin (1823-1898), le grand ami genevois de Fouque et... de Pradier, décidément omniprésent dans l'itinéraire de Fouque.
|
Comment Fouque a-t-il pu entrer dans ce réseau de relations?
Grâce à la protection initiale de Pierre Huard et des Grange-Réattu, et vraisemblablement, de notables arlésiens comme Bizalion ou Véran, et on peut imaginer un lien possible avec Canonge, Pradier et leurs relations toulonnaises et parisiennes.
Le passage dans la Marine à Toulon et à Marseille (ce qui reste à vérifier) pourrait expliquer le soutien du capitaine de vaisseau Béchameil.
Quant aux relations avec les familles que les Fouque retrouveront ensuite à Lorient, le Portrait de Mme Fouque de 1855 apporte peut-être un début de réponse. Le tableau est dédicacé: « donné à mon amie Elisa 1855 ». S’agirait-il de Mme Hortense Éliza Cournet-Gournez, la mère de Mathilde Cournet qui épousera Adrien Fouque en 1878? Les Fouque auraient donc été en relation intime avec les Cournet, dès les années '50. Mais à quelle occasion?
Enfin, M. Henry Fouque, arrière-arrière-petit-fils du peintre, affirme que son ancêtre allait régulièrement en vacances à Lorient avant même de s’y installer définitivement.
Reste aussi à expliquer ses relations avec le magistrat et député Hippolyte de Kermarec, dont la fille adoptive sera la marraine d’Hippolyte Fouque, et avec le jeune architecte Stéphen Gallot, relations bien antérieures à son installation à Lorient vers 1873 : quand Gallot expose au Salon de 1870, il se présente comme l’élève de Fouque.
* * *
Les catalogues des Salons, les Archives des Beaux-Arts, les
ventes publiques (Suisse, Suède, Hollande), les
réserves de musées ou les collections familiales ou
privées notamment les 30 uvres de
l'héritage Marin , ont permis de
répertorier une centaine de tableaux, à ce jour :
production privée ou publique parfois
renseignée (Archives Nationales) , entre 40 et 50
de ces toiles ont été localisées. Beaucoup de portraits, à
Arles: Musée Réattu et Museum Arlaten,
Saint-Trophime, couvent
, à Paris, à Genève, chez
les descendants...
« Jean-Marius Fouque [
] avait dans sa
jeunesse donné de grandes espérances », peut-on
lire dans l'Encyclopédie des Bouches-du-Rhône. Barré y
ajoute que Fouque « exposa fréquemment au Salon
des Champs-Elysées et dans diverses expositions de
Province. La délicatesse et le coloris furent les principaux
caractères de son remarquable talent. »
17
Parrocel précisait déjà que « Les débuts de Fouque
promettaient un grand artiste
Fouque est
aujourd'hui [dans les années soixante] compté
parmi les artistes de mérite et ses productions brillent par
la puissance et la richesse du coloris. » 18
L'Encyclopédie précise toutefois que:
« Fouque a peint énormément de portraits
commandés pour le ministère d'état, dont dix-huit
copies des portraits en pied de l'Empereur et de
l'Impératrice. Fouque a reçu la commande
d'une copie du tableau de Gérôme, copie que Napoléon
III veut offrir au roi de Siam et qui est aujourd'hui
exposée à Bangkok. Toutes ces copies sont parfois
médiocres; comment, d'ailleurs pourrait-il en être autrement?
Fouque se laissait aller à sa grande facilité; et on ne saurait
vraiment retenir comme uvre marquante de cet artiste,
que le portrait de Mme Grange, fille de Réattu. »
Point de vue que ne partagera pas Picasso lors de son
passage au musée Réattu en 1957! Mais à côté de tableaux
d'églises visiblement bâclés, on trouve aussi:
-
-
cette Immaculée Conception, uvre signée, personnelle, dont on regrette qu'elle soit si dégradée mais qui se laisse encore apprécier pour la fraîcheur et la subtile harmonie de ses couleurs dans une composition d'ensemble d'une heureuse plénitude;
-
ces beaux Portraits de Mme Fouque, de ses fils ou de ses amis Gallot et Pradier;
-
une copie très réussie de la Courtisane de Sigalon et un Sommeil d'Endymion, non signé, mais qui correspond certainement au tableau qu'il avait offert à sa ville natale; il aurait alors été peint dès 1847 et mériterait aussi une restauration.
|
Autant d'uvres, certes
académiques, mais qui supportent honorablement la
comparaison et qui permettent de comprendre
l'appréciation de Parrocel: « Parmi ses
émules il était le plus habile ».
On constate seulement que sa technique et son approche
de la peinture n’évoluent pas avec les années. Le jeune
Fouque manifestait déjà dans ses uvres de jeunesse,
autoportrait de 1845 ou tableaux de la donation Grange
comme le Portrait de M. Grange de 1843 (Musée
Réattu), le métier qu’on peut lui reconnaître dans ce portrait
de 1867:
J.-B. Fouque, portrait de Mme ???. Huile sur toile, signée et datée « Fouque 1867 ». H. 93 cm., L. 74 cm.. Coll. particulière.
|
Pas d'originalité marquée. La composition, conforme aux règles du portrait sous le Second Empire, confère à cette dame une indéniable présence. Le regard franc et soutenu, la position naturelle des mains presque animées, le buste droit mais sans raideur, la qualité de la parure et les reflets discrets du velours, un fond uni: tout concourt à imposer une sorte de gravité calme, sage et douce, dans une retenue à la fois paisible et interrogative.
Comment ne pas faire le rapprochement avec le Portrait de la Baronne d'Astier de la Vigerie de Thomas Couture (Senlis, Musée d'Art et d'Archéologie) et le commentaire récent de Didier Rykner dans la Tribune de l'art au sujet du portraitiste 19.
J.-B. Fouque, Mme ???, 1867.
Huile sur toile, H. 93 cm., L. 74 cm. Coll. particulière. |
|
Thomas Couture, Baronne d'Astier de la Vigerie, 184.. Huile sur toile. Senlis, Musée d'Art et d'Archéologie. |
« Sur un fond ocre, la baronne est assise, le corps de trois-quart et le visage de face, dans une robe noire. Seuls le col, l'extrémité des manches de sa chemise et le mouchoir blanc qu'elle tient sur ses genoux apportent un contraste avec la tonalité générale de l'œuvre. La mise en page est simple, sans affectation. » (Didier Rykner, La Tribune de l'Art)
Si Th. Couture « tenta dans certaines toiles tardives de se [...] rapprocher [des impressionnistes] par la touche et les coloris », J.-B. Fouque, lui, reste étranger aux révolutions picturales. Pourtant, selon la tradition familiale, il s’était porté acquéreur de toiles impressionnistes...
Le détail à gauche permet d'apprécier la
maîtrise de Fouque dans le travail sur les mains et le jeu
de lumière sur la dentelle, la peau et les bijoux. Le
parallélisme avec Couture est saisissant dans la composition
générale comme dans le détail 20.
Fouque était un bon faiseur qu'on peut classer parmi les « petits maîtres » du XIXe.
Remerciements
D'abord à M. Siler et à Mme Tuloup-Smith (Arles);
aux descendants de J.-B. Fouque, S. Gallot et James Pradier, en particulier à M. Henry Fouque et à Mme et M. Vautraversans ainsi qu'à Mmes Duflos et Pons;
à Mmes Delouche (Rennes) et Pascale Picard-Cajan (Musée Arlaten);
à MM. Bruyère (arch. de Lyon), Charron (musée Réattu d'Arles), Foucard (musée du Louvre), Fulpius (Genève), Lapaire (ancien conservateur du MAH de Genève), Lobstein (musée d'Orsay);
aux chercheurs et archivistes qui ont bien voulu répondre à des sollicitations répétées...
Crédits photographiques
Pour le Portrait de James Pradier (1790-1852) par J.-B.Fouque: © Musée d'Art et d'histore, Genève, n° inv. 1878-3, photo Bettina Jacot-Deschambes.
Notes
1
Étienne Parrocel, Annales de la peinture, Paris/Marseille, Ch. Albessard et Bérard, 1862. Ce fut sans doute à Toulon que Fouque entra dans la Marine. Cependant, les
Archives de la Marine de Toulon ne mentionnent pas son nom.
2
On ne trouve pas de traces du
passage de Fouque à l'école d'art d'Arles fondée par le peintre Réattu et que dirigeait Pierre Huard (1792-1846). Selon Parrocel, J.-B. Fouque avait suivi les cours de l'école d'hydrographe d'Arles (avant de partir pour Toulon?). Or le 25 septembre 1845 et depuis Paris, le jeune peintre écrit à Huard qu'il appelle son « cher professeur » (Fouque est donc bien installé dans la capitale à cette date).
3
Mme Grange est la fille du peintre Réattu. Le Musée Réattu d'Arles conserve dans ses réserves des portraits de Mme Grange en arlésienne -, de son père et de son mari, exécutés par Fouque
4
500 frs en 1845, Compte-rendu du Conseil Municipal du 21 octobre 1844. La lettre que Fouque adresse à son « cher professeur » Huard (voir note 2) indique que le jeune Jean-Baptiste est dans la capitale avant le 25 septembre 1845 et qu'il y rencontre Véran, membre d'une famille de notables arlésiens (un Véran s'intéresse à l'architecture, un lien avec les architectes Gallot et Martenot?)
5
Il serait entré le 7 octobre 1846 à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris selon le dictionnaire Bénézit. Mais on ne trouve aucune trace dans les archives de cette école.
6
Voir note 13.
7
A moins que les deux hommes ne se
soient déjà rencontrés dans le Midi, près de Toulon, dans
le quartier La Malgue où l'ami de la famille Flaubert
et de Pradier, le docteur Cloquet, possédait une propriété
voisine de la bastide du médecin aux hôpitaux de la Marine
de Toulon, Hubert Lauvergne, dont Pradier a exécuté le
buste en 1844 (voir la Correspondance de Pradier, t. III, p. 84-86 et p. 391-392).
8
Un portrait pouvait s'acheter
2000 frs en 1859, mais tout devait dépendre de la
côte du peintre, la clientèle bourgeoise ne retenait que
les peintres présents au Salon.
Un petit fonctionnaire parisien touchait, par an, 2000 frs
(moins les 100 frs pour sa retraite).
Certaines commandes officielles exécutées par J.-B.
Fouque lui ont rapporté jusqu'à 1500 frs (dont il
faudrait soustraire les frais de matériel?). Déjà en
1847, la copie du Portrait du Roi, d'après
Winterhalter, lui avait été payée 800 frs. En 1855, c'est plus de 6000 frs qu'il recevra de l'État.
Il faut se rappeler qu'avant d'être reconnus,
Corot ou Monet vendaient leurs tableaux entre 20 et 40 frs. Millet reçoit en 1860 1000 frs pour son Angélus.
Sur toutes ces questions on peut se reporter utilement à La vie quotidienne des artistes français au XIXe siècle de Jacques Lethève, Hachette, 1968.
9
Reproduction dans Arnaud de Vresse, Cham au Salon de 1870, Paris, 1870. Pour les commandes de l'administration, se reporter aux 57 fiches de la Base Arcade (ministère de la Culture). La copie du tableau de Gérôme n’y figure pas, c’était une commande du ministère des Affaires étrangères: « Je viens d’être chargé par le Ministère des Affaires Etrangères de la copie du tableau de M. Gérôme » (lettre de Fouque adresssée à « M. le Comte » [Nieuwerkerke] le 31 juillet 1865). Cette copie est conservée au Grand Palais de Bangkok.
10
Le couple Fouque-Leray a eu deux
fils : Émile, né en 1849, et Adrien, né en 1855.
Émile dont parle le journal de John Pradier (voir Annexe B), se lance, comme
le frère de S. Gallot, dans les affaires, se marie avec Amélie-Louise Souzy-Brère, fille d'un capitaine de vaisseau. Après la mort de sa
jeune épouse en 1881, on le retrouve ténor à l'opéra
d'Oran (source familiale), puis agent de la Compagnie du
canal de Suez (il décèdera à Ismaelia).
Adrien choisit la carrière militaire et épouse la fille
d'un officier de la Marine que Thiers met à la retraite
après 70, Mathilde Cournet (Portrait au Salon de 1877).
L'oncle de Mathilde, Frédéric Cournet, a participé à
la résistance au coup d'état de '51, comme le souligne
V. Hugo, dans Histoire d'un crime. Son fils, Frédéric Étienne (Lorient ou Paris 1839 - Paris 1885),
le « petit Frédéric » (tous les descendants connaissent ce nom) a été un membre actif
et respecté de la Commune. Sa tombe au Père Lachaise
est toujours fleurie. Parenté coupable qui expliquerait, au moins en partie, la vindicte du « petit » Versaillais contre l'oncle? Ces fortes personnalités issues de la branche maternelle ont laissé
dans la famille un souvenir au moins aussi vivant que celui
de l'ancêtre peintre.
D'autres descendants du couple Fouque-Cournet, Hippolyte Fouque et Jean Vautravers, hommes de caractère eux aussi, montreront un grand courage au combat et dans la Résistance pendant la guerre de '40.
11
Adresses parisiennes de Fouque :
-
-
1846: 11, rue de l'Arbre Sec (île de la Cité);
-
1848: 6, rue de Furstenberg et 10, rue de l'Abbaye;
-
1850: 26, rue Pigalle, dans la Nouvelle Athènes;
-
1872: 56, rue Blanche (simple boîte aux lettres ?).
|
A Lorient, il habitera (en 1873 ou avant?) au 29, rue de la
Comédie, avec, en '77, pour le Salon, une adresse
parisienne chez Carpentier (le marchand de matériel de
peinture?), 6, rue Halévy, et en '78, une autre adresse encore: « Chez Mme Dujardin, 38, rue de Boulogne ».
12
Cloquet est un des
chirurgiens personnels de l'Empereur qui le fera baron.
En '48, Fouque travaillait au portrait de la seconde épouse
du célèbre médecin.
13
Émile Fassin, Anthologie de l'idéale beauté des filles d'Arles, Arles. AMFP. Émile Fassin. Ms
243, II. f° 251, d'après E. Parrocel, L'Art dans
le Midi, note 21, p. 20-21. Extrait de l'article de
Pascale Picard-Cajan, « De la Vénus à l'Arlésienne: les
Athéniennes de la Provence », dans le catalogue de
l'exposition: Arlésienne: le mythe?. Museon
Arlaten, Arles, 1999-2000, p. 144. Émile Fassin (maire d'Arles de 1878 à 1880) tenait de Fouque
lui-même une part des informations qu'il a notées. Ses nombreux écrits sont une source « incontournable » d'informations sur sa ville (voir Annie Tuloup-Smith, Rues d'Arles, qui êtes-vous?, p. 123-124).
14
En 1848, toutes les uvres proposées au Salon sont admises d'où le nombre des pièces exposées : 4598 tableaux et dessins. Fouque y expose Phylax et Juniola, inspirée de Canonge, et quatre portraits:
-
-
Mme G...[Grange], d'Arles, musée Réattu, Arles (toile récemment restaurée pour l'exposition au musée Arlaten, « Arlésienne: le mythe ? » du 3/7/1999 au 30/1/2000).
-
M. C. P... (???)
-
Mme C... (???)
-
M. J. Pradier, statutaire.
|
15
L'architecte de la ville de
Lorient à partir de 1873 sera un autre grand ami de Fouque.
C'est lui qui a déclaré le décès de Fouque le 11
avril 1880. Cet ancien élève de Paccard à l'Ecole des
Beaux-Arts exposera trois fois au Salon et en 1910, il
fondera, avec son ami Gayet, la société des Beaux-Arts de
Lorient. (Sources : Mme Duflos, une descendante de S.
Gallot)
16
Toutes les informations sur les
personnes citées seraient les bienvenues
17
Les Bouches-du-Rhône.
Encyclopédie départementale, Archives départementales, Marseille, 1913-1914, t. VI, p. 448-449, et t. XI (biographies par H. Barré),
p. 551.
18
Étienne Parrocel, op. cit., p. 493.
19
Didier Rykner, Tribune de l'art, n° 20, mis en ligne le 26 oct. 2003. L'exposition « Thomas Couture (1815-1879). Portraits d'une époque » est ouverte jusqu'au 5 janvier 2004 au Musée de l'Hôtel de Vermondois à Senlis.
20
Interrogation: Au dos de la toile de Fouque apparaît un nom composé:
Le nom du commanditaire du tableau? S’agit-il du portrait de Mme R. Ratour(?) - Routerre ? Une méditerranéenne? De Marseille? On sait que Fouque a exposé dans cette ville. De plus le châssis, un n° 30, a été acheté chez Quentin de Marseille.
Annexe A
J.-B. Fouque dans la correspondance de Pradier, 1848-1852
(extraits communiqués par Douglas Siler)
-
Pradier à Jules Canonge Paris, mercredi matin [19 avril 1848]:
Mme Cloquet veut faire faire son portrait en petit comme le mien par Fouque.
-
Pradier à Jules Canonge [Paris,] Dimanche matin [4 juin 1848]:
M. James [sic] de Lyon est allé faire une visite à Fouque et lui a acheté différentes petites peintures.
-
Pradier à Jules Canonge [Paris, 4 août 1848]:
C'est moi qui ai donné le premier dîner un peu splendide à Paris [samedi 29 juillet 1848]. Il était composé ainsi: V. Hugo, Auber, Th. Gautier, Ingres, Zimmermann, Pradier, Du Camp, C. Blanc, Fouque et Marin (qui est à Genève à présent). [
] Si vous m'écrivez, adressez chez Marin votre lettre, à Genève, rue du Rhône. Nous partons 6: moi, Adeline,Thérèse, M. et Mme Pourrat, et Fouque, qui nous laissera à Lyon. Il ferait [mieux] de venir voir notre beau lac et nos belles montagnes. Il fait dans ce moment le portrait de Mme Cloquet.
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Pradier à Jules Canonge [Genève, fin juillet-début août 1849]:
Nous voilà arrivés depuis deux jours à Genève en bonne santé tous trois. [
] Venez donc, je vous en supplie, jouir des vues qu'on a ici [
] Marin m'engage bien à vous faire
savoir qu'il vous attend aussi. Dites-nous votre intention. Engagez Fouque de venir [
]. Faites mon affaire auprès du Maire d'Arles. Je pense que s'il le croit nécessaire, Fouque peut bien lui dire qu'il a vu le buste [de Lamartine] ébauché.
[Vers la même date Maxime Du Camp, souffrant d'une blessure reçue lors des combats de juin '48, informe Flaubert que Pradier et Fouque sont venus le voir avant de quitter la capitale ensemble.]
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Auber à Pradier [Paris, ] mardi 15 janvier [1850]:
Il faut que vous veniez. [
] Je vais écrire aussi à Fouque. Nous ferons une partie de loto le soir. Enfin, nous passerons une journée modèle.
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Pradier à Jules Canonge [Paris, peu après le 5 juin 1850]:
Mes amitiés sincères à M. Tur. [
] Je crois que nous serons quelques-uns à retourner à Nîmes. [
] Fouque, etc., etc. Mille choses à Bisaillou [Bizalion] et à Mme Grange ainsi qu'à Mlle sa compagne
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Pradier à Bizalion Paris, le 4 [décembre 1850]:
Nous avons l'espoir que vous viendrez passer un moment à Paris [
]. Canonge se porte bien. Nous mijotons un beau mariage à Fouque
Priez pour lui
Il a son tableau de Silène et les Bacchantes au Salon
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Pradier à Paul Marin [Paris, 2 janvier 1852] :
Ce bon Martinet et Fouque espèrent toujours vous aller voir et manger à la coquille un bon poulet, une friture de pommes de terre, etc., avec, bien entendu, bon appétit.
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Annexe B
J.-B. Fouque dans les « Cahiers des enfants » de John Pradier, 1872-1882
(extraits communiqués par Douglas Siler)
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7 mai 1877:
Visite de mon vieil ami Marius
Fouque, artiste peintre de genre et de portraits,
auteur du portrait de mon père
Il me fait
part du désir de notre ami commun Paul Marin
d'offrir en cadeau au Musée Rath (musée de la
Ville de Genève) une copie du susdit portait de mon
père fait par le susdit Fouque.
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8 mai 1877:
Mon ami Marius Fouque vient me voir. Fouque
emporte le portrait qu'il copiera dans sa chambre d'hôtel.
[
] Il m'a offert [
] de
m'envoyer le portrait de Thérèse qu'il a
fait jadis lorsqu'elle était enfant et qui se
trouve en ce moment chez lui à Lorient.
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19 mai 1877:
Au retour de mon bureau j'apprends que mon ami
Fouque a rapporté le portrait de mon père, ainsi
qu'un petit souvenir composé de 2 ovales peints. Fouque
avait une voiture, il allait faire des courses et repartait
le soir pour Lorient.
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4 décembre 1878:
Vers 2 heures visite inattendue de mon vieil ami Marius Fouque [
]. Il m'apprend le prochain
mariage de Paul Marin de Genève [
]. Fouque va
tâcher de voir M. Guillaume [ancien élève de Pradier,
devenu directeur du ministère des Beaux-Arts] pour obtenir
directement de lui une commande. Je lui donne le conseil
d'essayer de le voir de suite, plutôt que de procéder par
lettre. Il se peut que Fouque reste un peu dans nos
parages, ayant la commande probable
de copies à Versailles pour la princesse
Youssoupoff: le combat des trente et l'entrée
des croisés. Avec Fouque nous causons de
l'ancien et cher ami Auber le compositeur.
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5 mai 1880:
Vers 3h1/2 j'ai reçu la visite du jeune Émile
Fouque qui est venu m'apprendre la mort de son père,
décédé à Lorient il y a une quinzaine de jours. M. Émile était
marié et habitait lui-même Lorient. Son père est mort d'une
rupture d'anévrisme, il avait 60 ans. C'est lui qui avait
fait le joli portrait en pied que nous avons de mon père.
C'était aussi un grand ami de la famille Marin de Genève.
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