James Pradier compose en 1838 une statuette qu'il intitule
« La Naissance de l'Amour ». Il en modèle peu
après une autre, connue sous le nom de « Vénus
à la coquille ». La première montre
Vénus couchée dans une coquille, ayant auprès d'elle le
petit Amour qu'elle vient de mettre au monde, la seconde fait
voir la déesse enfermée dans une coquille dont elle
entrouvre les valves. Partons à la recherche des sources
dont le sculpteur aurait pu s'inspirer pour ses deux
statuettes et découvrons leur originalité. Puis, nous
esquisserons la façon dont d'autres artistes, par la suite,
ont traité ce thème.
Aphrodite née de l'écume de la mer. L'Antiquité
Hésiode, dans sa Théogonie, rappelle qu'Aphrodite
(Vénus) est née de l'écume de la mer 1. Le nom de la déesse
dérive du mot « aphros »
qui désigne l'écume marine. Cette écume elle-même aurait
été formée à l'époque reculée des Titans, quand Cronos
(Saturne), en révolte contre son père Ouranos, le châtra
et jeta ses testicules dans l'Océan. Aphrodite sortit de l'onde
et, dit Hésiode, « Eros l'accompagnait et le bel
Imeros la suivait ». Eros, selon les plus anciens
mythes helléniques, ne serait donc pas le fils de Vénus,
mais une divinité bien antérieure à celle-ci.
La naissance marine de la déesse de l'amour inspire les
artistes depuis l'Antiquité. Pline l'Ancien admirait une
uvre d'Apelle de Cos, le plus célèbre peintre de la
Grèce ancienne : « Sa Vénus anadyomène, c'est à
dire sortant de la mer, a été consacrée par le divin
Auguste dans le temple de son père César. Ce tableau a
été célébré par des vers grecs qui l'ont surpassé, mais
rendu illustre. Sa partie inférieure ayant été endommagée,
on ne put trouver personne qui fût capable de la restaurer.
[...] Néron le remplaça par un autre de la main de
Dorothéus » 2. Cette peinture du
IVe siècle avant J.-C.a disparu et seules
quelques allusions d'autres écrivains permettent de l'imaginer.
Les textes antiques ne précisent pas si Vénus se tenait sur
ou dans une coquille 3.
Mais les Anciens associaient la déesse de l'amour
à la coquille entrouverte, qui leur suggérait l'image de la
vulve (« concha » en latin).
Dès le IVe siècle avant J.-C., des terres cuites
montrent la déesse debout, assise ou agenouillée dans une
coquille Saint-Jacques aux valves largement ouvertes 4. Un petit vase à parfum sphérique (ill.
1), datant des années 500 avant J.-C., est même composé du
moulage d'une véritable coquille Saint-Jacques entièrement
close, ayant pour bouchon une tête féminine qui semble bien
être celle de Vénus 5.
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1. Aryballe, Corinthe, vers 500 avant J.-C. Genève, Musée d'Art et d'Histoire, inv. HR 91. |
La déesse figure aussi dans des bijoux, tels cette tête d'épingle
d'or romaine où on la voit assise sur une coquille 6, et dans de la vaisselle précieuse, dont cette
patère romaine en argent (ill. 2) qui épouse la
forme d'une coquille, et dans laquelle Vénus assise lace un
bandeau dans ses cheveux, assistée de deux Amours qui lui
présentent un miroir et un linge de toilette 7.
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2. Patère en argent trouvée sur l'Esquilin, IVesiècle. Paris, Musée du Petit Palais, inv. Dut. 171. |
Le thème survit dans un pendentif du VIe siècle
après J.-C., formé d'une seule valve de coquille en lapis-lazuli
sertie dans une monture d'or (ill. 3), dans laquelle
Vénus, à demi drapée, se tient debout et sèche sa longue
chevelure 8. Même l'art copte n'ignore pas ce motif dans ses
reliefs et ses tissus.
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3. Collier avec pendentif, VIe-VIIe
siècle. Washington D.C., Dumbarton Oaks Coll., inv. 28.6. |
On ne connaît guère de peintures antiques représentant
Vénus dans une coquille sinon des exemples romains assez
tardifs, dont la célèbre fresque de la Maison de Vénus à
Pompéi (ill. 4). La peinture, sur la paroi sud de l'atrium,
montre Vénus nue, couchée dans une large coquille voguant
sur les flots. Retenant des deux mains une draperie gonflée
par le vent, elle fait avancer son embarcation, tirée par un
dauphin qu'un Amour ailé chevauche, tandis qu'un second
Amour pousse à l'arrière. Cette fresque cite sans doute une
ancienne peinture grecque qui servit également de modèle à
d'autres images réalisées dans les provinces romaines,
comme en témoigne une mosaïque de Timgad où les Amours
semblent porter la coquille dans les airs 9 ou la bordure d'une autre mosaïque romaine d'Afrique
du nord (ill. 5) représentant une valve de coquille
Saint-Jacques vue d'en haut, dans laquelle Vénus évolue,
telle une nageuse 10.
Au contraire des créateurs de céramiques, de bijoux ou de
mosaïques, les sculpteurs antiques ne semblent pas s'être
intéressés au thème de Vénus dans une coquille. Le
fragment d'un sarcophage romain tardif, conservé à la Villa
Albani, à Rome (ill. 6), ne garde de ce sujet que
la figure féminine, allongée dans les deux valves d'une
coquille largement ouverte, entourée d'Amours. L'image est
détournée de son sens originel et réduite au portrait d'une
dame en train d'écrire.
6. Fragment de sarcophage, IVe siècle. Rome, Villa Albani. |
Vénus sortie de l'onde. La Renaissance
Les descriptions anciennes de la peinture d'Apelle
stimulèrent l'imagination des humanistes et des artistes de
la Renaissance. Pour un membre de la famille Médicis, Sandro
Botticelli compose, entre 1484 et 1486, La Naissance de
Vénus (ill. 7). Placé dans une villa des
collines de Florence jusqu'en 1761, le tableau entra dans les
collections du palais Pitti en 1815, avant d'être exposé au
Musée des Offices. Il représente la déesse nue, navigant
debout sur une coquille que les vents, personnifiés par des
Zéphyrs, poussent de leur souffle fleuri vers le rivage. La
nymphe Ora se tient dans un bosquet d'orangers, prête à
recouvrir la déesse d'un somptueux manteau.
Raphaël, très fortement
impressionné par la toile de Botticelli, s'en inspira dans Le
Triomphe de Galatée, la grande fresque qu'il réalisa
à Rome pour la Farnésine, vers 1512 (ill. 8). Les
Métamorphoses d'Ovide relatent longuement l'histoire de
Galatée, la néréide qui avait dédaigné Polyphème 11, mais ne disent rien de son triomphe maritime
imaginé par Raphaël. Debout sur une coquille lui servant d'embarcation
tirée par deux dauphins, et mue aussi par une étrange roue
à pales, elle est entourée de tritons et d'amours qui lui
font cortège.
L'immense succès de la
Vénus de Botticelli incita quelques sculpteurs à traduire
la figure de la déesse en trois dimensions 12. La tâche était d'autant plus aisée que le
peintre s'était lui-même référé à l'une des répliques
romaines de l'Aphrodite de Cnide 13. La célèbre statue de Praxitèle, dont la nudité
totale avait fait sensation par son audace autant que par sa
perfection, avait inspiré les statues et statuettes de
femmes nues, debout, qui, dès les débuts de la Renaissance,
devinrent l'exercice favori des sculpteurs. Anoblies d'un
titre mythologique tel « Vénus sortant du bain »,
la plupart de ces figures se tiennent non sur une coquille,
mais simplement sur le sol 14. Parfois, séchant leur chevelure en levant les
bras pour tordre les longues mèches botticelliennes, elles
prennent le nom de « Vénus anadyomène » qui avait
été donné au tableau d'Apelle.
Nouveaux triomphes de Vénus. Du Maniérisme au
Baroque
Le triomphe de Galatée, popularisé par la gravure,
stimula l'imagination des artistes qui ne manquèrent pas de
rendre à la divine Vénus ce que Raphaël avait emprunté à
Botticelli pour sa néréide moins célèbre. S'inspirant de
la fresque de la Farnésine, les peintres et les sculpteurs
composèrent des Vénus triomphant dans une barque en forme
de coquille, voguant au gré des vents qui en gonflent la
voile, et accompagnée d'une foule d'êtres marins et
célestes, aussi mythiques que turbulents. Dans une gravure
de 1524, Dirk Vellert transforme Vénus-Galatée en une
allégorie de la Fortune (ill. 9), plantureuse
beauté flamande, nue, à la chevelure botticellienne, qui
navigue sur une Saint-Jacques minuscule prenant le vent dans
une voile carrée accrochée sur un mat faisant aussi office
de fanal. Elle guide sa barque avec un gouvernail miniature,
tandis qu'Amour lui décoche une flèche 15.
Retournant au triomphe de
Vénus, un artiste français anonyme des années 1730,
modèle Vénus, debout sur une coquille voguant sur les flots,
qui retient la voile dans laquelle souffle un Zéphyr
voletant dans son dos (ill. 10). Des Amours ailés l'accompagnent
et l'acclament 16. Le triomphe est plus éclatant dans une grande
toile peinte à Londres en 1760 par Johann Zoffany (ill.
11), d'origine allemande (1733-1810) 17. Une statuette de Jean-Pierre Antoine Taessert (1729-1788),
né à Anvers et ayant travaillé longtemps à Paris avant de
devenir, à Berlin, en 1755, le sculpteur officiel de
Frédéric le Grand, traite le même sujet (ill. 12).
L'original, antérieur à 1775, n'est connu que par un
croquis ancien 18.
Même encore à l'époque de la Restauration, le miniaturiste
Jacques Augustin (1759-1832), compose un triomphe de Vénus (ill. 13) tout à fait dans l'esprit baroque 19. Il fait asseoir dans une profonde coquille la
déesse qui laisse flotter au vent son manteau et offre une
couronne à quelque Dieu. Deux Amours sont embarqués avec
elle, dont l'un tire sa flèche sur cette divinité absente.
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13. Jacques Augustin, Vénus dans une coquille. Dessin. Paris, Musée du Louvre, Cabinet des dessins, RF 51882, fol. 61. |
Vénus dans une coquille. Le Néoclassicisme
Le thème baroque du triomphe de Vénus est vivifié par la
découverte, à Pompéi, vers 1760, de la fresque de la
Maison de Vénus 20. En 1769, Piranèse en publie une image simplifiée
(ill.14), simulant un relief destiné à décorer le
manteau d'une cheminée à l'antique 21. La gravure, et plus encore la connaissance de la
fresque originale conservée sur place, suscitent l'enthousiasme. Les artistes du moins ceux établis à Rome admirent cette conception moins théâtrale du sujet. La mise au jour du trésor de l'Esquilin, en 1793, avec une patère en argent en forme de coquille Saint-Jacques ornée de Vénus à sa toilette que vous avons déjà évoquée (ill.
2) 22, vient encore renforcer le désir des artistes de reprendre ce vieux sujet pour bonbonnières rococo dans l'esprit néoclassique.
Le sculpteur suisse
Alexander Trippel (1744-1793), établi à Rome depuis 1776,
compose un dessin (ill. 15) représentant Vénus
allongée dans une coquille 23. Vaguement inspiré de la fresque pompéienne, ce dessin d'esprit
baroque, était-il un projet de sculpture?
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15. Alexandre Trippel, Vénus dans une coquille. Dessin. Schaffhouse, Museum zu Allerheiligen. |
Le Zurichois Heinrich Keller (1771-1832), arrivé à Rome en
1794 et bientôt chargé de régler la succession de son
compatriote Trippel 24, modèle une Vénus accroupie dans une coquille dont elle soulève la valve supérieure. Un marbre 25 porte l'inscription soigneusement gravée« H. KELLER F / ROMAE MDCCC » (ill. 16 et 17). L'ouvrage est mentionné en 1808 26.
16. Heinrich Keller, Vénus à la coquille.
Marbre. Zurich, Städtische Kunstsammlung, inv. 14587 |
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17. Heinrich Keller, Vénus à la coquille.
Marbre. Zurich, Städtische Kunstsammlung, inv. 14587. |
Selon son premier biographe, Keller aurait exécuté de sa
statuette sept répliques en marbre et deux en albâtre 27. Un certain Chiarelli, fondeur à Rome, en aurait
tiré en outre treize réductions en bronze dont, à ce jour,
une seule est connue (ill. 18) 28. Sa base comporte deux dauphins qui s'ébattent aux
pieds de la déesse et dont les énormes queues se recourbent
derrière la coquille comme pour consolider l'ouvrage. Un
exemplaire en porcelaine avec la marque de San Cristoforo 29, est en tous
points semblable à ce petit bronze (ill. 19).
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18. Heinrich Keller, Vénus à la coquille. Bronze. Zurich, Kunsthaus, inv. 44. |
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19. Heinrich Keller, Vénus à la coquille. Porcelaine de San Cristoforo. Sèvres, Musée national de la céramique, 4823-20. |
La figure de la déesse dérive de l'antique Vénus accroupie,
dont certaines répliques romaines, moins connues que celle
de Florence 30, la montrent portant la main droite à son épaule
gauche dans un geste de pudeur 31 et d'autres, représentent la déesse s'essuyant
après le bain, une main portée sous l'aisselle droite et le
bras droit levé au dessus de la tête. Cette dernière
version, dont témoignent notamment des marbres au Musée
national des Thermes, à Rome (ill. 20) 32, et au Louvre
(ill. 21) 34, ont inspiré à Giambologna 33 de petits bronzes qui ont été souvent copiés par
la suite. Le marbre du Louvre, provenant de la collection de
Louis XIV, a fait l'objet de nombreux moulages qui, dès le
XVIIe siècle, circulaient dans les académies et les
ateliers et qui sont encore commercialisés aujourd'hui (ill.
22) 35. Pour sa Vénus, Keller
reprend littéralement, en le réduisant à la dimension de
sa statuette, l'un de ces moulages. Il abaisse en outre le
bras gauche de la déesse vers le bord de la coquille.
En 1812, il compose une autre Vénus, accroupie dans une
coquille aux valves stylisées très largement ouvertes et
dont la base est supportée par deux dauphins (ill.
23). La déesse étend les bras pour mieux écarter les deux
valves. Amour, sous la forme d'un jeune garçon ailé, vient
lui poser un baiser sur la bouche 36.
Un troisième sculpteur suisse, Joseph Maria Christen (1767-1838), venu à Rome de 1788 à 1790 pour y suivre les cours de Trippel, réalisa une Vénus étonnement proche de la
première statuette de Keller 37. Comme cette dernière, elle soulève la valve supérieure et deux dauphins nagent à ses pieds (ill. 24). Rentré en Suisse, l'artiste exposa sa Vénus à Berne, en 1804, puis à Paris, en 1808, et enfin à Munich, en 1812. Il élabora aussi une version simplifiée comportant la même figure de Vénus, mais qui se tient sur une seule valve de la coquille, sans les dauphins (ill. 25).
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24. Josef Maria Christen, Vénus à la coquille. Plâtre, h: 29 cm. Bâle, coll. part. |
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25. Josef Maria Christen, Vénus à la coquille (version simplifiée). Marbre, h: 33 cm. Coll. part. |
Les deux Vénus de Keller et de Christen sont presque des
surs jumelles. Le jeune Keller avait appris chez
Christen le métier de sculpteur entre 1791 et 1794, avant de
partir pour Rome. Il date fièrement son marbre de 1800. La
statuette de son maître, non datée, lui a-t-elle servi de
modèle ou est-elle, au contraire, une réplique de la sienne
? Les deux artistes ont-ils imaginé ensemble leurs Vénus ?
Ont-ils échangé des dessins ?
Le sujet était dans l'air. A Rome, les artistes passaient
chaque jour devant les fontaines baroques dont les vasques
ont souvent la forme d'une coquille. La petite Fontaine des
abeilles (Fontana delle Api), érigée par le Bernin en 1644
(ill. 26), se compose d'une immense coquille Saint-Jacques
en pierre dont la valve bombée reçoit l'eau que crachent
trois abeilles accrochées à la valve plate, dressée
verticalement, portant une pompeuse inscription dédicatoire.
A l'origine simple abreuvoir dans la Via dei due macelli 38, elle a dû accueillir plus d'une beauté jouant
les Aphrodites.
Bertel Thorvaldsen (1768-1844) conçut lui
aussi une Vénus dans la coquille qui, certes, ne compte pas
au nombre de ses uvres les plus fameuses. Aurait-il eu
connaissance des travaux des deux artistes suisses ? Il n'arrive
à Rome qu'en 1797, soit bien après le départ de Christen.
On dit que Keller, déjà à Rome à partir de 1794, aurait
travaillé dans l'atelier de Thorvaldsen. Le Suisse ne figure
pourtant pas dans la longue liste des élèves du grand
maître 39, mais il a certainement eu des contacts avec lui.
La Vénus de Thorvaldsen est un relief avec la déesse debout
dans une coquille aux deux valves complètement ouvertes (ill.
27). A la base de la coquille, nagent deux dauphins. Le petit
marbre, exécuté en 1809, se trouvait au château de Putbus,
sur l'île de Rügen. Détruit dans un incendie en 1865, il n'est
connu que par le modèle original en plâtre, conservé à
Copenhague 40, et par un petit dessin préparatoire 41. Carlo Finelli (1785-1853) qui fut longtemps l'un
des praticiens du Danois, commercialisa en marbre une
variante de cette Vénus (ill. 28) 42.
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27. Bertel Thorvaldsen, Vénus dans une coquille. Gravure. Florence, Uffizi, cabinet des estampes. |
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28. Carlo Finelli, Vénus dans une coquille
. Marbre. Vente Londres, Sotheby's, 29 mai 2008,
n° 76. |
Nous ignorons à quel moment précis Thorvaldsen s'était
intéressé à ce thème. Sans aucun doute pendant ses
années romaines et certainement avant 1826, date de la
reproduction gravée dans le second catalogue de son
uvre. Une autre esquisse (ill. 29)
représentant Vénus couchée dans un bivalve avec un Amour
qui tente de l'ouvrir plus largement 43
, témoigne de l'attention qu'il porta quelque temps
à ce sujet.
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29. Bertel Thorvaldsen, Naissance de l'Amour. Dessin. Thorvaldsens Museum, inv. Sch A. 3. 87a. |
Les jeunes artistes francophones, pensionnaires de la Villa
Médicis à l'époque néoclassique, ne restèrent pas
insensibles au thème de Vénus dans une coquille qu'ils
connaissaient au moins par la fresque de Pompéi et la
patère de l'Esquilin ou par leurs gravures. Avaient-ils vu
les statuettes de leurs confrères de la colonie germanique ?
Celle de Keller circulait à Rome en plusieurs exemplaires et,
dans les années 1820, au moins, les Français fréquentaient
l'atelier de Thorvaldsen qui, de son côté, montait souvent
au Pincio. Il est vrai que le grand Danois avait bien d'autres
statues à leur faire admirer que sa petite Vénus à la
coquille.
François Gois (1765-1836), prix de Rome en 1791, après
avoir exposé au Salon de 1798 une « Vénus sortant du
bain » qui sans doute se situait dans la tradition des
statues homonymes d'Allegrain et de Falconet, montra à celui
de 1819 « Une Nymphe endormie dans une coquille ».
Au Salon de 1824, il récidiva avec « Vénus sortant
des eaux dans une coquille » dont il présenta le
marbre au Salon de 1827. Rappelons que ces ouvrages exposés
au Salon, n'étaient pas des statuettes, mais au moins des
figures en demi-grandeur.
Jean-Robert Calloigne (1775-1830), prix de Rome en 1807,
réalisa en 1808 un marbre représentant Vénus accroupie sur
une coquille renversée, haute de 80 cm (ill. 30) 44
. Henri Joseph Rutxhiel (1775-1837), prix de Rome en
1808, tailla dans le marbre en 1819 une statue de Pandore (ill.
31). Mais cette beauté nue, debout dans une coquille, est
une simple Vénus anadyomène dont seule la boîte cubique qu'elle
tient dans sa main droite la désigne comme Pandore. Un
monstre, ressemblant à un dauphin à très longue queue se
glisse le long de son corps jusque dans la coquille 45.
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30. Jean Robert Calloigne, Vénus assise sur une coquille. Marché de l'art. |
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31. Henri Joseph Rutxhiel, Pandore. Marbre. Aix-en-Provence, Musée Granet, CC 11, dépôt du Musée du Louvre. |
Les jeunes sculpteurs français ont donc écarté de leur
centre d'intérêt le thème de Vénus naissant dans une
coquille, cher à leurs collègues germaniques, pour s'attacher
plutôt à modeler des figures féminines mises en relation
avec les formes de la Saint-Jacques.
Au Salon de 1810, le peintre Charles-Paul Landon (1760-1826),
prix de Rome en 1792, revient sur le thème baroque du
triomphe de Vénus (ill. 32). Son tableau, intitulé
« Vénus et l'Amour », fait allusion à la fresque de
Pompéi : la déesse, assise dans une coquille et tenant une
draperie dans laquelle s'engouffre le vent, est accompagnée
par un Amour ailé, assis à ses pieds et qui la regarde d'un
air admiratif 46.
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32. Charles-Paul Landon, Vénus et l'Amour. Gravure parue dans F. Benoît, L'art français sous la Révolution et l'Empire, Paris, 1897. |
Pradier, La Naissance de l'Amour
C'est tardivement que James Pradier, appartenant à la
nouvelle génération de sculpteurs parisiens qui se
détachent du néoclassicisme de l'époque impériale et des
débuts de la Restauration, aborde, autour de 1840, le thème
de Vénus dans une coquille. Il est déjà comblé d'honneurs
et de commandes importantes. Depuis 1835, il compose aussi,
pour son plaisir, quelques statuettes. Les plus anciennes
sont des portraits en pied de membres de sa famille ou d'amis.
En 1837, il modèle une Négresse dansant nue en agitant des
calebasses, suivie d'un groupe représentant une jeune femme
agenouillée, mains jointes, devant son enfant malade.
En 1838, il compose La Naissance de l'Amour,
statuette large d'environ 22 cm et profonde d'environ 13 cm.
Elle existe en deux versions différant par leur base. L'une,
haute de 13 cm a une mince base striée d'ondes (ill.
33 et 34). L'autre, haute de 16 cm a une base moulurée,
particulièrement importante, sans stries (ill. 35) 47.
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33. James Pradier, Naissance de l'Amour. Bronze. Genève, Musée d'art et d'histoire, inv.1911-71. |
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34. James Pradier, Naissance de l'Amour. Bronze. Genève, Musée d'art et d'histoire, inv. 1911-71.
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Dans une lettre du 15 juillet 1838, le sculpteur écrit à
Juliette Drouet: « Remerciez bien, je vous prie,
M. V[ictor] H[ugo] [...]. J'ai pensé à lui aussi car
[souffrant d'une névralgie] j'ai fait dans mon lit une coquille
ouverte dans laquelle est Vénus venant de mettre au
monde l'amour. J'attends qu'elle soit moulée pour lui offrir
la 1 ère épreuve (je veux en faire couler un petit bronze et l'envoyer au duc d'Orléans quand la princesse sera accouchée). » 48
En 1839 déjà, Jules Janin mentionne, parmi d'autres
statuettes de Pradier, « cette Vénus dans sa coquille
qui allaite l'Amour » dont il a peut-être vu un
exemplaire chez l'artiste ou chez un marchand 49
. Il affine sa description en 1840 : « Dans
une coquille doucement entr'ouverte, la déesse vient de
mettre au monde son premier-né, le petit Amour ; l'enfant,
dont les ailes poussent à peine, s'attache avec ardeur au
sein de sa nourrice. L'idée est charmante, elle suffirait à
un beau groupe : M. Pradier en a fait une statuette de
quelques pouces » 50
. Sans être nommée, La Naissance de l'Amour
est reproduite dans le premier volume du grand recueil Les
Français peints par eux-mêmes, paru en 1840 (ill.
36). Elle figure au beau milieu des objets d'art et de
piété appartenant à une prétendue chanoinesse parisienne 51.
La statuette a donc acquis très rapidement une certaine
notoriété. Elle n'est diffusée d'abord qu'en plâtre. Le 3
septembre 1842, le mouleur D. Fontaine qui travaille alors
pour Pradier, fait enregistrer «Une statuette en plâtre par
M. Pradier. La Naissance de l'Amour» au service du dépôt
légal des estampes et des statuettes. Il peut désormais la
commercialiser à son profit. A une date non précisée, sans
doute encore du vivant de Pradier, le mouleur Salvatore
Marchi, l'édite lui aussi en plâtre et en fait faire une
photo stéréoscopique, dans laquelle la statuette est à l'envers.
Elle figurera encore dans les catalogues des mouleurs Hébert,
en 1864, et de son successeur Bonnet, de 1899 à 1931.
A l'occasion de l'Exposition de l'industrie, à Paris, en
1844, le fondeur Quesnel présente des statuettes produites
dans son atelier. Une lithographie donnant à voir quelques-uns
de ses bronzes, reproduit, sans en indiquer le titre et sans
en mentionner l'auteur, La Naissance de l'Amour de
Pradier 52
. Est-ce ce bronze de Quesnel qui servit à la
manufacture royale de porcelaine de Berlin pour sa
reproduction anonyme de La Naissance de l'Amour ? La
porcelaine est munie d'une marque en usage entre 1837-1844 53
.
Dans une lettre au comte de Cailleux, non datée, le
sculpteur lui demande: « Seriez vous assez bon de vous
dessaisir de votre petite Vénus à la coquille et de la
remettre à Mr Gonon fondeur qui part pour l'Italie et va
essayer une petite industrie de bronzes antiques et modernes.
Je lui donne quelques statuettes de moi, il fera un moule de
la vôtre et dans quelques jours il vous remettra le modèle
et une jolie épreuve » 54
. S'agit-il, comme nous le croyons, de La
Naissance de l'Amour ? Ou Pradier fait-il allusion à
une nouvelle statuette, généralement appelée Vénus à
la coquille, dont les bronzes aujourd'hui connus sont
des tirages posthumes ? Aucun document ne permet de trancher
la question. Beaucoup plus tard, la maison Thiébaut offrira
dans son catalogue illustré, édité avant 1870, « Vénus
à la coquille (Naissance de l'Amour) par Pradier ».
Cet énoncé ambigu reflète la confusion qui règne souvent
à propos des titres des deux statuettes vénusiennes. Mais c'est
bien un bronze de La Naissance de l'Amour qui est
reproduit dans le catalogue.
Créée en 1838, cette statuette est exceptionnelle aussi
bien dans l'uvre de Pradier que dans la sculpture en
général. L'artiste imagine Vénus allongée dans une grande
moule entrouverte, voguant sur les flots. Amour, qui vient de
naître, déjà muni de petites ailes arrondies, somnole,
blotti contre son sein.
Dans les cosmogonies les plus anciennes, et notamment
orphiques, Eros est une puissance primordiale qui n'a eu ni
père ni mère. Contemporain de Chaos, il surgit d'un
uf qui, en se partageant, forme les deux demi sphères
de la terre et du ciel. La tradition veut cependant qu'Eros
soit né de Vénus et d'un père que les uns disent avoir
été Vulcain et en qui d'autres voient Mercure ou Mars. Sa
naissance n'est, semble-t-il, pas représentée dans l'Antiquité.
Par contre, les artistes de la Renaissance se plaisent
parfois à montrer Amour, nouveau-né, blotti contre Vénus.
Une plaque émaillée de Léonard Limosin (vers 1505-1575),
datée de 1555 55, figure Vénus, allongée dans un jardin, recevant les caresses d'Amour enfant (ill. 37).
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37. Léonard Limosin, Vénus et l'Amour.
Plaque émaillée. Paris, Musée du Louvre, département des objets d'art, MR R274. |
On voit à peu près la même scène, augmentée de plusieurs
personnages entourant la déesse, sur un plat de grès
émaillé attribué à Bernard Palissy (vers 1510-1590) 56
et sur une peinture de l'Ecole de Fontainebleau 57
, des années 1560-1565. Toutes ces images de Vénus
et du petit Amour reflètent le souvenir de la Vénus
couchée du Titien (vers 1490-1576), connue par de nombreuses
versions dont certaines montrent un petit Amour, derrière
elle, lui relevant la tête 58
, et qui inspirèrent tant de peintures italiennes
de l'époque maniériste.
Ainsi une toile du Corrège (1489-1534) 59
représente un satyre contemplant Vénus endormie
aux côtés du petit Amour ailé (ill. 38). La belle
jeune femme a longtemps été considérée comme étant
Antiope, convoitée par Zeus métamorphosé en Pan. Très
admirée à la Renaissance, l'uvre a inspiré de
nombreuses répliques.
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38. Le Corrège, Vénus et l'Amour avec satyre. Peinture sur toile, Paris, Musée du Louvre. |
Tintoret (1518-1594), dans une peinture conservée à
Florence 60, imagine bébé Amour endormi, blotti contre le
sein de sa mère couchée laquelle tient un minuscule
carquois dans la main gauche (ill. 39). Vulcain lui
fait face, agenouillé, effleurant tendrement la tête de l'enfant.
Les deux parents se tiennent à même le sol nu, mais sont
abrités par une ample tenture qui s'ouvre à droite sur un
paysage. Dans le ciel apparaît Mars sur un char de guerre.
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39. Tintoret, Vénus, Vulcain et l'Amour. Peinture sur panneau. Florence, Palais Pitti. |
Sinon, le thème du petit Amour blotti contre le sein de sa
mère allongée est à peu près inconnu. Il ne figure pas
dans le cycle de Vénus et l'Amour peint à fresque dans la
« stufetta » du cardinal Bibienna, au Vatican,
dû à l'atelier de Raphaël (où ne manquent ni Vénus
naviguant sur une coquille, ni Vénus et Amour chevauchant
des dauphins). Le sujet n'apparaît pas non plus dans les
nombreuses peintures relatant l'Education de l'Amour.
Pradier, en situant la naissance d'Amour entre les deux
moitiés d'une moule qu'il associe à la vulve, se montre
partisan d'une conception de la mythologie très proche de la
nature. Il s'en explique partiellement dans une lettre
écrite en 1844, au retour d'un de ses séjours sur la côte,
dans la baie de Toulon : « Que de choses à dire sur
cette naissance de Vénus. D'où vient qu'elle sort de l'onde
? Est-ce à cause de la blancheur de l'écume, les naissances
innombrables qu'elle donne, ou plutôt à l'odeur qui quelquefois
a rapport au lieu de la grande génération qu'elle
représente ?... Nous en causerons plus tard. » 61
Le sculpteur adopte le schéma, archi-connu de son temps, de
la fresque de Pompéi en faisant naviguer Vénus couchée
dans une coquille. Il a peut-être en tête une figure
analogue à la plaque émaillée de Léonard Limosin avec la
disposition légèrement incurvée de la déesse nue qui
semble préfigurer la sienne, voguant mollement dans la
coquille. S'il n'a probablement pas repéré la toile de
Tintoret lors de ses visites à Florence, il ne pouvait
ignorer celle du Corrège, au Louvre.
Mais toutes ces images sont loin de sa statuette. Il précise
expressément l'avoir modelée pendant une crise de
névralgie qui le maintenait sinon au lit, du moins dans sa
chambre. Elle est née de son imagination, sans aucune
référence directe à quelque source iconographique. Elle
est l'uvre d'un homme cultivé, capable de convoquer
plus ou moins consciemment les souvenirs accumulés au cours
de ses voyages et de ses lectures.
Ajoutons qu'en 1838, le sujet de la naissance d'un enfant lui
était d'autant plus cher que sa femme Louise avait déjà
mis au monde Charlotte (1834) et John (1836) et n'allait pas
tarder à accoucher de Thérèse (1839). L'artiste aimait
tendrement ses enfants dont il laissa de beaux et émouvants
dessins et quelques bustes et statuettes.
Pradier, Vénus à la coquille
La statuette, composée dans les années 1840, montre Vénus,
assise dans une coquille Saint-Jacques placée verticalement,
dont elle écarte les deux valves. Nue, elle ne porte qu'un
long sautoir de perles passé sur l'épaule droite, un
deuxième enserrant sa cuisse gauche. Ses cheveux sont ceints
d'un diadème. Elle mesure 23 cm de haut. Pradier en a donné
deux versions différant par les figures qui accompagnent la
coquille. Dans l'une, deux Amours ailés tirent sur les
valves de la coquille pour mieux l'ouvrir (ill. 40).
Dans l'autre, moins étalée en largeur, deux petits dauphins
nagent de part et d'autre de la coquille, sur la base striée
d'ondes (ill. 41 et 42) 62.
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41. James Pradier, Vénus à la coquille avec dauphins. Plâtre. Genève, Musée d'art et d'histoire, inv. 1910-227. |
|
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42. James Pradier, Vénus à la coquille avec dauphins. Plâtre. Genève, Musée d'art et d'histoire, inv. 1910-227. |
Pour préparer cette composition Pradier s'est référé à
un dessin 63
représentant Vénus agenouillée, soulevant la
valve supérieure de la coquille qui l'abrite et dans
laquelle se tiennent aussi deux Amours (ill. 43).
Bien que provenant du lot de dessins acquis par la Ville de
Genève à la vente après décès de l'artiste, cette
feuille ne paraît pas être de la main de Pradier. Nous
pensons qu'un de ses collaborateurs aura dessiné pour son
patron cette statuette, très proche de celle de Keller.
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43. James Pradier, Vénus à la coquille.
Dessin. Genève, Musée d'art et d'histoire, inv.185230. |
La composition ne plaît pas au sculpteur. Il en mesure le
principal défaut : la valve supérieure fait trop d'ombre au
corps de Vénus et la façon prosaïque dont elle est
soulevée, comme un couvercle de bonbonnière, ne rend pas du
tout l'idée d'une naissance naturelle.
La disposition de la Vénus à la coquille de Thorvaldsen (ill. 27), si
même il a pu en avoir connaissance, ne lui convient pas d'avantage.
Elle place Vénus épanouie à la charnière des deux valves
qui, totalement ouvertes, l'entourent d'une sorte de fond
circulaire, telle une auréole.
Il avait vu au Salon de 1827 (alors qu'il faisait pour la
première fois partie du jury) le marbre de « Vénus
sortant des eaux dans une coquille », présenté par
Gois et que nous avons évoquée plus haut. L'artiste en
avait déjà montré le plâtre au Salon de 1824 et le livret
précisait alors « elle est endormie dans une coquille ».
Nous n'avons pas retrouvé d'image de cette statue, ignorée
des principaux critiques de l'époque. Peut-être dérivait-elle
de la fresque de Pompéi. A-t-elle inspiré Pradier ? Pas
plus, sans doute, qu'une « Nymphe dans une coquille »
montrée au Salon de 1831 par Jean Jacques Feuchère (n°
2225) et dont nous ne savons rien 64. Au même Salon figurait
une « Vénus, statue en marbre » par Dominique
Molknecht (n°2230), dont on a dit qu'elle aurait influencé
Pradier, alors qu'une gravure 65
montre que la déesse, assise, posait simplement la
main droite sur une petite Saint-Jacques.
Par contre, Pradier examine sans doute la gravure d'une terre
cuite grecque publiée dans le recueil de Clarac dont les
volumes sont dans sa bibliothèque 66
. Elle représente Vénus agenouillée sur une haute
base circulaire (ill. 44). Deux valves de Saint-Jacques,
fixées dans son dos, s'étalent largement de part et d'autre
du torse. Mais cette statuette, dont l'original est alors
dans une collection privée parisienne, a dû lui paraître
ridicule : Vénus a l'air de battre des ailes, comme le
ferait un papillon.
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44. Gravure parue dans Clarac, Musée de sculpture antique et moderne, t. 4, pl. 605. |
Il élabore donc une disposition nouvelle, absolument
inédite. Au dos d'une feuille 67
où figure une esquisse pour l'Odalisque à
laquelle il travaille précisément en 1840-1841, il donne
une vue frontale de Vénus écartant les valves de la
coquille avec l'aide de deux Amours et étudie dans le coin
supérieur droit la vue latérale (à peine lisible) du
groupe (ill. 45). Ces deux croquis fixent l'ordonnance
générale de la statuette que le travail de modelage ne
changera pas.
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45. James Pradier, Vénus à la coquille.
Dessin. Genève, Musée d'art et d'histoire, inv.185251 verso. |
Vénus, représentée adulte, apparaît dans l'écrin du
coquillage telle une perle rare et désirable. Par le
mouvement de ses bras elle n'écarte pas vraiment les deux
valves mais s'ingénie à mettre en valeur le galbe de ses
seins. La forme fermée contraste avec l'épanouissement en
pleine lumière d'une beauté idéale. Peut-être la
statuette de Pradier est-elle une réponse ironique à la
figure de Satan pensif, enfermé dans ses deux ailes
monstrueuses, exposée par Feuchère aux Salons de 1834 et
1835 ?
Le sculpteur avait déjà choisi le thème botticellien de
Vénus sortant de l'eau pour une petite peinture murale
décorant la villa La Malgue, près de Toulon, appartenant à
son ami le Dr Cloquet chez lequel il séjourna à plusieurs
reprises. Aujourd'hui disparue, elle montrait «
au-dessus de la cheminée, dans un trumeau, une Amphitrite
sortant de l'onde sur sa coquille, et suivie de deux petits
tritons » 68
.
Pradier compose la figure de Vénus en se souvenant de la
Vénus accroupie de Florence, mentionnée plus haut à propos
de Heinrich Keller. Il s'y était vivement intéressé pour
Vénus et l'Amour, présentée au Salon de
1836. Mais il l'interprète ici plus librement : la forme
ovoïde de l'habitacle dicte la position des jambes repliées
de Vénus qui est ainsi presque assise, et délimite
également le mouvement des deux bras levés.
Au contraire de La Naissance de l'Amour, Vénus
à la coquille n'a été que rarement éditée.
Salvatore Marchi en avait vraisemblablement le droit de
reproduction en plâtre avant la vente après décès de
Pradier, au cours de laquelle elle est proposée avec « le
droit de reproduction en bronze seulement ». Dans les
années 1860, Marchi reproduit dans ses albums de
présentation la version avec les deux Amours dont il vend
aussi de grandes photos et des vues stéréoscopiques. Des
bronzes anonymes, posthumes, sont actuellement sur le marché.
De la version avec les dauphins, seul le chef-modèle en
plâtre est conservé.
Vénus dans la coquille. Après Pradier
La Naissance de l'Amour (ill. 33-35) est restée
pratiquement sans postérité bien qu'elle ait été
largement diffusée par l'édition. Les sculpteurs semblent
ne pas l'avoir copiée. Les peintres, par contre, ne l'ont
pas ignorée. Elle a fourni à Manet la composition de Jeune
femme étendue en costume espagnol, peinte en 1862 69
. Manet a représenté l'une des danseuses du Ballet
espagnol venue poser dans son atelier (ill. 46),
allongée sur un canapé muni d'un haut dossier latéral qui
l'enveloppe, telle la coquille de Pradier. Comme dans celle-ci,
la jeune femme croise les jambes, s'accoude nonchalamment
pour toucher le rebord de son lit et passe son autre bras
autour de la tête. Bernard Dorival a démontré que le
peintre a utilisé une gravure inversée de La Naissance
de l'Amour, publiée en 1840 70.
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46. Edouard Manet, Jeune femme étendue
en costume espagnol. Huile sur toile. New Haven, Yale University Art Gallery. |
L'étrange organisation de la grande toile de Manet,
antérieure d'une année à Olympia, semble avoir frappé
Henri Rousseau qui, dans Le Rêve (ill.
47), colle au beau milieu de la jungle sa belle amie sur un
canapé de velours qui l'enserre dans ses formes arrondies telle
une coquille 71
. Sans le savoir peut-être, le Douanier retrouve,
à travers Manet, quelque chose et pas seulement la
nudité de la statuette de Pradier.
Vénus à la coquille (ill. 40-42) n'a eu
qu'une brève postérité. Un plâtre de la statuette de Pradier est
surmoulé par une manufacture anglaise non identifiée pour
en faire une édition bon marché en « parian ware ».
Celle-ci mesure 24 cm de haut, y compris une haute base
circulaire moulurée disproportionnée comportant une frise
de dauphins (?) en relief 72
.
Un bronze, représentant Vénus assise, navigant dans la
valve bombée d'une Saint-Jacques en tenant une voile dans
laquelle s'engouffre le vent, tandis que deux dauphins nagent
aux côtés de la coquille, figurait parmi les travaux du
fondeur Quesnel présentés à l'Exposition de l'industrie,
à Paris, en 1844 73
. L'ouvrage, dont l'auteur n'est pas mentionné, s'inspire
à la fois de la Vénus à la coquille de Pradier et
de celle de Keller, tout en remplaçant la valve supérieure
par une voile (ill. 48).
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48. Inconnu, Vénus dans une coquille. Lithographie d'après un bronze présenté à l'Exposition de l'Industrie, Paris, 1844. |
Par contre la statuette de Keller a eu plus de succès. Une
imitation en surmonte une pendule reproduite dans le Catalogue
des modèles en bronze d'art et plastique pour pendules et
ameublements [...] Maison Susse Frères, Paris, s. d. [1860],
où elle est dite « par Flatters » (ill. 49, bronze,
h: 16 cm) 74
. Un bronze, cette fois anonyme, couronnant une
pendule Napoléon III lourdement ornée dans le style
néobaroque, est apparu récemment sur le marché (ill.
50) 75
. On retrouve la statuette, à peine modifiée, dans
le catalogue de la manufacture de terres cuites de Lauritz
Hjorth (1834-1912), établie à Rønne, Bornholm (Danemark),
plus particulièrement spécialisée dans les reproductions d'antiques
et d'uvres de Thorvaldsen 76.
La statuette de Keller ou plus probablement l'une de ses
copies, sert à Alexandre Falguière (1831-1900) pour sa «
Nymphe à la coquille » 77
. Il en reprend la composition, jusqu'à l'échancrure
marquant la jonction des deux valves et la position de la
déesse (ill. 51). Mais il imprime à sa terre cuite
la vivacité d'une esquisse spontanée.
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51. Alexandre Falguière, Vénus à la coquille. Lyon, Musée des beaux-arts, inv. B 1508. |
Edouard Fiers (1822-1894) compose Amour à la coquille,
dont il existe un bronze daté de 1859 78
. Il imagine Amour nu, allongé seul dans une
coquille Saint-Jacques, posée sur le dos d'un gros dauphin (ill.
52). La statuette, d'un néo-baroquisme appuyé, décline à
sa manière Vénus à la coquille de Pradier.
Antoine Bourdelle (1861-1929) réalise en 1927 une petite
Vénus assise dans une coquille, les bras ouverts, telle une
orante primitive (ill. 53). Derrière elle
surgit le torse d'un ange sévère qui n'a de l'Amour que les
ailes. Frontale et hiératique, cette statuette compacte,
rudement modelée, a fait l'objet d'une édition en bronze 79.
Par deux fois, en 1930 et en 1932, Henri Matisse (1869-1954)
modèle Vénus à la coquille 80
. Il compose une déesse assise dans une coquille,
le torse redressé, tenant ses mains derrière la tête (ill.
54 et 55). D'un point de vue iconographique, ses deux
statuettes ne se distinguent guère d'une femme à sa
toilette, comme celles que peint Degas dans ses « Femmes
au tub ». Mais le sculpteur, tendant presque à l'abstraction,
stylise les formes, les réduisant à l'essentiel.
Il n'est pas dans notre intention de retracer la postérité
de la fresque de Pompéi et encore moins de compiler
une iconographie de la coquille dans l'art. Quelques exemples
encore de Vénus dans une coquille serviront à montrer
comment ce thème a longtemps poursuivi les artistes.
La Naissance de Vénus d'Odilon Redon (1840-1916)
est datée de 1912 81
. La déesse y apparaît, telle Vénus anadyomène,
debout dans la nacre étincelante d'une coquille d'huître (ill.
56). Mêlant l'image d'une divinité auréolée de gloire à
celle, très profane, de la vulve à travers laquelle la
déesse est mise au monde, Redon suggère l'univers marin et
céleste d'Aphrodite par un jeu subtil de couleurs qui, sans
définir tout à fait les formes, les projette dans un chaos
en train de s'organiser.
Salvador Dali (1904-1983) compose en 1956 une grande toile
restituant la partie centrale de la Naissance de Vénus de
Botticelli, mais en ne montrant de la déesse que son torse,
directement repris d'une des versions de l'Aphrodite de Cnide 82
. Le sujet lui avait déjà inspiré l'extraordinaire
pavillon qu'il avait conçu pour la World's Fair de 1939 à
New York, intitulé Dream of Venus et dans lequel
nageaient des Vénus botticelliennes à têtes de lézard. La
même année, pour le ballet « Bacchanale »,
joué par les Ballets russes au Metropolitan Opera, il avait
imaginé un gigantesque cygne dont les flancs s'ouvraient
comme une caverne, pour donner naissance à une Vénus
triomphante 83
.
Claude Bérard, explorant la permanence du thème de la femme
dans une coquille chez certains artistes contemporains 84
, remarque que ceux-ci sont plus nombreux qu'on ne
pourrait le penser à amalgamer des corps féminins et plus
particulièrement leur sexe à des coquilles ou à les
enfermer dans les méandres de celles-ci. Nous ne
dévoilerons pas ici ces nouveautés d'un érotisme appuyé.
La symbolique de la coquille abritant un personnage
La coquille Saint-Jacques, souvent utilisée pour les rites
baptismaux, est présente dès l'Antiquité sur les monuments
funéraires. Elle orne nombre de sarcophages romains (ill.
6) et paléochrétiens et encadre plus d'une tête de défunt
sur les tombes médiévales. Aux XVe et XVIe siècles, elle
devient pratiquement un motif obligé en architecture, en
sculpture et en peinture, n'ayant généralement qu'une
fonction ornementale, dépourvue de sens précis. En Italie,
elle est souvent associée à l'image de la Vierge,
considérée comme celle qui donna naissance à la perle
divine qu'est le Christ. Dans le baptistère de Florence,
Donatello et Michelozzo ont sculpté vers 1426, au registre
supérieur du tombeau de Jean XXIII, une somptueuse coquille
dans laquelle figure le buste de la Vierge à l'Enfant (ill.
57). Parmi tant d'autres représentations de cette coquille
virginale, celle peinte à Urbino par Piero della Francesca
autour de 1472-1474 pour Federico de Montefeltro 85
, abrite la Vierge à l'Enfant entourée de saints (ill.
58). Etrangement placée à l'envers dans la niche, une
chaînette d'or y est fixée, à laquelle est suspendu un
uf d'autruche, objet rarissime à l'époque et lui
aussi assimilé à la virginité mariale.
A la Renaissance, des coquillages naturels pouvaient tapisser
les parois d'une grotte creusée dans un parc, dont l'exemple
le plus célèbre se voit dans les jardins Boboli à Florence,
aménagée entre 1583 et 1588 par Bernardo Buontalenti. Entre
les stalactites fictives et les incrustations de toutes
sortes surgit, au milieu d'une vasque dans laquelle peut-être
elle se baignait, Vénus, debout, s'appuyant sur une urne, la
célèbre statue en marbre de Giambologna. L'analogie entre
la grotte et la coquille presque fermée qui servent d'habitacle
à une Vénus nue est évidente.
Annette Stott a récemment étudié un thème connexe à
celui de Vénus dans une coquille, celui des monuments
funéraires d'enfants, représentés dans une coquille 86
. Se limitant aux cimetières de l'Amérique du Nord,
elle a répertorié un grand nombre de tombes réalisées
entre 1870 et la Première guerre mondiale, représentant des
enfants couchés dans leur dernier sommeil, abrités par la
valve supérieure d'une coquille Saint-Jacques (ill.
59).
Elle aurait pu évoquer aussi les portraits de femmes ou d'enfants
encadrés par une coquille, ayant sans doute, eux aussi, une
signification funéraire, tel le buste en marbre conçu par
Félicie de Fauveau (1802-1886) d'une enfant dont la tête
angélique irradie au milieu des côtes d'une Saint-Jacques (ill.
60) qui lui dessinent une sorte d'auréole 87.
Moulage sur la nature ou modelage d'après la nature
?
Depuis l'antiquité, les sculpteurs pratiquent parfois le
moulage sur nature (ill. 1). Les artistes de la
Renaissance se sont particulièrement intéressés à mouler
des serpents, des lézards, des insectes et des crustacés
dont les tirages en bronze ou en plomb étaient et
sont encore très appréciés.
Mais la plupart des coquillages représentés dans les
statuettes de Vénus sont plus grands que ceux qu'on trouve
dans la mer et beaucoup sont fortement stylisés. En ce qui
concerne les deux ouvrages de Pradier, M. Yves Finet,
conservateur au Muséum d'histoire naturelle de Genève,
spécialiste des mollusques, que nous remercions vivement de
son examen, est formel.
Vénus à la coquille est faite de l'assemblage
artificiel de deux valves inférieures bombées de pecten
maximus, dite coquille Saint-Jacques, un mollusque
bivalve qui dans la nature mesure 10 à 15 cm de diamètre et
est constitué d'une valve supérieure, plate et pourvue de
côtes, reliée à une valve inférieure bombée. Si la
dimension des valves des deux Saint-Jacques de Pradier, d'environ
20 cm de diamètre, les distingue nettement d'un vrai
coquillage, leur forme et leur texture, par contre, sont
rendues avec soin.
La Naissance de l'Amour, large de 21,5 cm, reproduit
mytilus medulis, un mollusque bivalve bien connu
sous le nom de moule, qui dans la nature mesure entre 3 et 14
cm de large. La statuette, n'est donc pas le moulage d'une
vraie moule commune. Pradier l'a considérablement agrandie
et en a de plus modifié la forme, accentuant la symétrie de
ses extrémités qui n'existe pas dans la nature. Ici encore,
le sculpteur s'est attaché à traduire la texture du
coquillage avec délicatesse.
Notes
1 Hésiode, Théogonie,
190-206.
2 Pline l'Ancien,
Histoire naturelle, XXXV, 91-92.
3 Brève
mention dans Plaute, Rudens, 704.
4 Lexicon
iconographicum mythologiae classicae, Zurich :
Artemis, 1984, vol. II, fig. 1011-1015, 1017, 1183-1184.
5 Genève,
Musée d'art et d'histoire, inv. HR 91. Jacques Chamay, « Aphrodite
naissant de la coquille », in : Genava,
XXXVIII, 1990, pp. 81-85, fig. 3.
6 Lexicon
iconographicum mythologiae classicae, Zurich :
Artemis, 1984, vol. II, fig. 1038.
7 Paris, Musée
du Petit Palais, inv. Dut. 171.
8 Washington D.C.,
Dumbarton Oaks Collection, inv. 28.6.
9 Lexicon
iconographicum mythologiae classicae, Zurich :
Artemis, 1984, vol. III, fig. 596.
10 Musée archéologique d'El-Jem, Tunisie.
11 Ovide, Métamorphoses, XIII, 738-897.
12 Un sculpteur de l'entourage de Jean Goujon composa
un petit bas-relief en pierre d'après la Vénus de
Botticelli. Paris, Musée du Louvre, MR 1732.
13 Cependant, ni la Vénus du Capitole, ni la Vénus
Médicis qui dérivent de la cnidienne n'avaient encore été
découvertes quand le tableau fut peint.
14 Avec quelques exceptions, tels un petit bronze d'Adriano
Fiorentino (vers 1450-1499) au Philadelphia Museum of Art ou
un grand marbre des Musées royaux d'art et d'histoire de
Bruxelles, attribué à un maître flamand du XVIIIe siècle.
Un bronze de l'Antico, du début du XVIe siècle, montre deux
valves de coquille gisant aux pieds de Vénus.
15 Claude Bérard, « Modes de formation et modes
de lecture des images divines : Aphrodite et Isis à la
voile », in : Actes du colloque sur les
problèmes de l'image dans le monde méditerranéen classique,
Rome : Bertschneider, 1985 (Archaelogica, 61), fig. 6.
16 Londres, Wallace Collection, S 195. Bronze, h :
26 cm.
17 Bordeaux, Musée des beaux-arts
18 Dessin de Joseph Chamberlain reproduit dans Falconet
à Sèvres, catalogue d'exposition, Sèvres, Musée
national de la céramique, 2001, p. 43, fig.1.
19 Paris, Musée du Louvre, cabinet des dessins, RF
51882, fol. 61.
20 Delle Anticità di Ercolano, Pitture, Naples :
Regia stamperia, 1767-1771, vol. IV, pl. 3.
21 Giambattista Piranesi, Diverse maniere d'adornare
i cammini et ogni altra parte degli edifizi, Rome, 1769,
pl. 4.
22 Elle ne fut publiée que plus tard dans la Lettera
di Ennio Visconti intorno ad un antica suppelletile d'argento
scoperta a Roma nell'anno 1793, Rome, 1827.
23 Catalogue de l'exposition Alexander Trippel,
Schaffhouse, Museum zu Allerheiligen, 1993, n° 55, désigné
comme « Thetis, in der Muschel fahrend ». Dieter
Ulrich, « Trippel, Alexander », in: Biografisches
Lexikon der Schweizer Kunst / Dictionnaire biographique de l'art
suisse, t. 2, Zurich / Lausanne: Institut suisse pour l'étude
de l'art, 1998, pp. 1047-1049.
24 Dieter Ulrich, « Keller Heinrich », in:
Biografisches Lexikon der Schweizer Kunst / Dictionnaire
biographique de l'art suisse, t. 1, Zurich / Lausanne:
Institut suisse pour l'étude de l'art, 1998, pp. 556-557.
25 Zurich, Städtische Kunstsammlung, inv. 14587.
Hauteur : 48 cm. Base moderne.
26 Guiseppe Antonio Guattani, Memorie
enciclopediche romane sulle belle arti, antichità [etc...], Rome :
Salomoni, vol. III, 1808, p. 82.
27 Anonyme, Leben und Charaketeristik des
Bildhauers Heinrich Keller aus Zürich, in: Neujahrsstück
herausgegeben von der Künstler-Gesellschaft in Zürich,
35, 1839 (27 pages). Sert de source à: Bernhard Wyss, Heinrich
Keller, der Zürcher Bildhauer und Dichter, Frauenfeld:
Huber, 1891, p. 29.
28 Zurich, Kunsthaus, inv. 44. Hauteur: 24 cm. Non
signé.
29 Sèvres, Musée national de la céramique, 4823-20.
Non signé, h : 21 cm. La manufacture milanaise de San
Cristoforo est active de 1840 à 1896. Un membre de la
famille Keller, propriétaire de plusieurs de ses uvres,
habitait alors Milan.
30 Florence, Musée des Offices, inv. n 188.
31 Paris, Musée du Louvre, inv. Ma 2240, provenant de
l'ancienne collection Borghèse.
32 Visible, à l'époque de Keller, dans la collection
Ludovisi.
33 Florence, Musée du Bargello.
34 Paris, Musée du Louvre MA 353.
35 Par exemple par la maison Lorenzi à Arcueil. La
fonderie de Val d'0sne l'a éditée en fer.
36 Bronze, h : 24 cm, vente Londres, Christie's,
8 décembre 1981, n° 254. Signé et daté H. KELLER. INV. ET
FEC. MDCCCXII ». Un autre exemplaire Cambridge,
Fitzwilliam Museum, inv. M 37-1997. Non signé.
37 Dieter Ulrich, « Christen, Joseph», in: Biografisches
Lexikon der Schweizer Kunst / Dictionnaire biographique de l'art
suisse, t. 1, Zurich / Lausanne: Institut suisse pour l'étude
de l'art, 1998, p. 216. Les deux sculptures sont reproduites
dans Hans von Matt, Joseph Maria Christen, sein Leben,
sein Werk und seine Zeit, Lucerne : Schilling, 1957,
pl. 16 et 22.
38 Aujourd'hui à l'angle de la Piazza Barberini et de
la Via Veneto.
39 Harald Tesan, Thorvaldsen und seine
Bilhauerschule in Rom, Cologne : Böhlau, 1998.
40 Copenhague, Thorvaldsens Museum, inv. A 348. Nous
reproduisons la gravure publiée par Angelo Carnevalini, Collezione
di alcune statue [etc...], Rome, 1826, pl. 24. Jorgen
Birkedal Hartmann, « Alcune inedite italiana di Bertel
Thorvaldsen », in : Analecta Romana Instituti
Danici, 2, 1962, pp. 113-150, fig. 15.
41 Florence, Uffizi, cabinet des estampes. Hartmann,
fig. 13.
42 Vente Londres, Sotheby's, 29 mai 2008, n° 76, h :
55,5 cm.
43 Copenhague, Thorvaldsens Museum, inv. Sch A. 3. 87a.
Hartmann, fig. 16.
44 La sculpture belge au XIXe siècle,
catalogue d'exposition, Bruxelles, 1990, vol. II, p. 316, fig.
9.
45 Aix-en-Provence, Musée Granet, CC 11, dépôt du
Musée du Louvre.
46 Nice, Musée des Beaux-Arts, dépôt de l'Etat.
Gravure de Landon, reproduite dans F. Benoît, L'art
français sous la Révolution et l'Empire, Paris, 1897,
fig. 31, p. 381.
47 Bibliographie:
Guillaume Garnier, James Pradier, thèse (inédite) de
l'Ecole nationale des Chartes, 1978, n° 192. Statues
de chair. Sculptures de James Pradier (17901852),
catalogue d'exposition, Genève, Musée d'art et d'histoire,
1985 / Paris, Musée du Luxembourg, 1986, n° 86 et
Répertoire n° 315. The Color of Sculpture,
18401910, catalogue d'exposition Amsterdam, Van Gogh
Museum, 1996, n° 6. Ekkehard Mai,
«Entmythologisierung und Allegorie. Überlegungen zur Venus-Olympia
von Cabanel bis Cézanne», in: Kunsthistorisches Jahrbuch
Graz, 27, 2000, pp. 112-131, fig. 8.
48 Lettre inédite aimablement communiquée par Douglas Siler.
49 Jules Janin, « Le Salon de 1839. Sculpture »,
in : L'Artiste, 2e série, II, 1839, pp. 301311.
50 Jules Janin, « Le Salon de 1840 », in :
L'Artiste, 2e série, V, 1840, pp. 270.
51 Elias Regnault, «La chanoinesse», in: Les
Français peints par eux-mêmes. Encyclopédie morale du dix-neuvième
siècle, t. 1, 1840, pp. 193200. La lettrine p. 193
reproduit en outre une autre statue de Pradier.
52 Jules Burat, Exposition de l'industrie
française, année 1844. Description méthodique, Paris:
Challamel, 1844.
53 Berlin, coll.
de la manufacture royale de porcelaine. Sans le nom de l'artiste.
Reproduit par E[rich] Köllmann, Berliner Porzellan, 17631963,
t. 2, Berlin: Klinkhardt & Biermann, 1966, fig. 224 a et
b.
54 Lettre aimablement communiquée par Douglas Siler.
55 Paris, Musée du Louvre, département des objets d'art,
MR R274, longueur : 26 cm.
56 Paris, Musée du Louvre.
57 New York, Metropolitan Museum, inv. 41.48.
58
Accompagnées ou non d'un organiste se retournant
pour contempler la nudité de la déesse.
59 Paris, Musée du Louvre, 188x125 cm, vers 1528.
60 Florence, Palais Pitti.
61 James Pradier, Correspondance, textes
réunis, classés et annotés par Douglas Siler, t. 3 (18431846),
Genève: Droz, 1988, p. 82.
62 Bibliographie: Claude Lapaire, «La sculpture
genevoise au XIXe siècle», in : Musées de Genève,
150, novembredécembre 1974, pp. 2-19, fig. de la
couverture. Garnier, 1978, n° 191. Statues de
chair, 1985, n° 92 et 108, Répertoire n° 335 .
James Pradier Correspondance III, 1988, p. 84, n. 9.
Jean-Louis Ferrier (sous la direction de), L'aventure de l'art
au XIXe siècle, Paris: Chêne-Hachette, 1991, p. 445.
63 Genève, Musée d'art et d'histoire, inv.185230.
64 Nous la découvrons cependant aujourd'hui, longtemps après la rédaction de ces lignes, à la vente Artcurial du 31 mars 2016. Il s'agit d'un bas-relief en plâtre patiné représentant une nymphe assise sur une coquille au milieu des flots, accompagnée d'amours et d'un triton. Le catalogue de vente, aimablemenet signalé par un lecteur du Forum Pradier, peut être consulté ici.
65 Reproduite dans Garnier, op. cit. note 47, pl.
CXCII, sans autre information.
66 Charles Clarac, Musée de sculpture antique et
moderne, tome 4, Statues, Paris : Texier,
1836, planche 605.
67 Genève, Musée d'art et d'histoire, inv.185251
verso.
68
Selon une description parue en 1926, reproduite
dans James Pradier, Correspondance, textes réunis,
classés et annotés par Douglas Siler, t. 3 (18431846),
Genève: Droz, 1988, p. 84, n. 9.
69
New Haven, Yale University art Gallery. Denis
Rouart et Daniel Wildenstein, Edouard Manet. Catalogue
raisonné, t. 1: Peintures, Lausanne: La
Bibliothèque des arts, 1975, n° 59.
70
Bernard Dorival, «Quelques sources méconnues de
divers ouvrages de Manet. De la sculpture gothique à la
photographie», in : Bulletin de la société d'histoire
de l'art français, 1975, pp. 315-340. Reproduit la
gravure de Régnault (fig. 53) sans identifier l'auteur de la
statuette.
71
New York, The Museum of Modern Art. Exposé au
Salon des Indépendants en 1910.
72
Vendue sur ebay le 18 juillet 2005. Voir Forum Pradier, Ventes 2005.
73
Jules Bur, Exposition de l'industrie française,
année 1844. Description méthodique, Paris: Challamel,
1844, tome II, planche II.
74
Jean-Jacques Flatters (1786-1845), concurrent
malheureux de Pradier pour le Prix de Rome en 1813 et pour l'Institut
en 1825 et 1826.
75
Vente à Granville, Maîtres Fattori et Rois,
hôtel des ventes de la Baie, 15 octobre 2006, n° 183.
76
Catalogue de la Terracottafabrik Hjorth, 1916, n°
538, Naissance de Vénus, « antik », 24
cm de haut. Aimablement signalé par Douglas Siler.
77
Lyon, Musée des beaux-arts, inv. B 1508. Signée
« AF », non datée, h : 25 cm . Ancienne
collection du critique d'art Yvanohé Rambosson.
78
Ypres, Stedelijik Museum. La sculpture belge du
XIXe siècle, catalogue d'exposition, Bruxelles, 1990, p.
75, fig. 49.
79
Paris, Musée Bourdelle, bronze, h : 21 cm.
80
Bronze, 31 et 33,7 cm de haut. Nice, Musée Matisse.
Henri Matisse, Sculptures et gravures, catalogue d'exposition
Berne, Kunstmuseum, 1990, n° 60 et 63.
81
Huile sur toile, 143 x 62 cm. Ancienne collection
Jan Woodner. Odilon Redon, catalogue d'exposition, Lausanne,
Musée de l'Hermitage, 1992, n° 40.
82
Intitulée « Chair de poule rhinocérontique ».
Huile sur toile, 93 x 60 cm. Ancienne collection B. Pagliani.
Robert Descharnes, Salvador Dali, Lausanne, Edita, 1984, p. 350.
83
Des photos anciennes en sont reproduites dans
Descharnes, op. cit. pp. 225, 229-230.
84
Claude Bérard, «Femme coquille», in: Florilegium.
Scritti di storia dell'arte in onore di Carlo Bertelli,
Milan: Electa, 1995, pp. 14-17.
85
Milan, Pinacoteca di Brera.
86
Annette Stott, "The Baby-in-a-Half-Shell;
A Case Study in Child Memorial Art of the Late Nineteenth
Century", in:
19thc-artworldwide.org, Autumn 2008, 16 pages.
87
Toulouse, Musée des Augustins, marbre, h : 43 cm, acquis en 2007.
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