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Marc Ruyssen (Dunkerque, 23/9/2015)
En visitant votre site, je me suis aperçu qu'il y avait
des experts, des amateurs et des passionnés et je me suis dit, peut-être vais-je trouver quelqu'un qui pourra me donner des renseignements sur le sculpteur Claude Bouvet, né à Paris en 1755, élève de Boizot, auteur d'un bas-relief représentant Napoléon Bonaparte premier consul présentant la médaille de la Légion d'honneur. J'ai chez moi un grand exemplaire en bronze doré de ce bas-relief. Les photos ci-dessous le montrent, à gauche, dans son état primitif et, à droite, dans son état actuel, après démontage et nettoyage:
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La photo de gauche ci-après montre le revers du bas-relief tel qu'il se présente lorsqu'on démonte le support en bois, visible à droite:
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On trouve quelques autres œuvres de ce sculpteur dans les livrets des Salons numérisés sur Gallica:
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Au Salon de 1800, « BOUVET (Claude), né à Paris, âgé de 45 ans, faubourg Martin n° 199 », expose sous le n° 403 un bas-relief « appartenant à l'auteur » intitulé Le général consul Bonaparte, conduisant un char avec la rapidité d'un héros qui sait vaincre tous les obstacles. La victoire le couronne. Sous le même numéro figurait Un petit bas-relief représentant le premier consul.
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Au Salon de 1806, « élève de M. Boizot » et habitant « marché-Ste-Catherine, n. 4 », il expose sous le n° 569 Une naïade pour l'embellissement d'une fontaine, terre cuite.
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Au Salon de 1810, habitant « rue Saint Sébastien, n. 26, », il présente sous le n° 918 un Portrait de feu Boizot, sculpteur.
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Au Salon de 1812, installé à la même adresse qu'en 1810, il expose sous le n° 1017 L'Hymen présentant le joug du mariage et, sous le n° 1018, Alexandre le Grand (« L'instant présenté est celui où Alexandre rend à Porus, roi des Indes, son épée, sa couronne et un royaume plus grand que celui qu'il avait perdu »).
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Les deux œuvres exposées au Salon de 1812 réapparaissent au Salon de 1814, n° 1014 et n° 1015 du livret, mais sous le nom « BOUVET (feu) » et avec la mention: « Ces figures appartienent à sa veuve, demeurant marché Ste-Catherine, n. 8 ». Bouvet est donc mort après le Salon de 1812 et avant celui de 1814 (ouvert le 1er novembre).
Je n'ai encore trouvé trace d'aucune de ces œuvres sur photos.
Revenons maintenant au bas-relief que je possède. Signé Bouvet, ses dimensions sont les suivantes: 84,5 cm de haut, 52,2 cm de large en partie haute, 53,5 cm de large en partie basse et 9 cm d'épaisseur max. sur le relief, pour un poids de 24 kgs. Provenance: succession du Roi Léopold II de Belgique de sa villa « Les Cèdres » sur le cap Ferrat.
J'ai réussi à joindre Madame Anne de Chefdebien, conservatrice au Musée de la Légion d'honneur, pour lui présenter par photos jointes mon exemplaire. Elle m'a répondu que le musée détenait un tirage en plâtre de celui-ci et que sa provenance était probablement liée à la collection du Prince Victor Napoléon qui avait épousé la fille du Roi Léopold II, la princesse Clémentine. Son régisseur m'a envoyé ces photos:
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Légué au musée en 1921 par Monsieur Maurice Bucquet (n° d'inventaire 121 B), il mesure 87,5 cm
de haut sur 52.7 cm de large et se trouve dans des réserves malheureusement pas ouvertes au public.
A la vue de ces photos, j'ai observé que la date de 1814 accompagnait la signature de Bouvet et, autre
détail qui ne figure pas sur mon exemplaire en bronze, un « N » sur le revers du col du 1er consul.
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Douglas Siler (29/9/2015)
Le sujet est un peu hors champ pour ce forum, n’ayant pas un rapport direct avec James Pradier. Mais de l’autre côté Pradier était bien officier de la Légion d’honneur et se glorifiait d’avoir reçu, dans sa jeunesse, une bourse d’études sur la « cassette personnelle » de Napoléon. Par ailleurs, outre les douze Victoires entourant le sarcophage de l'empereur aux Invalides, il a laissé une petite statuette de lui. Une autre, due vraisemblablement à Boizot, le maitre de votre Bouvet, lui est souvent attribuée par erreur. Vous trouverez plusieurs exemplaires de l'une et de l'autre dans la rubrique « Ventes » de ce site (cf. la vente Drôme Enchères du 15 oct. 2015 et la vente Drouot-Richelieu du 24 juin 2015).
Le plâtre conservé au Musée de la Légion d’honneur a peut-être servi pour la fabrication de votre bronze dont les dimensions sont à peu près les mêmes. Comme la majorité des sculpteurs à l'époque, Bouvet aurait commencé par faire un premier modèle de son œuvre en terre glaise ou en cire. Il aurait ensuite fait mouler ce modèle par un mouleur et fait fondre l’œuvre en bronze d'après le modèle en plâtre issu du moule, soit en un seul exemplaire le vôtre soit en plusieurs. Mais à cet égard l'absence sur votre bronze du « N » et de la date pose problème.
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Marc Ruyssen (1/10/2015)
Je vous suis très reconnaissant d'avoir porté votre attention à mon égard et d'avoir ouvert ce forum au sculpteur Bouvet. Entre-temps je me suis rendu à la bibliothèque de ma ville où j'ai trouvé ceci dans le Bénézit, vol. 2, p. 691: « BOUVET Claude, né vers 1755 [et pas né en 1755 comme j'ai lu jusque maintenant] à Paris, mort début 1814 à Paris, sculpteur français, élève de Boizot. Il travailla à la Manufacture de Sèvres entre 1784 et 1792 et n'exposa au Salon pour la première fois qu'en 1800
(Le Général consul Bonaparte conduisant un char ... La victoire le couronne, bas-relief, et Le Premier consul, petit relief. »
Les informations de ses activités à la Manufacture de Sèvres m'apportent maintenant une autre piste à explorer. J'ai envoyé un courriel à la Manufacture pour savoir si Bouvet figure bien dans leurs archives mais ils ne me répondent pas.
J'essaie également de trouver sa généalogie (actes de naissance, mariage, décès) mais sans résultat.
En tapant « Bouvet Claude » dans le moteur de recherche du site Gallica, je suis arrivé sur l'ouvrage numérisé Inventaire des richesses d'art de la France ... Paris. En parcourant les 458 pages de cet ouvrage, c'est sur la page 332 que j'ai lu ma faible trouvaille, sans beaucoup d'intérêt. Par contre j'y ai trouvé des œuvres répertoriées de Pradier et je les ai notées pour vous, si toutefois vous ne les connaissez pas. [...]
Votre commentaire sur la réalisation de mon bas-relief a retenu mon attention car je ne connaissais pas le mode de fabrication des bronzes
à partir de modèles en terre ou en cire.
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Douglas Siler (25/10/2015)
Je connais depuis longtemps les indications sur Pradier dans l'Inventaire des richesses d'art de la France, très anciennes et très incomplètes. Merci tout de même de les avoir relevées.
La piste de la Manufacutre de Sèvres que vous avez trouvée dans le Bénézit est, certes, très importante pour vos recherches. Si Bouvet y a travaillé 8 ans, il a dû y laisser des traces. Le site Sèvres, cité de la céramique contient beaucoup d'informations utiles sur la Manufacture, dont un inventaire PDF de ses archives (pour le télécharger, sélectionnez « Resources bibliographiques » au bas de la page d'accueil puis, à la fin de la bibliographie, cliquez sur « Inventaire des collections documentaires de la Cité »). Comme vous le verrez, ces archives sont très importantes. Le mieux serait de les consulter sur place. Mais vous devriez recevoir au moins une réponse sommaire à votre courriel. Sinon vous pourriez essayer d'écrire de nouveau en utilisant l'adresse e-mail indiquée sur le site:
ressources.documentaires@sevresciteceramique.fr.
Bouvet a pu travailler à la Manufacture de Sèvres pour son maître Louis-Simon Boizot (1743-1809), qui y dirigea à partir de 1773 ou 1774 les ateliers de sculpture. Ce serait une autre piste à explorer. Il faudrait consulter non seulement les archives qui le concernent mais aussi les sources imprimées où vous trouverez peut-être des informations sur son atelier et sur ses élèves.
Pour Bouvet, comme pour Boizot, le Bénézit peut être utile mais on trouve plus de détails dans le Dictionnaire des sculpteurs de l'École française au dix-huitième siècle de Stanislas Lami, numérisé dans Gallica. Pour la notice sur Bouvet, cliquez ici. Pour Boizot, ici. Chacune est complétée par une liste des sources manuscrites (Archives nationales) et imprimées. La notice sur Bouvet ne fait que répéter les titres donnés dans les livrets du Salon à partir de 1800, en précisant ceci: « On ignore quelles sont les œuvres qu'il a pu exécuter auparavant ». La liste des œuvres de Boizot dont quelques biscuits exécutés à la Manufacture de Sèvres est beaucoup plus longue (7 pages). Curieusement, je n'y trouve pas la statuette de Napoléon que j'ai mentionnée plus haut: rien qu'un médaillon en plâtre (Salon de 1798), un autre en marbre et un buste (Salon de 1800).
Pour les actes de naissance, mariage et décès de Bouvet, je crains qu'ils ne soient très difficiles à dénicher. Lami, qui donne toujours des dates de naissance et de décès précises quand il les trouve aux archives ou ailleurs (cf. sa notice sur Boizot), indique seulement que Bouvet est « né à Paris vers 1755 » et qu'il « mourut à Paris en 1813 ou au commencement de 1814 ». Il se base donc sur le livret du Salon de 1800 qui indique que Bouvet, né à Paris, avait alors 45 ans, et sur le fait que les œuvres qu'il a envoyées au Salon de 1812 ont été réexposées au prochain Salon en 1814 par sa veuve.
Mais j'ai gardé le meilleur pour la fin. Car si vous allez sur le site de L'Agence photo de la Réunion des Musées nationaux et que vous tapez « Bouvet (19e siècle) » dans la case de recherche, vous découvrirez non seulement une photo du bas-relief exposé par Bouvet au Salon de 1800 (Le général consul Bonaparte, conduisant un char, etc.) mais aussi deux photos d'un autre exemplaire de votre relief de Napoléon présentant la Légion d'honneur!
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Pour lire les notices détaillées, cliquez sur chaque image présentée sur le site et puis sur « Voir notice ». Elles donnent entre autres informations les dimensions des deux reliefs et leur localisation. En fait, tous deux appartiennent aux collections des châteaux de Malmaison et Bois-Préau à Rueil-Malmaison (ce qui est intéressant à l'égard de Pradier, mort justement pendant une excursion à Rueil...). Les mêmes photos sont reproduites sur le site de Malmaison, ici. Les notices sur les deux sites précisent que le relief de Napoléon conduisant son char est en terre cuite, sans préciser la matière de l'autre. Est-ce du bronze ou du plâtre? Difficile à dire sur les photos. Mais ses dimensions (82 x 53 cm) sont essentiellement identiques à celles de votre bronze (82,5 x 52 cm) et très proches de celles du plâtre du Musée de la Légion d'honneur (87,5 x 52.7 cm). Comme le plâtre, du reste, il est signé et daté en bas à gauche « Bouvet 1814 ». A remarquer aussi que selon la notice c'est une « Donation Osiris, 1912 ». Et comme on l'apprend sur le site de Malmaison, sous « Informations pratiques », le château a été acquis en 1896 par le mécène et philanthrope Daniel Iffla dit Osiris, qui l'a restauré et en a fait don à l'État.
Une dernière chose aujourd'hui. Mon ami Jacques de Caso, spécialiste de la sculpture du 19e siècle, à qui j'ai signalé nos échanges, m'a écrit ceci: « Je n'ai rien a ajouter au sujet de l'œuvre de Bouvet si ce n'est qu'il doit y avoir derrière ce relief un projet, semble-t-il, monumental et non realisé dont il ne pourrait être qu'un fragment. Je note le contrapposto mal assuré que l'artiste a mal realisé entre la vue de face et la vue de profil de la figure. »
L'idée que le relief a pu faire partie d'un monument plus important, réalisé ou non en collaboration avec Boizot, peut-être? , ouvre encore une piste qu'il serait intéressant d'explorer. Il faudrait poser la question aux conservateurs du château de Malmaison qui pourront peut-être vous apporter d'autres informations sur son histoire ou tout au moins vous dire si leur exemplaire est en bronze ou en plâtre.
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Douglas Siler (27/10/2015)
Au cas où vous n’êtes pas au courant, je viens d’apprendre qu’une exposition sur « La sculpture à Sèvres de Louis XV à la Révolution » a lieu à la Manufacture de Sèvres (Musée national de la Céramique) du 16 sept. 2015 au 18 janv. 2016. Le site La Tribune de l’art y consacre un long article enthousiaste où l’on apprend que Louis-Simon Boizot, le maître de Bouvet, y occupe une place importante.
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Marc Ruyssen (29/10/2015)
Concernant l'exposition à la Manufacture de Sèvres, j'avais cette information. J'essaierai de m'y rendre prochainement.
Pour rester sur cette Manufacture, j'avais trouvé de moi-même l'inventaire de leur fonds d'archives de 1741 à 1905 avec les cotes des divers documents ainsi que les collections documentaires pour préparer la cible d'éventuelles recherches sur place.
Au début du mois j'avais contacté par courriel le service des ressources documentaires pour me faire confirmer que le sculpteur Bouvet faisait bien
partie de leur personnel de 1783 à 1792, et ce, pour éviter de me déplacer pour rien, au cas où l'information relevée dans le Bénézit était inexacte. Voici les éléments qui m'ont été communiqués:
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Claude Bouvet a travaillé à la Manufacture de 1783 à 1792, comme apprenti en 1783 (âgé de 28 ans) puis comme employé.
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Dans une lettre H3, lettre du 6 avril 1783, il est écrit qu'il a été engagé comme répareur pour les figures des Grands Hommes.
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Il y a également quelques mentions sur son état civil et celui de ses descendants; ainsi il épouse le 15 décembre 1785, Madeleine Philippine, fille du
Chef d'atelier des répareurs.
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Dans le dossier de son épouse en Ob2, il est mentionné qu'il quitte la Manufacture en 1790 pour aller travailler à Paris.
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Sans avoir consulté sur place ce fonds d'archives, je suis déjà ravi d'avoir obtenu ces informations par courriel.
Le 1er octobre j'ai relancé la conservatrice du Musée de la Légion d'honneur, Mme Anne de Chefdebien, car elle m'avait indiqué dans son message du 1er septembre que mon bas-relief avait été assez largement diffusé et que son musée en conservait un tirage en plâtre.
Son extrait de phrase, que mon bas-releif avait été « assez largement diffusé », me laissait perplexe car on croit toujours avoir un exemplaire unique chez soi. Aussi, j'ai donc insisté pour qu'elle m'indique les différentes diffusions du bas-relief, en plus du plâtre quasiment identique, à deux détails près, conservé dans les réserves du musée, donc non exposé au public. Elle a transmis ma demande au conservateur du château de Malmaison, M. Alain Pougetoux, qui
m'a communiqué les informations intéressantes et précieuses que voici:
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Le musée possède deux exemplaires de cet étrange (selon son terme) bas-relief:
- l'un en fonte de fer (celui que vous avez posté ci-dessus en photo) provenant de la collection Osiris, inv. MDO 222, anciennement inventorié
par erreur sous le M.M.40.47.4834 H. 82 x L. 53 cm;
- l'autre en plâtre patiné en brun au Musée napoléonien de l'île d'Aix, inv. MGA 38 H. 90 x L. 55 cm. Il semble être passé en vente à l'hôtel Drouot le 14 avril 1924.
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L'artiste envoya au Salon de 1810 un bas-relief, portrait en pied de l'Empereur (probablement, pensais-je, l'exemplaire de l'île d'Aix qui n'est pas
daté « le vôtre est signé mais pas daté? Notre exemplaire de Malmaison porte la date de 1814 »). L'œuvre ne fut pas acceptée et donc pas exposée.
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Par ailleurs, il indique que dans ses dossiers il trouve la mention de deux autres exemplaires:
- l'un au Musée Bertrand de Châteauroux;
- l'autre au Musée du château de Blois, dans la collection Petit, en cours d'inventaire actuellement (« celui-ci est très curieux puisque la figure est comme découpée il n'y a pas de fond comme les nôtres et sur le vôtre »).
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Il m'informe également qu'il a deux autres œuvres de Bouvet, deux bas-reliefs de terre cuite:
- l'un représentant le Général Bonaparte chargeant (inv. M.M.40.47.4700);
- l'autre, de belle taille (exposée au Salon de 1800), le Général Bonaparte conduisant un char, couronné par la victoire. Il m'envoie un lien sur photo mn (que je n'arrive pas à ouvrir) pour visualiser cette œuvre (photo que vous avez postée ci-dessus).
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Concernant les deux photos de l'exemplaire conservé à Malmaison que vous avez titré Napoléon 1er présentant la Légion d'honneur, je m'interroge de nouveau. Je m'explique. Sur la notice détaillée de la Réunion des Musées nationaux Grand Palais, il est indiqué:
Napoléon 1er distribuant (et non plus « présentant » comme le vendeur de mon exemplaire l'avait titré dans son annonce) la Légion d'honneur. Donc, changement de verbe. Pourquoi la RMN le qualifie-t-il sur cette notice « Napoléon 1er » alors qu'il est représenté en uniforme et pas en habit de 1er Consul? Quand il est « Napoléon 1er », il n'est plus représenté dans cet uniforme. Je commence à comprendre l'expression « bas-relief étrange » selon le propos du conservateur du château de Malmaison.
Sur les photos de Malmaison je ne distingue pas s'il y a un « N » sur le revers du col de son uniforme (détail important). Je rappelle qu'il n'y a pas de « N » sur mon exemplaire.
La photo cote cliché 99-003656 n'est pas identique à la seconde photo cote cliché 94-062060. S'agit-il du même bas-relief alors que les deux photos ont le même numéro d'inventaire MDO 222?
J'attends des photos de l'exemplaire du Musée napoléonien de l'île d'Aix quand le conservateur M. Christophe Pincemaille s'y rendra dans quelques mois, m'a t-il informé récemment par courriel.
Prochainement j'essaierai d'entrer en contact avec les musées de Blois et de Châteauroux pour obtenir aussi des photos de leur exemplaire.
Je voudrais maintenant, revenir sur mon intervention du 23/9 ci-dessus dans lequel je vous faisais part d'intrigue entre mon bas-relief et l'exemplaire en plâtre conservé au Musée de la Légion d'honneur. Je vous indiquais que mon bas-relief n'était pas daté de 1814 mais seulement signé (Bouvet) et qu'il n'y avait pas de « N » sur le revers du col du 1er Consul. J'en conclu, sauf si je m'égare, que le plâtre conservé au Musée de la Légion d'honneur n'est pas le plâtre qui a été utilisé pour mouler mon bas-relief en bronze doré car comment serait-il possible, avec un plâtre daté de 1814 (1814 creusé dedans) et pourvu d'un « N » (creusé aussi dedans ) sur le revers du col, de faire fondre mon bronze sans la date et sans le « N » ?
Pourquoi mon exemplaire n'est-il pas daté et que Bouvet a daté les autres avant de mourir en 1814? Sans doute pour laisser une trace datée de sa dernière œuvre? Dans ce cas, le plâtre qui a servi à mouler mon bronze n'est pas recensé parmi les œuvres de Bouvet entre les Salons de 1800 jusqu'en 1814... Où donc est-t-il ? C'est une énigme pour moi ou alors je suis « à côté de la plaque » comme on le dit. Je reviendrai un peu plus tard sur l'histoire de mon bas-relief qui n'a pas été exposé qui me cause encore bien des interrogations.
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Douglas Siler (5/11/2015)
Voilà plusieurs nouvelles pistes qui s'ouvrent, tant pour l'histoire de votre bas-relief que pour la biographie de Bouvet. On a donc affaire maintenant à six exemplaires de ce relief en au moins trois matières différentes un en bronze doré (le vôtre), deux en plâtre (Musée de la Légion d'honneur et Musée napoléonien de l'île d'Aix), un en fonte de fer (Malmaison) et deux en ??? (Musée Bertrand de Châteauroux et Musée du château de Blois). Afin de mieux les comparer, il faudrait les mettre dans un tableau en y indiquant pour chacun sa localisation et ses caractérisques: matière, dimensions, inscriptions, provenance, etc.
Parmi d'autres détails il faudrait surtout comparer les signatures de Bouvet sur les différents exemplaires. Qu'elles soient suivies d'une date ou non, sont-elles toujours inscrites exactement au même endroit et sous la même forme? Est-ce certain, du reste, que la date 1814 soit bien lisible? Dans l'affirmative, et à supposer que ce soit Bouvet lui-même (décédé entre le Salon de 1812 et le Salon de 1814) qui l'a inscrite, ce serait une des dernières, sinon LA dernière, de ses œuvres. Mais si elle a été inscrite posthumement par sa veuve ou par quelqu'un d'autre, l'œuvre a pu être exécutée plus tôt. En fait, comment le conservateur de Malmaison sait-il qu'un portrait en pied de l'Empereur par Bouvet n'a pas été accepté au Salon de 1810 et qu'il s'agissait du même portrait? Pourquoi, d'autre part, pensez-vous que c'était « probablement l'exemplaire de l'île d'Aix »?
Je ne comprends pas trop bien comment l'exemplaire du Musée du château de Blois peut être « comme découpée » et sans fond. Mais il faut voir une photo pour en savoir plus. Il ne semble pas être inventorié sur le site des Musées de la Région Centre. J'y trouve par contre un buste en pierre de Napoléon III daté de 1853 et signé « Bouvet F. ». Un descendant? Pour plus d'informations sur les collections de ce musée vous pouvez écrire de ma part à Mme Morgane Lecareux, régisseuse des œuvres, avec qui j'ai eu un échange il y a deux ans au sujet d'œuvres de Pradier retrouvées dans les réserves du musée (Forum: Surprenantes trouvailles au château de Blois) .
Pour répondre à vos interrogations au sujet des deux clichés diffusés sur les sites de la RMN et de Malmaison, ces clichés montrent bien un seul et même exemplaire car sur chacun on distingue les mêmes trous ronds percés dans les quatre coins du relief. Le conservateur de Malmaison pourra vous dire sans doute s'ils ont été pris, l'un avant, l'autre après un nettoyage de l'œuvre.
J'ai été surpris d'apprendre que cet exemplaire est en fonte de fer. Aurait-t-il fait partie d'une édition destinée aux collectionneurs moins fortunés dont la bourse ne leur permettait pas de s'offrir un bronze? C'est possible. Voici quelques années j'ai découvert un exemplaire en fonte de la statuette-portrait de Louis-Philippe par Pradier, habituellement éditée en bronze, que son dernier propriétaire un vieux monsieur habitant au fin fond du Berry me disait avoir trouvé enterré dans la grange de son grand-père! Sans doute l'avait-on jetée là comme un objet sans valeur, après la chute de la Monarchie de Juillet...
A ce propos, est-ce bien certain que votre exemplaire soit en bronze doré? Sur la photo prise avant sa restauration il a l'air gris ou brun, comme s'il avait été patiné. Si ce n'est pas la patine qui a disparu, qu'est-ce qui recouvrait sa surface et par quel procédé l'avez-vous nettoyé? Ma crainte c'est que ce soit maintenant le bronze cru qui est apparent. Car d'après mon expérience (limitée) il est difficile de nettoyer un bronze doré sans enlever une partie de la dorure. Mais si, effectivement, il est doré, une autre question se pose, à savoir, est-ce une dorure d'origine ou une dorure plus récente?
En ce qui concerne le « N » et la date qui figurent en creux sur l'exemplaire en plâtre du Musée de la Légion d'honneur, le fait qu'ils manquent sur votre bronze semble indiquer effectivement que le moule qui a servi pour sa fonte provient d'un autre plâtre. Quant aux différents intitulés utilisés par les vendeurs et par les musées, il ne faut pas y attacher trop d'importance, tant qu'on n'a pas trouvé de documents anciens qui donnent son titre original. Il est vrai cependant que si, comme l'a suggéré Jacques de Caso, il a été conçu dans le cadre d'un projet de monument plus important, celui-ci serait sensiblement différent selon qu'il devait montrer Napoléon en train de présenter la médaille ou en train de la distribuer. Il convient d'ailleurs, à ce propos, de tenir compte du petit rebord sur lequel Napoléon a l'air de prendre pied. Ce rebord est typique de bas-reliefs historiés composés de plusieurs figures alignées. On le rencontre en particulier sur les bas-reliefs exécutés par les étudiants de l'École des beaux-arts pour le concours du Prix de Rome, tel celui qui a valu à Pradier son prix en 1813. Je me suis demandé, d'ailleurs, si le relief de Bouvet pouvait avoir été destiné à la colonne Vendôme dont les figures certaines dues à Boizot défilent sur un rebord du même genre. Je ne l'ai pas trouvé sur les images de la colonne diffusées sur internet mais cela vaudrait peut-être la peine de pousser la recherche plus loin dans ce sens.
Les éléments d'archives qui vous ont été communiqués par la Manufacture de Sèvres jettent un nouvel éclairage sur la carrière de Bouvet. Vous aurez remarqué comme moi une petite contradiction dans les dates car on se demande comment il a pu travailler à la Manufacture de 1783 à 1792 s'il l'a quittée en 1790 « pour aller travailler à Paris ». A moins qu'il n'eût obtenu un contrat qui lui permettait d'y retourner de temps en temps durant les deux ans qui ont suivi son départ. Les livrets du Salon nous apprennent en tout cas qu'il était domicilié à Paris lors de sa première participation au Salon en 1800 et jusqu'à la dernière en 1812.
Vous mentionnez que d'après ces éléments Bouvet a été engagé comme répareur pour les figures des Grands Hommes. Cette série de sculptures de grande taille, bien connue des historiens de l'art, avait été commandée entre 1776 et 1787 par le comte d’Angiviller (1730-1809), directeur général des Bâtiments, Arts, Jardins et Manufactures de France sous Louis XVI. La statue de Racine dans cet ensemble aurait été commandée en 1783 à Boizot. Ce n'est donc peut-être pas par hasard que l'engagement de Bouvet à la Manufacture date de la même année. Il faudrait voir si des réductions en porcelaine de cette statue ou des autres y sont conservées.
Ceci m'amène à une petite découverte que j'ai faite dans un ouvrage en anglais intitulé Sèvres Porcelain: Makers and Marks of the Eighteenth Century, par Carl Christian Dauterman (Metropolitain Museum of Art, New York, 1986). Vous pouvez le télécharger sur le site du Met, ici. Il y a probablement quantité d'autres ouvrages sur le même sujet mais celui-là contient notamment une liste chronologique du personnel de la Manufacture au 18e siècle (quelque 1.300 noms) avec, à la page 49, les informations suivantes sur Bouvet et sur Mme Bouvet:
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Les références entres parenthèses (D:f, etc.) renvoient aux sources manuscrites et impimées, détaillées à la fin de l'ouvrage.
On y trouve également, p. 44:
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Boizot (Louis-Simon)
1790 artiste (D:f)
1795-1800 artiste en chef. In charge of direction of sculpture and originator of many models, 1773-1809 (MB). Entered 1774 (C.-G.).
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Mais qu'est-ce que c'est qu'un « répareur » ? Le « Glossary » de cet ouvrage (très utile, d'ailleurs, pour d'autres termes relatifs aux activités de la Manufacture) en donne la définition suivante, p. 256:
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The répareur brought up to factory standards the products of sculptors, modeleurs, mouleurs, and tourneurs after they had been released from the mold or the potter's wheel. Complex ornamental pieces as well as sculptures in the round were reproduced by molding separate components and later reassembling them by luting with slip. The répareur also filled in cracks and bubble holes and corrected other faults. His work included assembling, correcting, and perfecting all sorts of pieces, from cups and saucers to elaborate vases (previously the function of the acheveur). The operation of dismantling and reassembling sculptures required the répareur to preserve the distinctive style of the sculptor. The title first appeared in 1753 and remained on the payrolls for the rest of the century in both the soft-paste and hard-paste departments of the factory. Various modifications included répareur ordinaire, répareur en uni, unisseur, répareur-ornemaniste or d'ornement and répareur en pâte. The accent on the first e was not always observed; the word is not to be confused with today's meaning of « one who repairs broken objects ».
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Quant aux travaux confiés à Mme Bouvet, on y trouve cette défintiion, pp. 257-258:
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travaux aux pièces
Piecework; applied especially to painters, and sculptors. The payrolls do not always list piecework, nor were all the piecework artisans regular employees. The names of regular employees doing part-time piecework may appear twice in the payroll in the same month. The documents Va' (1773-1800) and Vj' (1777-1800) at the Sèvres library list piecework projects and workers exclusively.
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Le glossaire ne donne pas de définition pour « piecework » mais sous pièce, à la pièce, p. 255, il y a ceci:
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A designation, sometimes appended to the payroll, to account for artisans who were paid for piecework or overtime projects.
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A la page 161 et suiv., la Table III, Alphabetical Concordance of Postulated Marks, Dates and Names, indiquent trois marques pouvant avoir été utilisées par Bouvet et par son épouse durant leur engagement à la Manufacture:
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MARQUE DATES DÉCORATEUR
BT 1784-92 Bouvet (II)
BT 1786-90 Bouvet (III)
BV 1784-92 Bouvet (II)
BV 1786-90 Bouvet (III)
BO 1784-92 Bouvet (II)
BO 1786-90 Bouvet (III)
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Mais comme il est indiqué dans la présentation de cette liste, ces marques sont dérivées hypothétiquement des noms des artisans et ne figurent pas forcément sur des œuvres conservées à, ou provenant de, la Manufacture.
Vous voilà donc bien lancé maintenant dans votre enquête sur Bouvet. D'autres découvertes vous attendent sûrement à propos des autres exemplaires de son relief, et à Sèvres quand vous aurez l'occasion d'y aller.
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Marc Ruyssen (8/11/2015)
A propos de Mme Morgane Lecareux, la régisseuse des œuvres du Musée de Blois, n'ayant pas son adresse mail exacte j'ai contacté Mr Yvan Boukef qui lui a transmis
le courriel que j'avais envoyé à Mme la Conservatrice Élisabeth Latrémolière.
Le 3 novembre j'ai eu la bonne surprise de recevoir un courriel de Mme Lecareux avec en pièce jointe des photos de leur relief par Bouvet représentant Napoléon remettant la Légion d'honneur. Je l'ai bien sûr remerciée pour l'intérêt qu'elle avait porté à ma demande et j'en ai profité pour la solliciter d'un cliché de dos de leur relief ainsi que de renseignements
complémentaires qu'elle doit être en train de me préparer, attendus peut-être cette semaine.
A réception je ne manquerai pas de vous faire part de ces nouvelles informations avec les photos.
Je me suis rendu à Paris toute la journée du samedi 7 novembre pour me rendre principalement place Vendôme, aux Invalides puis au Musée de la Légion d'honneur. J'y reviendrai un peu plus tard pour en parler.
Je ne pense pas réagir aujourd'hui sur tout le contenu de votre dernière mise à jour car je n'ai pas eu le temps nécessaire pour « décortiquer » l'ensemble de vos écrits et je tiens à vous apporter des commentaires détaillés en qualité et en quantité comme vous le faites pour moi. J'ai commencé à réunir dans un dossier informatique les photos de 4 exemplaires du bas-relief, sur les 6 exemplaires connus et recensés, en supposant que les musées ont recensé le mien mais, à ce jour, ils ne m'ont pas encore demandé mes coordonnées de résidence. Je ferai donc de mon mieux pour établir un tableau avec, pour chacun, leur localisation, caractéristiques, dimensions, inscriptions provenance, etc. Je ne suis pas un « pro » de l'informatique, je me débrouille pour ne pas être à la « ramasse » complètement.
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Douglas Siler (9/11/2015)
Je suis content de savoir que vous avez déjà eu des nouvelles de Blois et je lirai avec plaisir le récit de vos découvertes à Paris ainsi que vos commentaires sur ma dernière mise à jour. A bientôt donc.
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Marc Ruyssen (24/11/2015)
Je vous prie de m'excuser pour cette longue pause non prévue, mon boulot et quelques soucis d'ordre familial m'ayant empêché de poursuivre l'essai de biographie du sculpteur Bouvet Claude que nous rédigeons ensemble, au gré des éléments nouveaux issus de nos recherches conjointes. Je vous avais envoyé mes commentaires sur le 1er paragraphe de votre mise à jour du 5 novembre dernier et je poursuis donc maintenant sur les dix autres.
Concernant les signatures de Bouvet, il faudrait que je recontacte le régisseur des collections du Musée de la Légion d'honneur pour lui demander un cliché de près de leur plâtre, sur la signature et la date de 1814, ainsi qu'une prise de mesures des lettres et des chiffres gravés. Idem au conservateur du Musée de Malmaison et aussi au conservateur du Musée napoléonien de l'île d'Aix.
Pour mon exemplaire, les mesures sont les suivantes: la longueur de la signature s'étend sur 45 mm, la hauteur du B majuscule est de 10 mm, les lettres « o,u,v,e » ont pour hauteur 5 mm et le « t » 8 mm de haut.
La signature est légèrement montante, elle est inscrite à 44 mm du flanc gauche du bas-relief.
Dans votre 2e paragraphe vous posez aussi cette question: Comment le conservateur du Musée de Malmaison sait-il qu'un portrait en pied de l'Empereur par Bouvet n'a pas été accepté au salon de 1810 et qu'il pensait être l'exemplaire de l'île d'Aix qui n'est pas daté? Dans le contenu d'un courriel du 20/10/2015, Mr Alain Pougetoux m'indiquait car je n'avais encore il y a un mois que peu ou pas de connaissances sur les archives des Salons que les registres des Salons (à ne pas confondre avec les livrets des Salons vendus au public de l'époque) sont les volumes dans lesquels les employés des musées enregistraient les œuvres apportées par les artistes, au fur et à mesure de leur arrivée. On trouve dans ceux-ci des informations qui sont parfois omises dans les livrets, dont les dimensions des œuvres, nécessaires pour prévoir l'accrochage des tableaux, voire même le nom du modèle de tel ou tel portrait qui disparaissaient sous l'anonymat ensuite.
Si les œuvres étaient refusées par le jury, on y portait un signe dans la marge; ici, c'est une croix qui est inscrite à côté des trois œuvres envoyées par Bouvet je pense (Mr Pougetoux) qu'elles furent toutes les trois refusées. Je note (encore Mr Pougetoux) qu'il est bien fait mention d'un portrait de l'Empereur, ce qui est logique. Je poursuis le contenu de son courriel: les dits registres sont maintenant conservés aux Archives nationales à Pierrefitte, mais vous pouvez les consulter sur internet dans la base des Archives des Musées nationaux. Le registre d'inscriptions des productions des artistes vivants présentées au Salon de 1810 fait apparaître dans la notice 17, qui ouvre en page 9, au numéro 37 d'ordre de réception, trois œuvres d'art déposées par Bouvet:
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Buste en terre cuite de Mr Boizot (avec une croix sur le trait séparant la colonne « Numéros d'ordre du Registre » et la colonne « Nombre des objets d'art »).
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Bas-relief portrait en pied de Mr Denon (avec une croix à gauche du chiffre « 1 » dans la colonne « Nombre des objets d'art »).
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id. Portrait en pied de l'Empereur (également avec une croix à gauche du chiffre « 1 » dans la colonne « Nombre des objets d'art » et que veut dire l'abréviation « id. » ?)
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Je note que dans le livret Explication des ouvrages de peinture, architecture et gravures des artistes vivants exposés au Musée Napoléon le 5/11/1810, seule dans la catégorie sculpture, en page 109, est recensée sous le numéro 918, Bouvet, rue Saint Sébastien au n° 26, l'œuvre intitulée « Portrait de feu Boizot, sculpteur ». On peut donc penser que dans le registre de 1810 les deux croix dans la colonne « Nombre des objets d'art » représentaient les
œuvres refusées par le jury.
Vous dites ne pas trop bien comprendre comment l'exemplaire du Musée du château de Blois peut être découpé et sans fond. Je suis dans l'attente d'une réponse du courriel que j'ai adressé il y a trois semaines environ à Mme Lecareux. Je ne manquerai pas de communiquer les éléments intéressants à réception de ceux-ci. Il faudrait également que je recontacte Mr Alain Pougetoux pour obtenir un ou plusieurs clichés de l'exemplaire de Malmaison. Pourquoi cet exemplaire d'un sujet d'importance nationale est-il en fonte de fer?
Exemplaire pour les moins fortunés, comme vous le pensez? Je ne sais pas...
Je confirme que mon exemplaire est bien en bronze doré, comme indiqué dans l'annonce de vente de celui-ci mais surtout parce que je suis entouré de meubles et d'autres objets d'époque XIXème en bronze cru et en bronze doré, au mercure ou pas. J'ai donc maintenant un œil plutôt éclairé sans être un expert dans le domaine. Donc je maintiens, bas-relief en bronze doré. Cependant, et je vous l'accorde, son état d'origine avant sa « restauration » ne crédite pas celui-ci de bronze doré, aussi je vais vous donner quelques explications:
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L'antiquaire qui a acheté ce bas-relief à un confrère l'a eu en main encadré, un cadre de dimensions importantes (975 mm de largeur pour 1.195 mm de hauteur), d'époque entre le Directoire et Charles X, Empire ou Restauration, cadre beaucoup plus grand, qui n'a pas été fabriqué pour ce bas-relief.
L'espace entre le bas-relief et le cadre (que l'on peut voir sur la photo avant restauration) était décoré de quatre larges bandes de tissu en velours de couleur bleu, couleur qui a viré au vert foncé avec le temps (200 ans environ). La largeur des bandes de tissu clouées sur la fonçure (que j'ai bien sûr conservées) est de 14 cm.
Quand l'antiquaire a acheté ce bas-relief encadré, il a cru qu'il était patiné. Il l'a donc savonné au savon de Marseille avec l'intention de le cirer ensuite mais il s'est aperçu que c'était de la peinture.
Il l'a décapé à la lessive de soude diluée (elle n'attaque pas la dorure car c'est une base) et l’or-moulu est apparu. Ce bas-relief n'est pas brillant, et comme tout travail typique de l'époque selon les propos de l'antiquaire, le bronze est strié au burin fin sur certaines parties, donnant une dorure mate.
La peinture comme souvent n'enlève pas la dorure mais la rend mate (altération de surface de 2 ou 3 microns). Ce bas-relief était remisé dans un chai du Cognaçais, d'où son état très poussiéreux. Il a été décroché d'un mur très tôt (début XIXème) car il reste au dos de celui-ci en partie haute, deux restes de pattes de scellement qui ont été cassées quand cette
plaque a été enlevée du mur sur lequel il était enchâssé, selon toute hypothèse.
Concernant le nettoyage des bronzes dorés sans enlever la dorure, j'utilise (des antiquaires procèdent aussi de la même manière quand ils n'ont pas de nettoyeur aux ultra-sons) du décape four (de la vraie marque et pas un décape four 1er prix). Temps d'application environ 10 mn selon l'état d'oxydation, puis frottage doux à la brosse à dents médium, puis rinçage abondant, puis moussage au liquide vaisselle (Paic citron uniquement ) puis rinçage et séchage. La dorure apparaît comme neuve avec parfois des minuscules points noirs logés dans les ciselures profondes difficiles à enlever mais qui peuvent attester que l'objet
est une antiquité et pas une vulgaire copie.
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Sauf égarement de notre part, je pense comme vous que l'exemplaire en plâtre du Musée de la Légion d'honneur semble indiquer qu'un autre plâtre a dû servir pour la fonte de mon exemplaire.
Pour revenir sur l'exemplaire du musée, j'ai sollicité la conservatrice le 9/11/2015 pour lui demander la provenance antérieure de celui-ci, avant celle de Maurice Bucquet qui en a fait don. Elle m'a transmis les renseignements intéressants que voici: L'inventaire du collectionneur Maurice Bucquet mentionne: n° 121, grand moulage en plâtre peint en ton bois ciré représentant Napoléon 1er tenant d'une main une croix de la Légion d'honneur et de l'autre des brevets et une croix de la Légion d'honneur. Il a été acheté 50 francs chez Soulas.
Comme l'a suggéré votre ami Jacques de Caso, mon exemplaire a très probablement été conçu dans le cadre d'un projet de monument important (l'antiquaire qui me l'a vendu m'indiquait à plusieurs reprises qu'il n'a pas été exécuté comme une œuvre d'usage privé car il traite d'un sujet d'importance nationale). Effectivement, ce bas-relief est pourvu d'un rebord sur lequel Napoléon repose les pieds. Ce type de plaque avec une sorte de socle (rebord) vers l'avant est en général scellé dans un mur ou posé sur un ressaut.
Puisque vous vous êtes demandé si ce bas-relief de Bouvet pouvait avoir été destiné à la colonne Vendôme dont les figures, certaines de Boizot, défilent sur un rebord du même genre, j'ai profité de mon déplacement à Paris le 7/11/2015, mon point de chute étant la place de la Concorde, pour me rendre place Vendôme. Malchance pour moi, la colonne est en restauration. Elle est entourée de bas en haut d'échafaudages importants.
Je n'ai donc pas pu admirer ni photographier quelques bas-reliefs sur celle-ci. Il faudrait que je trouve les croquis ou dessins d'archives le jour de son inauguration en 1810. Peut-être que mon bas-relief était enchâssé à la base de cette colonne symbolisant Napoléon 1er, instigateur de la création de la Légion d'honneur?
Puisque j'étais en visite à Paris pour la journée, je me suis rendu également aux Invalides.
J'ai apprécié ce déplacement pour voir bien sûr le tombeau de l'Empereur entouré de magnifiques bas-reliefs en marbre blanc de Carrare sans doute.
J'en ai profité pour m'orienter vers la chapelle de l’hôtel des Invalides pour trouver l'endroit précis où Napoléon Bonaparte, promu Empereur des Français par le Sénatus-consulte du 15 mai, accrocha le 15 juillet 1804 la première médaille de la Légion d'honneur sur la poitrine du 1er médaillé (officiers méritants).
Même en me renseignant auprès des guides, personne n'a su m'indiquer l'endroit exact de cette chapelle dans l'église Saint-Louis.
Pour rester dans le domaine de la Légion d'honneur, il était incontournable pour moi que je clôture cette journée par une visite au Musée de la Légion d'honneur. Malchance de nouveau, l'aile « Empire » était fermée au public pour cause de restauration.
Voilà. J'apporterai mes commentaires un peu plus tard sur les paragraphes suivants de votre dernière mise à jour car je dois me rendre à la Manufacture de Sèvres le 8 décembre prochain. J'essaierai de consulter et de photographier un maximum d'archives concernant Bouvet.
Encore beaucoup de Merci pour vos renseignements éclairés et vos recherches personnelles pour constituer ensemble un essai de biographie de ce sculpteur peu
connu mais qui me passionne car j'ai une de ses œuvres chez moi, une très belle œuvre représentant Napoléon Bonaparte en pied.
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Douglas Siler (26/11/2015)
Je réponds à la hâte aujourd'hui, ayant de la famille en visite ces jours-ci, simplement pour vous remercier de toutes ces informations très détaillées auxquelles je reviendrai dès que possible, et pour vous signaler dans la Tribune de l'Art un article intéressant que vous pouvez lire ici concernant deux récentes préemptions pour le Musée Napoléon au château de Fontainebleau.
J’aurai également quelques nouvelles informations (mineures mais non sans intérêt) à vous communiquer au sujet de Bouvet.
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Marc Ruyssen (3/12/2015)
Avant de me rendre à la Manufacture de Sèvres mardi 8 décembre, je reviens vers vous pour apporter mes commentaires sur vos interrogations concernant le bas-relief conservé dans les réserves du Musée du château de Blois. J'ai donc eu le plaisir d'ouvrir une correspondance avec la responsable des collections, Mme Morgane Lecareux, qui m'a obligeamment envoyé ces photos de l'œuvre:
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Elle m'a communiqué en même temps les éléments intéressants de la notice identifiant cette œuvre: Ce bas-relief sans fond provient de Mr Ernest Petit, collectionneur.
Sa collection a été donnée au château de Blois en 1934 par Mr Guillaume de la Cotardière. Environ 1800 objets napoléoniens ont été recensés.
L'œuvre est inventoriée sous le numéro 34.8.1323. C'est un bas-relief à priori en fonte de fer. Il est signé Bouvet mais non daté, comme le mien, et sans lettre « N » sur le col, comme le mien.
Ses dimensions sont: hauteur 69 cm, largeur 33 cm, dimensions légèrement inférieures aux miennes.
Pas d'historique de cette pièce avant son entrée dans la collection Petit. Mme Lecareux ne sait pas où se trouve le plâtre correspondant. Ce sont des renseignements riches qui pourront compléter la biographie de cet artiste que nous « co-écrivons » ensemble.
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Douglas Siler (6/12/2015)
Je me dépêche de vous signaler, au cas où cela peut vous être utile pour vos recherches à la Manufacture de Sèvres, deux textes relatifs à Bouvet que j'ai repérés sur internet. Le premier mentionne un projet de pyramide « à la mémoire de M. Gouvion » qu'il présente à la séance du 18 juin 1792 de l'Assemblée nationale (voir ici et ici). Le second concerne l'organisation d'un comité d'instruction publique « formé de deux peintres, deux sculpteurs, deux architectes, deux graveurs et un homme de lettres » dont il est question à la séance du 3 ventôse an II (21 février 1794) de la Société populaire et républicaine des arts (voir ici, p. 234 et sv.).
Ces deux textes sont surtout intéressants pour l’éclairage qu’ils apportent sur les activités de Bouvet avant 1800.
Bon voyage à Sèvres et bonnes recherches!
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Marc Ruyssen (28/1/2016)
J'ai bien pris connaissance des trois liens que vous m'avez signalés. Le premier renvoie aux procès-verbaux de l'Assemblée nationale, séance du lundi soir 18 juin 1792, p. 344, où l'on relève ceci: « M. Claude Bouvet, sculpteur, employé à la manufacture de porcelaine de Sèvres, est admis à la barre, et présente à l'Assemblée le modèle d'une pyramide qu'il propose d'élever à la mémoire de M. Gouvion. / M. le Président répond à M. Bouvet et lui accorde les honneurs de la séance. / (L'Assemblée décrète la mention honorable de ce modèle et le renvoie au comité d'instruction publique.) »
Je me demande quelle taille ou proportions cette pyramide pouvait avoir et pourquoi Bouvet voulait l'élever à la mémoire du maréchal Laurent de Gouvion, mort à Hyères le 17/3/1830.
Généralement n'élève-t-on pas un monument quand la personne est décédée?
A noter qu'une pyramide votée au général Joubert, mort en 1799 à la bataille de Novi, n'a point été élevée, selon les archives numérisées Le temple de la gloire ou
les fastes militaires de la France depuis le règne de Louis XIV jusqu'à nos jours, ouvrage écrit par le général Auguste Jubé,
baron de la Perelle, éditeur Rapet à Paris, 1820, vol. 2, p. 350.
Je note également que le procès-verbal de la séance du 21 février 1794 de la Société populaire et républicaine des arts indique que Bouvet était domicilié au 10 rue de Malthe (sic pour Malte).
Voilà pour le « dépouillement » que j'ai tiré de vos trois liens intéressants. J'en termine ici pour vous envoyer un autre jour la synthèse de mes petites trouvailles sur Bouvet lors de ma visite à la Manufacture de Sèvres.
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Marc Ruyssen (30/1/2016)
Me revoilà donc cette fois pour apporter une « fiche » de renseignements sur le sculpteur Bouvet qui a travaillé à la Manufacture
des porcelaines du Roy à Sèvres, étant sur place en salle de lecture d'archives de 10h à 17h le 8 décembre 2015.
D'abord, un peu de généalogie recueillie sur des fiches établies par un ou une archiviste (écrites quand? Je contacterai prochainement l'archiviste actuelle pour en savoir plus car, hormis sur ces fiches que j'ai photographiées ces informations ne figuraient pas dans les différents dossiers d'archives que j'ai consultées sur place et méritent d'être confirmées par ailleurs):
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Claude Bouvet s'est marié avec Madeleine Philippine, fille mineure, le 15/2/1785 en l'église de Saint-Romain
à Sèvres, témoin Louis Boizot, sculpteur du Roi.
Elle est née en 1771 (je dois rechercher son acte de naissance ou de baptême), âgée de 14 ans à son mariage! Décédée à Paris le 6 x (décembre?) 1827 (date indiquée sur une lettre notariale). Fille de François Thomas Philippine né vers 1733, ouvrier répareur des porcelaines de pâte tendre, puis chef d'atelier des
répareurs à la Manufacture royale de Sèvres. Inhumé le 19/3/1774 (décès le 18/3), âgé de 41 ans, mort d'une maladie de poitrine (asthme) qui attaquait presque tous les ouvriers en porcelaine tendre. Fille de Marie Chaponnet (inhumation le 19/12/1777) à l'âge de 42 ans. Madeleine Philippine était élève à l'âge de 11 ans à la Manufacture de Sèvres puis peintre et brunisseuse, payée aux pièces, initiales de ses travaux « PH ». Elle quitte la Manufacture en 1790, elle habitait en 1818 au numéro 113 de la rue Saint-Antoine.
Claude Bouvet est né en 1755 à Paris, fils de Jean Bouvet, fruitier à Paris, et de Marguerite Paulin. Il était donc âgé de 30 ans lorsqu'il épousa Madeleine Philippine, fille mineure de 14 ans qu'il a connu à la Manufacture! Témoin: Josse François Leriche, chef d'atelier des sculptures.
Il est décédé avant l'enregistrement des notices du Salon de 1814, l'ordre alphabétique de la lettre B indique à la fois Bouvet (S)
numéro 554 et aussi Mme Ve Bouvet ( P) numéro 554 également. Sur le registre d'inscription des productions des artistes vivants présentées pour être exposées au Salon, on retrouve le numéro d'ordre de réception 554 de deux œuvres, L'hymen présentant le joug du mariage et Alexandre le grand (notice 21).
Dans le livret des Explications des ouvrages de peinture, sculpture, architecture et gravure, des artistes vivants, exposés au Musée Royal des arts le 1er Novembre 1814, sa veuve présente pour lui (Bouvet feu) ces deux œuvres qui portent les numéros 1014 et 1015.
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D'après les éléments d'une des fiches, de leur union sont nés quatre enfants. Deux seulement y sont identifiés:
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Baptême de leur fille Césarine, Armande, Bernardine le 26/6/1787 (la mère âgée de 16 ans). Inhumation le 10/5/1789.
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Baptême de leur fille Jeanne, Louise, Madeleine le 10/11/1789. Parrain Jean Bouvet, grand-père.
Inhumation le 2/6/1792.
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A partir des sources d'archives du XIXème et du XXème siècles, série Ob2, dossiers individuels du personnel, je retrouve quelques renseignements de généalogie qui figurent dans le dossier de demande de pension du 30 octobre 1816 jusqu'au 3 août 1818, de la veuve Bouvet, recoupant très partiellement les indications qui se trouvent sur les fiches établies par l'archiviste
qui les a recensées.
Carrière de Claude Bouvet à la Manufacture de Sèvres à partir de la série D, Personnel du XVIIIème siècle, résultant du dépouillement des dossiers D2 liasse 1 D2 liasse 2 D3 liasse 3, et de la série H3 (lettre de correspondance de 1783 au comte d'Angivillers avec la signature de Bouvet le 20/10/1783):
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Claude Bouvet entre à la Manufacture de Sèvres en 1783 comme apprenti.
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En février 1784, il figure sur l'état des ouvriers employés à la Manufacture de porcelaine du Roi ( MPR ) en qualité de sculpteur et reçoit en traitement 72 livres.
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En juin 1785, il figure sur l'état des ouvriers existants à la Manufacture en qualité de répareur en pâte tendre et perçoit en traitement 12 livres.
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En juin 1786, il figure sur l'état des ouvriers existants à la Manufacture en qualité de répareur en pâte tendre et perçoit en traitement 15 livres, et dans la même année, il est aussi dans l'atelier de sculpture et perçoit un traitement de 84 livres.
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En juin 1787, il figure sur l'état des ouvriers existants dans l'atelier de sculpture et perçoit un traitement de 87 livres.
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En juin 1788, il figure sur l'état des ouvriers existants dans l'atelier de sculpture et perçoit un traitement de 90 livres.
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En 1789, il figure toujours sur l'état des ouvriers existants dans l'atelier de sculpture et perçoit un traitement de 90 livres.
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Au 10 mai 1790, il figure dans l'état des ouvriers de la Manufacture, dans l'atelier des sculpteurs et perçoit un traitement de 90 livres.
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En 1790, le commerce de sculpture étant mal, la Direction de la Manufacture a fait placer Claude Bouvet dans l'atelier de peinture. Mr Bouvet, ne gagnant pas assez à peindre, a quitté la Manufacture pour aller travailler à Paris (correspondance de M.M Philippine Frère, Bouvet, son épouse, à l'administrateur de la Manufacture Royale de porcelaine de Sèvres et
Chevalier de Saint Michel, pour obtenir pour sa sœur Madeleine épouse Veuve de Claude Bouvet, une demande de pension).
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Le 30/11/1791, Claude Bouvet fait partie de l'état des nouveaux admis à l'atelier de peinture de la Manufacture (il figure sur le registre de 1791 à 1793) pour travaux de fleurs et d'arabesques, avec la mention de l'atelier de sculpture.
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Au 1/1/1792, il se trouve encore sur l'état des ouvriers existants à la Manufacture dans l'atelier de peinture et perçoit 90 livres et quitte la Manufacture le 24/9/1792.
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Le 3/8/1818, Madame veuve Bouvet, dans la lettre qu'elle a adressée à l'administrateur de la Manufacture, Chevalier de Saint Michel, elle écrit, femme d'artiste, fille de l'un des chefs de la Manufacture, laquelle fut autrefois mère de quatre enfants qu'elle perdit, tous enlevés ainsi que son mari qui lui légua en mourant, pour quinze cent francs d'ouvrages, encore présentement au Musée Royal des artistes, qui sont son seul héritage.
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Je n'ai pas trouvé au Salon de 1817 (puisqu'il n'y a pas eu de Salon en 1818, selon les archives microfilmées, conservées à la bibliothèque nationale), l'enregistrement des deux œuvres (L'hymen présentant le joug du mariage et Alexandre le Grand) qu'elle a présentées au Salon de 1814 dont elle fait mention dans sa lettre de demande de pension. Les quinze cent francs ne représentaient peut-être pas que ces deux œuvres?
Voilà donc le fruit de mes recherches du 8 décembre 2015 à la Manufacture de Sèvres et je profite de cet espace pour remercier Mme Coralie Coscino, Mme Coralie Dusserre et M. Denis Bernat, représentant le Service des collections documentaires de la Manufacture, qui m'ont réservé un chaleureux accueil avec mise à ma disposition des archives demandées en ayant eu l'extrême obligeance de m'accueillir à partir de 10h du matin alors que la salle de lecture est ouverte au public de 14h à 17h30.
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Marc Ruyssen (10/2/2016)
Me voici pour apporter quelques renseignements complémentaires de généalogie à partir de six actes que m'a transmis très généreusement M. Fabien Lavaysse des Archives de la Ville de Sèvres.
L'acte de baptême de Madeleine Philippine, l'épouse de Claude Bouvet, apporte ses deux prénoms suivants: Geneviève, Renée, baptisée le 13/6/1765, née à Paris le 12/6/1765 et non pas vers 1771 comme je l'avais mentionné car lu sur une fiche des archives de la Manufacture de Sèvres. Elle était donc bien mineure car âgée de 20 ans le jour de son mariage avec Bouvet (majeure à 21 ans à l'époque ).
Concernant le baptême de leur fille Césarine, Armande, Bernardine, le 26/6/1787, il faut enlever dans mon message
précédent « la mère était âgée de 16 ans », ce qui n'est plus vrai.
En qui concerne la naissance de Bouvet, il est né le 26 janvier 1756 selon une reconstitution de son acte de naissance. Les originaux des registres paroissiaux de 1515 à 1792 et les registres d'état civil de 1792 à 1859 ont péri dans l'incendie de mai 1871. Quant à son acte de décès, il doit avoir péri dans le même incendie. Sur le site des Archives de Paris, M. Fabien Lavaysse n'a pu trouver son acte de décès reconstitué.
Les recensements de population aurait pu aider mais ils ne commencent qu'en 1836. Par contre, M. Lavaysse m'indique une autre source de recherche, celle de l'administration de l'enregistrement fiscal qui recense au sein d'un bureau les personnes décédées.
Je vais donc envisager de me rendre à Paris de nouveau, cette fois aux Archives nationales pour m'intéresser aux tables de décès de l'administration fiscale et aussi aux tables de succession.
Voilà donc pour cette mise à jour d'informations généalogiques sur Claude Bouvet en attendant que je retrouve sa date de décès.
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Douglas Siler (19/3/2016)
Bravo pour cette mine de nouvelles informations. Voici en vrac quelques remarques et questions:
J'ai bien pris note du fait que votre bas-relief a été nettoyé selon toutes les règles de l'art et que sa dorure, restée intacte, est apparemment d'origine. Ce serait donc le seul exemplaire connu en bronze doré. Reste à faire le bilan de ses rapports exacts avec les cinq autres dimensions, signatures, dates, « N » sur le revers du col, etc. quand vous aurez obtenu plus de précisions sur l'exemplaire du Musée Bertrand de Châteauroux et sur celui du Musée napoléonien de l'île d'Aix.
La figure du Musée de Blois me laisse perplexe. D'après les photos on a l'impression qu'elle a été « découpée » ou coulée sans fond pour être soudée ensuite sur une plinthe afin de pouvoir rester debout. Ce serait intéressant de savoir s'il existe d'autres exemples de bas-reliefs de ce genre, « recyclés » en statuettes.
Dommage que lors de votre déplacement à Paris vous n'ayez pas pu voir le plâtre du Musée de la Légion d'honneur ni les reliefs de la colonne Vendôme. Avez-vous trouvé des photos ou des gravures de ceux-ci? C'est en partie le fait que Boizot, le maître de Bouvet, a contribué à l'ornementation de la colonne qui m'a donné l'idée probablement farfelue que le vôtre pouvait y figurer.
Le Gouvion du procès-verbal de l'Assemblée nationale ne peut être que le général Jean-Baptiste Gouvion, né à Toul en 1747 et mort au combat, près de Maubeuge, le 11 juin 1792, donc une semaine avant que Bouvet ait présenté son projet de pyramide à la séance du 18 juin. Selon l'article Wikipedia qui lui est consacré, il aurait été un lointain cousin du général Laurent Gouvion, marquis de Saint-Cyr, dit Gouvion-Saint-Cyr, né à Toul en 1764 et mort à Hyères en 1830. Cette même famille compte plusieurs autres militaires, dont le général et homme politique Louis Jean-Baptiste Gouvion (Toul 1752-Paris 1823).
A noter que le procès-verbal précise que « l'Assemblée décrète la mention honorable de ce modèle et le renvoie au comité d'instruction publique ». L'appréciation du comité n'a probablement pas laissé de trace écrite mais il n'est tout de même pas impossible que le projet ait été réalisé. Comme monument funéraire, peut-être? Il faudrait voir si le tombeau de Gouvion existe encore quelque part. Celui de Gouvion-Saint-Cyr se trouve au Père-Lachaise (voir ici).
Bouvet présente son projet en 1792, un an ou deux après avoir quitté la Manufacture de Sèvres. C'était donc tout au début de sa carrière de sculpteur indépendant. Ensuite, sauf sa présence en 1794 à la réunion de la Société populaire et républicaine des arts, on ne sait plus rien sur lui avant sa participation au Salon de 1800. Mais il convient de remarquer que selon le procès-verbal de cette réunion il y fut « admis » en même temps que les sculpteurs Pierre Cartelier et Alexandre Régnier, ce qui implique qu'il les connaissait. Ce serait donc utile sans doute de se renseigner sur leur biographie et sur leurs œuvres. Cartelier est, de loin, le plus connu. Né le 2 décembre 1757, moins de deux ans après Bouvet, et mort en 1831, il fut membre de l'Institut et professeur à l'École des beaux-arts (donc, soit dit en passant, brièvement collègue de Pradier dans ces deux établissements à la fin de sa carrière). A remarquer que sur son bas-relief représentant La capitulation d'Ulm à l'arc du Carrousel (voir ici), le personnage central n'est pas sans rappeler le Napoléon de Bouvet. Je trouve peu de choses sur Louis-Alexandre Régnier, né en 1751 et mort en 1802.
Vos dernières découvertes sur le ménage Bouvet laissent entrevoir toute une histoire tragique et qui sait? une belle histoire d'amour. Ainsi, Madeleine Philippine ayant perdu à 9 ans son père, chef des répareurs à la Manufacture, et, à 12 ans, sa mère, y est ouvière depuis quelques années déjà lorsque Bouvet devient apprenti à l'atelier de sculpture dirigé par Louis Boizot. Les deux jeunes gens se croisent probablement tous les jours dans les corridors de la fabrique, travaillent peut-être ensemble par occasion aux mêmes statues, et ne tardent pas à convoler en justes noces. Le mariage a lieu en 1785, deux ans à peine après l'arrivée de Bouvet, sous l'œil bienveillant de Boizot, leur témoin. Celui-ci ayant reconnu le talent de son jeune employé, l'aurait-il encouragé à échanger son poste contre un autre à Paris ou à s'y installer pour son propre compte? Alors, émigration vers la Capitale et emménagement dans quelque appartement pauvre, rue de Malte, derrière la place de la République. Leur première fille étant décédée à Sèvres, la deuxième disparaît peu après, âgée de deux ans et demi. D'autres enfants naissent à leur tour et le ménage change de domicile plusieurs fois: rue du Faubourg-Saint-Martin, rue Marché-Sainte-Catherine, rue Saint-Sébastien... De quoi vivent-ils pendant ces années si mouvementées de la Révolution et du Premier Empire? Certainement pas des quelques sculptures exposées par Bouvet au Salon. En aurait-il produit d'autres, seul ou en collaboration, non localisées ou détruites? Quand il meurt vers 1813 il ne laisse pour tout bien, semble-t-il, que les deux œuvres qu'il venait d'exposer au Salon de 1812 et dont sa veuve, les ayant réexposées en 1814, se dira encore propriétaire en 1818.
Je vous laisse le soin de continuer et de compléter cette ébauche... Pour la généalogie vous trouverez peut-être quelques autres éléments utiles sur le site www.ancestry.fr. Et pour y voir plus clair vous pourriez envisager de créer pour vous-même si ce n'est pas déjà fait un arbre généalogique avec toutes les informations que vous aurez trouvées sur l'ascendance et la descendance Bouvet. A titre d'exemple (mais pas trop bon), il y en a un pour Pradier ici.
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Marc Ruyssen (7/8/2016)
Depuis mon dernier envoi d'informations du 10/2/2016 concernant « mon » sculpteur Claude Bouvet, et la réception des vôtres du 19/3/2016 que j'ai lues attentivement, j'ai fait volontairement une pause d'envoi vers vous, vous sachant plongé dans la préparation des derniers tomes de la Correspondance de James Pradier.
Une pause vers vous, certes, mais pas une pause de recherches et de contacts pour « fouiller » la vie et les œuvres de Bouvet et surtout trouver le lieu où le bas-relief que je possède fut posé avant qu'il ne soit desceller d'un mur de monument ou d'édifice public.
Je vais dresser par ordre chronologique les informations que j'ai reçues ou recherchées par mes soins depuis décembre 2015.
1° le 15 janvier 2016:
Ayant appris par M. Alain Pougetoux, conservateur des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, que le Musée
Bertrand de Châteauroux conservait un exemplaire du bas-relief, j'ai obtenu un contact très cordial de Mme
Johana Lardy, adjointe du patrimoine et conservatrice des musées de Châteauroux. Elle m'a envoyé la fiche d'œuvre de leur exemplaire: n° d'inv. 629, bas-relief en bronze, patine noire, personnage en ronde bosse, Napoléon décernant la Légion d'honneur, tourné vers la droite, signé en bas à gauche, BOUVET 1814, affectation au musée en 1921, don du Maréchal d'Empire Adolphe-Édouard-Casimir-Joseph Mortier, duc de Trévise. Cette œuvre est très ressemblante avec l'exemplaire du château de la Malmaison. Mme Lardy a demandé à son collègue M. Vincent Escudero puis à Mr Denis Gaillard de me faire parvenir sous format numérique de haute qualité trois clichés de ce bas-relief, reçues le 1/2/2016.
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Entre-temps, j'ai consulté durant de longues soirées les Archives nationales, site de Paris, salle virtuelle des inventaires, en
« épluchant » les 122 études de notaires de Paris de l'ancien régime pour rechercher l'inventaire après décès de Bouvet, inventaire non trouvé et que je ne trouverai peut être pas...
2° le 1er avril 2016:
M. Fabien Lavaysse, attaché aux Archives de Sèvres avec qui j'ai des échanges fréquents et qui m'est
d'une grande aide sur les recherches que je mène sur ce « Sévrien » Bouvet, m'a indiqué que je pourrai peut-être trouver son décès dans les tables de décès de l'administration fiscale des Archives de Paris. Comme j'avais planifié ce déplacement, je me suis rendu aux Archives de Paris, rue Sérurier, le 1er avril 2016, jour du
« poisson d'avril ». Ce jour-là, c'était un vrai poisson d'avril pour moi car j'ai « pêché » le poisson que j'espérais prendre dans l'épuisette... A la dernière heure de ma première visite dans cette salle d'archives, j'ai posé les yeux sur sa date de décès qui va lever l'énigme des trois exemplaires non datés du bas-relief et des trois exemplaires datés de 1814.
C'est dans le registre cote DQ8-732 (bureaux 7 et 8ème arrondissements 1812-1830 / BOUC-BRE ) p. 149,
n° d'ordre 5, qu'est inscrit le décès de Claude Bouvet le 13 janvier 1813 à l'âge de 57 ans, âge qui recoupe bien avec sa date de naissance reconstituée du 26 janvier 1756, avec les informations n° 26 rue Saint-Sébastien, 8ème
arrondissement, âge 57 ans, femme Madeleine Philippine, Saint-Antoine le 17 mai 1816 (sans doute une référence
à l'enregistrement de la succession, bureau de l'enregistrement?). A creuser.
La découverte de sa date de décès est intéressante car elle confirme (pour une fois! selon les propos de M.
Pougetoux) les écrits dans les dictionnaires qui le faisaient mourir en 1813 ou 1814. C'est donc post-mortem que sa femme aurait fait ajouter la date de 1814 qu'on rencontre sur l'exemplaire en plâtre du Musée de la Légion d'honneur, sur l'exemplaire en fonte de fer de la Malmaison et sur l'exemplaire en bronze de Châteauroux. L'exemplaire de Blois, en bronze, n'est pas daté, ainsi que le mien, en bronze doré, et celui en plâtre du Musée napoléonien de l'île d'Aix que je commenterai un peu plus loin. Malheureusement pour moi ne figurait pas sur cette page de registre une déclaration d'inventaire après décès, ce qui est étonnant car sa veuve avait encore présenté deux de ses œuvres au salon de 1814: L'hymen présentant le joug du mariage et Alexandre le Grand rendant à Porus son épée, sa couronne et un royaume plus grand que celui qu'il avait
perdu, n° d'ordre de réception des œuvres 554, pour être précis. Je dois donc m'intéresser maintenant à sa veuve pour savoir s'il y a eu un inventaire dressé après son décès et par qui.
3° le 11 avril 2016:
Sur ma demande M. Christophe Pincemaille, conservateur du Musée napoléonien de l'île
d'Aix, de retour de mission sur place, a pris trois clichés de l'exemplaire en plâtre cote MGA 38.
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Cet exemplaire remisé dans les réserves n'est pas exposable en l'état et n'a fait l'objet d'aucune documentation comme la plupart des objets qu'avait rassemblés le baron Gourgaud. Le conservateur ignore même, faute de l'avoir examiné avec la restauratrice, quelle était sa patine d'origine, en ayant peine à croire qu'elle était faux bois car elle présente un affreux barbouillage selon ses termes. Sa provenance et sa date d'entrée dans ce musée sont donc inconnues. Peut-être est-ce le plâtre original qui a été utilisé pour les fontes des exemplaires non daté et sans le « N » sur le col de
l'uniforme du Premier Consul? J'observe d'ailleurs que les brevets d'attribution de la Légion d'honneur tenus par le Premier Consul présentent un manque dans la partie inférieure de celui-ci... Vu son état de présentation et ce manque, visible sur la photo du milieu ci-dessus, il se
pourrait bien que ce plâtre ait servi pour la fonte des trois exemplaires non datés et sans le « N » sur le col. Mais ce n'est qu'une hypothèse de ma part...
4° le 18 avril 2016:
Informé de ma trouvaille de la date de décès de Claude Bouvet, le conservateur de la Malmaison, M. Pougetoux, m'a indiqué que je devais pousser plus loin mes recherches au Minutier central des notaires parisiens pour trouver l'inventaire après décès du sculpteur. Dans cet inventaire que je n'ai pas encore trouvé, il présume qu'il pourrait y avoir une liste complète des œuvres restées dans son atelier et, dans la partie inventaire des papiers, des titres de propriété, créances, dettes, etc., et, non exclus, des contrats avec des fondeurs pour le tirage des exemplaires de ce bas-relief, ce qui expliquerait, selon lui, la date de 1814 portée sur trois exemplaires, s'agissant peut être de tirages fait après la mort de l'artiste en exécution d'un contrat préalable au bénéfice de sa veuve et de ses enfants (deux enfants décédés vers l'âge de deux ans et deux autres à rechercher, décédés avant le décès de leur mère).
Ce courrier étant déjà particulièrement volumineux, je vais interrompre mes écrits pour l'instant et vous enverrai plus tard un autre résumé commenté de mes recherches à partir du 21 avril.
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Marc Ruyssen (2/9/2016)
Voici donc le résumé de mes dernières recherches:
5° le 21 avril 2016:
Sur insistance auprès de M. Alain Pougetoux, depuis ma toute première demande de photos du 20/10/2015 concernant l'exemplaire de la Malmaison, non exposé et n'ayant pas fait l'objet de photos depuis la fiche d'œuvre, le conservateur a profité du passage d'une photographe professionnelle pour prendre deux clichés de ce bas-relief (photos 52 ko et 48 ko réalisées par Mme Dautricourt):
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La fiche d'œuvre indique: Napoléon 1er distribuant la Légion d'honneur, bas-relief, Bouvet (19ème siècle), cote cliché 99-003656, n° d'inventaire MDO-222, objet d'art, fonte de fer, dimensions: hauteur 82 cm, largeur 53 cm, mode d'entrée: donation Osiris en 1912 (mécène et philanthrope Daniel Iffla, dit Osiris).
6° le 20 juin 2016:
Comme je l'avais prévu, je me suis rendu de nouveau aux Archives de Paris pour trouver cette fois l'inventaire après décès de Madeleine, Geneviève, Renée PHILIPPINE, la veuve de Claude Bouvet. Après avoir effeuillé plusieurs registres des tables de décès, pour ma culture encore naissante dans ce domaine je me suis rendu compte qu'à l'époque il pouvait y avoir plusieurs mois écoulés entre la date d'un décès et la date de déclaration (ex: décès en mars, déclaration en décembre) et plus encore (ex: décès le 21/1/1826, déclaration le 12/2/1828). Ces écarts impliquent des périodes de recherches pouvant couvrir jusque deux ans, peut être plus encore dans certains cas.
Dans la dernière heure sur place avant la fermeture des archives, sur le registre des tables de décès, appositions et levées
de scellés, tutelles et curatelles, notoriétés, inventaires, ventes de meubles et déclarations de successions, cote DQ8/877 6ème bureau (9ème et 10ème arrondissement) 1812-1830 (PERU à PIL) page 109, numéro d'ordre 36, bingo! je lis: PHILIPPINE, Madne (pour Madeleine) peintre sur porcelaine, Beautreillis (pour la rue) numéro 9, 2 X (pour décembre)
1827, 63 ans, Ve Bouvet, testament hoge (pour olographe) Duchesne (indication des officiels qui ont procédé aux actes qui intéressent la succession), mobilier (détail par nature des objets mobiliers dépendants de la succession ), 231 (leur valeur), Leroy, lég (pour légataire) universel, 30 may 1828 (date des déclarations) soit 6 mois après son décès.
Faute de n'avoir trouvé la trace d'un inventaire, je me contente pour l'instant de l'existence d'un testament olographe rédigé
par la veuve Bouvet et d'un exécuteur testamentaire au nom de Leroy.
Ainsi, après ma visite à la Manufacture de Sèvres le 8/12/2015, le 1/4/2016 aux Archives de Paris puis le 20 juin dernier aux Archives nationales (CARAN) le matin puis aux Archives de Paris l'après-midi, « mon Bouvet » me fait voyager et me rend Parisien car je vais encore me déplacer aux Archives nationales, site de Paris, le 13 octobre prochain pour sortir d'un carton, je l'espère, le testament olographe de Madeleine Bouvet née PHILIPPINE, provenant des minutes du notaire Me Pierre Duchesne, rue Saint-Antoine dans le 9ème arrondissement, étude 89. Je ne désespère pas de trouver un jour un inventaire dressé après le décès de Claude Bouvet ou être en possession de documents photographiés de créances, de dettes, titres de propriété mais surtout des contrats passés avec des fondeurs pour le tirage des exemplaires du bas relief...
En attendant cette prochaine date avec espérance de trouvailles, je vais me plonger vers une autre piste pour savoir dans quel lieu mon bas-relief fut scellé dans un mur ou autre avant d'être descellé pour être ensuite peint et placé dans un cadre d'époque Empire entouré de bandes de tissu velours de couleur bleu que j'ai conservées bien sûr. Il me reste à rechercher quel était le fondeur, le lieu où il a été exposé (je présume vers 1804), établir sa provenance en lien avec la succession du roi Léopold II de Belgique de sa villa « Les cèdres » sur le Cap Ferrat, liée sans doute à la collection du prince Victor Napoléon marié avec la princesse Clémentine, la fille de Léopold II. Encore beaucoup de voies à explorer...
A tout hasard, savez vous comment je peux joindre par email Mme Laetitia de Witt, docteur en histoire, fille du comte de Witt, auteur du livre Le Prince Victor Napoléon son ancêtre qui a épousé la princesse Clémentine?
Depuis mon acquisition du 17/5/2015 et le premier contact avec la conservatrice du Musée de la Légion d'honneur du 1/9/2015, en une année j'ai donc obtenu les photos et les fiches d’œuvres des cinq musées connus qui conservent un exemplaire de ce bas-relief.
Je me pose encore quelques questions:
Pourquoi Claude Bouvet n'a t-il pas daté de sa main son premier plâtre, probablement en 1804 (année de la création de la légion d'honneur)? Peut-être est-ce le plâtre originel du musée de l'île d'Aix (vu son état de délabrement avancé). Pourquoi sur le plâtre du Musée de la Légion d'honneur, le sculpteur a t-il ajouté le « N » sur le revers du col du premier Consul? Le premier Consul remettant cette Légion d'honneur est représenté en uniforme de Colonel des chasseurs à cheval de la Garde impériale. Sur toutes les photos trouvées sur internet le présentant dans cet uniforme, il n'y aucun « N » sur le revers du col. Le sculpteur qui a gravé à la fois la date de 1814 (soit un an après le décès de Claude Bouvet le 13/1/1813 ) et le « N » sur le col, a commis selon moi une « irrégularité professionnelle » (je ne sais pas si cette expression est appropriée), sur ce plâtre, à la demande probable de sa veuve, en ce qui concerne au moins la date de 1814. Le Musée de la Légion d'honneur conserve dans ses réserves ce plâtre atypique, le seul connu ayant deux ajouts.
Dans votre intervention du 5/11/2015 ci-dessus, vous m'avez suggéré de constituer un tableau contenant les photos des six exemplaires connus avec les renseignements de chacune de ces œuvres, un peu je pense comme vous le faites pour chaque œuvre vendue ou répertoriée de James Pradier. Seulement, il y a un gros hic car je n'ai pas la compétence informatique pour le concevoir... Peut-être pourriez vous le concevoir pour moi quand votre emploi du temps vous le permettra? A cette fin j'ai réalisé sur papier libre une ébauche de présentation que je vous fais parvenir par e-mail. A vous de juger si ce tableau de colonnes est complet pour renseigner chaque bas-relief.
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Marc Ruyssen (14/11/2016)
A Élisabeth Lebon: J'ai fait votre connaissance sur internet suite aux nombreux échanges que vous avez eus sur ce forum avec Douglas Siler concernant votre Enquête sur un inventaire de la fonderie Colin. Votre correspondance m'avait beaucoup intéressée quand je l'ai découverte par hasard dans le courant de l'année 2014, possédant quelques bronzes chez moi.
Amateur passionné de Napoléon 1er demeurant à Dunkerque, j'ai acquis en mai 2015 un grand bas-relief en bronze doré représentant en pied le Premier Consul Napoléon Bonaparte remettant la légion d'honneur, provenant de la succession du Roi Léopold II de Belgique. J'ai donc contacté M. Siler pour lui demander s'il voulait bien ouvrir une discussion sur l'auteur de cette œuvre, Claude Bouvet, afin d'obtenir sur ce sculpteur des renseignements au même titre que vous sur la fonderie Colin. Malgré que ma demande ne concernait pas James Pradier, il a bien généreusement donné suite à ma requête. Aussi, je viens vers vous dans l'espoir que vous voudriez bien m'aider à trouver dans quelle fonderie mon bas-relief a été coulée. Claude Bouvet est décédé le 13 janvier 1813 et je situe ce bas-relief vers 1804/1805.
Actuellement, depuis plusieurs mois, je fréquente les Archives de Paris et les Archives nationales (site de Paris)
pour tenter de trouver son inventaire après décès, mais sans succès pour l'instant, afin de connaître avec quels
fondeurs il aurait pu travailler.
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Élisabeth Lebon (15/11/2016)
A Marc Ruyssen: J’aurais été ravie de pouvoir vous aider. Hélas, je ne trouve rien dans ma documentation, ni pour le sculpteur Bouvet, ni pour l’œuvre en question. Vous avez trouvé en Douglas Siler « le » maître de l’investigation minutieuse, érudite et exhaustive, et je constate que vous le talonnez brillamment!
Je suis juste sceptique sur un rapport avec la colonne Vendôme. Le livre d’Ambroise Tardieu (que vous pouvez consulter en cliquant ici) donne de nombreux détails sur la colonne. Je n’ai pas le temps de m’y replonger maintenant, mais vous trouverez dans cet ouvrage une description assez précise de chacun des « tableaux » des reliefs, peut-être quelque part Napoléon distribuant des Légion d’honneur?… Je vous le souhaite mais j’en doute car le nom de Bouvet n’apparaît pas dans la liste des sculpteurs de la colonne donnée par Tardieu (p. 14). Il faut pour être parfaitement honnête signaler que cet ouvrage recèle au moins une erreur en attribuant la paternité des aigles de la base à Canlers, alors qu’ils sont de Renault (Canlers était le ciseleur). Mais je n’ai jamais vu d'autre contestation sur le nom des sculpteurs.
A propos de vote recherche sur un inventaire après décès, aux Archives de Paris, avez-vous consulté le fichier de déclarations de succession? Voici les notes que j’ai prises pour essayer de m’y retrouver:
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1° En connaissant la date et l’arrondissement du décès: instrument de recherche I.7.1 -> série DQ8. Attention aux concordances à respecter entre les bureaux de l’enregistrement et les arrondissements (demandez au président de salle de vous aider).
2° Les tables DQ8 donnent nom (de jeune fille) et prénom du défunt, profession, adresse, age du défunt, état, éventuellement nature et date des actes relatifs à la succession, éventuelle déclaration de succession s’il y avait des biens à transmettre.
3°
A partir de DQ8, on retrouve la cote DQ7 (DQ7 + numéro de l’article) (instruments de recherche I.7.2 et I.7.3).
4° Les déclarations de mutation de biens (DQ7) donnent: nom, date et lieu de décès, nom des héritiers et liens de parenté, état de la succession meubles et immeubles avec mention des actes notariés qui ont fait entrer les biens dans le patrimoine (mariage, testament...), droits à payer, nom du notaire qui a établi l’acte s’il y a succession immobilière.
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Enfin, sans indice d’aucune sorte, il me semble impossible d’identifier le fondeur, il y aurait de nombreuses possibilités. J’ai l’impression (même si j’ai du mal à voir le détail sur la photo du forum) qu’il s’agit d’une fonte au sable, c’est tout ce qu’on peut dire, et c’est trop peu.
A propos du « N » et des signatures, on peut effectivement graver après coup un plâtre, donc un plâtre qui porte des éléments gravés n’apparaissant pas sur une épreuve de bronze n’est pas d’office éliminé comme plâtre modèle.
Et je vous suis sur l’hypothèse du plâtre abîmé (bas de parchemin cassé) comme candidat pour le plâtre modèle de fonderie, car la fonte au sable est assez violente pour les modèles et les éléments fragiles en saillie peuvent casser. La teinte pourrait être analysée pour voir s’il ne s’agit pas de la couleur d’un agent démoulant qui aurait tourné avec le temps.
Je vous aurais bien orienté vers le tandem favori de Denon: Honoré Gonon (fondeur) et Charles-Stanislas Canlers (ciseleur), mais Canlers est mort en 1812. Et un tel sujet n’a jamais été relevé à ma connaissance dans la production d’Honoré Gonon (on en a une liste assez détaillée donnée par son fils. Elle n’est pas exhaustive, cependant un tel sujet aurait-il pu être oublié?...). Par ailleurs Bouvet ne figure pas dans l’index des noms cités par Denon dans sa correspondance administrative.
Les hypothèses peuvent être si nombreuses qu’il faudrait vraiment au moins un indice. La fonte de fer ne peut pas en être un à partir du moment où celle que vous avez repérée n’est pas datée, il pourrait s’agir d’une édition postérieure à l’édition initiale.
Voilà tout ce que je peux vous dire, et qui j’en suis désolée ne vous apporte pas de réponse. Mais je lirai avec intérêt la suite de vos recherches, que je souhaite fructueuse, et reste à votre disposition si vous pouvez m’apporter quelques indices supplémentaires pour identifier un fondeur.
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Douglas Siler (23/2/2017)
Un grand merci très tardif mais non moins chaleureux à Élisabeth Lebon pour ces précieuses indications. Et félicitations à Marc Ruyssen pour ses dernières découvertes, rapportées dans ses interventions des 7/8/2016 et 14/11/2016 ci-dessus. Il faut espérer que de nouveaux indices nous permettront d'identifier un jour le ou les fondeur(s) du bas-relief. Comme l'a suggéré M. Ruyssen, et comme le confirme Mme Lebon, il me semble que le plâtre très dégradé de l'île d'Aix, signé mais non daté, a bien pu servir pour la fabrication de son épreuve, et qu'une comparaison minutieuse des signatures pourrait étayer ou infirmer cette hypothèse. Si les photos dont on dispose actuellement ne sont pas d'une résolution suffisante, elles permettent tout au moins de constater que le nom du sculpteur revêt la même forme et se situe à peu près au même endroit sur le plâtre (à gauche ci-dessous) que sur le bronze (à droite):
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Il en est de même des trois exemplaires sur lesquels la signature est suivie d'une date: le plâtre du Musée de la Légion d'honneur (au centre ci-dessous), la fonte de fer de Malmaison (à gauche) et le bronze de Châteauroux (à droite):
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On serait tenté de conclure que le plâtre du Musée de la Légion d'honneur a servi, lui, pour la fonte de ces deux épreuves. Ainsi que l'a suggéré Mme Lebon, il a pu ne porter, au départ, comme celui de l'île d'Aix, que le nom du sculpteur, et la date a pu être ajoutée plus tard pour les besoins de la cause (p. ex., commercialisation post-mortem de l'œuvre par la veuve du sculpteur).
En ce qui concerne l'épreuve en fonte de fer du château de Blois, une telle comparaison n'est pas possible, la signature (et la date?) originale(s) ayant sans doute disparu avec son fond, remplacée(s) par la signature incisée sur la plinthe:
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Datation
Napoléon établit l'Ordre national de la Légion d'honneur le 19 mai 1802 et fait une première distribution de médailles le 14 juillet 1804 aux Invalides. Ainsi, le modèle original du bas-relief a dû être réalisé après cette première distribution et ne peut point être identifié au petit bas-relief représentant le premier consul exposé par Bouvet au Salon de 1800. (Du reste, comme nous l'apprend le régistre d'inscription pour ce Salon voir plus loin cette œuvre représentait Bonaparte à cheval). D'autre part, nous savons maintenant, grâce à la perséverance de Marc Ruyssen, que Bouvet est décédé le 13 janvier 1813. Les exemplaires en métal datés de 1814 ne peuvent donc avoir été fondus qu'après sa mort, vraisemblablement à partir d'un modèle en plâtre (celui du Musée de la Légion d'honneur?) sur lequel cette date aurait été ajoutée. Par conséquent, seul ce modèle, et seuls les exemplaires non datés, en plâtre ou en métal, peuvent avoir été réalisés de son vivant. Mais, bien entendu, des épreuves sans date ont pu être fondues aussi bien avant qu'après son décès, à partir d'un modèle ou de modèles non daté(s).
Cependant, un autre candidat pour le modèle originel se présente dans les régistres d'inscription des Salons. Dans son intervention du 24/11/2015, Marc Ruyssen, alerté par le conservateur du château de Malmaison, Alain Pougetoux, signalait l'existence de ces régistres, maintenant numérisés sur internet, dans lesquels on inscrivait les œuvres apportées par les artistes pour être exposées au Salon. Ils sont surtout intéressants dans la mesure où ils gardent la trace d'œuvres non citées dans les livrets imprimés, soit que le comité de réception les ait refusées, soit qu'elles aient été exposées hors catalogue. C'est ainsi qu'on découvre dans le régistre de 1810 trois œuvres présentées par Bouvet dont une seule un buste de son maître Boizot figure dans le livret du Salon. Les deux autres, absents du livret, étaient toutes deux des bas-reliefs, l'un étant un Portrait en pied de Mr Denon et l'autre un Portrait en pied de l'Empereur. Celui-ci ne serait-il pas notre bas-relief de Napoléon remettant la Légion d'honneur? C'est tout à fait possible. Mais, malheureusement, et à la différence de beaucoup d'autres œuvres enrégistrées, ses dimensions ne sont pas indiquées dans les deux colonnes réservées à cette information (hauteur et largeur). C'est dommage car si elles l'avaient été elles auraient pu nous conforter dans le rapprochement des deux œuvres.
A noter que si le modèle originel de notre bas-relief n'a pu être conçu qu'après la première distribution de la Légion d'honneur en mai 1804, sa réalisation n'a pas forcément eu lieu tout de suite après cette cérémonie. L'année 1810 n'est donc pas à exclure. Peut-on être sûr, d'ailleurs, que Bouvet se soit inspiré de cette distribution-là et non pas d'une autre, plus tardive?
Cette question m'est venue à l'esprit suite à la découverte d'un septième exemplaire de l'œuvre récemment mise en vente et auquel le catalogue de vente attribue un titre inhabituel. Il s'agit d'une épreuve en bronze identique à l'épreuve en fonte de fer du Musée de Blois. Privé, comme elle, de son fond, elle est fixée sur un panneau de marbre blanc et porte la même signature « Bouvet » sur sa plinthe. Estimée 3.000 à 5.000, elle n'a pas trouvé preneur à la vente Sotheby's, Paris, du 28 nov. 2016, lot n° 235. Voici la photo reproduite dans le catalogue:
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Et voici un zoom sur la signature:
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Cette signature est identique à celle qui figure sur l'épreuve de Blois. Il me semble, d'ailleurs, que les marques qui la suivent sont les mêmes. Les deux épreuves proviennent donc sûrement du même moule.
Les mesures indiquées dans l'annonce 88,5 cm de haut sur 47 cm de large sont celles, je suppose, du panneau en marbre et non celles du bas-relief. Le titre donné est le suivant: Napoléon Empereur distribuant la croix de la légion d'honneur au camp de Boulogne. Pourquoi « au camp de Boulogne »? Serait-ce un titre choisi arbitrairement par Sotheby's ou par le propriétaire de la pièce, en tenant compte de la grandiose distribution de médailles à laquelle Napoléon présida dans ce camp devant 100.000 soldats! le 16 août 1804, un mois seulement après celle, plus intime, des Invalides? On aimerait bien le savoir car l'annonce ne cite aucun document à l'appui. En tout cas, ce titre ne nous avance guère pour la datation de l'œuvre.
Provenances
Il serait peut-être utile de se pencher davantage sur la provenance des différents exemplaires du bas-relief. A propos de celui qui vient de la succession du roi Léopold II (1835-1909) et de sa villa « Les Cèdres » au Cap-St-Jean-Ferrat, j’ai lu quelque part que Léopold II avez organisé lui-même la vente de ses collections peu de temps avant sa mort. Ne serait-il pas possible de trouver trace de l'œuvre de Bouvet dans un catalogue de vente ou dans les archives royales de Belgique? Par ailleurs, il est intéressant de voir que l'exemplaire de Châteauroux (signé et daté de 1814) avait appartenu au maréchal Mortier (1768-1835), l'un des proches de Napoléon. A quelle époque et dans quelles circonstances est-il entré en sa possession? D'autres exemplaires ont appartenu à des collectionneurs prestigieux (Maurice Bucquet, Daniel Iffla, le baron Napoléon Gourgaud, Ernest Petit), lesquels ont peut-être laissé des archives qui documentent leur provenance. Qui sait? On pourrait peut-être démontrer que certains parmi les sept qu'on a retrouvés jusqu'à maintenant, sinon tous, avaient appartenu, à l'origine, à des titulaires de la Légion d'honneur...
En préparant les remarques qui précèdent, j'ai eu le bonheur de tomber (ici) sur une photo du Napoléon chargeant de Bouvet, bas-relief en terre cuite conservé à Malmaison. M. Pougetoux avait signalé cette œuvre il y a plus d'un an à Marc Ruyssen (voir sous la date du 29/10/2015 ci-dessus) mais on n'en avait pas d'image. La voici donc:
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Ce bas-relief est sans doute le même que celui du G[énéral] Bonaparte à cheval exposé par Bouvet au Salon de 1800 (n° 403) où il avait exposé sous le même numéro son bas-relief Le général consul Bonaparte, conduisant un char avec la rapidité d'un héros..., également conservé à Malmaison (voir l'image dans mon intervention du 25/10/2015 ci-dessus).
Voilà donc que la liste des œuvres de Bouvet commence à s'étoffer neuf pièces à présent, sans compter celles dont l'existence est attestée mais qui n'ont pas (encore) été retrouvées. Parmi ces dernières, cinq sont citées dans les livrets des Salons. Mais il faut en chercher aussi dans les régistres d'inscription des Salons. A titre d'exemple, voici des captures d'écran de la page de titre du registre de 1810 et de la page sur laquelle figure Bouvet avec, en-dessous, un agrandissement de la liste de ses œuvres sur cette même page:
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En dépouillant donc ces régistres à partir de l'année 1795 (première année numérisée sur internet) et jusqu'en 1819 (six ans après le décès du sculpteur), j'y ai relevé pas moins de dix autres œuvres de Bouvet non repris dans les livrets des Salons. Si l'on y ajoute son projet de pyramide à la mémoire du général Gouvion présenté à l'Assemblée nationale en 1792, on arrive à un total de 25 pièces.
Enfin, pour que l'ensemble des informations sur ces pièces soient facilement accessible, j'ai établi un premier « catalogue raisonné » des œuvres de Claude Bouvet que l'on peut consulter ici même en cliquant sur le lien suivant:
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Les sept exemplaires du bas-relief de Napoléon remettant la Légion d'honneur sont présentés en tête du catalogue, suivis des autres œuvres dans l'ordre chronologique de leur création. Ce catalogue sera enrichi et mis à jour au fur et à mesure de nos nouvelles découvertes.
Je terminerai aujourd'hui en essayant de répondre aux questions posées par Marc Ruyssen dans son intervention du 2/9/2016 ci-dessus:
1° « A tout hasard, savez-vous comment je peux joindre par email Mme Laetitia de Witt, docteur en histoire, fille du comte de Witt, auteur du livre Le Prince Victor Napoléon son ancêtre qui a épousé la princesse Clémentine? »
Si vous n'avez pas encore trouvé ses coordonnées, le mieux sans doute serait de lui écrire aux soins de son éditeur, Fayard, dont voici l'adresse: Librairie Arthème Fayard / 13, rue du Montparnasse / 75006 Paris. / Tél. 01 45 49 82 00. Je trouve sur internet qu'elle est née en 1974, qu'elle s'est mariée en 2004 avec Jean de Villelume, comte de Villelume, et qu'elle habite la région parisienne. Si vous êtes inscrit sur Linkedin (je ne le suis pas moi-même), vous trouverez son profil ici.
2° « Pourquoi Claude Bouvet n'a t-il pas daté de sa main son premier plâtre, probablement en 1804 (année de la création de la Légion d'honneur)? Peut-être est-ce le plâtre originel du musée de l'île d'Aix (vu son état de délabrement avancé). »
Très souvent les sculpteurs ne datent pas leurs œuvres, même leurs œuvres en marbre. Mais comme je l'ai indiqué plus haut, son bas-relief ne date pas forcément de 1804. Il n'en est pas moins vrai que le plâtre du musée de l'île d'Aix pourrait être le plâtre originel de l'œuvre.
3° « Pourquoi sur le plâtre du Musée de la Légion d'honneur le sculpteur a t-il ajouté le "N" sur le revers du col du premier Consul? Le premier Consul remettant cette Légion d'honneur est représenté en uniforme de Colonel des chasseurs à cheval de la Garde impériale. Sur toutes les photos trouvées sur internet le présentant dans cet uniforme, il n'y aucun "N" sur le revers du col. »
Cet « N » n'est pas forcément dû au sculpteur. Comme l'a fait remarquer Élisabeth Lebon, il a pu être gravé après-coup par une autre main (comme la date 1814, d'ailleurs), sans doute en vue de mieux identifier le personnage. Si c'est le cas, et si ce plâtre a été utilisé après par un ou par plusieurs fondeurs, on trouvera peut-être un jour des épreuves en métal dotées de cette même inscription.
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Marc Ruyssen (25/2/2017)
Je ne peux que vous exprimer ma profonde reconnaissance pour votre collaboration continue avec moi.
Votre mise à jour du 23 courant est riche et dense, aussi je réagirai là-dessus prochainement car elle mérite une dissection
minutieuse quant aux éléments que vous y apportez. Dans un premier temps, je vous envoie cette photo de la signature de Bouvet sur mon bas-relief, en meilleure résolution je pense
que celle que vous avez déposée à côté de celle du plâtre du bas-relief du musée de l'île d'Aix:
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En ce qui concerne le catalogue raisonné, je réalise pleinement l'ampleur du lourd et EXTRAORDINAIRE travail que vous avez réalisé, qui profitera
peut-être à d'autres pour s'inspirer de sa présentation ou s'enrichir de son contenu. A n'en pas douter, il vous a pris beaucoup de temps car vous avez dû vous immerger de toutes les sources dans lesquelles nous avons trouvé les œuvres de Bouvet pour les reverser dans ce magnifique tableau,
complété de vos sources et références liées à votre érudition.
Quant au 7ème exemplaire du bas-relief, il allait faire partie de ma prochaine mise à jour mais vous m'avez anticipé. Cependant, les éléments que je vais vous communiquer maintenant sur ce bas-relief sont différents.
Vous pourrez ajouter dans les colonnes « Historique » et « Remarques » du catalogue les informations suivantes:
« Non vendu à la vente Sotheby's du 28 nov. 2016 après avoir été vendu chez Chativesle, maison de ventes à Reims, étude de Maître Alban Gillet, le 20 mars 2016, lot 114 titré Claude Bouvet (vers 1755-1813) Napoléon Empereur distribuant la croix de la Légion
d'honneur au camp de Boulogne. Bas-relief en bronze à patine brune, signé. Disposé sur une plaque rectangulaire en marbre
de Carrare. Accident au coin en bas à gauche de la plaque. Dimensions de la plaque 88 x 45 cm. Provenance : Galerie Pierre
Vanver, avril 1910. »
J'ai osé contacté le commissaire priseur pour lui demander des renseignements sur le vendeur.
J'ai obtenu que l'œuvre était conservée dans une maison à Reims, par un amateur
de la période Empire, et vendue dans le cadre de sa succession.
L'antériorité de sa provenance avait été tenue sur un carnet de bord par l'acheteur retraçant son achat et indiquant: la galerie
Pierre Vanver (?) en Avril 1910.
Je lui ai encore demandé à combien il a été adjugée au marteau : 720 euros + les frais (environ 25 %) soit 900 euros.
C'est un marchand Parisien qui l' a emporté.
Concernant le bas-relief exposé au Salon de 1810 représentant le général Bonaparte à cheval, je pense qu'il s'agit de cette œuvre que m'a envoyée très
récemment la responsable des collections du château de Blois, Mme Morgane Lecareux:
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Les informations qu'elle m'a fournies pour l'instant sont celles-ci:
œuvre entrée dans les collections du château en même temps que le n° 1f de votre catalogue avec la collection d'Ernest Petit en 1934. Il s'agit d'une plaque de métal repoussée et peinte, hauteur 53 cm, largeur 44.5 cm, n° d'inventaire 34-8-947.
Pour le Bonaparte chargeant, bas-relief en terre cuite, de Malmaison, je vais me rapprocher du
conservateur Alain Pougetoux pour obtenir des renseignements.
Pour la terre cuite du Salon de 1806 représentant Une naïade pour l'embellissement d'une fontaine, je vous livrerai des informations sur cette œuvre dans ma prochaine
correspondance suite à ma visite du 14/10/2016 aux Archives nationales de Paris.
J'en termine ici concernant mes commentaires et ajouts sur votre splendide catalogue pour vous envoyer dans la foulée la mise à jour que j'ai préparée récemment (le 8/2/2017).
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Marc Ruyssen (25/2/2016)
Me revoici donc pour la poursuite de l'enquête que je mène sur un « disparu » nommé Bouvet pour donner suite à ma dernière mise à jour.
Pour être le plus exhaustif possible dans l'état d'avancement de mes recherches sur ce sculpteur, de ses œuvres dont la mienne, j'ai omis d'inclure, entre ma parution d'éléments nouveaux du 2/9/2016 et celle du 14/11/2016, que j'ai fait lecture du très beau livre de Madame Ducourtial, conservateur en son temps du Musée national de la Légion d'honneur, ouvrage intitulé La Légion d'honneur. Un peu d'histoire d'abord:
Par cette lecture, j'apprends que Bonaparte Premier Consul, instigateur de cette Légion d'honneur, établit plusieurs arrêtés
en date des 13-23 et 27 messidor de l'An X ( 2-12 et 16 juillet 1802) prescrivant les premières mesures concernant l'organisation, l'administration de l'Ordre et la division en cohortes. L'article premier du dernier arrêté stipule que les militaires de tous grades appartenant au service de terre et de mer, qui, pour des actions d'éclat faites pendant la dernière guerre, ont obtenu des armes d'honneur, sont répartis dans les seize cohortes de la Légion d'honneur avec pour chacune un chef-lieu: 1ère cohorte: Château de Fontainebleau, 2ème cohorte: Abbaye de Saint-Waast d'Arras, etc. Malgré un « flou » sur l'existence de ces seize cohortes relatée par Madame Ducourtial, exprimé en ces mots « S'il n'est donc pas rigoureusement exact de prétendre que les cohortes de la Légion d'honneur n'ont jamais existé qu'à l'état de projet », etc., n'en demeure pas moins que c'est une piste d'investigation à explorer car si le siège de chaque cohorte n'a été qu'éphémère, je dois quand même m'assurer, au moyen de leurs archives, si mon bas-relief aurait pu figurer dans l'un de ses édifices publics. Il me reste donc à contacter le Conservateur du Château de Fontainebleau en premier lieu. Enquête à suivre.
Ajoutons encore un peu d'histoire:
En poursuivant la lecture de cet ouvrage, ma culture sur la Légion d'honneur s'enrichit en lisant que, dans l'esprit de son
fondateur, la Légion d'honneur devait être une institution spéciale, ayant une existence propre et possédant de nombreux
et riches palais ainsi que de vastes domaines, dont les revenus assureraient la grandeur de l'Ordre et certains avantages à
ses membres. Il était donc naturel d'adjoindre à l'établissement principal, des établissements secondaires.
C'est ainsi que, pour porter secours aux légionnaires malades ou dans le besoin, la création d'hospices avait été prévue au
siège de chaque cohorte.
Or, non seulement les membres de la Légion d'honneur se trouvaient exposés aux infirmités et aux misères humaines, mais
beaucoup d'entre eux, pères de famille, n'avaient que de modiques ressources, et l'éducation de leurs enfants pesait lourdement sur leur solde, leur traitement ou pension de retraite quand les blessures ou l'âge les contraignaient au repos.
Afin de leur venir en aide, l'Empereur apposa sa signature par décret à Schœnbrunn le 24 frimaire de l'An XIV (15 décembre 1805) pour prescrire l'établissement de maisons d'éducation pour les filles des membres de la Légion d'honneur: le château d'Écouen confié à Madame Campan, la maison dans le cloître de l'ancienne abbaye royale de Saint Denis sous la direction de Madame Dubouzet et la maison des Loges dirigée par Madame de Lézeau. Le 15 juillet 1810, Napoléon créa aussi par décret les maisons d'orphelines de la Légion d'honneur. Trois maisons, tenues par des religieuses, la congrégation de la mère de Dieu, furent créées: l'hôtel de Corberon à Paris, l'ancien couvent d'Augustin des loges à Saint-Germain-en-laye et l'abbaye de Barbeaux à Fontainebleau.
Autant de lieux, d'édifices couverts où mon bas-relief ainsi que ceux en bronze patiné et en fonte de fer, recensés dans les musées que j'ai inventoriés, auraient pu trouver « refuge », scellés comme le mien ou fixés à l'intérieur de ceux-ci, œuvres en rapport aux remises de médailles de la Légion d'honneur par Napoléon dans ces lieux car au plus je réfléchis sur les lieux et/ ou endroits où ils auraient bien pu se trouver, plus je me dis que ces exemplaires ne pouvaient être exposés à l'air libre, sur une colonne, une stèle ou un monument, car ils auraient été agressés par les conditions atmosphériques et ne seraient pas dans l'état de leur conservation actuel... Je m'égare peut-être... Mais...
Par ma récente connaissance de ces établissements liés à la Légion d'honneur, j'ai démarré une première recherche de lieu au château d'Écouen. Le 4/10/2016, j'ai contacté le conservateur du patrimoine de ce château, Monsieur Guillaume Fonkenell, pour lui demander si mon exemplaire aurait pu figurer au château d'après leurs archives. C'est avec une bienveillante attention qu'il m'a indiqué qu'il était à peu près sûr qu'un bas-relief de ce type n'a jamais figuré à Écouen car le château possède deux publications du XIXème très détaillées sur l'établissement de la Légion d'honneur, sans compter les Mémoires de Madame de Campan, en pensant qu'une telle œuvre serait mentionnée. Il a ajouté que cette maison d'éducation n'a été ouverte qu'en octobre 1807 avec un budget réduit au strict minimum. Cette première piste explorée sur les maisons de l'éducation écarte donc cet édifice où aurait pu se trouver mon exemplaire. Reste à prendre contact avec les deux autres maisons d'éducation ainsi que les maisons d'orphelines.
Comme exprimé dans ma mise à jour du 2/9/2016, j'avais découvert le 20 juin 2016 aux Archives nationales, site de Paris, dans le registre des tables de décès cote DQ8/877, l'existence du testament olographe de la veuve Bouvet déposé chez Me Pierre Duchesne, étude 89. Je suis donc retourné le 13 octobre 2016 aux archives pour espérer obtenir des informations complémentaires sur le couple Bouvet. En fin de journée, comme souvent, dans la boîte d'archives cote 1132 LXXXIX, je découvre dans une liasse une première chemise datée du 5 décembre 1827 titrée « Dépôt du testament de Mad Ve Bouvet » contenant 9 pages. Pour un chercheur amateur, les battements de cœur s'amplifient car c'est Noel avant l'heure. Au titre « Extrait des minutes du greffe du tribunal civil de première instance du département de la Seine, au palais de justice de Paris », indiquant que Maître Duchesne a présenté au tribunal civil de première instance un paquet sous enveloppe fermée par des pains à cacheter et portant les inscriptions suivantes: « Ceci est mon testament », paquet remis dans l'état par monsieur Leroy propriétaire chez qui elle logeait demeurant au numéro 5 rue Beautreillis à Paris. On lit ensuite: « Le comparant nous a requis de présentement constater l'état dudit paquet, en faire l'ouverture ainsi que la description des papiers qu'il contient » (lesquels, et que sont-ils devenus?). Procès-verbal signé après lecture par Me Duchesne.
L'inventaire dudit paquet dont le cachet leur a paru sain et entier indique qu'ils ont trouvé un acte sous seing privé contenant les dispositions testamentaires faites par Madame Bouvet, description faite de la manière suivante:
« Cet acte daté du dix novembre 1827 est écrit sur une feuille de papier du timbre de trente cinq centimes », vingt-quatre lignes sur la première page et treize lignes sur la seconde. Dans cette chemise se trouvait la présence du testament olographe de Madame Veuve Bouvet. Le contenu de ce testament recopié en l'état d'écriture avec les fautes (voir photo de l'original ici) est celui-ci:
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[p. 1 r°]
Au nom de la tres Sainte trinité du père du fils et du St Esprit, je laisse mon âme a Dieu pour qui la prenne dans sa miséricorde,
je prie les personnes aisées qui ont eu tant de bonté pour moi de vouloir bien recevoir les temoignages de ma sincere
reconnaissance je recommande tres expréssément aux personnes qui me rendront les dernier services de mettre dans ma
bière le portrait de mon fils [qui?] et une petite boite renfermant un petit cœur avec des cheveux de mon marie
et enfants [deux identifiés sur les quatre: deux filles] et d'autre petits objets contenue dans la même boite,
je nomme pour mon Executeur testamentaire Monsieur le Roy comme mon propriétaire le priant de vouloir bien faire executer ponctuellement mes dernierre volontés cy apres annoncées [?] je donne et signe apres mon déces sur ce qui se trouvera de disponible a moi apartenant savoir a mon frere philippine cent franc et son groupe de fleurs [?] a madame Maynaeret [?] ma pendulle et mon portrait [une peinture sur toile ou une miniature?] a madame Reboul une gravure avant la lettre representant Vénus qui nous a ete donné par Monsieur Robert le fevre, a Monsieur golu [?] la glace qui est sur la commode de même que l'esquisse en terre cuite representant une Nayade [esquisse de Claude Bouvet qui a présenté pour l'exposition du Salon de 1806 au musée Napoléon « une naïade en terre cuite pour l'embellissement d'une fontaine », numérotée 569, seule trace de cette œuvre du sculpteur] à Mademoiselle otalie gouvernante de Monsieur leroy quinze francs à madame charlot trente francs avec un petit tableau representan l'intérieure d'un temple
[p. 1 v°]
à Madame brière [?] quarante francs pour les soins quel [?]
A Madame léritié [?] trente francs
a madame [nom illisible] une petite table chifonierre avec des pots en porcelaine [elle a travaillé à la Manufacture de Sèvres] a madame garol 6 petit tableaux a madame brenil [?] rue de charenton [?] n° 128 dix franc
dapres les diferens [?] leguer distribue par les soins de Monsieur et Madame le Roy mon Executeur testamentaire au personnes ci dessu dé nommé de même qu'a Mademoiselle Madeleine esgot [?] dix franc, tout excedent de mon avoir qui pourra se trouver de disponible je le donne a Monsieur le Roy en temoignage de ma reconnaissance
paris le 10 novembre 1827
[signé] Ve Bouvet
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Dans cette même liasse il y avait également une autre chemise titrée: « 8 décembre 1827 - Notoriété après le décès de Mad
Bouvet » dans laquelle était associée une minute notariale stipulant que Monsieur Jean Meniou, coiffeur demeurant à Paris
rue Beautreillis n° 18, et Monsieur Jean Eloi Jollois demeurant à Paris rue St Antoine n° 186 qui ont comparu devant le
notaire ont « attesté pour vérité et notoriété publique qu'ils ont parfaitement connus Madame Madeleine Philippine
Ve de Monsieur Claude Bouvet, la dite dame en son vivant peintre sur porcelaine demeurant à Paris rue Beautreillis n° 5,
qu'ils savent qu'après son décès il n'a point été fait d'inventaire, et qu'elle n'a laissé ni ascendants ni descendants
ni par conséquent d'héritier auquel la loi réservant une portion quelconque de ses biens. A l'appui de leur déclaration, les comparants ont représenté aux notaires soussignés une copie de l'acte de décès de la dite Ve Bouvet inscrite aux registres des actes de décès du neuvième arrondissement de Paris, à la date du trois décembre mil huit cent vingt sept, laquelle copie délivrée. »
A l'intérieur de cette chemise, était joint l'extrait du registre des actes de décès du 9ème arrondissement pour l'an 1827,
l'acte de décès de Madeleine Philippine le 2 décembre à neuf heures du soir, veuve de Claude Bouvet.
Après lecture de ces documents, le cœur retrouve son rythme normal car la « pêche » n'est pas vraiment celle que j'espérais, mais ces documents m'apportent néanmoins quelques informations, dont le testament intime de la veuve Bouvet qui suscite une certaine émotion comme si c'était un mes ancêtres, en lisant: « mettre dans ma bière le portait de mon fils et une petite
boîte contenant les cheveux de mon marie et enfants ».
Le dépouillement de ce testament me permet juste d'établir ce constat:
Entre le décès de Claude Bouvet le 13 Janvier 1813, la lettre de demande de pension par sa veuve du 3 Août 1818 dans
laquelle elle écrit que son mari lui légua en mourant pour quinze cent francs d'ouvrages (les deux œuvres présentées
par elle au salon de 1814, une statue en plâtre l'hymen présentant le joug du mariage, n° 1014, et une statue
en plâtre représentant Alexandre le Grand, n° 1015, et peut être d'autres œuvres?), et le décès de Madeleine Philippine le 2 décembre 1827, j'apprends par cette lecture qu'elle a eu un fils décédé avant elle non identifié, que les deux ouvrages cités de Claude Bouvet qu'elle a présentés au salon de 1814 n'apparaissent pas dans son testament (sans doute vendus pour assurer sa modeste existence après le décès de son mari) et qu'il lui reste seulement une esquisse en terre cuite représentant une naïade référencée dans les œuvres du sculpteur.
Il me faut maintenant poursuivre mes recherches pour connaître le lieu où mon bas-relief a été exposé, puis rechercher
à partir d'archives de 1792 (date à laquelle Bouvet a quitté la Manufacture de Sèvres pour travailler à Paris) son atelier dans
lequel il a exercé ses activités de sculpteur indépendant jusqu'à sa mort.
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Élisabeth Lebon (26/2/2017)
Après avoir admiré le formidable travail de Douglas Siler pour un catalogue raisonné de Bouvet, j'ai reparcouru très rapidement les échanges ci-dessus et il m’est venu une idée concernant l'exemplaire du relief précisant dans le titre « Napoléon Empereur distribuant la croix de la légion d'honneur au camp de Boulogne ». Or, vous m’aviez demandé si le relief n’aurait pas pu être prévu pour la colonne Vendôme, hypothèse que j’avais rejetée. Mais avez-vous exploité la piste de la colonne de la Grande Armée à Boulogne-Wimille? La décision d’y élever une colonne a été prise à la suite de cette distribution. Un bas-relief du piédestal commémore d’ailleurs l’événement: « Distribution des croix de la Légion d’Honneur au camp de Boulogne » par Lemaire. Sa réalisation, qui a échappé à la direction de Denon, a été plutôt chaotique et n’est restée qu’à l’état d’ébauche sous le premier empire. Ne pourrait-on imaginer que Bouvet ait proposé un relief adaptable à une colonne, à la suite de cette distribution et du projet qui lui succéda, qui fit certainement du bruit, au moins chez les artistes à l’affût d’un travail?
Il faudrait aller fouiller aux Archives nationales le dossier concernant cette colonne. Et même s’il n’y avait rien là à ce sujet (à ma connaissance cette colonne a toujours été envisagée avec un fût lisse de marbre, mais il faudrait vérifier les toutes premières pensées), on ne pourrait écarter une initiative personnelle, de quelqu’un pas forcément bien informé (à partir de 1806 le projet de la colonne Vendôme, avec ses reliefs, démarre aussi, l’amalgame peut se faire dans les esprits), intiative à laquelle aucune suite n’aurait été donnée? A cette époque les sculpteurs sortaient d’une période de crise colossale, et tout devait être bon pour trouver du travail. Proposer sans être sollicité quelque chose de flatteur pour l’empereur, à propos d’un événement qui a sans doute fait du bruit accompagné de ce projet de colonne, ça peut paraitre vraisemblable.
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Douglas Siler (4/3/2017)
Cette piste de la colonne de Boulogne mérite, certes, d'être explorée à fond. Je l'avais écartée au départ après avoir vu que les deux bas-reliefs actuellement en place, l'un de Henri Lemaire, l'autre de Théophile Bra, dataient des années 1830. Mais d'autres reliefs appartenant au projet initial sont effectivement évoqués dans les textes qui retracent l'histoire de la colonne. Parmi ceux-ci, un titre, en particulier, a retenu mon attention. Il s'agit d'une étude rédigée par un historien local à la veille de l'inauguration du monument en 1841:
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Colonne de la Grande Armée à Boulogne-sur-Mer. Son origine. Sa Fondation. Anecdotes sur l'Empire et la Restauration. Destinations diverses. Inauguration définitive. Par A******* P******** du Pas-du-Calais. Lavigne, Éditeur, rue du Paon-Saint-André, 1, à Paris. Renaud, Libraire, à Boulogne-sur-Mer. 1841.
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Numérisé sur le site Wikisource (voir ici), cet ouvrage fournit plusieurs indications utiles relatives à la chronologie du monument et son ornementation sculptée. Voici en résumé celles qui m'ont paru les plus pertinentes pour notre enquête:
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21 septembre 1804: L’armée de terre sous les ordres du maréchal Soult et campée à Boulogne vote « l’érection, à ses frais, d’une colonne de 50 mètres de hauteur, destinée à rappeler les hauts faits de l’armée française, à consacrer l’immortelle expédition d’Égypte et à perpétuer le souvenir de la première distribution faite en présence de 100,000 braves, des décorations de la Légion d’Honneur ».
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Un concours ouvert peu après cette date pour la construction du monument est remporté par l'architecte Labarre. Le sculpteur Houdon est chargé de la statue de Napoléon et le sculpteur Moitte des bas-reliefs, au nombre de trois.
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1815: A la chute de l'Empire la colonne est à peine sortie de terre et les matériaux de construction sont entassés pêle-mèle au pied d'un échafaudage de 180 pieds de haut.
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1817: Le préfet du Pas-de-Calais réclame l’achèvement du monument en faisant remarquer « qu’il ne portait aucune empreinte qui retraçât son origine et sa destination; que nul bas-relief, nulle sculpture n’offrait les emblèmes du gouvernement qui n’était plus. En effet, sous prétexte que le travail n’en était pas bon, que les sujets n’étaient pas de nature à être conservés; que la matière même n’était pas de belle qualité, statue et bas-reliefs avaient été fondus. La statue de Napoléon, exécutée par le sculpteur Houdon, et haute de quatorze pieds sans le bouclier, avait servi avec le bronze, depuis long-temps rassemblé pour les ornements, à terminer la statue de Henri IV qui décore le Pont-Neuf. »
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1819-1824: Achèvement de la colonne et enlèvement de l'échafaudage. L'architecte Labarre propose alors de confier au sculpteur Cartelier l'exécution d'une statue de Louis XVIII et d’un bas-relief représentant le retour du roi en 1814. Mais Louix XVIII n'ayant pas voulu de statue, on la remplace par un globe coiffé d'une couronne royale.
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Les bas-reliefs font l'objet de vifs débats entre l’architecte et l’administration, principalement sur la question de savoir si leur exécution aurait lieu en marbre, en bronze ou en fonte. En 1822, le fondeur Carbonnaux, auquel on devait la statue de Louis XIV sur la place des Victoires, proposa d’exécuter la fonte et la ciselure de quatre bas-reliefs, dont deux avec sujets historiques et deux avec inscriptions. Ces bas-reliefs ne restèrent qu’à l’état de projet ou de dessin.
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4 juin 1831: Sur la demande du conseil municipal, du préfet du Pas-de-Calais et du maréchal Soult, on décide que la colonne prendra le titre de Colonne de la grande armée et sera couronnée par une statue de Napoléon. Les bas-reliefs devaient représenter « l’hommage de l’armée à l'Empereur, la distribution des décorations de la Légion d’Honneur; le plan des trois ports de Boulogne, Wimereux, Ambleteuse, et la flottille en rade; l’aspect des camps de la colonne et de la baraque Napoléon ».
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Août 1838: Le comte de Montalivet, alors ministre de l’intérieur, commande à Bosio la statue de Napoléon, haute de 15 pieds et soutenue par un bouclier entouré d'aigles en bronze.
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15 août 1841: Inauguration du monument. Écrivant peu avant cette cérémonie, l'auteur de l'étude précise: « Il n’y aura plus à placer que les bas-reliefs. Confiés à MM. Théophile Bras [sic pour Bra] et Lemaire, tous deux sont terminés et seront bientôt coulés en bronze, car c’est le bronze qui a été définitivement choisi. »
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D'après ce texte donc, il y a eu un concours pour la construction de la colonne, concours remporté par l'architecte Labarre. S'il y a eu aussi un concours pour la statue et pour les bas-reliefs ce n'est pas clair Bouvet a pu y participer et sa participation a pu laisser des traces. En tout état de cause, la statue de Napoléon confiée à Houdon et les trois reliefs confiés à Moitte (Jean-Guillaume Moitte, 1746-1810, prix de Rome en 1768) n'auront pas survécu à la chute de l'Empire, leur bronze ayant été réutilisé pour la statue d'Henri IV sur le Pont-Neuf. Mais les dessins et/ou les modèles en plâtre ont peut-être été conservés, ainsi que ceux de projets présentés par d'autres sculpteurs. Comme le conseille Mme Lebon, il faudrait voir les dossiers s'il y en a aux Archives nationales (après une recherche préalable dans la « Salle d'inventaire virtuelle » des Archives). Le petit musée installé dans un des deux pavillons à l'entrée du domaine de la colonne pourrait aussi livrer des éléments intéressants. Je lis sur le site www.colonne-grande-armee.fr qu'il présente « l’ancienne statue de bronze de Napoléon [par Bosio] installée en haut de la Colonne, ainsi que des éléments d’archives retraçant l’histoire du monument et de la Légion d' honneur ».
Mme Lebon mentionne que la réalisation du monument « a échappé à la direction de Denon ». A ce propos, ce n'est peut-être pas par hasard que Bouvet a exposé au Salon de 1810 un portrait en pied de Denon en même temps qu'un portrait en pied de l'Empereur, ce dernier, comme indiqué plus haut, ayant pu être son bas-relief de Napoléon remettant la Légion d'honneur.
A noter dans le texte précité que sous la Restauration l'architecte Labarre avait proposé de confier à Cartelier l'exécution d'une statue de Louis XVIII et d'un bas-relief représentant son retour d'exil en 1814. Comme on l'a vu, Bouvet avait côtoyé Cartelier en 1794 lors d'une réunion de la Société populaire et républicaine des arts. Signalons aussi en passant qu'on doit à Henri Lemaire, élève de Cartelier et auteur du bas-relief actuel représentant la distribution de la Légion d'honneur, le fronton de l'église de la Madeleine travail qu'il avait remporté en 1830, à l'issue d'un important concours, sur son rival James Pradier... (voir la Correspondance de Pradier, t. I, lettres 104, 118 et 119).
Sur l'histoire de la colonne on peut lire aussi avec profit:
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Histoire de la Colonne Napoleone érigée par l'Armée expéditionnaire et la flotille à la gloire de l'Empereur Napoléon. Boulogne-sur-Mer, Durieux, Libraire, 1841.
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Cet ouvrage (numérisé ici) évoque d'abord les événements qui avaient amené la création du camp de Boulogne. Il donne ensuite une description circonstanciée de la cérémonie de la distribution des médailles et retrace en détail l'histoire de la colonne. Il cite en particulier le texte de l'ordre du jour qui en précisait la composition et dans lequel on lit que « la statue de S. M. l’empereur, ainsi que les reliefs et ornements du piédestal et du chapiteau, seront donnés au concours, aux artistes les plus distingués de l’empire ». Il précise aussi ceci: « Des bas-reliefs qui dans l’origine devaient orner le piédestal, le premier avait seul été exécuté; il fut détruit en 1815. Le muséum de Boulogne possède les plâtres des bas-reliefs qui ont pu échapper à la destruction. » Donc il y a eu bien un concours pour la décoration sculptée et certains des modèles en plâtre auraient été conservés au muséum. S'agit-il du musée installé sur le domaine de la colonne ou du musée des beaux-arts de Boulogne installé au Château Comtal? Plus haut, la description des quatre bas-reliefs prévus précisait que le premier donc celui qui a été détruit? devait évoquer l'hommage que l'armée faisait du monument à Napoléon alors que le second devait représenter « la cérémonie de la distribution de l’aigle de la légion-d’honneur par S. M. au milieu de l’armée, le 28 thermidor an XII ». Si le modèle de ce second bas-relief figurait parmi ceux qui ont été conservés, ce serait intéressant de le comparer au bas-relief de Bouvet.
L'idée de chercher des traces de l'œuvre de Bouvet dans les différents établissements de la Légion d’honneur ouvre d'autres perspectives de recherche. A ce propos, la fille aînée de Pradier, Charlotte, née en 1834, fut pensionnaire de la Maison d’éducation de la Légion d'honneur à Saint-Denis à partir de 1846 et jusqu’à la mort du sculpteur en 1852. Pendant qu’elle y était, Pradier a fait don à cette institution d’un tirage en plâtre de son groupe en marbre Une Pietà. Ce plâtre est toujours en place, je crois, dans la chapelle de l'école.
Grâce à la nouvelle photo postée par Marc Ruyssen de la signature de Bouvet sur son bas-relief, il devient plus facile de comparer cette signature, à droite ci-dessous, avec celle du plâtre de l'île d'Aix, à gauche:
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Tout en ayant un certain « air de famille », elles ne semblent pas être tout à fait identiques. On remarque par exemple que le « o » et le « u » dans la signature du plâtre sont plus rapprochés que dans celle du bronze. Il faut tenir compte, cependant, du travail du ciseleur, qui a pu y faire des ajustements après la fonte. De toute façon la photo du plâtre, trop floue, ne permet pas de trancher avec certitude. Il faudrait en demander une autre à haute définition ainsi que les dimensions précises de la signature.
J’ai fait au catalogue raisonné de Bouvet les ajouts suggérés par Marc Ruyssen, notamment le Napoléon à cheval peint sur métal conservé au musée de Blois. Mais cette œuvre est-elle bien identifiée par le musée comme étant de Bouvet ou s'agit-il seulement d'une attribution hypothétique basée sur le fait qu’elle avait fait partie, comme leur bas-relief sans fond signé Bouvet, de la collection Ernest Petit? Si ce n’est qu’une hypothèse, il vaudrait sans doute mieux ne pas l’inclure dans le catalogue.
L'émouvant testament de la veuve de Claude Bouvet retrouvé par Marc Ruyssen apporte plusieurs informations utiles. Outre celles qu'il a relevées, il convient de prendre note de la « gravure avant la lettre représentant Vénus » donnée au couple par Robert Lefèvre. Elle atteste de leur intimité avec ce peintre (Bayeux 1756 Paris 1830), auteur de compositions historiques et religieuses et portraitiste en vogue attaché aux personnalités impériales. Je lis sur Wikipedia que deux de ses tableaux mythologiques, l’Amour aiguisant ses flèches et l’Amour désarmé par Vénus, ont été gravés par Desnoyers. Ce fut vraisemblablement une gravure du deuxième qu'il leur avait offerte. A propos de Desnoyers, il fut le maître du graveur Charles-Simon Pradier (Genève 1783 Genève 1847), le frère du sculpteur.
Pour finir, et comme cerise sur le gâteau, j'ai le plaisir de pouvoir ajouter une nouvelle œuvre ou, pour mieux dire, un projet d'œuvre, au catalogue raisonné de Bouvet. Les seules informations dont je dispose pour le moment sont les suivantes, relevées dans le Répertoire général des sources manuscrites de l'histoire de Paris pendant la Révolution française par Alexandre Tuetey, t. 3, Paris, 1894 (Chapitre II. Instruction publique, beaux-arts, théâtres. G. Hommages et pétitions des artistes à l'Assemblée nationale, p. 123):
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1358 Proposition, par Claude Bouvet, sculpteur à la manufacture de Sèvres, de construire un monument sur les ruines de la Bastille.
Juillet 1791.
Minute, A.N., D XXXVIII 2, n° 29.
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Cet ouvrage, numérisé dans la base Gallica (voir ici), met en évidence le nombre considérable de monuments commémoratifs et autres entrepris ou proposés sous la Révolution (le fameux « élephant » de la Bastille en étant un des plus connus). Il faudrait chercher aux Archives nationales le document référencé pour Bouvet où l'on trouvera, espérons-le, plus d'informations sur son projet le plus ancien dont nous avons connaissance à présent. Avec son modèle de pyramide à la mémoire du général Gouvion présenté l'année suivante à l'Assemblée nationale, il fait ressortir le rôle actif et public que Bouvet s'efforçait alors de jouer dans les arts, avant même d'avoir quitté la Manufacture de Sèvres.
Je me demande d’ailleurs s'il n'existe pas des documents concernant Bouvet dans les fonds des ministères des Beaux-Arts, des Bâtiments civils, des Travaux publics, etc., conservés aux Archives nationales. Ces fonds en contiennent énormément pour Pradier commandes, paiements, réclamations, etc. mais je les ai guère consultés pour les années antérieures à son Prix de Rome en 1813.
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Marc Ruyssen (8/3/2017)
En commençant l'ébauche des lignes qui suivent, je pensais à votre active collaboration sur Bouvet, pourtant
« hors champ » de James Pradier, en me disant que la biographie de ce sculpteur méconnu commençait à avoir bien fière allure avec le catalogue raisonné que vous avez conçu récemment. Comme tout travail de recherches, nous sommes partis d'une page blanche ou de presque rien.
Pour revenir au Napoléon à cheval peint sur métal conservé au musée de Blois, Mme Lecareux a ajouté aux informations que je vous ai communiquées qu'il s'agissait d'une œuvre « d’aprés le bas-relief de Claude Bouvet; 1er exemple à Malmaison; 2ème exemple à l’ile d’Aix (plâtre) ». Et voici en substance le courriel complémentaire que je lui ai envoyé ensuite:
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Par rapport à cette œuvre, je comprends qu'un autre exemplaire est conservé à Malmaison et aussi à l'île d'Aix (plâtre). Est ce bien cela? Votre exemplaire, stocké dans vos réserve sans doute, est-il signé « Bouvet », voire daté? Et l'œuvre est-elle titrée? Est-ce bien la 2ème et unique œuvre de Bouvet conservée au château?
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J'attends donc ces renseignements complémentaires, importants pour enregistrer cette œuvre et l'inclure dans notre catalogue raisonné de Bouvet.
Pour ce qui est de la signature sur mon bronzee du Napoléon remettant la Légion d'honneur, voici un nouveau cliché pour mieux la distinguer par rapport à la position du pied droit de la figure:
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Quant à l'exemplaire en plâtre de l'île d'Aix, j'ai renvoyé un courriel au conservateur, M. Pincemaille, qui n'a point répondu à ce jour mais peut-être aurai-je la bonne surprise de le lire ultérieurement avec, en pièce jointe, la photo de près de la signature de Bouvet.
Concernant mes investigations dans les différents établissements de la Légion d'honneur, c'est morne plaine, je n'ai aucune
réponse des courriels envoyés et, à vrai dire, je ne sens pas très bien les contacts avec eux. J'ai aussi beaucoup de difficultés à obtenir leurs adresses email.
Merci pour votre apport de quelques mots que je n'ai su lire dans le testament olographe de Madeleine Philippine, la veuve
de Bouvet. Je note que vous mettez en évidence la « gravure avant la lettre représentant Vénus », gravure qu'elle a léguée et que vous commentez d'après vos recherches dans Wikipédia, qui n'avait pas attirée mon attention.
Je vous fait part maintenant de mes commentaires sur la nouvelle piste de recherches évoquée par Mme Lebon à l'égard de la colonne de Boulogne, ainsi que les vôtres figurant dans votre intervention du 4/3/2017.
En avril 2016, je m'étais déjà intéressé à cette piste et j'avais multiplié les appels téléphoniques pour obtenir un premier contact en vue d'une visite sur place mais le téléphone est resté muet quels que soient les jours d'ouverture. J'ai l'intention de m'y rendre prochainement mais je dois m'assurer que je n'aurai pas les grilles fermées à mon arrivée.
Comme je l'avais évoqué antérieurement, j'ai lu beaucoup sur ce monument, articles trouvés sur internet et imprimés, à partir des sources courantes mais sans les références de sources d'historiens que vous m'avez signalées. Et, à propos du site Wikisource qui m'était inconnu, j'ai parcouru attentivement la publication de 1841 dont vous avez saisi le lien, ainsi que la synthèse que vous en avez tirée. Cette étude fait apparaître qu'il y a bien eu un concours pour la construction de cette colonne avec sa statue et ses bas-reliefs. Cependant, j'observe, à partir des photos publiées sur internet concernant les bas-reliefs du socle, que ceux-ci, au nombre de deux, il me semble, sont très imposants, plus longs que larges et scellés dans le marbre. Je note aussi dans cette étude qu'en 1822 le fondeur Carbonnaux se proposait d'exécuter la fonte et la ciselure de quatre bas-reliefs dont deux avec des sujets historiques (représentation de l'hommage de l'armée à Napoléon et la distribution des décorations de la Légion d'honneur). Et qu'à la fin de 1829 il restait à faire les bas-reliefs.
A la lecture de vos réflexions et de celles de Mm Lebon sur les bas-reliefs que Bouvet aurait pu soumettre pour la décoration de la colonne, un faisceau d'éléments semble contrarier vos directions de recherches respectives que je soumets à vos esprits de critique constructive:
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Les deux bas-reliefs de taille imposante, liés à la Légion d'honneur, sont scellés ou enchâssés dans le socle de cette colonne depuis 1831. Mon bas-relief mesure 84,5 cm de hauteur pour 52,2 cm de large. Je ne vois donc pas comment il aurait pu se trouver sur le monument.
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Je vous rappelle la particularité de mon bas-relief qui se trouve au dos de celui-ci: il y a deux fragments de pattes de scellements en partie haute, bien visibles sur les photos ci-dessus et dans le catalogue raisonné. Ce bas-relief a donc été « arraché », peut-être pour être volé, ou enlevé pour une autre raison ignorée, pour se retrouver dans
le patrimoine de succession de la villa des Cèdres au décès en 1909 du roi Léopold II de Belgique.
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Et pour quelles raisons existe-il autant d'exemplaires en métal (5 connus) tirés de deux plâtres recensés (celui de l'île d'Aix
et celui du musée de la légion d'honneur)? Ces exemplaires en métal ont du être exposés dans des lieux différents, puis enlevés ou déposés plus tard? et achetés par la suite par des collectionneurs prestigieux comme Daniel Iffla?
Peut-être appartenaient-ils, comme vous l'avez suggéré, à des militaires célèbres de Napoléon comme le Baron d'Empire Gourgaud par exemple, Légionnaire lui aussi, qui avaient eu connaissance du premier bas-relief de Bouvet pour lui passer commande avec l'intention de l'exposer chez eux?
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D'un côté, je suis vos directions étayées vers cette colonne mais, avec les arguments contradictoires que je vous expose, mon esprit d'analyse est troublé.
Je retiens qu'il me faut voir, au moins dans la SIV des Archives nationales (site de Paris, à confirmer),
les fonds administratifs, comme vous l'avez fait pour Pradier.
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Douglas Siler (10/3/2017)
Pour répondre à vos réserves concernant les rapports possibles entre votre bas-relief et la colonne de Boulogne, je crois qu’il faut tenir compte du fait que les projets soumis au premier concours étaient probablement de petite taille et non pas à l’échelle définitive, et que Bouvet a pu en soumettre un – simple dessin ou modèl en plâtre ? – composé de plusieurs figures. Ensuite, son projet n’ayant pas été agréé, il a pu avoir eu l’idée de l’exploiter en ne reproduisant que la figure de Napoléon (telle quelle ou modifiée), tantôt avec un fond neutre, tantôt sans fond (« découpé »). Ce n’est, certes, qu’une hypothèse, mais il me semble que les différences de taille et autres entre son bas-relief et les bas-reliefs définitifs n’excluent pas qu’il l’ait soumis au concours, sous une forme ou sous une autre. Je croise les doigts pour que vous en trouviez des traces aux Archives nationales. J’espère que vous y trouverez aussi plus d’infos à propos de son projet de monument sur les ruines de la Bastille que j’ai signalé à la fin de mes remarques du 4/3/2017.
Pour le Napoléon à cheval peint sur métal, j’ai l’impression que Mme Lecareux le confond avec le Napoléon remettant la Légion d’honneur lorsqu’elle vous écrit qu’il a été fait « d'après le bas-relief de Claude Bouvet; 1er exemple à Malmaison; 2ème exemple à l'île d'Aix (plâtre) ». En attendant ses éclaircissements, je le laisse dans le catalogue raisionné.
Quand vous irez voir la colonne et son petit musée, vous feriez bien de faire une visite aussi au Château Comtal dont le site web montre une salle consacrée à Napoléon et dont le conservateur pourrait peut-être vous aider. Et si un jour vous vouliez aller un peu plus loin, pourquoi ne pas faire faire à votre bas-relief le voyage de l’île d’Aix pour le confronter sur place avec le plâtre? Au fait, pourquoi ne pas proposer aussi un jour, à tous les musées qui en possèdent un exemplaire, de les réunir tous dans une mini-exposition au Musée de la Légion d’honneur? C’est sans doute une idée farfelue mais… on ne sait jamais.
Enfin, si jamais vous aviez envie de déménager, pourquoi ne pas ramener votre Bouvet à son ancienne demeure? Comme vous pouvez voir ici, la villa du roi Léopold II au Cap-Saint-Jean-Ferrat est à vendre pour la bagatelle de... un millard d'euros! A propos de la succesion de Léopold II, j’ai lu quelque part, comme je vous l’ai signalé, je crois, qu’il avait vendu lui-même ses collections, ou une partie de ses collections, peu avant son décès. Votre bas-relief aurait-il fait partie des objets vendus alors? Existerait-il des traces de cette vente dans les archives du roi? Peut-être trouverez-vous des informations à ce sujet sur le site des Archives du Royaume de Belgique.
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Marc Ruyssen (16/3/2017)
Puisque la colonne de la grande armé à Boulogne-sur-mer « m'appelle », j'ai réservé aujourd'hui un billet de TGV pour me
rendre à Paris aux Archives nationales, site de Paris, le jeudi 4 mai.
D'ici cette date, il va falloir que je trouve dans quelles séries je vais devoir plonger mes yeux, et là, ce n'est pas une mince
affaire car si je veux consulter un maximum d'archives sur cette
journée, il faut que je les réserve la veille ou l'avant-veille, sinon l'attente d'arrivée de celles-ci peut durer une heure, voire
plus sans avoir rien à faire. Si vous avez un cheminement à m'indiquer, je suis preneur...
Je ne savais pas que la villa « Les Cèdres » était à vendre. J'ai conservé quelques archives sur celle-ci car elle aurait contenu mon bas-relief du vivant de Léopold II. Mais je n'irai pas sonner chez les propriétaires, de peur qu'ils ne me le confisquent, car je n'entends pas du tout m'en séparer. S'il provient effectivemnt de la succession du roi belge, communiqué de vive voix par l'important marchand du sud-ouest qui l'a acheté aux propriétaires, lui-même l'ayant revendu à un confrère Bordelais (mon antiquaire), sachez que cet important marchand a acheté aussi les boiseries de la chambre de la maîtresse du roi, Blanche Delacroix. C'est un gros marchand qui achète des quantités importantes de belles pièces.
J'avais demandé à l'antiquaire qui m'a vendu ce bas-relief de me mettre en contact avec ce marchand mais celui-ci n'a pas
souhaité me joindre. J'aurai eu beaucoup de questions à lui poser.
En 1924 cette villa fut achetée par Alexandre Marnier-Lapostolle, propriétaire de la liqueur Grand-Marnier et du vignoble
du château de Sancerre. Ses propriétaires étaient également propriétaires du château de Bourg-Charentes et, de la bouche de l'important marchand, tous les biens mobiliers de la villa, dont mon bronze et les boiseries de la chambre de la baronne de Vaughan (Blanche Delacroix), furent rapatriés en Charentes par des liens que mon antiquaire ignorent, vers 1940/1950, et stockés dans un chai de ce château.
C'est sûr que j'aimerais trouver l'inventaire après décès du roi Léopold II, se rapportant à sa villa. Mais encore faudrait-il que ces archives soient communicables à tous et aussi, être bien orienté pour savoir lesquelles il faut demander.
En relisant l'importante correspondance que j'ai eue avec l'antiquaire qui m'a vendu le bas-relief, je relève que quand
celui-ci l'a acheté à son confrère il le croyait patiné, qu'il l'avez savonné pour le cirer ensuite mais il
a vu que c'était de la peinture et donc décapé après pour voir apparaître l'or moulu. Il ne sait pas où le relief a été posé, il a été décroché très tôt (début XIXème) et transformé en objet privé et mobile en l'encadrant (peut-être votre idée de propriétaire « Légionnaire »), en le peignant pour le mettre au goût du jour de l'époque. Cet encadrement trop grand n'a pas été fait pour le relief, il peut être daté Empire ou Restauration car les mêmes motifs ont été utilisés à ces deux époques.
Mon hypothèse, qu'il ait été abrité dans un lieu couvert, est peut être complètement remise en question? Donc, à la base, mon exemplaire était donc peint de couleur foncée (protection contre les agressions atmosphériques) puis décroché
pour être ensuite placé dans un encadrement entouré de bandes de tissus d'époque et pour devenir, en 2015, un bronze décapé, ôté de son cadre? Ainsi les recherches sur le lieu où il a pu être primitivement accroché ou scellé ont pu avoir été faussées, tout au moins de ma part, par un raisonnement basé sur son état actuel, doré (après décapage de la peinture) et sans son encadrement.
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Douglas Siler (17/4/2017)
D'après ce que vous dites de l'acquisition du bas-relief, il me semble qu'il faudrait creuser davantage son éventuelle appartenance au roi Léopold II et son acheminement ultérieur. En ce qui concerne la possibilité de trouver trace au Château Comtal des premiers projets de bas-reliefs de la colonne de Boulogne, Mme Lebon m’a signalé il y a quelques années qu’Antoinette Le Normand-Romain, autre grande spécialiste de la sculpture du 19e siècle et directrice, jusqu’en 2016, de l’INHA, mettait « la dernière main au catalogue raisonné des sculptures » de ce musée. Avant d’y aller donc (si vous y allez), vous pourriez lui demander si ce catalogue a été publié ou s’il est disponible au musée.
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Marc Ruyssen (23/4/2017)
La conservatrice du musée de la Légion d'honneur, Mme Anne de Chefdebien, que j'avais relancé en janvier, m'a indiqué qu'à sa connaissance il n' y avait rien dans ses archives concernant le bas-relief de Napoléon remettant la Légion d'honneur et qu'elle ne croit pas
que ce soit une commande pour la chancellerie ou pour les maisons d'éducation. Intuitivement, elle pencherait à une œuvre pour un Salon et me renvoie vers M. Pougetoux, conservateur des Châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, qui connaît bien cette période. Voici des extraits de mes échanges avec lui:
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Alain Pougetoux à Marc Ruyssen, 9/3/2017:
En ce qui concerne le bas-relief de Napoléon chargeant, nous l'avons reçu en don (selon l'inventaire) de madame Michon (sans autre précision); certaines de nos fiches mentionnent un legs et donnent la date de 1923; seule une recherche dans les archives des Musées nationaux pourrait peut-être éclaircir la nature et la date de cette acquisition. La même (?) madame Michon semble avoir également donné deux gaînes d'acajou ornées de bronzes.
Le bas-relief mesure 23 cm. de haut sur 26 cm; il était, à son arrivée, muni d'un cadre doré qui semble avoir été supprimé (ce n'était peut-être pas un cadre de grande valeur).
Dans le dossier du Salon de l'an IX (1801) aux Archives des Musées nationaux, figure une mention d'un "Concours de l'an IX" (?) auquel Bouvet aurait soumis, sous le n° 38 « un bas-relief représentant le premier consul Bonaparte à cheval ». S'agit-il de notre bas-relief ?
Enfin dans une vente (Paris, maître Boileau, commissaire-priseur, 29 septembre 1799 et jours suivants, n° 6) figurent « différents morceaux de sculpture en terre » dont un « Bonaparte à cheval » par Bouvet. Ici encore on peut se poser la question.
Marc Ruyssen à Alain Pougetoux, 12/3/2017:
J'ai le grand plaisir de vous trouver dans ma boîte de messagerie et je tiens tout particulièrement à vous remercier pour votre nouvel apport dans ma quête continue de recherches sur ce sculpteur et de ses œuvres.
Concernant votre bas-relief Napoléon chargeant, je tâtonne encore beaucoup pour naviguer dans les archives des musées nationaux, hormis dans les 131 salons, pour retrouver plus de renseignements sur la date du legs de Madame Michon de 1923, date qui reste à confirmer. Je note que les dimensions de ce bas-relief, œuvre non exposée au musée, seront rajoutées dans le catalogue raisonné de Bouvet.
Par contre, je viens de consulter les notices AMN 007 et 008 relatives au Salon de l'an IX (Salon de 1801) et je n'ai pas trouvé cette oeuvre sous le numéro 38 (qui concerne trois portraits par l'artiste Genty). J'avais attentivement « épluché » tous les Salons jusque sa date de décès de 1813 et un peu plus, et je n'avais plus lu son nom dans
les Salons cités après son décès, hormis celui de 1814 où sa veuve expose encore deux de ses œuvres, non vendues au Salon de 1812. Pouvez vous SVP me copier/coller le lien qui vous a permis de repérer cette œuvre.
D'autre part, je suis, hélas, encore bien incapable (malgré les sources que me donnent les historiens et les Conservateurs comme vous qui
enrichissent ma culture depuis plus d'un an) de trouver la vente du 29 septembre 1799 et jours suivants où vous m'indiquez un « Bonaparte à cheval » par Bouvet. Aussi, pouvez-vous également SVP me faire un copier/coller du lien intéressant qui permettra sans doute d'ajouter ces œuvres dans le catalogue raisonné de Bouvet.
Alain Pougetoux à Marc Ruyssen, 16/3/2017:
C'est avec plaisir que je vous ferais un copier/coller de la référence de l'exposition du bas-relief de Bouvet, mais ma note remonte à une époque où personne n'avait d'ordinateur encore (je dirais, entre 1985 et 1989). Vous savez qu'outre les registres des notices et des artistes exposant au Salon, ces dossiers comportent de nombreuses autres pièces, parfois un peu décousues, et c'est au milieu de ces pièces que j'ai certainement trouvé cette mention. Je ne peux vous en dire plus.
En ce qui concerne la vente de Me Boileau en 1799, j'en ai trouvé la mention sur le site du Getty Provenance Index (qui signale peu d’œuvres de Bouvet); le catalogue est conservé au département des estampes et de la photographie de la BnF (il est transcrit intégralement sur le site Getty et je ne pense pas que la consultation de l'original vous apprendra quelque chose). Voici l'adresse du site Getty où vous le trouverez:
http://piprod.getty.edu/starweb/pi/servlet.starweb?path=pi/pi.web#?.
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Je reprends donc maintenant le calendrier des événements et/ou faits marquants sur le Sieur Bouvet:
7/4/2017.
Par une belle matinée ensoleillée, sur vos conseils avisés, j'ai donc pris mon bâton de
pèlerin pour me rendre sur le site de la colonne de la grande armée à Wimille dans les environs de Boulogne-sur-Mer, situé à 70 kms de mon domicile.
Quand on est accroc à l'Empereur, ce déplacement devenait incontournable.
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Après une visite du petit musée (qui ne dispose d'aucune archive sur place de cette colonne, ce à quoi je m'attendais),
quelques clichés de celui-ci et des extérieurs de cette colonne, une brève discussion avec un responsable des visites
touristiques que j'avais eu au téléphone dans le courant de l'année 2016, par un escalier en colimaçon dans un noir absolu,
libérant quelques faisceaux de lumière par les rares ouvertures de ce monument, j'ai monté d'une seule traite les 264 marches à l'aide de ma lampe de poche que j'avais emportée, au combien nécessaire, sinon la montée des marches est quasi impossible à tâtons, même en se tenant à la main courante jusqu'en haut. Claustrophobe s'abstenir...
Je me trouvais donc au point culminant de celle-ci, laissant découvrir à l'horizon les côtes anglaises légèrement voilées.
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Et voici la vue en sens inverse, vers l'est:
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Au-dessus de la porte d'entrée de la colonne, sur la face antérieure du socle, figure le bas-relief exécuté par Théophile Bra, Napoléon agréant le plan de la colonne qui lui est présenté par le maréchal Soult:
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La face arrière du socle est ornée du bas-relief d'Henri Lemaire, L'Empereur épinglant la croix sur la poitrine d'un soldat de la Garde de Boulogne-sur-Mer:
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Voici enfin quelques clichés malheureusement pas très nets des documents présentés dans le musée de la colonne:
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Pour clore mon déplacement, écoutant encore vos conseils, je me suis rendu au château Comtal, voisin de 2 kms de la colonne de la grande armée. Dans une seule salle d'exposition située au 1er étage, j'ai donc revu l'Empereur et obtenu sur place l'adresse email de Mme Florence Fourcroy, responsable du service de documentation, qui m'a indiqué par la suite que Bouvet est complètement inconnu au château. Donc choux blanc en ce concerne une quelconque empreinte de Bouvet sur ces deux sites mais ravi quand même d'avoir fait cette petite excursion par un beau temps.
C'est donc dans les entrailles des Archives nationales que je dois me plonger. Aussi, ayant contacté les Archives, site de Paris, le 31 mars, j'ai reçu le 10 avril un courriel de M. Luc Requier, secrétaire de documentation de classe supérieure, chargé de l'orientation scientifique du public, département de l'accueil des publics de Perrefitte-sur-Seine, me signalant quelques cotes dont celles ci:
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Beaux-Arts, F/21/756: entretien, réparation, restauration du monument (1849-1879).
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Chambre des Pairs, CC//382: ouverture d’un crédit pour la pose de la statue de Napoléon sur la Colonne de la Grande Armée à Boulogne.
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Fonds des cartes et plans (site de Paris des Archives nationales), CP/N/III/PAS-DE-CALAIS/40/1, 40/3, 40/4 et 40/5: plans du monument. Les cartes et plans conservés dans le site de Paris des AN se consultent sur rendez-vous, formulé 48 heures à l’avance au 01 40 27 60 36.
Concernant l’architecte Labarre, il me signale ces autres cotes de documents à consulter sur le site de Pierrefitte-sur-Seine (sont conservés à Paris les documents relatifs à l'Ancien Régime et les minutes des notaires de Paris):
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Secrétairerie d’État impériale, AF/IV/965. 1809, 11 avril-18 juillet. Dossiers n°9-10, indemnité à l'architecte Labarre, auteur d'un projet primé et non exécuté.
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Bâtiments civils, F/13/1778/B, Pas-de-Calais: Colonne de Boulogne. 1824-1843. Correspondance relative aux travaux. 1824-1836. Lettres du préfet, de l'architecte inspecteur, Labarre puis Henry. A noter. Petit dossier sur le paiement de l'inspecteur et du gardien de la « colonne des Bourbons ». 1824. Lettre de l'architecte Labarre envoyant une soumission de L. Roguier, statuaire, pour des bas-reliefs de la « la colonne des Bourbons », 1829. Lettre de Fontaine, député du Pas-de-Calais, demandant l'achèvement de ce monument « consacré à la Charte »; vœu du Conseil général (19 mai 1831) que la colonne soit rendue à sa destination première et consacrée aux armées françaises. Lettre du maréchal Soult, duc de Dalmatie, proposant au comte d'Argout de nommer une commission pour l'achèvement de ce monument auquel il a contribué. 25 décembre 1831. Récit de la visite de la colonne de la Grande Armée par les ducs d'Orléans et de Nemours (22 septembre 1833). Lettre de Pouyer, député du Pas-de-Calais, pour réclamer l'achèvement. 29 avril 1836.
Avant le 4 mai, date à laquelle je dois me rendre à Paris aux Archives nationales, site de Paris ou de Pierrefitte-sur-Seine
(ou peut-être sur les deux sites le même jour?), il me faut savoir dans quelles archives citées ci-dessus j'ai des chances de trouver les dessins des projets des bas-reliefs de cette colonne dont peut-être ceux de Bouvet. Ce n'est gagné d'avance pour moi et je vais sans doute me rapprocher de Mme Lebon comme vous me l'avez suggéré
pour m'immerger dans le maquis des Archives nationales.
Marc Ruyssen (23/4/2017)
Je reviens maintenant sur votre dernière trouvaille, à savoir un projet d'œuvre de Claude Bouvet, de construire un monument sur les ruines de la Bastille. Je ne doute pas un seul instant qu'un historien de votre calibre soit truffé de références historiques mais je reste ébahi que vous avez trouvé dans Gallica à la page 113 du Répertoire général des sources manuscrites de l'histoire de Paris pendant la révolution française par Alexandre Tuetey, tome 3, Paris, 1894 (chapitre II, instruction publique, beaux arts, théâtres, G, - Hommages et pétitions des artistes à l'assemblée nationale, 1358), cette proposition de Bouvet en 1791, Minute A.N, DXXXVIII, 2, n°29. C'est un répertoire de 778 pages !!! dans lequel vous avez fait cette trouvaille !! Chapeau bas... De mon côté, j'ai parcouru une grande partie de ce répertoire, le contenu est dense, très riche d'informations diverses et variées. C'est une grosse « bible » d'événements de l'époque qui nous apprend beaucoup de choses. Les lettres de Monsieur Vien à Monsieur d'Angeviller et vice et versa, sont au combien très intéressantes.
La cote de la minute concernant Bouvet, saisie dans la SIV, n'aboutit pas (erreur 500). J'ai donc contacté une Présidente de salle des Archives nationales, site de Paris, pour savoir si cette cote existe bien et qu'elle représente la minute relative à la proposition de Bouvet. J'attends avec impatience sa réponse car mon départ le 4 mai pour Paris approche à grands pas.
Douglas Siler (25/4/2017)
En hâte: la référence « Minute, D XXXVIII 2, n° 29 » renvoie à la sous-série D/XXXVIII: Comité d'instruction publique pour laquelle la SIV contient une fiche que vous trouverez en cliquant ici.
Sur la page qui s'ouvre il faut cliquer sur la flèche à droite de « Présentation des archives » pour lire une description de la sous-série et sur la flèche à droite de « Instruments de recherche » pour voir une liste de différents inventaires imprimés, probablement disponibles sur place.
Marc Ruyssen (25/4/2017)
Merci pour cette information. Entre-temps, la Présidente de salle des Archives nationales site de Paris que j'avais contactée a transmis ma demande à son collègue de Pierrefitte, M. Luc Requier, qui m'a répondu rapidement en me donnant le lien que vous m'indiquez avec également un lien qui renseigne, entre autres, le contenu du dossier 29. C'est un chouette Monsieur qui m'a super bien renseigné:
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Concernant la cote que vous avez relevée dans Gallica, il vous faudrait la réserver sous la forme suivante: D/XXXVIII/2. Le carton correspondant est librement communicable (sur notre site de Pierrefitte-sur-Seine) et librement reproductible.
Pour ouvrir l'instrument de recherche concernant cette sous-série, en ligne sur le portail des Archives nationales, cliquez
ici.
« D/XXXVIII/2, dossier 29: Arts. Beaux-Arts. Monuments publics. 1 pièce. Bouvet, sculpteur à la manufacture de Sèvres. Proposition de construire un monument sur les ruines de la Bastille (cote sans pièce). Juillet 179(?). »
D'ailleurs, il m'a communiqué deux autres cotes que je vais consulter sur place, en réservant par mesure exceptionnelle
pour cause de fermeture de magasin la cote F/13/1778/B. Je dois donc consulter trois cotes sur place.
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