-
-
Douglas Siler (25/11/2006)
Courriel adressé à Francis Leca: En parcourant votre beau site Aracade - L'art à contre-courant, j'ai été content de découvrir une Phryné de Jean-Jules Salmson que j’ignorais. Cette œuvre doit beaucoup à la Phryné de Pradier, comme on peut s'en rendre compte facilement en confrontant les deux figures. Voici, d'une part, vos trois photos de l'œuvre de Salmson, et de l'autre, trois vues comparables de l'œuvre de Pradier (le marbre du musée de Grenoble et deux réductions en bronze):
-
-
Salmson a bien connu Pradier et lui a consacré en 1885, à Genève, une conférence dont la teneur est connue grâce à une copie manuscrite conservée à la bibliothèque de la Société des arts de Genève. L'extrait suivant concernant la Phryné de Pradier ne manquera pas, je crois, de vous intéresser:
-
|
Pradier n’avançait que bien sommairement ses modèles, pour avoir ensuite à les reprendre et quelques fois à les transformer en improvisant au ciseau devant la nature. […] Il avait ébauché en 24 heures le modèle de sa statue de Phryné. Elle portait alors un vase sur l’épaule et était entièrement nue. Cet ouvrage interrompu pour d’autres, séchait sous des haillons de toile. Lequesne, qui la soignait, dit un jour à son maître: « Faut-il continuer de mouiller votre Phryné? » « Laisse-moi la voir », répondit-il. Puis se tournant vers nous, il ajouta: « C’est étonnant comme à la longue une œuvre d’argile se finit seule sous toutes ses loques mouillées. Fais-la mouler telle quelle. » Lequesne obéit. Pradier était trop fin connaisseur pour considérer son œuvre comme achevée; mais il comptait sur son ciseau. Il reprit ce travail dans cinq morceaux de Paros, provenant de fragments de colonnes grecques, les fit assembler et pour en dissimuler les joints, il improvisa la draperie que l’on connaît; mit à côté de la jambe le vase qui était sur l’épaule, ajouta la tête à l’aide du collier, et le tout eut les honneurs du Salon en 1845.
|
|
-
Si cette anecdote est peut-être inexacte en ce qui concerne les « cinq morceaux de Paros » (la statue conservée à Grenoble n’en comporte que deux), elle fait ressortir néanmoins un des aspects les plus originaux de la méthode de travail de Pradier.
-
Francis Leca (26/11/2006)
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt l'extrait de la conférence de 1885, que je ne connaissais pas et qui est en parfaite cohérence avec la réputation de nonchalance de Pradier. Il est également intéressant de noter que le récit de Lequesne semble contredire la thèse soutenue par Jacques de Caso et Guillaume Garnier (auteurs que vous citez, me semble-t-il, sur votre site), selon laquelle l'invention formelle de la Phryné aurait précédé l'attribution de son titre. Quoi qu'il en soit, c'est avec plaisir que j'ai ajouté un lien vers votre site, qui est excellent et que j'avais déjà eu l'occasion de parcourir à plusieurs reprises.
-
Participer à cette discussion :
→ Pour participer à cette discussion,
cliquez ici
|