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Mayte García-Julliard (assistante-conservatrice, MAH, Genève, 10/6/2014)
Dans le cadre des Entretiens du mercredi au Musée d'art et d'histoire de Genève, je ferai une petite présentation du Cabinet 423 où sont disposées depuis septembre 2013 différentes pièces James Pradier (dont Léda et le cygne, dite Léda des artistes) ainsi que son portrait par Fouque. C'est aussi l'occasion de revenir sur la renommée de l'artiste, son parcours et sur les milieux qu'il aura fréquentés. Je souhaite aussi aborder brièvement la Léda à travers trois dessins préparatoires conservés au Cabinet d'arts graphiques. Ces entretiens ne dépassent jamais les 30 à 35 minutes: ils sont brefs et ont une vocation didactique plus que scientifique.
Infos pratiques: « James Pradier: l'homme qui aimait les femmes », 18 juin 2014 à 12h30, entrée gratuite, sans réservation, dans la limite des places disponibles. Musée d’art et d’histoire, rue Charles-Galland 2, 1206 Genève.
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Douglas Siler (10/6/2014)
J'ai bien pris note de votre présentation et l'annoncerai volontiers sur ce site. Je n’étais pas au courant du réaccrochage du cabinet 423. S’agit-il du cabinet à côté de l’escalier d’honneur? Sinon, est-ce que la Léda et les autres œuvres de Pradier qui s'y trouvaient ont été déménagées?
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Mayte García-Julliard (11/6/2014)
Le Cabinet 423 n'est pas celui qui se trouve près de l'escalier. Il s'agit de l'un des quatre cabinets d'angle de l'étage Beaux-Arts. C'est le seul décoré de boiseries et d'un grand miroir au-dessus d'une fausse cheminée (ce qui a rendu l'accrochage particulièrement compliqué). En voici une vue partielle.
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Outre la Léda chryséléphantine, sept autres statuettes du sculpteur y sont présentées: une épreuve argentée et dorée de Sapho debout, une fonte Susse de Sapho assise, Phryné, Aspasie (Phryné remettant ses voiles), La Pêche, Danseuse africaine au tambourin et La Poésie légère.
Voici en format pdf la liste et des images de ces œuvres: MAH_Pradier_cabinet_423.pdf.
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Douglas Siler (13/6/2014)
Merci bien pour cette photo du cabinet 423 et pour la liste des œuvres exposées. Je découvre en même temps la notice que vous avez consacrée à la Léda sur le blog du MAH, que je ne connaissais pas, ainsi que, également sur ce blog, l'article rédigé par Isabelle Burkhalter qui évoque l'acquisition de l'œuvre en 1986.
J’ai un doute concernant le nombre de statuettes exposées. Y en a-t-il bien huit? Sur la photo La Poésie Légère n’est pas visible. On n'y voit pas non plus le portrait par Fouque. Enfin, le numéro du cabinet est-il bien 423 ou simplement 23?
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Mayte García-Julliard (17/6/2014)
La Poésie légère et le portrait se trouvent réunis sur la droite du cabinet et donc hors champ. Cabinet 423 ou 23, c'est la même chose... C'est juste une question de « points de vue » et de niveaux. Mais à l'étage Beaux-Arts, c'est bien 23 que l'on lit sur les embrasures des portes.
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Douglas Siler (17/6/2014)
Je suis d’autant plus heureux de savoir que La Poésie légère se trouve réunie avec le portrait de Pradier qu’elle est représentée sur cette toile en arrière-plan. On y voit également la Nyssia ainsi que, entre les colonnes du temple, la Phryné. A propos de ce portrait, vous savez sans doute qu’il s’agit d’une copie réalisée par Fouque de son tableau original de 1848, copie commandée en 1877 par le genevois Paul Marin, grand ami du sculpteur et de son fils John. Curieusement, La Poésie légère ne figure pas sur le tableau de 1848, lequel appartient toujours aux descendants du sculpteur.
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Mayte García-Julliard (18/6/2014)
Merci de ces précisions au sujet du tableau, car notre entrée d'inventaire n'était pas claire sur ce point. Et, oui, en effet, nous avons accroché La Poésie légère juste à côté du tableau, sur un socle séparé, pour que le visiteur puisse apprécier les deux figures. Nous ne conservons hélas aucun modèle en bronze de Nyssia en revanche. En ce qui concerne Phryné, j'ai de la peine à distinguer sa silhouette, mais il est vrai qu'il y a une peut-être même deux figures entre les colonnes.
Je profite de ce message pour vous transmettre la référence bibliographique suivante, sans doute la connaissez-vous déjà, mais au cas où... David A. Hayes and Marian Kamlish, The King's Cross Fraudster Leopold Redpath, his life & times, Camden History Society, 2013. Il y est fait allusion à la Léda des artistes, achetée en 1856 par Leopold Redpath, personnage à la fois intrigant et attachant, quoi qu'il en soit, arnaqueur de haut vol (voir les pp. 66-70)
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Douglas Siler (18/6/2014)
Merci de m’avoir signalé le livre sur Redpath, je ne le connaissais pas. A toutes fins utiles, voici à son sujet un article paru dans Le Monde illustré du 4 juillet 1857 (« Courrier de Paris » signé ANDRÉ):
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Vous vous rappelez cette délicieuse statue de Pradier, en ivoire, avec des draperies de bronze florentin, un collier doré, des bracelets en turquoises, un cygne en argent oxydé et une plinthe en vert antique, qui fut exposée sous le nom de Léda au grand concours de 1855? Ce fut une des choses admirées des connaisseurs, et le bruit courut, bruit très vraisemblable, que l'acquéreur du bijou était M. le duc de Luynes, dont le château de Dampierre est un admirable musée, où trône la fameuse Minerve de Phidias, refaite par M. Simart, dans le même goût toreutique que la Léda de Pradier.
Eh bien, ce n'était point cet amateur célèbre, grand nom, grande opulence, grande intelligence, qui avait cette Léda. Le cygne avait emporté la fille de Thestius par delà nos côtes, et l'ivoirine beauté était allée échouer en Angleterre; et l'on peut bien dire échouer, car au lieu du duc de Luynes, son possesseur, ce rival moderne du Jupiter antique était... ce voleur dont ont tant parlé les journaux insulaires, il y a quelques mois, Léopold Redpah [sic], un monsieur dont l'aventure éclata dans le même temps que les surprenantes histoires des actions du chemin de fer du Nord. Redpah, on l'a dit, avait des goûts d'art, et il avait fait cette Léda captive après l'Exposition. Elle vient d'être livrée aux enchères, pour compte des victimes de Redpah, pour la somme de 380 livres ou 5,700 francs. Ces centaines constituent la plus-value acquise par l'objet.
La collection entière de Redpah a été vendue 206.000 francs. M. de Rothchild eut bien désiré que Carpentier, Grellet, Parrod et compagnie fussent amateur de beaux-arts!
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Comme le précise Claude Lapaire dans son catalogue raisonné de Pradier, p. 388, la vente de la collection Redpath eut lieu à Londres le 31 mars 1857. La Léda passa ensuite par différents propriétaires avant d'être acquise en 1987 par le MAH, avec l'aide des Amis du Musée, à la Galerie Günther, Francfort-sur-le-Main.
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