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Martine Marcadé (Paris, 29/11/2006)
L'une de nos aïeules était la gouvernante des enfants de James Pradier. Il a réalisé pour elle un buste et un superbe dessin la representant avec les enfants. Elle nous a laissé également un recueil manuscrit de poèmes écrits par Pradier. Je situe mal l'importance de ces objets dans son œuvre. Merci de me faire part de votre opinion.
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Douglas Siler (29/11/2006)
J’ai lu avec un très vif intérêt votre courriel de ce matin. Votre aïeule serait donc Adeline Chômat, fille de Jean Chômat et de Marie-Aimée Mondon, qui a épousé en 1859, à Paris, Jean-Théodore Marcadé? Je donne plusieurs informations sur elle dans mon édition de la Correspondance de Pradier. Je connais en outre un portrait présumé d’elle dessiné par Pradier. Auriez-vous la possibilité de m’envoyer des photos du buste et du dessin en votre possession pour que je puisse les comparer avec ce portrait ainsi qu’avec les portraits connus des enfants du sculpteur? Une photo ou une photocopie d’un des poèmes serait aussi la bienvenue et me permettrait de mieux juger de l’importance de votre recueil. Puis-je savoir combien de poèmes il contient et si vous possédez d’autres documents concernant Pradier ou Adeline?
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Martine Marcadé (30/11/2006)
Merci de votre aimable réponse. Ainsi que vous pourrez éventuellement le voir sur le livret de famille, mon mari Jean Marcadé est bien l'arrière-petit-fils d'Adeline Chômat et de Théodore Marcadé. Voici des photos du buste et du dessin:
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Nous possédons aussi ce buste en terre cuite:
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Et voici quelques pages du recueil, qui comporte 9 poèmes:
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Pardon pour la qualité médiocre de ces photos. Pensez-vous que je puisse trouver votre livre à Paris?
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Douglas Siler (1/12/2006)
Un grand merci pour votre réponse et pour les photos. Je vous écrirai plus longuement sur celles-ci quand j’aurai le temps de les étudier de près. En attendant, puis-je vous demander de transcrire pour moi, le plus exactement possible, toutes les inscriptions qui figurent sur les deux bustes et sur les deux côtés du dessin, telles que noms, dates, dédicaces, etc.? Pourriez-vous aussi préciser la hauteur exacte des bustes et les dimensions du dessin (hors cadre)? Est-ce bien le plus petit buste qui représente Adeline Chômat? Si oui, qui est l’autre dame?
Pour mon édition de la Correspondance de Pradier, vous pouvez vous la procurer à Paris à la librairie ERUDIST, 71, rue Saint-Honoré, 75001 Paris, tél. 09.51.68.18.38. Vous pouvez aussi la commander sur le site de l'éditeur, Librairie Droz, à Genève. 11 rue Firmin-Massot,
1211 Genève 12, tél. 41.22.346.66.66. L’édition comporte trois volumes (Collection « Histoire des Idées et Critique Littéraire », vols 221, 225 et 263) mais les informations concernant Adeline se trouvent surtout dans le 3e (années 1843-1846).
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Martine Marcadé (1/12/2006)
Le plus petit buste porte sur le coté gauche : « J. Pradier 1846 ». Il mesure 30 cm de hauteur. J'ai toujours entendu dire qu'il s'agissait d'Adeline Chômat. L'autre buste mesure 36 cm. Il ne comporte ni inscription ni signature. Nous pensions qu'il était également celui d'Adeline. Le dessin au crayon mesure 20 cm par 27 cm. Il est signé en bas à gauche « J. Pradier 18.. » (les 2 derniers chiffres sont à peine visibles). Le grand-père de mon mari a hérité du tout (sculptures, dessin, poèmes) en un seul lot.
Dans la famille nous avons toujours entendu dire qu'Adeline aurait eu un enfant de Pradier. L'épouse de ce dernier aurait accepté que cet enfant illégitime soit élevé avec les siens? Merci de votre précieux avis. Nous avons bien entendu commandé le troisieme volume de votre livre.
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Douglas Siler (14/12/2006)
J’ai enfin un moment pour vous écrire plus en détail au sujet des photos que vous avez eu la gentillesse de m’envoyer. Votre beau dessin représente sûrement Adeline Chômat entourée de deux des trois enfants légitimes du sculpteur: son fils Jean-Jacques, dit John, en uniforme de collégien (il était alors élève au collège Henri IV), né en 1836, et sa plus jeune fille Thérèse, née en 1839. L’absence de l’aînée, Charlotte, née en 1834, s’explique sans doute par le fait que dès 1846 elle était pensionnaire de la Maison d’éducation de la Légion d’honneur à Saint-Denis où elle a vécu en permanence jusqu’à la mort de Pradier en 1852.
Comme je le signale dans la Correspondance, c’est en 1845 qu'Adeline a été engagée par Pradier pour s’occuper de Thérèse. Elle lui sert également de secrétaire. Il est possible, mais non certain, qu’elle ait été sa maîtresse. En revanche, il est très improbable qu’elle lui ait donné un enfant. Elle l’accompagnait parfois en voyage avec Thérèse, dans le Midi et en Suisse, mais aucun document connu ne fait allusion à la présence d’un autre enfant, ni au cours de ces voyages, ni à Paris. Il y a peut-être confusion avec la fille qu'il a eue avec Juliette Drouet, Claire, née en 1826, avant son mariage. Mais Claire, qui est morte en 1846 à la suite d'une maladie, n'a pas été élevée avec ses enfants légitimes et a passé toute sa courte vie dans des pensionnats.
Il existe dans une collection privée à Paris un petit dessin signé « J. Pradier » et daté de 1849. Une note manuscrite au dos indique qu'il serait un portrait « présumé » d’Adeline Chômat. Votre dessin le confirme absolument: même pose (tête penchée, yeux mi-clos), même coiffure, même habillement. Il est possible que ces deux dessins aient été exécutés au cours de la même séance de pose. Pourriez-vous essayer encore de lire la date sur le vôtre ? Ne serait-il pas aussi daté de 1849?
J’ai un peu de mal à rapprocher le plus petit de vos deux bustes des deux dessins représentant Adeline. Mais comme il est daté de 1846, Adeline aurait eu alors 3 ans de moins, ce qui pourrait expliquer les différences. Par sa forme, il peut être comparer aux bustes de Charlotte, de John et de Thérèse exécutés par Pradier en 1844. Il présente aussi la même forme qu'un buste en marbre d’une inconnue qu'il a exécuté en 1852.
Quant à votre buste en terre cuite qui n’est ni signé ni daté, il est très différent de l’autre et des dessins. S’il représente aussi Adeline, elle est ostensiblement beaucoup plus âgée. Mais ce pourrait aussi être un portrait de Thérèse adulte, réalisé après la mort de Pradier, car on peut le rapprocher d’une ancienne photographie sur laquelle Thérèse figure avec sa mère et sa grand-mère maternelle.
Enfin, parmi les poèmes dont vous m’avez envoyé des clichés, quatre d’entre eux – L’Absence, La Plainte, Le Naufrage du pêcheur et L’Aveu - sont des copies de « Romances » composées et publiées par Pradier (paroles et musique) dans les années 1820-1830, chacune avec un frontispice orné d’une grande vignette due également à sa main. J’en connais cinq ou six autres du même type. Mais celui qui est intitulé Romance dans votre recueil n’était connu jusqu’ici que par une copie transcrite à la fin d'une lettre qu'il écrivit en 1832 à sa future épouse (Correspondance, t. 1, lettre 172). J’ignore s’il a été mis en musique comme les autres.
Voilà tout ce que je peux vous dire pour l’instant mais j’aurai plusieurs questions à vous poser plus tard. En attendant, si vous n'y voyez pas d’inconvénient, je communiquerai vos photos des deux bustes et du dessin à M. Claude Lapaire, ancien directeur du Musée d'art et d'histoire de Genève, qui doit publier prochainement le catalogue raisonné des œuvres de Pradier.
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Martine Marcadé (15/12/2006)
Un grand merci pour votre aimable réponse Nous attendons avec impatience le volume 3. Les précieuses indications que vous nous donnez sur notre dessin nous ont enchantés. Mon mari et moi avons regardé avec une loupe la date portée sous la signature de Pradier. Nous pensons plutôt y lire 1850. Nous avons été tres heureux de vos renseignements sur le cahier de poèmes. Vous avez bien entendu notre accord pour fournir à M. Lapaire tous renseignements que vous jugerez utiles. Inutile de préciser que vous pourriez, si vous le souhaitez, examiner tous ces objets chez nous. Ils vous y attendent!
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Douglas Siler (19/1/2007)
M. Lapaire ayant vu les photos voudrait bien examiner de près vos portraits d'Adeline en vue de les inclure dans son catalogue. Comme nous projetons de nous rencontrer prochainement à Paris, auriez-vous la possibilité de nous les montrer à ce moment-là?
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Martine Marcadé (19/1/2007)
Votre livre nous a passionnés et nous a donné un grand nombre d'informations sur Adeline Chômat. C'est avec un grand plaisir que nous vous rencontrerons à notre domicile.
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Douglas Siler (8/1/2012)
Près de cinq ans après notre visite chez M. et Mme Marcadé, je tiens à les remercier encore de leur chaleureux accueil. Cette visite nous a permis de rectifier une erreur concernant l'identité d'un petit buste en marbre signé et daté « J. Pradier 1852 », H. 26,5 cm, dans lequel la Galerie d'Arenberg, à Bruxelles, avait voulu voir, en 1986, un portrait de Claire Pradier:
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Ces photos n'ayant pas été prises sous le même angle que les photos envoyées par M. et Mme Marcadé, je n'étais pas absolument certain qu'il s'agissait du même personnage. L'examen sur place du modèle en plâtre a permis de lever tout doute à cet égard. Les deux bustes sont bel et bien identiques et représentent tous deux Adeline Chômat, l'aïeule de M. Marcadé. Ils sont désormais répertoriés à ce titre dans le catalogue de Claude Lapaire (n° 296). Une correspondance conservée par M. et Mme Marcadé au sujet de la vente par leur famille, en mai 1919, à un marchand de Toulouse (J. Etchepare, « Tricotage toulousain », 32, rue Valade, Toulouse) d'un « petit buste de femme en marbre par Pradier » se rapporte vraisemblablement au buste échu à la Galerie d'Arenberg. Mais que penser de la date inscrite sur celui-ci (1852), postérieure de six ans à celle qui figure sur le plâtre? Il est difficile de croire que Pradier ait attendu si longtemps pour traduire son œuvre en marbre. S'agirait-il, en fait, d'une réplique posthume sur laquelle on a simplement fait inciser l'année de sa mort?
Pour une biographie succincte d'Adeline Chômat, à qui Pradier a légué 10.000 francs, voir mon édition de la Correspondance, t. 3, p. 384-385.
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