Tout comme les représentations des quatre saisons, les allégories antithétiques du jour et de la nuit ou du matin et du soir sont légion en sculpture. Ce topos
se rencontre chez Pradier dans deux statuettes assez rares,
Étoile du berger, Le Jour, et Étoile du berger, La Nuit, ainsi que dans deux haut-reliefs décorant son fronton du Sénat. Mais on le retrouve aussi dans une autre paire de statuettes très répandues qui lui sont souvent attribuées. De qui, en fait, sont-elles?
L'enjeu n'est pas seulement académique car certains exemplaires sont vendus à des prix rarement atteints par ses œuvres les plus recherchées et dont l'authenticité ne fait aucun doute. La paire en ivoire illustrée ci-dessous La Nuit, à gauche, 66 cm, et Le Jour, légèrement plus grand, à droite , « after the models by James Pradier » 1, a été adjugée 74.500 livres (environ 105.000 euros) à la vente Christie's, Londres, du 11 mars 2015:
Chez ce même vendeur une paire en ivoire de Dieppe, 78,7 cm, avait trouvé preneur le 14 mai 2008, pour 72.500 livres:
Une autre paire, en bronze cette fois, haute d'environ 67 cm, s'est adjugée plus modestement 4.200 livres à la vente Peter Francis (Carmarthen, U.K) du 20 septembre 2011:
Celle-ci, « bronzed coated and not bronze », 66,5 et 69 cm, estimée 4.000 à 6.000 livres, a été mise en vente chez Sotheby's, Londres, le 17 mai 2011:
Sans oublier les deux paires ci-dessous, passées en vente aux États-Unis, l'une en métal argenté, 67,5 cm (Bonhams, San Francisco, 11 mars 2007), l'autre en albâtre, environ 62 cm, équipée de lampes électriques (David Rago Auctions, Lambertville, New Jersey, 9 décembre 2007):
Les deux figures se vendent séparément aussi, dans différentes tailles et matières, à des prix pouvant atteindre les 16.000 euros (Christie's, New York, 16 avril 2015). En voici quelques-unes parmi celles que j'ai repérées au cours des dix dernières années:
A part la dernière ci-dessus, en bas à droite, chacune des figures est escortée par un petit cupidon ailé qui voltige à ses pieds. En outre, la plupart de celles qui personnifient le Matin tiennent une grappe de raisin au-dessus de leur tête.
Tous ces exemplaires, à peu d'exceptions près qu'ils soient proposés individuellement ou par paires , portent une signature « Pradier » ou lui sont attribués dans les catalogues de vente.
Que cette attribution remonte au moins aux années 1900 est attesté par ces deux cartes postales anciennes libelées « Le Soir DE PRADIER » et « Le Matin DE PRADIER » :
Curieusement, on trouve aussi des cartes anciennes libelées en allemand:
Celle de gauche ci-dessus, numérotée 379, porte la mention « Der Abend nach Prof. Pradier » (« Le Soir d'après Prof. Pradier »). Celle de droite, provenant d'une autre série, est numérotée 56 et porte la mention « Der Morgen von Pradier » (« Le Matin de Pradier ») complétée par d'autres indications ici illisibles concernant l'éditeur de la carte.
L'existence de cartes imprimées en Allemagne n'est sans doute pas étrangère au fait que des exemplaires des deux statuettes auraient fait partie de la décoration intérieure du célèbre château de Herrenchiemsee, imitation du château de Versailles, construit à partir de 1878 par le roi Louis II de Bavière (1845-1886) sur l'île de Herrenwörth (aujourd'hui Herreninsel) dans le lac de Chiem, entre Munich et Saltzburg. Les comptes de Louis II étudiés par Rolf Kurda dans sa thèse Michael Wagmüller. Ein Bildhauer im Dienste König Ludwigs II. München Linderhof Herrenchiemsee (Michael Wagmüller. Un sculpteur au service du roi Louis II. Munich Linderhof Herrenchiemsee), Ludwig-Maximilians-Universität, Munich, 2005, enregistrent effectivement leur installation dans ce château en 1879. Voici, traduit de l'allemand, l'extrait des comptes où il en est question:
No. 393 (1879) [...] Compte auxiliaire Herrenwörth [...]
Nouveau château / IV Aménagement intérieur. § 2. Travaux marbre. N° 424. Perron Philipp, sculpteur en ce lieu, pour la réalisation [Herstellung] du groupe en marbre "Nymphe & Amour", ensuite Le Soir [Abend] et Le Matin [Morgen] de Pradier et Diane d'après Jean Goujon avec un socle pour le groupe Amour & Psyché 2.
Les deux œuvres étaient donc déjà attribuées à Pradier dans les années 1870. On les retrouve d'ailleurs dans cette vue stéréoscopique, en vente sur le site World of Stereoviews, qui remonte sans doute à la même époque:
Pour revenir maintenant à ma question de départ De qui sont-elles? , il convient de les confronter tout d'abord aux œuvres de Pradier qui relèvent du même topos. Ses statuettes Étoile du berger, Le Jour (cat. Claude Lapaire, n° 292) et Étoile du berger, La Nuit (ibid., n° 293), proposées à la vente après décès en 1852 et à la vente sur licitation des droits de reproduction organisée par ses héritiers en 1881, étaient éditées en plâtre et en imitation terre cuite, hauteur 51 et 53 cm, par le mouleur Salvatore Marchi, qui les présente dans son album de photos (vers 1860) ainsi que dans son album de dessins. Claude Lapaire situe leur exécution vers 1846, date présumée d'un inventaire de la fonderie Colin dans lequel elles sont mentionnées. Mais la datation de cet inventaire reste problématique (voir ici notre forum sur cette question). J'aurais tendance pour ma part à les rattacher à la série de petites statuettes anecdotiques, telle Le pâtre avec son chien mort (ibid., n° 170), réalisées par Pradier pendant son séjour à Rome en 1841-1842. Le Musée d'art et d'histoire de Genève en possède une paire en plâtre, acquise en 1904 de la veuve de Marchi:
Claude Lapaire fait remarquer que Le Matin et Le Soir (qu'il répertorie sous les titres Le Jour et La Nuit, nos 538 et 539, parmi les « Œuvres abusivement attribuées à Pradier ou dont l'attribution ne peut pas être vérifiée ») reprennent vaguement le geste des bras de ces deux figures. En fait, ils reprennent surtout, tous deux, les gestes d'Étoile du berger, Le Jour (deuxième à partir de la gauche ci-dessous), ayant chacun un bras plié sur la tête et l'autre levé au-dessus de la tête:
Leur nudité aussi les rapproche davantage de la bergère diurne que de son homologue nocturne lourdement emmitouflée dans sa robe de bure. Mais un aspect surtout les différencie nettement des deux bergères de Pradier. Car alors que ces dernières sont bien ancrées sur leurs socles, les figures du Matin et du Soir n'y prennent aucun appui, s'élançant allègrement en avant, les pieds en l'air, sous la conduite de leurs compagnons volants:
Pour observer quelque chose d'analogue chez Pradier, il faut se tourner vers ses haut-reliefs du pavillon de l'horloge du Sénat au Jardin du Luxembourg. Le Jour, planant à gauche du cadran, fait face au spectateur en brandissant un flambeau. La Nuit, à droite, vue de profil, a l'air de s'enfoncer dans la paroi du fronton en tirant ses voiles sur sa tête:
Les statuettes du Matin et du Soir présentent, certes, des affinités avec ces deux élégantes figures, et le petit Génie déployant ses ailes sous le cadran n'est pas sans rappeler leurs cupidons. Leur auteur, comme tout promeneur au jardin, a pu les contempler à son aise et s'en souvenir. Mais Claude Lapaire émet une autre hypothèse à laquelle personne avant lui, semble-t-il, n'a pensé et qui met en cause un sculpteur aujourd'hui relativement peu connu qui s'est intéressé au même sujet.
Au Salon de 1848 Joseph Michel-Ange Pollet (1814-1870) présentait une grande statue en plâtre intitulée Une heure de la nuit. L'œuvre en marbre exposée au Salon de 1850 est visible sur cette photo de Gustave Le Gray, tout près de La Toilette d'Atalante de Pradier (mais non, comme certains l'ont cru, sur le même socle):
Cette proximité a-t-elle pu contribuer, comme le suggère Claude Lapaire, à faire considérer l'œuvre de Pollet ou ses dérivés comme étant de Pradier? Acquise par l'État et placée dans le vestibule du grand escalier d'honneur du Palais de Saint-Cloud (où elle voisinait avec la Sapho assise de Pradier), elle intégra en 1870 le Louvre, qui la déposa en 1981 au musée national du château de Compiègne. Les photos modernes ci-dessous, jointes à la fiche CDOA qui documente son envoi au château, montrent bien, semble-t-il, la statue photographiée par Le Gray en 1850:
On remarque en particulier j'y reviendrai plus loin la présence des deux mêmes cupidons aux pieds de la figure:
Dès son apparition au Salon cette œuvre de Pollet remporta un immense succès auprès du public et donna lieu à de nombreuses répliques et réductions. Une version en bronze présentée à l'Exposition universelle de 1855 fut éditée en différentes tailles par Colin et Labrouë. Voici une fonte Labrouë proposée tout récemment par Legia Auction (Hannut, Belgique) le 17 mai 2015:
Comme cela se voit, ses deux cupidons sont pareils à ceux du marbre de Compiègne. Mais voici une version en plâtre, sans cupidons, photographiée dans les années 1850 au Crystal Palace à Sydenham:
Une épreuve en bronze du même type, haute de 188 cm, sans marque de fondeur, a été vendue récemment par l'Univers du Bronze à Paris.
Le nombre d'exemplaires de cette œuvre qui circulent sur le marché de l'art est impressionnant. On les trouve par dizaines sur internet, comme en témoigne cette capture d'écran des résultats d'une recherche dans Google:
Pollet lui-même aurait exécuté plusieurs répliques en marbre. Une version signée et datée de 1853, haute de 183 cm, s'est arrachée à la vente Sotheby's, New York, du 5 mai 2011 pour la coquette somme de 722.500 dollars (environ 645.000 euros d'aujourd'hui). Une autre, datée de 1857, provenant de la collection Joey et Toby Tanenbaum, avait déjà été proposée par cette même maison le 26 mai 1994. Mais étaient-ce vraiment des marbres originaux ou s'agissait-il de copies modernes? Comme on verra plus loin, le doute est permis...
Il est certain en tout cas qu'une statue de Pollet datée de 1869 et intitulée Le crépuscule ou Le Crépuscule est recensée, avec l'Odalisque de Pradier, dans d'anciens guides du Musée des beaux-arts de Lyon. Voici des extraits de ceux que j'ai trouvés sur internet:
1° Léon Rosenthal,
Musées du Palais des Arts de la Ville de Lyon. Guide
du visiteur,
Éditions Albert Morancé, s.d., p. 12:
Salle 5. - Sculpture du XIXe siècle. […] l'Odalisque, une des meilleures œuvres de Pradier, 184l (centre). Le crépuscule, 1869, par Pollet (N.) […]
2°
Les musées de Lyon, A. Rey & Cie, Imprimeurs-Éditeurs, 1906, p. 28:
J.-M.-A. Pollet (70: le Crépuscule); Pradier; […]
3° Catalogue sommaire des musées de la Ville de Lyon, Mougin-Rusand,
Waltener & Cie, Successeurs Imprimeurs-Éditeurs, s.d., p. 8:
Musée de sculpture Au rez-de-chaussée
Pollet (Joseph-Michel-Ange), né a Palerme en 1814, [mort] à Paris
en 1811 [mal scanné: 1871]. 70. Le Crépuscule. Marbre. Haut 1,87.
Signé et daté 1809 [mal scanné: 1869]. Envoi de l'État, 1872.
Pradier (James) [...]. 71. Odalisque. Marbre. Haut. 1,05'. Signé et daté 1841.
Pour Claude Lapaire (cat., n° 539, p. 441, Commentaire) ce Crépuscule serait le pendant d'Une heure de la nuit et les deux statues ensemble auraient pu inspirer l'auteur du Matin et du Soir. Il manquait cependant, pour en être sûr, une image de cette œuvre. Je me suis donc adressé au Musée des beaux-arts de Lyon. La réponse du Conservateur en chef des peintures et sculptures du 19ème siècle, Stéphane Paccoud, apporta une solution au problème tout en en soulevant d'autres:
Le musée des Beaux-Arts de Lyon a en effet conservé dans ses collections un marbre de Joseph Michel-Ange Pollet, Une Heure de la nuit, envoyé par l’État en 1873. Cette sculpture a cependant fait l’objet d’une restitution aux services de l’État en 1951 et se trouve actuellement à la mairie de Conches-en-Ouche, dans le département de l’Eure. Elle appartient aux collections de l’actuel Centre national des arts plastiques. Vous en trouverez la fiche descriptive CDOA ici. Un second exemplaire se trouve au musée national du château de Compiègne.
Il s'agirait donc non d'un pendant de l'œuvre conservée à Compiègne mais d'un autre exemplaire de la même statue? Mais suite à une nouvelle interrogation de ma part, à laquelle j'ai joint les extraits des anciens guides cités ci-dessus, M. Paccoud m'a répondu ceci:
En effet, les catalogues anciens du musée mentionnent la sculpture de Pollet sous l’intitulé Le Crépuscule et non comme Une Heure de la nuit. Notre registre d’inventaire l’indique en revanche sous ce second intitulé (n° A 3070). Il s’agit bien d’une seconde version de l'œuvre aujourd’hui à Compiègne, comme le montrent les photographies anciennes dont nous disposons: vous trouverez ci-joint une vue de salle réalisée en 1921 dans laquelle la sculpture apparaît, entre le Chef abyssin de Marcello et la terre cuite du Persée délivrant Andromède de Chinard.
Malheureusement, nous n’avons aucune image de l’œuvre isolée qui nous permette de vérifier si son apparence est bien exacte en tous points avec l’autre version ou si elle en diffère dans les détails, mais la composition en est en tout cas similaire. Peut-être la documentation du musée du Louvre serait-elle en mesure de vous donner plus de précisions.
Malgré les différences de titre, nous ne trouvons jamais mention que d’une unique œuvre de Pollet dans les collections, qui est celle-ci. Elle parvient au musée en 1873 par envoi de l’État et est restituée en 1951, avant d’être installée deux ans plus tard à la mairie de Conches-en-Ouche.
Voilà qui est clair. Et en l'absence d'une photo récente de l'œuvre affectée à Conches-en-Ouche, voici la vue de la salle du musée en 1921 où l'on reconnait effectivement, au fond à gauche, une statue qui ne semble guère différer de la statue conservée à Compiègne:
Mais masquons le Chef abyssin de Marcello dans cette photo pour mieux comparer les cupidons. Surprise! Un seul vole aux pieds de la figure de Lyon, les mains chargées de fleurs, au lieu des deux qui folâtrent sur la base du marbre de Compiègne:
Ce même cupidon solitaire se rencontre sur l'exemplaire en marbre daté de 1853 vendu chez Sotheby's, New York, le 5 mai 2011 (à gauche ci-dessous). Il figure également sur un exemplaire (non daté?) exposé au Musée national des arts décoratifs de Buenos Aires (à droite ci-dessous):
S'il existe donc deux versions de la statue, elles ne différènt guère que par leurs cupidons et ne forment nullement une paire antithétique représentant deux moments différents de la journée. Ce serait le titre attribué autrefois à l'exemplaire de Lyon, Le Crépuscule, qui serait sans doute à l'origine de cette méprise.
Notons aussi que le titre donné dans les livrets des Salons de 1848 et 1850, Une heure de la nuit, n'implique pas forcément l'existence d'un pendant, le mot « heure » pouvant évoquer les Horae de la mythologie grecque personnifiant les divisions du temps. A moins qu'il ne faille le comprendre dans le sens plus banal de « une heure pile » de la nuit ou « une heure quelconque ».
Même privée de pendant, l'œuvre de Pollet présente plusieurs affinités avec nos deux statuettes « en quête d'auteur », surtout vues de profil. Comparons ici le marbre de Compiègne, à gauche, avec, au centre, une épreuve en bronze du Matin et, à droite, un exemplaire en porcelaine peinte du Soir:
Le mouvement des trois figures, ancrées à leur socle par un pan de draperie, les pieds suspendus en l'air et les bras levés, est le même. Elles diffèrent essentiellement par leur draperie, glissant sur la hanche d'Une heure de la nuit mais recouvrant entièrement le dos du Matin et du Soir. Ceux-ci la tirent vers le haut alors que la figure de Pollet plonge ses mains dans sa chevelure.
Une autre similitude se découvre lorsqu'on compare les cupidons des trois œuvres. Ici, à gauche, l'exemplaire en marbre d'Une heure de la nuit mis en vente chez Sotheby's le 5 mai 2011 et, à droite, la paire en ivoire du Soir et du Matin vendue chez Christie's le 11 mars 2015:
A regarder de près on s'aperçoit que le cupidon de Pollet, à gauche ci-dessous, et celui du Soir, à droite, tous deux porteurs de fleurs, ont un même air de famille:
Il en ressort donc de tout ce qui précède que si les statuettes du Matin et du Soir rappellent par certains côtés les deux Étoile du berger de Pradier ainsi que ses haut-reliefs du Sénat, leurs affinités avec Une heure de la nuit sont beaucoup plus parlantes. A supposer qu'elles soient postérieures à celle-ci, leur auteur n'a certainement pas pu ne pas s'en inspirer. Pradier aurait-il voulu profiter du grand succès de son jeune rival pour proposer aux amateurs une paire de statuettes analogues? Cependant, malgré la présence de sa « signature » sur plusieurs exemplaires, le fait qu'elles ne soient jamais signalées dans la littérature le concernant rend cette hypothèse peu convaincante. Et Pollet lui-même? N'aurait-il pas eu l'idée de mettre sur le marché des petites variantes de sa propre statue? Mais pourquoi alors à ma connaissance ne lui sont-elles jamais attribuées? Je penche donc plutôt en faveur d'un autre candidat qui se met sur les rangs et qui, à mon avis, est beaucoup mieux placé pour en assumer la paternité.
Voyons à ce propos deux exemplaires des statuettes vendus séparément par Hickmet Fine Arts à Londres:
A gauche, Le Matin, « Électrotype Bronze », 67 cm, intitulé La Nuit dans le catalogue de vente, qui le date de 1870 et l'attribue à Pradier. Par surcroît, une des photos reproduites dans le catalogue montre une signature « Pradier » sur la terrasse de la statuette. A droite, Le Soir, « hand carved ivory sculpture », 34 cm, sans signature (?), intitulé aussi La Nuit dans le catalogue mais daté de 1885 et attribué non à Pradier mais à... Mathurin Moreau!
Comme références le vendeur renvoie à l'ouvrage de Harold Berman, Bronzes: Sculptors and Founders, 1800-1930 ainsi que, pour Le Soir seulement, à celui de Pierre Kjellberg, Bronzes of the 19th Century: Dictionary of Sculptors. N'ayant pas ces ouvrages sous la main, je me suis appliqué d'abord à chercher d'autres exemplaires qui seraient attribués à ce même sculpteur. Et je n'ai pas tardé à en trouver plusieurs.
Voici tout d'abord le même exemplaire du Soir ou un autre, identique? , « a French ivory group emblematic of Night, after the model by Mathurin Moreau (1822-1912), late 19th century », 33,5 cm, adjugé 3.750 livres à la vente Christie's, Londres, du 17 sept. 2013:
Et puis, ceux-ci:
« Mathurin Moreau (1822-1912), Femmes et enfants, paire de sculptures en bronze à patine brune, signées sur le socle, H.: 103 cm », maison de ventes Leclere, Marseille, 8 mars 2008:
« Mathurin Moreau (1822-1912), Le Jour et la Nuit, exceptionnelle paire de sculptures en bronze patiné et nuancé, fontes d'édition ancienne signées sur la terrasse, haut. de chaque 100 cm », vente Mercier & Cie, Lille, 2 mai 2010:
« Paar allegorische Figurengruppen Nacht und Tag darstellend Frankreich, spätes 19. Jahrhundert. Marmor, H. 118/125 cm. Nach den Entwürfen von Mathurin Moreau (1822-1912) » [« Paire de groupes allégoriques de la Nuit et du Jour d'origine française, fin 19ème siècle, marbre, H. 118/125. D'après les modèles de Mathurin Moreau (1822-1912) »], Nagel Auktionen, Stuttgart, 20-21 février 2013:
« Flower Fairies, signed Math Moreau on base, also with impressed number 91110, ormolu sculpture », 65,4 cm, vente Weschler's, Washington, DC, 22 mars 2013:
Qui donc est ce Mathurin Moreau et peut-on raisonnablement lui attribuer les deux statuettes? Si son œuvre est un peu délaissée aujourd'hui, aucun visiteur au Musée d'Orsay ne peut manquer de remarquer, parmi les gigantesques « continents » qui s'alignent sur l'esplanade du musée, rescapés de l'ancien palais du Trocadéro, son imposante statue d'Océanie:
Là on est loin, certes, de nos légères allégories du Matin et du Soir. Mais une autre statue parmi ses œuvres visibles à Paris s'en rapproche bien davantage, sans que la plupart des passants sachent de qui elle est. Combien de fois ne l'ai-je pas contemplée moi-même autrefois, par les fenêtres de la Comédie-Française, sans connaître son titre ni le nom de son auteur! Il s'agit de la jolie Nymphe fluviale (1874), perchée au-dessus de la fontaine de la place André Malraux:
Mais dans l'abondante production de Mathurin Moreau, on rencontre bien d'autres statues et statuettes du même genre, tel son groupe de La fée aux fleurs exposé en plâtre au Salon de 1852 puis en bronze au Salon suivant. Voici, à gauche ci-dessous, l'exemplaire conservé au Musée des beaux-arts de Dijon. Et à droite, l'exemplaire du Jour déjà reproduit plus haut, mis en vente chez Welscher's (Washington) sous l'intitulé Flower Fairies, lequel n'est autre que la traduction anglaise du titre mis au pluriel du groupe de Moreau:
En fait, les similitudes entre les deux groupes sont assez frappantes. Les cupidons sont à peu près identiques et les deux figures ancrées au socle par leur draperie soulèvent au-dessus de leur tête, l'une une guirlande de fleurs, l'autre une grappe de raisin. Seulement, la fée est inclinée plutôt que debout et son cupidon est plus important.
Cette confusion entre les deux groupes a son origine sans doute dans l'ouvrage de Harold Berman, Bronzes: Sculptors and Founders, 1800-1930, publié en 1974, qui attribue à Moreau un autre bronze du Jour en lui assignant le même titre anglais: « 262. FLOWER FAIRIES by Mathurin Moreau c1875. Fr. Pt: Brown & gold. 39“ [99 cm]. Beautifully modeled female and cherub-type flying figures, done in the classical style, are dreamily “flowering the earth”. Simulated skin-texture achieved by careful knurling of the bronze surface. »
La carrière et l'œuvre de Mathurin Moreau étant amplement documentées dans les encyclopédies et sur internet (voir par exemple l'article Wikipedia et le site Nella Buscot), quelques indications suffiront ici pour le situer par rapport à Pradier et à Pollet. Né à Dijon en 1822, fils du sculpteur Jean-Baptiste Moreau (1797-1855), il s'est formé d’abord dans l’atelier de son père avant d'entrer à l'École des beaux-arts en 1841 où il suit l'enseignement d'Étienne-Jules Ramey et d'Augustin Dumont. Second Prix de Rome en 1842, il participe régulièrement au Salon à partir de 1848 (L'Élégie), l'année où Pollet y expose son Une heure de la nuit et Pradier sa Nyssia. De 1849 à 1879 il collabore avec la fonderie d’art du Val d'Osne et en devient l’un des administrateurs. A partir de 1879 et jusqu’à sa mort en 1912, il est élu maire du 19e arrondissement de Paris. Son œuvre comporte des monuments commémoratifs, des tombeaux, des statues et bustes de personnalités, des sculptures ornementales (églises Saint-Augustin et de la Trinité, l'Opéra Garnier, le palais de Justice, l'Hôtel de Ville, les Tuileries, le pavillon de Marsan au Louvre, la gare du Nord, etc.). Dans le cadre de sa collaboration avec Val d’Osne il produit un nombre considérable de modèles d’objets décoratifs, de statues de série et de fontaines. Celles-ci sont très répandues non seulement en France mais aussi à l'étranger, notamment en Amérique latine. Certaines de ses œuvres ont été éditées par les maisons Delafontaine, Auguste Lemaire et Christofle, chez qui il collabore par occasion avec d'anciens élèves de Pradier, tels Jacques-Léonard Maillet et Charles Gumery 3.
Pour se faire une idée de l'étendue et de la variété de sa production, il suffit de jeter un coup d'œil sur les très nombreuses images affichées par une recherche dans Google sur « Mathurin Moreau » combiné avec le mot « bronze » ou le mot « sculpture ». Mais qu'on supprime le prénom « Mathurin » et leur nombre augmente sensiblement. Car Mathurin a deux frères ainsi que des neveux qui, eux aussi, ont fait carrière comme sculpteurs. Et comme ils travaillent tous dans le même style scènes de genre, pastorales, allégories , seules parfois leurs signatures permettent d'attribuer telle œuvre à l'un ou à l'ature. Mathurin signe souvent avec son prénom abrégé en « Math » tandis que son frère Hippolyte-François (1832-1927) abrège le sien en « Hip » et son plus jeune frère Auguste-Louis-Mathurin (1834-1917) signe « Aug » ou avec l'initiale « A ». Pour rendre les choses plus compliquées encore, les deux fils de ce dernier, sculpteurs aussi, s'appellent Louis-Auguste (1855-1919) et Hippolyte (1857-1930). Celui-ci a d'ailleurs un fils sculpteur, Edmond, dit Moreau-Sauve (1881-1914) 4.
Il faut s'attarder un instant maintenant sur Louis-Auguste, le fils aîné du plus jeune frère de Mathurin, car c'est peut-être lui qui détient la clé de notre énigme. Il expose pour la première fois au Salon en 1875, aux côtés de son père et de ses oncles: « Moreau (Louis), né à Paris, élève de M. A. Millet.
Rue de Romainville, 52 (Belleville).
3283 Étude; buste, plâtre. » Son père Auguste, « né à Dijon, élève de M. Mathurin Moreau », est à la même adresse alors que son oncle Mathurin, « né à Dijon, élève de Ramey et de M. A. Dumont », a ses ateliers tout près, rue de Romainville, 26-28, passage de Monténégro, 15. Son autre oncle, « Moreau (François-Hippolyte) [sic], né à Dijon, élève de M. Jouffroy », est au 9, rue des Trois-Bornes.
Au Salon de 1882 il expose sous le nom de Louis-Auguste Moreau, « né à Paris, élève de son père et de MM. Thomas, Dumont et Mathurin Moreau ». Il est installé alors rue de Belleville, 299, tandis que son père et ses oncles, qui exposent aussi, sont aux mêmes adresses qu'en 1875. Au Salon de 1884 Mathurin et Hippolyte n'ont pas bougé mais Louis-Auguste se trouve désormais au 140, rue Pelleport, avec son père et un François Moreau, « né à Paris, élève de son père et de M. Math. Moreau ». Ce François serait-il un autre fils d'Auguste-Louis? Car Hippolyte-François, comme ses frères Mathurin et Auguste, est né à Dijon et non à Paris 5. En tout cas toutes ces adresses resteront inchangées dans les livrets du Salon jusqu'en 1910 lorsqu'on trouvera Auguste installé désormais à Malesherbes, dans le Loiret, où il mourra en 1917.
A la lumière de ces détails un peu fastidieux, sans doute, mais non moins utiles pour mieux identifier les protagonistes de notre enquête je crois être en mesure à présent de rendre à Mathurin Moreau la paternité de nos deux statuettes. On peut légitimement se demander pourquoi le fait que tant d'exemplaires lui soient attribués lui donnerait plus de droits à notre adhésion qu'à Pradier, qui en compte peut-être autant, sinon plus, signés de son nom. Mais un dernier exemplaire du Soir que j'ai tenu « en réserve » jusqu'ici lui donne, je crois, la victoire.
Ce grand exemplaire en marbre, estimé 8.000 à 12.000 dollars, a été adjugé 8.963 dollars à la vente Christie's, New York, du 26 oct. 2004. Voici sa description dans le catalogue de vente: « A French white marble group of a nymph and putto, emblematic of Night, by Louis-Auguste Moreau, after Mathurin Moreau, late 19th/early 20th century, signed L. Moreau Scpt and Moreau Mathurin, 35 in. (88,9 cm.) high. ».
On peut regretter que le catalogue ne fournisse pas de photo des signatures. Mais à supposer que cette description soit exacte et je ne vois pas de raison pour en douter la signature L. Moreau Scpt est sûrement due à Louis-Auguste, le fils aîné du plus jeune frère de Mathurin, qui se dit dans les livrets du Salon « élève de son père et de MM. Thomas, Dumont et Mathurin Moreau ». Et rien d'étonnant à ce qu'il s'exerce à sculpter cette réplique d'une statue d'un de ses mâitres, en l'occurence de son oncle Mathurin, dont il est fier d'inscrire le nom à côté du sien. S'il arrrive, certes, qu'une « signature » erronnée figure sur un bronze ou mais c'est plus rare sur un marbre, il est difficile d'imaginer qu'on pourrait en trouver deux inscrites sur une seule et même sculpture. Bref, je crois que grâce à ces signatures on peut définitivement mettre Pradier hors de cause pour rendre enfin cette œuvre et son pendant, Le Matin, à Mathurin, tout en tenant compte de sa dette envers Pollet (Une heure de la nuit) et Pradier (Étoile du berger, Le Jour).
Mais tous les exemplaires de ces deux statuettes en marbre, albâtre, bronze, parian, etc. sont-ils contemporains de Mathurin ou de ses frères et neveux? Ceux-ci, certes, ne peuvent pas les avoir exécutés tous! En fait, il est bien possible que certains d'entre eux aient une origine à la fois plus proche de nous et plus... lointaine. Car comme les lecteurs de ce Forum ont déjà pu l'apprendre, des répliques des œuvres de Pradier et d'autres sculpteurs européens sont, depuis la fin des années 1990 au moins, reproduites en masse dans des ateliers chinois.
Ainsi, en reprenant l'enquête que j'ai menée en 2011 dans le cadre de l'étude publiée ici même par Claude Lapaire, Les Pradier « made-in-China » sont arrivés!, j'ai vite constaté que Le Matin et Le Soir font bien partie du troupeau. Voici une annonce typique diffusée sur le site Alibaba.com par la « China Mycare Stone Company ». Il s'agit d'une grande réplique en marbre du Soir, intitulé tout simplement « Garden stone sculpture » et sans nom d'auteur (ce qui est habituel pour la vaste majorité des sculptures sur ce site), proposée au prix de 1.300 à 3.000 dollars par pièce (selon la taille souhaitée?) pour une commande de 10 exemplaires minimum, avec la possibilité d'en recevoir jusqu'à... 5.000 par mois!
En comparant cette offre à celles d'autres ateliers chinois on s'aperçoit par surcroît qu'on a le choix entre au moins trois socles différents, l'un carré, sans cupidon, les deux autres ronds, avec deux modèles de cupidons différents:
On remarquera que les figures sont bien debout sur au moins un de leurs pieds au lieu d'être complètement soutenues, comme l'originale empruntée à Pollet, par le bas de leur draperie. Mais il n'en est pas de même des figures du Matin ci-après, planant au-dessus de leurs socles en versions « gauche » et « droite », dont une paire en marbre rose chargée en veux-tu en voilà de toute une récolte de raisin! Quant à l'exemplaire en bronze (?) au centre, je me demande si je ne l'ai pas déjà vu quelque part, dans une vente en Europe...
Pour finir, il faut dire qu'il y a quantité d'autres œuvres dans la production des Moreau qui ont fait l'objet de multiples reproductions, que ce soit en Chine ou ailleurs, et dont plusieurs se rapprochent du Matin et du Soir. Admirons, par example, de Mathurin, cette paire de torchères représentant L'Aurore et Le Crépuscule (vente Bonhams, Londres, 6 juillet 2011):
Parfois intitulées aussi Le Jour et La Nuit, elles ont été largement répandues en fonte de fer par les fonderies du Val d'Osne.
Cette autre Aurore, d'Auguste Moreau, est également très répandue (vente Christie's, Londres, du 26 avril 2005):
Une variante avec deux cupidons attribuée à Louis Moreau est actuellement proposée par l'antiquaire Le Grenier d'Augustine, à Limoges.
Ici, une amusante Baccante aux raisins signée « L. & F. Moreau » (Louis et François), en vente sur ebay jusqu'au 29 juin 2015:
Et voici une Danseuse à la lyre de Mathurin (vente Skinner Auctioneers, Boston, 12 janv. 2013), qui s'apparente tout à la fois à ses statuettes du Matin et du Soir, à Une heure de la nuit de Pollet et à La Poésie légère de Pradier:
Inutile de multiplier les exemples. Il y en a tant!
Il reste cependant, pour conclure, à signaler une autre paire de statuettes vendues sous les titres Morning Dew (Rosée du matin) et Evening Dew (Rosée du soir) qui sont parfois attribuées à Pradier. La petite paire ci-dessous, en porcelaine, 34 cm, sans doute de la manufacture Royal Worcester, a été vendue chez Adrian Alan, à Londres:
Cette autre paire, en parian, 35,5 cm, a été adjugée 200 livres à la vente Tennants Auctioneers (Leyburn, North Yorkshire) du 22 juillet 2010 (lot n° 51):
Cf. aussi les ventes ebay du 1er sept. 2013 et du 17 mars 2009. Comme Le Matin et Le Soir, ces deux figures s'inspirent ostensiblement d'Une heure de la nuit. Selon une source internet, elles seraient dues au sculpteur italien Rafaelle Monti (1818-1881), actif en Angleterre à partir de 1846, qui les aurait modelées pour la manufacture de porcelaine Robinson & Leadbetter. Une autre source indique qu'elles ont connu en 1862, chez Copeland, une édition en parian. Les confond-on avec une autre œuvre similaire de Monti, The Sleep of Sorrow and the Dream of Joy, au Victoria and Albert Museum? Elles diffèrent également d'une statuette de Mathurin Moreau intitulée La Rosée qui s'apparente davantage à sa Nymphe fluviale de la place André Malraux.
Remerciements
à Claude Lapaire, ancien directeur du Musée d'art et d'histoire de Genève, pour avoir, le premier, mis en doute l'attribution du Matin et du Soir à Pradier et repéré leur parenté avec Une heure de la nuit de Pollet.
à Stéphane Paccoud, Conservateur en chef des peintures et sculptures du 19ème siècle, Musée des beaux-arts de Lyon, qui m'a aimablement renseigné sur l'œuvre de Pollet anciennement conservée au musée.
à Eric Olbrechts, collectionneur, pour avoir pris le temps de rechercher et de me communiquer les textes et photos indispensables des ouvrages de Harold Berman et de Pierre Kjellberg.
Notes
1 « A pair of French carved ivory figures representing Night and Day after the models by James Pradier (1790-1852), last quarter 19th century. Each on a moulded oval ebony base 26 in. (66 cm.) high, the slightly taller [sic]. The present lot can be attributed to the celebrated French sculptor, James Pradier, on the basis of a comparison with a pair of similar pendant figures, "Étoile du Berger, Le Jour" and "Étoile du Berger, La Nuit" created by the artist in 1846 and a nearly identical pair of figures "Le Jour" and "La Nuit," attributed to him (C. Lapaire, James Pradier (1790-1852) et la sculpture française de la génération romantique, Milan, 2010, p. 358 no. 292-293 and p. 440-441, no. 538-539). All were likely inspired by the compositions of Joseph-Michel-Ange Pollet (1814-1870) who, in 1848, showed a large plaster group at the Salon "Une Heure de la Nuit" (no. 4875) which anticipates the graceful curves of the present sculptures. Pradier’s allegorical figures were reproduced in numerous sizes and media from the mid to late 19th century, including ivory and bronze. A pair of bronze figures signed Pradier sold Sotheby’s, London, 17 May 2011, lot 6. Italian sculptors also favoured the model as evidenced by a pair of marble figures by Pietrò Franchi, dated to the last quarter of the 19th century and sold Christie’s, London, 27 September 2007, lot 54. Finally, a pair of Dieppe ivory figures nearly identical to the present lot was sold Christie’s, London, 14 May 2008, lot 127 (£72,500). »
2 « No. 393 (1879) [...] Nebenrechnung Herrenwörth [...] Neues Schloss / IV Innere Einrichtung. § 2. Marmorarbeiten. N° 424. Perron Philipp, Bildhauer dahier, für Herstellung der Marmorgruppe "Nymphe & Amor", dann Abend und Morgen von Pradier und Diana nach Jean Gonjon mit einem Sockel für
die Gruppe Amor & Psyche. » A noter que ce dernier groupe, cité ailleurs dans ces mêmes comptes, est une œuvre du sculpteur allemand Michael Wagmüller et non le groupe homonyme de Pradier.
3 Cf. Bernard Metman, La petite sculpture a XIXe siècle; Les éditeurs, répertoire des fondeurs du XIXe siècle, publié par Jacques de Caso et al. in Archives de l'Art français, Nouvelle période, t. XXX, 1989, pp. 175-218.
4 Je tiens les prénoms, dates et parenté des Moreau du tableau généalogique qui accompagne les articles « Moreau » dans l'ouvrage de Pierre Kjellberg, Bronzes of the 19th Century: Dictionary of Sculptors, t. 1, p. 508, aimablement communiqué par M. Eric Olbrechts.
5 Il ne peut s'agir non plus de François-Clément Moreau, né à Paris en 1831 et mort à Paris en 1865, donc plusieurs années avant le Salon de 1882. Élève de Simart, il ne semble pas faire partie de la famille dijonnaise des Moreau. Il signa conjointement avec son maitre le bas-relief de Sapho assise qui orne la stèle du tombeau de Pradier (voir notre étude Le tombeau de Pradier au cimetière du Père-Lachaise).
A lire aussi :
→ Étude:
Les Pradier « made-in-China » sont arrivés !
→ Forum:
Une rare fonte Labrouë de l'Etoile du berger, La Nuit
|